Compte rendu CAFE LECTURE

LES COUPS DE COEUR D'ELISE

DU 02 DECEMBRE 2023


Nous avons reçu Elise BLAZY   «  Elise des livres », pendant notre "café lecture"

 Une vingtaine de lecteurs ont apprécié les coups de cœur qu’elle a présentés

           dont certains ont été primés.     

    

      Veiller sur elle          J B ANDREA             Prix  Goncourt    .

1986, Michelangelo Vitaliani dit "Mimo", est sur le point de rendre son dernier souffle, entouré par les frères qui l'ont accueilli quarante ans plus tôt. Comment cet homme, qui n'est pas un religieux, a-t-il atterri dans ce lieu de reclus, quelle fut sa vie et quels mystères cache-t-il ? Selon certains, il est là pour "veiller sur elle", sa dernière œuvre, cachée dans ce lieu par le Vatican qui a préféré la soustraire aux regards tant ses effets sur ceux qui la voient sont puissants. Alors que sa vie est en train de prendre fin, Mimo se remémore les moments forts d'une existence tumultueuse.

Une naissance en France, déjà tout petit et voué à le rester : il est nain. Son père, sculpteur, est mort à la guerre 14-18. Quand il a douze ans, sa mère l'envoie en Italie sur le plateau de Pietra d’Alba, pour travailler avec Zio Alberto, son "oncle", un sculpteur brutal et sans talent, alcoolique, pingre et violent, qui accepte à contrecœur de prendre à son service ce "nabot". Il saura pourtant exploiter ses talents, qui se révèlent faramineux. Au cours de travaux dans le château de la famille Orsini, qui règne sur la région, Mimo fait la connaissance de leur fille unique, Viola. Cette rencontre va changer sa vie pour toujours.


 Triste tigre                Neige SINNO


             








      Où vont les larmes quand elles sèchent    Baptiste BEAULIEU  










La stratégie de la sardine    Olivier LIRON










         L’amour                                                     François BEGAUDEAU

L’enragé                                                    Sorj CHALANDON

Eden                                                          Audur Ava OLAFSDOTTIR

Il n’y a pas de Ajar                                    Delphine HORVILLEUR

Le diplôme                                                Amaury BARTHET

Je suis au-delà de la mort                          L’homme étoilé

Les vies de Charlie                                    Kid Toussaint

La colère et l’envie                                    Alice Renard Prix Méduse et prix littéraire de la vocation           

                                             

          


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Ensemble c’est tout, roman de Anna Gavalda coup de cœur de Lydie, Armelle, Marie-Claire


Camille dessine. Dessinait plutôt, maintenant elle fait des ménages, la nuit. Philibert, aristo pur jus, héberge Franck, cuisinier de son état, dont l'existence tourne autour des filles, de la moto et de Paulette, sa grand-mère.

Paulette vit seule, tombe beaucoup et cache ses bleus, paniquée à l'idée de mourir loin de son jardin. Ces quatre là n'auraient jamais dû se rencontrer. Trop perdus, trop seuls, trop cabossés… Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l'amour - appelez ça comme vous voulez -, va se charger de les bousculer un peu. Leur histoire, c'est la théorie des dominos, mais à l'envers. Au lieu de se faire tomber, ils s'aident à se relever.

Dès les premières pages de ce roman, l'excellent film « Les Femmes du 6ème étage » m'est revenu instantanément en mémoire. Ce long métrage de Philippe le Guay, avec Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain, dépeint la vie de bonnes espagnoles vivant au sixième étage d'un immeuble bourgeois parisien dans les années 60. Une vraie bonne découverte pour ceux qui ne l'ont pas encore vu.

C'est l'histoire de trois solitaires qui se rencontrent et qui vont s'apprivoiser, qui vont permettre à chacun d'eux de trouver leur voix et s'épanouir. Enfin.

Et pour le lecteur c'est d'un bonheur absolu. Un livre qui fait du bien. Gavalda est continuellement sur son filin des émotions et réussit, oh miracle a joindre le point A au point B, sans jamais tomber dans la mièvrerie ou le pathos. Elle aime ces personnages et nous le fait partager. Camille, Frank et Philibert vont trouver leur voix, chacun grâce à l'autre, chacun prenant le temps d'écouter, de comprendre, d'encourager. Un livre sur l'amitié, l'amour, la tolérance, sur les rêves qui le restent sans une petite aide du destin. Un livre qui vous réconcilie avec la vie, comme un oasis dans un désert d'égoïsme. Ensemble c'est tout mais c'est beaucoup.


  • Lucie se rebiffe (t3 de L’immeuble de la rue Cavendish), roman de Caroline Kant, coup de cœur de Lydie


« L'immeuble de la rue Cavendish » est une série, dont les tomes peuvent se lire indépendamment, qui nous offre le portrait rafraîchissant, léger et plein d'humour de la vie animée d'un immeuble parisien dans le quartier des Buttes Chaumont . On y découvre des voisins attachants, singuliers et solidaires comme on aimerait tous en avoir ! Chaque histoire est racontée par un habitant différent de cet immeuble typiquement parisien et traite de sujets de société du plus léger au plus grave traité par une plume alerte.

Pour cette troisième entrevue, nous rencontrons Lucie, une vieille dame, qui vient d'emménager dans l'immeuble suite au décès de son mari et à la vente de leur grand appartement dans un quartier chic de Paris. Dépossédée de tout héritage en raison des dettes accumulées par son mari, Lucie se retrouve dans le sou, obligé de vivre dans un modeste appartement, elle qui n'a jamais manqué de rien et est habituée au luxe et au faste. C'est une telle honte pour elle, que Lucie évite de parler de ses problèmes financiers à ses deux meilleures copines, Martha et Évelyne, qu'elle connaît pourtant depuis l'enfance. Elle va devoir réapprendre à vivre seule, sans son Émile, sans ses enfants, devenus distants au fil des ans, et revoir drastiquement ses dépenses à la baisse. Heureusement, Lucie va faire la rencontre de ses charmants voisins. D'abord réticente à l'idée de se lier d'amitié avec des personnes de l'immeuble, elle va finalement s'attacher progressivement à Aimée, la gardienne, qui deviendra sa confidente, à Guy, le vieil homme avec son chien Gordon, à Hippolyte, son très jeune voisin d'en face, délaissé par son père et sa sœur. Lucie va également faire la connaissance de Kylie, sa nouvelle coiffeuse au look déjanté, bien loin des conventions. Au fil de notre lecture, on va s'apercevoir de la transformation de Lucie, qui passe de vieille femme aigrie, renfermée et colérique, à une personne charmante, ouverte, solaire, sociable et toujours prête à aider. le changement se fait progressivement, grâce aux nouvelles rencontres qui vont se produire, qui vont lui apporter énormément de bénéfices personnels.



  • La chanteuse de bal, roman de Julie Rampin, coup de cœur de Paulette et Monique


Un roman tendre porté par des héros ordinaires, lumineux et attachants

Au village de Beautemps près de Toulouse, tout le monde se connaît. Les jumelles sexagénaires Claude et Claudine assurent les cancans, Juliette, sosie de Marylin Monroe, est l’heureuse propriétaire du salon de coiffure et Simon l’infirmier essaie de soigner ses patients aussi bien que son chagrin d’amour. Si aujourd’hui les habitants semblent mener une vie paisible, le village a été le théâtre d’un terrible drame quarante ans plus tôt : un incendie au cours de la fête du 14 Juillet au cours duquel sept jeunes ont perdu la vie. Et lorsqu’une mystérieuse inconnue vient s’installer à Beautemps, la tranquillité du village semble à nouveau menacée.

Sans militantisme tapageur, Julien Rampin aborde à nouveau les thèmes qui lui sont chers dans ce troisième roman. Il nous raconte la vie comme dans un conte, même si nous sommes loin d'un feel good. Les personnages vont peu à peu nous révéler leur part cachée et baisser les masques en assumant leurs choix. Car comment conjurer le sort lorsque vous ne correspondez pas vraiment aux normes de la société. J'ai aimé la vie empreinte d'amour près du Canal du Midi, l'écriture alerte, la justesse des portraits, le rêve que les choses peuvent changer. Grâce à Julien Rampin qui nous rappelle livre après livre qu'il faut se battre pour être accepté tel qu'on est.


  • La femme de ménage, roman policier de Freida McFadden, coup de cœur de Lydie et Paulette


La femme de ménage dont il est question dans le titre de ce thriller psychologique particulièrement addictif et machiavélique se nomme Millie. Obligée de vivre dans sa voiture suite à la perte de son travail et de son logement, Millie est de surcroît en liberté conditionnelle et donc obligée de retrouver un emploi au plus vite sous peine de retourner derrière les barreaux. Lorsqu'elle décroche un poste de gouvernante au sein une famille de riches new-yorkais, elle pense avoir décroché le gros lot…sauf qu'elle va très vite déchanter !

Le premier point fort de ce roman est sa construction qui débute par un prologue qui fait immédiatement comprendre qu'un drame terrible vient de se produire. Une fois hameçonné, le lecteur est ramené trois mois en arrière, au moment où Millie se fait embaucher comme femme de ménage. Puis, en changeant de narratrice en seconde partie de roman, Freida McFadden parvient à nous prendre complètement à contre-pied, offrant un nouveau point de vue aussi surprenant qu'intéressant.

Outre cette construction parfaitement orchestrée, il faut également saluer l'ambiance oppressante qui s'installe dès les premières pages du récit. Du comportement étrange de la maîtresse de maison à ce petit logement sous les toits qui ne se ferme que de l'extérieur, le lecteur sent immédiatement que quelque chose ne tourne pas rond. Un sentiment de malaise qui s'accentue au fil des pages de ce huis-clos qui tient en haleine de la première à la dernière page.

Bref, thriller psychologique très addictif…


  • La dernière maison avant les bois, roman policier de Catriona Ward, coup de cœur de Lydie


« La Dernière Maison avant les bois » est celle de Ted Bannerman, un homme solitaire et asocial, qui a cependant déjà fait la une des journaux…en tant que suspect lors de la disparition de la petite fille à la glace au sirop. Déjà onze ans que la petite Lulu a disparu, mais sa grande sœur s'est jurée de la retrouver. Du coup, même si le pauvre Ted a été innocenté par les autorités, elle décide d'emménager dans la maison voisine, bien déterminée à surveiller le moindre mouvement de ce type au comportement bizarre…

Dans ce roman choral, Catriona Ward va vous balader d'un personnage à l'autre au fil de chapitres qui se font brillamment écho. Dans ce récit à plusieurs voix, vous partagerez les pensées les plus secrètes de Ted, le principal suspect, de Dee, la sœur aînée de Lulu, de Lauren, la fille de Ted et même d'Olivia, son adorable petit chaton. Un voyage intriguant, parsemé de peurs profondes et d'espoirs auxquels on désire foncièrement s'accrocher, qui vous mènera progressivement vers une vérité, certes entrevue, mais pour le moins surprenante. Une construction aussi énigmatique et déstabilisante, qu'intelligente, qui vous tiendra en haleine de la première à la dernière page…

Derrière les allures de conte de cette histoire qui se déroule à l'orée d'un bois qui semble abriter d'étranges dieux, dans une petite maison bien mystérieuse où même les chats semblent parler, se dissimule un thriller psychologique oppressant qui vise à démêler les mystères qui entourent d'étranges disparitions d'enfants. Un huis-clos sombre, aux accents fantastiques et horrifiques, qui vous emmènera dans les méandres de l'esprit humain, là où les petites voix vous parlent et vous manipulent, là où le talent d'une autrice vient mettre des mots sur l'indicible, l'invisible, l'enfoui…

Un ovni littéraire que je vous recommande vivement !



  • Réfugiés climatiques & castagnettes, BD adulte de David Ratte, coup de cœur de Lydie


Le réchauffement climatique est arrivé à un tel point que certaines populations du sud, italiens, portugais et espagnols, sont contraints de se réfugier vers le nord et, notamment, en France. Le gouvernement français exerce des répartitions des réfugiés en fonction des espaces et logements disponibles. Les occupants sont ainsi obligés de partager leurs logements, au titre de la solidarité, avec des parfaits inconnus. Louis, jeune parisien de bonne famille souffrant de TOC et vivant seul, voit sa vie basculer le jour où il doit accueillir au grand dam de sa mère et de sa fiancée, Maria Del Pilar, une octogénaire espagnole, dont le reste de la famille est réparti dans son immeuble.

David RATTE a pris le parti de focaliser sur l'expérience humaine, en mettant en scène des personnalités franches confrontées aux barrières de la langue, aux préjugés et à l'intégration – pas toujours évidente – de cette nouvelle donne dans la vie de chacun.


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 Coups de cœur d’Elise des livres, café lecture du 03/06/2023

  • Sous le soleil de Soledad, Roman de Laurence Peyrin


Mama Cass dirige un safari crocodiles avec aéroglisseurs dans les Everglades, en Floride. D’après sa propre description, Mama Cass est grosse, peu apprêtée, portant peu d’intérêt pour sa propre personne qu’elle efface et oublie derrière une forte personnalité, ce qui est plus utile pour diriger son équipe d’hommes.

Un soir, alors qu’elle rentre chez elle, elle trouve Soledad, sa femme de ménage, morte au milieu du salon. Soledad a toujours été dans cette maison, du temps où les parents de Mama cass étaient encore là. Elle réalise alors qu’elle ne sait rien de Soledad et qu’elle ne s’est jamais intéressée à celle qui prenait soin d’elle depuis toujours. Pour se racheter de cela, Mama Cass souhaite aider aux obsèques de Soledad, mais il n’y a personne à part elle. L’aventure commence alors pour Mama Cass. Elle s’engage dans un road trip au Mexique qui va changer sa vie. Pour la première fois de sa vie Mama Cass va rencontrer des « autres » qu’elle, avec leurs différences, leurs défauts, leur bienveillance…dans un pays où toutes les âmes sont en paix.

  • L’heure des femmes, Roman d’Adèle Bréau (petite-fille de Ménie Grégoire)

De 1967 à 1981, Ménie Grégoire a généré une révolution à la radio. Dans Allô Ménie ?, la parole est donnée aux femmes, tous les après-midi, pendant que ces messieurs travaillent et que les enfants sont à l’école. Résistant contre le traditionnel patriarcat, le machisme ordinaire, la condescendance et le puritanisme, elle va doucement puis franchement lever le voile sur toute la méconnaissance des femmes à propos de leur corps. En leur parlant de sexualité, contraception, avortements, amour, dépression…des tonnes de courriers et d’appels afflueront à RTL pendant des années. Sous le regard offusqué des bien-pensants, Ménie l’élégante, la bienveillante, va changer la vie de nombreuses femmes et quelques hommes. La vie de Ménie en sera aussi bouleversée, bien qu’elle soit soutenue bec et ongles par Roger, son mari et soutien indéfectible. Tout ce récit sur l’incroyable vie de Ménie émerge en parallèle du travail d’Esther. Esther, qui en 2021, sort d’une longue relation amoureuse qui l’a mise plus bas que terre ; elle n’aspire plus à rien, n’arrive plus à écrire trois mots, jusqu’à ce que son amie éditrice lui propose de faire des recherches au sujet de la fameuse Ménie Grégoire. Mise en abîme pour Esther qui va trouver la force de se relever et de se battre au fur et à mesure qu’elle va découvrir ce petit bout de femme qui a tenu bon, qui s’est battue pour elle et pour ses sœurs.

Pas de féminisme extrême dans toutes ces histoires ; juste de la sororité, de l’écoute, du soutien, de l’aide, de la loyauté, et puis de l’élégance.


  • Une vie heureuse, Ginette Kolinka (98 ans, internée à 16 ans à Birkenau)


Une pépite qui se lit tellement vite, et qu’il faut lire et faire lire. Après l’émouvant Retour à Birkenau, co-écrit avec Marion Ruggieri en 2019, Ginette Kolinka revient avec une belle philosophie sur sa vie, à travers cet appartement qu’elle n’a jamais quitté (sauf de 1942 à 1945, dates de son internement au camp de Birkenau). Les amis, la famille, la déportation, elle se dit « passeuse de mémoire » et aborde sa vie avec une philosophie qui se résume en un mot : la simplicité. On voit le sourire malicieux derrière ses mots, pour une simple et bonne raison : rien n’est grave.




  • La compagnie des voyants, Essai de Mathieu Laine

Pourquoi lire aujourd'hui ? N'a-t-on déjà pas tout écrit et lu ? Que peut-on apprendre de plus sur ce monde que ce que les réseaux nous apportent déjà en temps réel ? Et pourquoi lire des romans plus précisément ? Parce que les livres ne sont pas objets inanimés, parce que leurs histoires parlent de notre humanité, parce qu'ils portent des idées, parce qu'ils dynamitent nos certitudes, dessillent nos yeux, nous éclairent et révèlent ce qui se cache sous l'écume des jours. Parce qu'ils nous libèrent.

Comme le Petit Poucet dépose des cailloux pour retrouver son chemin à travers la forêt, Mathieu Lainé donne des repères pour guider le lecteur. Ces repères portent des noms, vingt-cinq romans, dont la plupart sont des standards, qu'ils appartiennent aux classiques, ou soient entrés dans la légende beaucoup plus récemment. Pour n'en citer que quelques-uns, William Golding, et Sa Majesté des mouches, Lady L. de Romain Gary. Les ouvrages Dostoïevski, Camus, Philip Roth, Toni Morrison, Zola ou Homère, ou encore Daniel Defoe se partagent l'honneur d'être passés au crible de la plume de Mathieu Laine, qui en analyse le pouvoir.

Chaque roman fait l'objet d'un résumé, puis d'une analyse du message délivré par l'auteur, en miroir des grandes thématiques aussi contemporaines qu'universelles : liberté, wokisme, colonialisme et racisme, transmission des valeurs, dictature et populisme. Mettant ainsi au jour leur message dont la résonance perdure à travers les siècles, il nous guide avec aisance et intelligence sur un fil rouge : rendre l'homme à son humanité. Jouant sur la métaphore du regard, celui du romancier qui décrypte le vivant, celui du lecteur qui parcours les pages du roman. Peu à peu apparait un dialogue incessant entre ces romans que Mathieu présente et des lectures associées.

En plongeant avec l'auteur, on plonge à la rencontre de la liberté. Alors comme un ultime don de voyance Mathieu Laine ajoute la liberté à la phrase de Flaubert : "Lisez pour vivre" libre !

Rejoignons la Compagnie des Voyants, à moins que nous n'en fassions déjà partie.



  • Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, Frédéric Beigbéder


N’en déplaise à grand nombre d’entre vous, j’ai aimé Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé. D’abord parce que je comprends son propos. Certains voient dans ce livre une façon pour l’auteur de redorer son blason, de faire oublier son image de trublion snob drogué, mais je ne crois pas. Ce livre est un constat du monde actuel. Et je le rejoins. Comme dans le livre de Laurence Peyrin, le wokisme et la cancel culture l’ont blasé. Il est devenu l’homme à abattre, rapport à sa jeunesse décadente. Les néo-féministes ne lui ont laissé aucune chance, n’ont pas admis qu’en 30 ans on peut changer. Pour ceux qui ont toujours l’image de Beigbeder comme de la tête à claques aristo branché, lisez Oona et Salinger (paru en 2014). Ce mec m’insupportait jusqu’à ce livre. Moi je l’ai vu le changement. Dans ce livre. Et depuis, je lis chacun de ses ouvrages. Toujours un peu décalés, toujours très éclairés et toujours infusés avec ce truc qu’il a découvert en 2014, l’amour. Ça change tout. Et c’est lui qui vous l’explique le mieux.

Si vous aussi cette société vous ennuie avec tout ce qu’on ne peut plus dire, tout ce qui ne doit pas faire rire, lisez le dernier Beigbeder, vous serez rassurés !

Nous ne sommes pas seuls !



  • L’usure d’un monde, Roman de François-Henri Désérable


Être français, se rendre en Iran pour faire du tourisme (ou écrire un livre), tout en connaissant la tension permanente qui règne dans le pays : c'est fou ou courageux, je ne sais pas.

François-Henri Désérable l'a fait : parcourir l'Iran, motivé par une forme d'hommage à sa « Bible » qui a pour titre « l'usage du monde » de Nicolas Bouvier dont il nous offre des extraits régulièrement dans l'usure d'un monde. Et il l'a fait après la mort de Masha Amini dont le voile ne couvrait pas correctement ses cheveux, les autorités ont jugé nécessaire de lui donner une correction mortelle pour « port de vêtement non inapproprié ». Ça donne le ton, d'emblée, à se demander comment François Henri Désérable va faire honneur à l'épigraphie de son livre « Ici, où tout va de travers, nous avons trouvé plus d'hospitalité, de bienveillance, de délicatesse et de concours que deux Persans en voyage n'en pourraient attendre de ma ville où pourtant tout marche bien. » (Nicolas Bouvier, of course).

Mais il l'a fait, rendre hommage à cette épigraphe en nous immergeant dans ses rencontres non pas chaleureuses mais plutôt accueillantes avec un sens du service pour certains. L'auteur nous dépeint les nuits et les paysages de Chiraz, Yazd, Teheran ou Kerman avec poésie et envie.

Alors oui cette épigraphe est prouvée néanmoins la « Mollarchie absolue » qui déprécie la femme violemment à coup de mots et de coup tout court, un régime politique qui fait dominer la peur mais n'enlève en rien le courage au peuple d'élever la voix et de crier, au risque d'une vie, « mort au dictateur », sont affligeants et alarmants.

Courage et audace sont réunis dans l'usure d'un monde où j'ai tant appris sur l'Iran, où j'ai aussi ri puissamment grâce à l'humour connu de François Henri Désérable, une arme infaillible. A lire.



  • Le centre d’appels des écrivains disparus, Roman de Aymen Gharbi


Jeunesse et vie de Oualid, jeune tunisien féru de cinéma français et de littérature, de Beckett… Ses errances (des rues de Nabeul, jusqu’à Montpellier, ses amours, le théâtre, Tunis, la bibliothèque) racontées avec beaucoup d’humour, une pointe d’absurdité et de folie, tout ce que j’aime dans un roman !

Oualid, jeune Tunisien, est passionné par la culture du « Pôle », la France métropolitaine, et rêve de faire carrière dans le cinéma à Paris. Ses parents ne l'autorisent pas à suivre ses études supérieures en France, il faudra donc qu'il attende d'avoir son Master pour arriver enfin à Montpellier. Commence alors une période de galères pour Oualid, confronté à l'administration française et à la difficulté de percer dans le milieu artistique quand on est un « étranger ». Mais une offre d'emploi pour le mystérieux Centre d'appel des écrivains disparus lui ouvre des portes, alors qu'il interprète Samuel Beckett, auteur qu'il adore.

Un roman surprenant à l'humour grinçant que l'on pourrait qualifier d'initiatique. Le contexte tunisien jusqu'au Printemps Arabe et bien dépeint, ainsi que l'absurdité du système français, notamment de Pôle Emploi.

Aymen Gharbi, un auteur à découvrir, pour son écriture, son originalité, sa capacité à être spectateur de la vie, à voir la vie comme une grande comédie !



       Café lecture 01/04/2023


-        Dernière fête, Roman policier de Clare McKintosh, coup de cœur de Françoise


En ce soir du réveillon de la saint sylvestre, le chalet de Rhys Lloyd est plein d’invités. Promoteur d’un lotissement haut de gamme sur la rive d’un lac Gallois, il fête son succès en invitant les villageois à trinquer avec leurs nouveaux et riches voisins. En effet le lotissement est bâti sur la rive anglaise du lac, en face du village gallois. La frontière entre les deux pays se trouve au milieu du lac. Ce sera la dernière fête de Rhys, à minuit son corps flotte dans les eaux glacées du lac. Le 1er janvier, pour l’agent Fiona Morgan, tous les habitants du village et du lotissement sont des suspects potentiels. Native du village gallois, elle connaît tous les habitants, ce sont sa famille, ses amis. Par ailleurs Fiona a ses propres secrets. Elle va devoir mener l’enquête conjointement avec son homologue anglais, Léo Brady. Rapidement le problème ne devient pas de trouver qui voulait la mort de Rhys mais plutôt qui a fini par passer à l’acte.

Un livre aux multiples rebondissement, l’auteure nous emmène dans la vie secrète de chacun des suspects et même des enquêteurs. Un livre au suspense haletant, dont on n’arrive pas à se détacher avant la chute.

-        Le tableau du peintre juif, Roman policier de Benoît Séverac, coup de cœur de Lydie


Une enquête au cœur de l’histoire. Stéphane, qui est un peu au bord du gouffre au niveau professionnel et personnel, hérite à l’occasion du déménagement de son oncle et de sa tante, du tableau d’un peintre juif, offert par celui-ci à son grand-père, lors de la seconde guerre mondiale. C’est ainsi que Stéphane découvre un pan de l’histoire familiale complètement ignoré. Eli Trudel, célèbre peintre, aurait été hébergé pendant l’Occupation par ses grands-parents, le tableau est la preuve de sa reconnaissance et Stéphane en hérite aujourd’hui. La vente de cette œuvre de maître pourrait être un nouveau départ pour son couple mais Stéphane n’a plus qu’une obsession : offrir à ses grands-parents la reconnaissance qu’ils méritent...et au passage se redonner une estime de lui-même, quitte à mettre en péril le peu de liens qui le lie à sa femme. Pour cela il décide de partir à Jérusalem avec son tableau sous le bras pour aller faire reconnaître ses grands-parents en tant que juste parmi les nations, auprès du mémorial Yad Vashem. Mais rien ne va se passer comme il l’avait prévu.

Une écriture très dynamique entre deux temporalités, le récit des pérégrinations de Stéphane, et le périple du couple du peintre juif et de sa femme pour gagner l’Espagne. Une enquête au long cours qui déterre un passé pas toujours glorieux. Une histoire qui suit les traces de ces juifs fuyant vers l’Espagne avec la collaboration de différents groupes de résistants. Il ne cache rien des intérêts financiers que cela représentait pour certains, souhaitant profiter de cette manne plutôt que d’aider sans arrière-pensée leurs compatriotes. Il ne cache pas non plus le rôle trouble de l’Espagne et du régime franquiste vis-à-vis de ces réfugiés.

 

-        Maus, BD Adulte dessinée et écrite par Art Spiegelman, coup de cœur de Lydie, un incontournable des œuvres en lien avec la Shoah, Prix Pulitzer en 1992


«Quand j’étais petit, je n’étais pas sûr qu’être juif soit une si bonne idée - j’avais entendu dire qu’on tuait des gens pour ça». C’est par cette confidence qu’Art Spiegelman, juif polonais né en 1948, relate ses premières confrontations à l’Holocauste, à l’âge où l’innocence se trouble des bruissements des terribles secrets de famille. C’est en 1972 qu’il commence à enregistrer les récits de son père, rescapé d’Auschwitz. Dans la foulée, il entreprend de s’atteler à une bd sans concession traitée sur le mode animalier. Dans un élan d’optimisme, il pense qu’il en aura pour deux ou trois ans. Il lui en faudra dix-huit de plus. Vingt ans de maturation, de recherches de témoignages, de plans, de photographies, de dessins qui coïncidaient avec la découverte par l’Amérique de la réalité de l’Holocauste.

Bien plus qu’une simple bande dessinée, Art Spiegelman raconte avec une certaine élégance l’histoire biographique de son père tout en mettant en abime la relation conflictuelle qu’il a eue avec ce dernier, ainsi que la conception du livre. Sans pour autant l’édulcorer, l’auteur arrive à nous délivrer une histoire tendre, émouvante voire comique malgré le sérieux du sujet ; grâce notamment à des dialogues d’une sincérité ébouriffante, une construction originale et l’utilisation des races animales pour représenter la nationalité des personnages (la souris pour les Juifs, les Allemands sont représentés par des chats, des cochons pour les Polonais, etc.) qui est en fait une référence directe à la propagande allemande qui utilisait le zoomorphisme pour véhiculer certains de leurs messages.

Une approche donc de la thématique de la Shoah, de la déportation, du racisme, etc. sous un aspect diamétralement différent qui permet d’avoir une vue plus humaine, didactique, sans faire de jugement ni s’apitoyer sur le sort des uns et des autres.

Visuellement le dessin, en noir et blanc, reste simple et basique, avec des personnages tout en ambigüité et ayant une vraie portée artistique et poétique en lien avec les dialogues. Maus est donc une vraie invitation, agréable à lire, bouleversante et intelligemment construite, avec un rythme soutenu, ce qui fait qu’elle en devient presque incontournable.

Au final, un must, à lire au moins une fois dans sa vie même si ce n’est pas votre tasse de thé.

 

-        On était des loups, Roman de Sandrine Collette, coup de cœur de Françoise, Geneviève, Elise, Evelyne (Sélection Prix des 2 Rives 2023) présenté par Nicole, qui elle n’a pas apprécié l’écriture.


« En ce temps-là on était des loups et les loups étaient des hommes, ça ne faisait pas de différence on était le monde. C'est pour ça que je vis : toucher du doigt, du bord du cœur le territoire sauvage qui survit en moi et quand les loups hurlent dans la montagne, je sais que je ne suis pas seul. ». Le narrateur, Liam, homme des bois et trappeur, a décidé de vivre à l'écart du monde humain. D'un retour de chasse, il découvre sa compagne tuée par un ours. Leur fils de cinq ans, Aru, a survécu. Liam ne sait pas quoi faire de cet enfant qu'il ne comprend pas et qu'il considère comme un poids pour vivre selon ses souhaits autarciques et misanthropes, un enfant qui lui rappelle sans cesse la mort de celle qu'il adorait. Va-t-il le garder auprès de lui, s'y attacher et l'inscrire dans sa vie, l'abandonner ou même pire ? C'est l'enjeu de leur chevauchée dans des grands espaces de forêts et lacs qu'on imagine être dans les Appalaches ou le grand Nord canadien.

Pour porter le cheminement de Liam, Sandrine Collette a choisi un long monologue à la langue primitive et viscérale. Les phrases sont rugueuses, très peu ponctuées. On se fond totalement dans l'intériorité de Liam. On découvre ces pensées dans un flux désordonné qu'il s'emballe, rumine. Liam dit ce qu'il pense, ce qu'il fait. On l'entend littéralement parler tant l'oralité de sa langue est parfaitement retranscrite (ce qui a fortement déplu à Nicole). L'écriture épurée de l'autrice surligne la force émotionnelle qui se dégage du récit, ce qui rend la lecture intense. Liam est animé par des pulsions destructrices qu'il livre sans filtre au lecteur (souvent déstabilisé par la violence des propos) dans une urgence prégnante. Derrière son décor de roman américain où la nature rude semble indifférente aux combats des hommes pour survivre, plus le récit avance plus il se rapproche de la structure archétypale du conte : des épreuves pour les héros, ici le père et son fils, une forêt, un ogre. Un conte très sombre qui résonne de thématiques contemporaines en questionnant sur la paternité, sur l'instinct paternel.

Comme toujours chez Sandrine Collette, la famille est le premier lieu de la relation à l'autre, qu'il s'agisse d'amour ou de domination. Rester humain est un combat contre la bête tapie en soi.

 

-        Ada et Graff, Roman de Dany Héricourt, coup de cœur de Lydie (Sélection Prix des 2 Rives 2023)


Ada et Graff, deux êtres blessés, dont la vie est pour ainsi dire à l'arrêt, dont l'horizon semble barré vont se croiser de façon tout à fait inattendue et cette rencontre pourrait bien leur permettre de se remettre en route.

Ada, une belle dame bientôt septuagénaire habite La Roque, un petit village cévenol près du Puy-en-Velay depuis une quarantaine d'années. Confrontée dans sa jeunesse à la perte de son frère lors d'un glissement de terril au Pays de Galles puis au décès de sa mère inconsolable, elle a accepté la demande en mariage de Guy Deletang, médecin, non pas tant par passion mais pour fuir cette terre natale meurtrière. Désormais veuve, elle attend chaque jour un signe de sa fille Becca. Cela fait presque dix ans qu'elle attend que celle-ci accepte de se soustraire à l'emprise des Simples, une communauté d'illuminés.

Quant à Graff, ce vieil homme, bras et jambe dans le plâtre, il vient d'être contraint de quitter sa famille de cirque en pleine tournée, après une chute. Son voyage risque de s'arrêter là, sur ce terrain vague au fond du jardin d'Ada, près de la rivière, dans cette caravane où il n'attend plus que la mort… Difficile en effet de se retrouver immobile quand on a été nomade toute sa vie…

La vieille dame anglaise et l'ancien funambule tzigane, ces deux êtres un peu décalés qui ne sont plus tout jeunes et qui ont traversé maintes épreuves, comme reliés par un fil, vont alors peu à peu apprendre à se regarder, à s'apprivoiser, finir par se confier et s'aimer. Ils vont ainsi, très délicatement tisser une relation particulièrement belle et lumineuse tout en gardant leur indépendance et leur liberté.

Passé et présent interfèrent entre Pays de Galles, Europe de l'Est et Massif Central.

Cette magnifique histoire d'amour permet avec le personnage d'Ada, de réviser l'importance qu'avait l'exploitation minière au Pays de Galles avec en corollaire ces terribles accidents dont le drame d'Aberfan en 1966 (Cf un autre livre que vous pouvez trouver dans nos rayons Une terrible délicatesse de Jo Browning Wroe, qui relate ce drame à travers les yeux d’un thanatopracteur appelé sur les lieux pour faire face à l’urgence de s’occuper de tous ces corps)

Par l'intermédiaire de Graff, c'est toute la tragédie vécue par les Roms durant la Seconde Guerre Mondiale, les camps d'internement en France et les camps de concentration roumains, puis la haine de leur culture et leur difficulté à vivre ensuite dans les pays du Bloc de l'est que Dany Héricourt s'attache à nous faire ressentir.

Des personnages attachants, un roman à la fois sensible et grave mais plein de grâce, de légèreté, de poésie et aussi de suspense.

 

-        Le choix, Roman de Viola Ardone, coup de cœur de Nicole (Sélection Prix des 2 Rives 2023)


" Il aurait mieux valu que nous naissions garçons, mais nous sommes nées filles et pour nous la vie est devenue un sac de nœud ».

Viola Ardone, écrivaine napolitaine, traite ici un sujet déjà maintes fois utilisée par les écrivains d'Italie du Sud : la condition de la femme au siècle dernier dans leurs contrées.

« La femme au singulier n'existe pas », on marie les filles à quinze ans avec des complets inconnus et si elles sont violées les marier avec le violeur est la seule solution pour sauver leurs honneurs. Alors qu'aujourd'hui en lisant dans les journaux, une situation similaire en Afghanistan ou au Pakistan on est sidéré. Malgré le “déjà lu” du sujet, la version de Ardone lui donne un nouveau souffle. Sa prose simple mais riche en un vocabulaire d'une grande précision reflètent superbement le désarroi d'Oliva, la sagesse du père, le conformisme malsain de la mère, le venin des mauvaises langues du village……Une construction habile alterne dans les trois premières parties, passé et présent, l'apparence ou l'imaginaire avec la réalité, comme Oliva en narratrice, et dans la dernière et quatrième partie donne la parole aussi au père silencieux qui fait écho à sa fille. S'y ajoute un rythme réglé au métronome qui renforcé par un incident vers la fin de la deuxième partie, accentue l'ampleur de la tragédie. Ardone touche à des points importants. Rien de nouveau mais bon à se remémorer : c'est la femme en général qui éduque les enfants, fille ou garçon, et c'est à elle de faire l'effort nécessaire pour que le garçon respecte les filles et vice versa et encourager les filles pour leur indépendance / On ne peut contrôler la vie de ses propres enfants au nom de sauver les apparences et respecter les règles sociales souvent archaïques / « Aucune femme n'est fragile : est fragile uniquement qui est exposé à l'injustice » …

Un roman poignant, superbement écrit, et à l'heure que le taux de féminicide augmente en Italie, un rappel à toutes les femmes qu'il faut savoir dire NON !

 

-        Surface, BD Adulte de Matz d’après le roman d’Olivier Norek, co-auteur de la BD, coup de cœur de Lydie



Noémie Chastaing, capitaine de la PJ à Paris se retrouve défigurée lors d'une intervention qui tourne mal. La reprise de son travail est difficile, son ex-compagnon est promu à sa place, et elle doit être suivie pour le traumatisme après son accident. Ses supérieurs décident de la muter à Avalone, une ville où il ne se passe pas grand-chose et dont l'utilité du commissariat reste à prouver. Sa mission officieuse : confirmer son inutilité. Or justement, les ossements d'un enfant disparu il y a de cela 25 ans refont surface...

C'est une belle découverte ! Je n'ai pas lu le roman et ne connait pas non plus les histoires d'Olivier Norek, mais cela donne envie.

C'est un roman graphique très beau, très coloré. Tout est parfaitement compréhensible, l'histoire va à l'essentiel, droit au but. Pas une page n'est inutile, tout est parfait.

 

-        La bibliomule de Cordoue, BD Adulte de Wilfrid Lupano, coup de Lydie et Claire


Califat d'Al Andalus, Espagne. Année 976. Voilà près de soixante ans que le califat est placé sous le signe de la paix, de la culture et de la science. Le calife Abd el-Rahman III et son fils al-Hakam II ont fait de Cordoue la capitale occidentale du savoir.

Mais al-Hakam II meurt jeune, et son fils n'a que dix ans. L'un de ses vizirs, Amir, saisit l'occasion qui lui est donnée de prendre le pouvoir. Il n'a aucune légitimité, mais il a des alliés. Parmi eux, les religieux radicaux, humiliés par le règne de deux califes épris de culture grecque, indienne, ou perse, de philosophie et de mathématiques. Le prix de leur soutien est élevé : ils veulent voir brûler les 400 000 livres de la bibliothèque de Cordoue.

La soif de pouvoir d'Amir n'ayant pas de limites, il y consent. La veille du plus grand autodafé du monde, Tarid, eunuque grassouillet en charge de la bibliothèque, réunit dans l'urgence autant de livres qu'il le peut, les charge sur le dos d'une mule qui passait par là et s'enfuit par les collines au nord de Cordoue, dans l'espoir de sauver ce qui peut l'être du savoir universel.

Rejoint par Lubna, une jeune copiste noire, et par Marwan, son ancien apprenti devenu voleur, il entreprend la plus folle des aventures : traverser presque toute l'Espagne avec une « bibliomule » surchargée, poursuivi par des mercenaires berbères.

Cette fable historique savoureuse écrite par Wilfrid Lupano (Les Vieux Fourneaux, Blanc Autour...) et servie par le trait joyeux de Léonard Chemineau (Le Travailleur de la nuit, Edmond...), fait écho aux conflits, toujours d'actualité, entre la soif de pouvoir et la liberté qu'incarne le savoir. Pour les auteurs leur livre se situe entre Le nom de la Rose et La grande vadrouille. Cette épopée témoigne de la capacité de la bande dessinée à raconter le monde, à nous faire réfléchir et à nous amuser.


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CAFE LECTURE du samedi 4 février 2023

Ce matin là nous avons reçu Elise BLAZY qui est venue nous présenter ses "coups de cœur" de la rentrée littéraire 2022-2023, que nous avons le plaisir de partager avec vous :


 25 personnes présentes, ambiance très chaleureuse, bonne participation.... on refera .... promis ...

 




Coups de cœur du café lecture 01.10.2022

-        Les couleurs du silence, Roman de Delphine Giraud - coup de cœur de Françoise


Connaissons-nous vraiment nos proches ? Lila est graphiste et passionnée de dessins, elle vit un amour de contes de fées avec Karl. Celui-ci lui propose de venir vivre chez lui à Saumur. Quittant sa ville natale, ses parents et deux de ses amies, elle se retrouve alors sans travail, de longues journées s’ensuivent. Elle essaie en vain de se lier d’amitié avec Charlotte, l’employée de maison, froide et discrète. Un jour Karl reçoit une lettre de Pierre, son frère, c’est inattendu, ils ne se parlent plus et ne se sont pas revus depuis le décès de leurs parents disparus dans un accident domestique. Lila veut les réconcilier malgré le refus de Karl, le doute s’installe dans l’esprit de la jeune femme, que lui cache-t-il ? L’auteure nous emmène sur des fausses pistes. C’est un roman à tiroirs. Au fur et à mesure, au fil des pages, les secrets se dévoilent jusqu’à la chute finale.

J’ai aimé ce roman bien construit, à l’intrigue bien ficelée, et l’écriture fluide de l’auteure


-        Un si bel horizon, Roman de Françoise Bourdin - coup de cœur de Nicole


Voyage au cœur du cap Corse à l'hôtel Bleu Azur, où luxe et famille sont les maîtres mots ! Cette fois, Françoise Bourdin quitte le continent pour nous emmener en Corse, dans un hôtel de luxe appartenant à la famille Bartoli depuis des générations. Avec ce roman, l'autrice semble renouer avec ce qui a fait sa force: la saga familiale.

Depuis la mort d'Ettore son mari bien aimé, Lisandra a repris les rênes de l'hôtel épaulée par deux de ses quatre enfants Ange et Giulia. Un bien précieux pour ce clan uni, mais aussi un réel défi pour chacun...Le sens de la famille sera-t-il suffisant pour parvenir à rester soudés, chacun ayant ses propres préoccupations ?


L'envie d'évasion est bien présente et on se plonge facilement là-bas, on rêve de vacances et de détente au cœur de ce bel endroit ! Les personnages ont chacun leur trait de caractère propre et les lie, ce qui les rends encore plus attachants, le lien familial est empathique, plein d'amour et mets du baume au cœur. Les pages défilent, l'écriture est addictive, l'histoire captive ! Une lecture plaisante, parfaite en toute saison !

-        Une soupe à la grenade, Roman de Marsha Mehran - coup de cœur de Annie

Trois sœurs orphelines ont été forcées de quitter l'Iran et sa révolution, en 1979, elles passeront quelques années à Londres avant de fuir à nouveau en Irlande, où elles reprendront un café-restaurant, à l'origine, italien, auquel elles donneront le joli nom de Babylon Café.

Que fuient-elles ? On le découvrira sous forme de flash-back, tout au long du roman. Et c'est cela la grande force de ce livre, c'est d'opposer les "ambiances". Au froid de ce petit village d'Irlande, elles proposeront de chauds parfums, à la pauvreté de sa gastronomie, elles offriront toute une gamme de saveurs inconnues et exotiques auxquelles les villageois vont peu à peu succomber. Face à la petitesse, au racisme, aux ragots de certains habitants de Ballinacroagh, elles se battront avec leur cuisine, leur beauté, leurs sourires, et aussi leurs traumatismes. Souvenirs d'un pays abandonné précipitamment, souvenirs du sang, des voiles noirs appelés tchadors, chacune se bat contre ses cauchemars, ses peurs, tout en faisant tourner le café.

Marsha Merhan décrit parfaitement les traumatismes des migrants, ceux qui avaient tout, ailleurs et qui, ici, ne "sont rien", ne valent rien, ne possèdent rien. Une vie à reconstruire parfois dans l'adversité, parfois face au préjugés - ce roman démontrant que la bêtise et la méchanceté sont universelles.


-        L’indomptable, Biographie de Zarifa Adiha - coup de cœur de Paulette et Marie-Jo


Selon l'ONU l'Afghanistan est le pire endroit sur terre pour naître femme. Mais l'impossible devient possible grâce à l'opiniâtreté des femmes de ce pays. Zarifa nous raconte sa lutte pour conquérir un peu d'indépendance. Cheffe de l'orchestre Zohra, elle se produit en 2016 au forum de Davos avec ses compagnes afghanes. C'est la première fois qu'elle quitte Kaboul. Le choc est grand à la découverte de l'Occident, de la liberté qui y règne. Dans ce récit autobiographique elle nous raconte le vécu des femmes, leur lutte pour faire des études et se soustraire aux contrôles des hommes de la famille. 

Témoignage bouleversant de la dureté de la condition de vie de celles qui quoique fières de la culture de leur pays sont avides de changement.... Actuellement Zarifa poursuit des études de géopolitique à l'université de Bichkek capitale du Kirghizstan et garde toujours espoir malgré l'arrivée de talibans.

-        La décision, Karine Tuil - Roman coup de cœur de Paulette

Karine Tuil s'approche ici au plus près de l'actualité, à travers le portrait d'Alma une juge d'instruction antiterroristes qui détient le sort d'un homme, Abdeljalil Kacem emprisonné en France pour suspicion de radicalisation suite à un retranchement en Syrie. On suit jour après jour l'interrogatoire de la juge auprès du musulman qui jure de son innocence. Alma, une femme mariée qui entretient une liaison avec l'avocat de Kacem, elle doute, elle vacille entre raison et déraison.

La psyché de cette femme est détaillée avec brio, l'auteure nous offre un portrait de femme des plus actuels, entre le poids des responsabilités, la pression professionnelle, les zones d'ombres entre la présomption d'innocence et la protection d'un pays, Alma aime depuis peu comme jamais. Elle écoute son amant qui fait battre son cœur, elle l'entend répéter qu'il n'y a nulle preuve d'accusation sur Kacem, que la prison c'est l'antre de la radicalisation, de la haine. Elle entend. Et se laisse peu à peu basculer dans cette humanité où l'on entend pourtant toujours et encore la haine crier à la mort.

Il y a beaucoup de force dans ce livre, une émergence conflictuelle entre l'amour et la haine, un combat inégal entre la beauté et la laideur, des corps qui s'étreignent pendant que d'autres s'entretuent. Il y a un charisme fou dans l'écriture de Karine Tuil à disséquer les cœurs meurtris, les cœurs qui rêvent, les cœurs absents.

-        Pour une heure oubliée, Policier de Frédéric Perrot - coup de cœur de Lydie et Evelyne

Après avoir passé treize ans en prison pour le meurtre de Louise - une jeune femme qu'il avait rencontrée à une soirée - et dont il ne garde aucun souvenir, Émile, la cinquantaine s'est reconstruit avec Jeanne, de dix ans plus jeunes. Mais ce sont surtout ses amis Paul et Manon qui lui ont permis de reprendre pied dans la société et reconstruire sa vie...avec tout de même un problème de taille, celui d'avoir dissimulé à Jeanne, le passé d'Émile - l'entourage d'Émile prétendant qu'il avait passé treize années comme animateur d'un club de vacances en Italie. Aussi, quand Jeanne apprend par hasard, que Sandra O'Neill, journaliste, souhaite s'entretenir avec Émile pour évoquer la prison et le meurtre de Louise, la confiance de Jeanne s'effondre et leur couple vacille ; Émile sait qu'il devra replonger dans son passé, en essayant de découvrir enfin la vérité sur un meurtre dont il n'a jamais eu aucun souvenir.

Un vrai coup de coeur avec ce premier roman qui met en scène un homme qui a tout oublié d'un meurtre qu'il est censé avoir commis et qui a brisé sa vie, le laissant dans le doute. C'est ce doute qui est le plus intéressant dans le roman, car il ouvre quantité de questions, hypothèses et interprétations, qu'Émile essaye de comprendre ou de résoudre. En mélangeant le passé pour y revivre le meurtre, le présent où il tente de démêler les fils de l'affaire et le futur, Frédéric Perrot réussit à nous projeter dans la tête du héros qui semble plongé dans tous les sentiments possibles, qui ne maintient la tête hors de l'eau que grâce à son réseau d'amis, et se livre à des réflexions sur le couple, la culpabilité, l'amitié et le doute.

Une très belle écriture, simple mais pas simpliste, de belles réflexions sur l’amour et la routine en amour, du suspens, des retournements de situations habilement menés. Une construction très originale qui oscille entrepassé présent et futur.


 Toujours vivantes, Policier de Nicolas Leclerc - coup de cœur de Lydie 

 Aïssatou, jeune guinéenne, est malmenée par sa famille, ensuite par son mari et la première épouse de celui-ci, elle s'enfuit et rencontre Sékou qui l'aide et la cache, ils tombent amoureux fous. Ils décident de fuir ensemble vers l'Angleterre où ils pensent trouver une vie meilleure. Nous allons, tout au long de ce livre suivre leur fuite, via la Lybie, la Sicile, l'Italie et enfin la France, mais surtout leurs déboires successifs, ce n'est pas facile d'être migrant et ce roman nous le prouve.

Arrivés en France leur cauchemar continue. Ils sont séquestrés par un couple qui les traite en esclaves. Alors ils n'hésitent pas à voler une arme et braquer un PMU pour récupérer de l'argent, braquage qui va malheureusement mal tourner. A partir de ce moment, ils sont recherchés par la Gendarmerie, pour les aider dans leur cavale ils prennent Hélène et François en otage et obligent ce dernier à prendre sa voiture pour les conduire en Angleterre.

Parallèlement, l'auteur nous dévoile la vie matrimoniale de François et Hélène, une vie de discorde, sous l’allure d’un couple parfait, à l’instar d’Aïssatou, Hélène est prisonnière de sa vie mais ses barreaux sont dorés, et le geôlier n’est autre que son mari. Pris en otage, le couple de Français se retrouve entraîné dans cette folle cavale aux allures de road trip désespéré et tous devront faire face à la terrible réalité d'un braquage aux conséquences inattendues. Entre passé et présent, ce roman sombre et palpitant nous plonge successivement dans les histoires d'Aïssatou et d'Hélène, deux femmes dans la tourmente mais toujours vivantes malgré les aléas du destin, à force de courage et d'abnégation.

Nicolas LECLERC y aborde pas mal de sujets : l'excision, la migration, l'exploitation des émigrés, le crime, la cavale, le problème des femmes battues, le mensonge et bien sûr l'amour. A côté de la plongée au cœur de l'enfer de l'exode des migrants, l'auteur soulève le thème de la condition de la femme que ce soit en Afrique ou en Europe.

-        Revenir à toi, Roman de Léonor de Récondo - sélection Prix des 2 rives, coup de cœur de Lydie

Revenir à toi, un roman dur mais infiniment sensible. Présent et passé se mêlent au fil d'un récit racontant le désarroi d'une fille abandonnée par sa mère, cataloguée comme folle et internée, disparue subitement. Magdalena avait 14 ans quand son père lui a annoncé : Maman est partie. Laissée aux bons soins de ses grands-parents, Magdalena ne s'en sort que grâce à un professeur de français, au lycée, qui lui fait jouer Antigone de Jean Anouilh. Cette pièce de théâtre est une révélation pour cette jeune fille qui s'est murée dans le silence depuis la disparition de sa mère, Apollonia. C'est Adèle, celle qui s'occupe de sa carrière d'actrice, qui annonce à Magdalena qu’elle a retrouvé sa mère, elle se trouve dans une maison éclusière à Calonges, sur le canal latéral à la Garonne, dans le Lot-et-Garonne. Sans hésiter, Magdalena prend le train pour Bordeaux, loue une voiture et se rend jusqu'à cette fameuse maison éclusière.

Léonor de Récondo raconte tout cela de façon admirable, par petites touches délicates, inquiétantes, car les retrouvailles tardent et ne sont pas simples. Quelques petites touches ont déjà fait allusion au Chambon-sur-Lignon, à un terrible traumatisme lointain ayant atrocement marqué l'enfance d'Apollonia mais je n'en dis pas plus pour laisser à chacune et à chacun le soin de déplier, de dévoiler ce que la mère de Magdalena conservait précieusement dans une enveloppe. Les passages durant lesquels Magdalena s'exprime, confie impressions et sensations. Ces monologues, sans point, sans majuscule, sont à la fois prenants et instructifs.

Revenir à toi, sélectionné parmi les huit livres en lice pour le Prix des lecteurs des « Deux Rives » 2022, est un beau roman magnifiant l'amour d'une fille pour sa mère qui, elle-même n'a jamais surmonté ni évacué le drame qu'elle a vécu. Un magnifique roman sur la relation si forte et parfois aussi terriblement douloureuse qu’il peut y avoir entre une mère et sa fille.

-        Nos embellies, Bd de Gwenola Morizur - coup de cœur de Lydie

En sortant du cabinet médical, Lily est étonnée et bouleversée d'apprendre qu'elle est enceinte, d'un mois et demie. Quelle décision prendre ? D'autant que son compagnon, Félix, rentre heureux et comblé à la maison, une bouteille de champagne à la main : le groupe dans lequel il joue vient de signer avec un grand label américain. Après l'enregistrement d'un deuxième CD, il va entamer une grande tournée pendant un an. Lily, en tant que photographe officiel, est évidemment la bienvenue. Un autre souci vient malheureusement s'ajouter à tout cela : il commence l'enregistrement dans deux jours et ce, pour une durée de dix jours. Aussi lui sera-t-il impossible d'accueillir son neveu, Balthazar, que sa sœur fait venir du Canada. Mais, Félix est confiant, il n'y a rien de plus facile que de s'occuper d'un enfant de 7 ans même si Lily ne l'a encore jamais rencontré. Le lendemain, c'est à l'aéroport que la jeune femme attend fébrilement l'arrivée de Balthazar...

Quatre personnages à la croisée de leur chemin : Lily, une jeune femme enceinte qui ne sait quelle décision adopter, Balthazar, dont les parents viennent de divorcer et qui se sent abandonné, Jimmy, un auto-stoppeur un peu perdu et enfin, Pierrot, un vieil homme qui vit seul dans les montagnes parmi son troupeau de chèvres. Quatre personnages, en manque de repères, ô combien attachants et touchants, qui, sans le savoir, vont s'aider mutuellement. Ce sont ces rencontres hasardeuses et bienfaitrices que met en scène Gwénola Morizur, au cœur d'un hiver glacial et enneigé magnifiquement mis en lumière par Marie Duvoisin. L'auteure aborde différents thèmes tels que la famille, la notion de bonheur, la solitude... Une tranche de vie profondément humaine servie par un trait tout en finesse, des visages expressifs et de magnifiques paysages enneigés.

-        Old Pa Anderson, Bd de Yves H - Grand prix au Festival Angoulême 2016, coup de cœur de Lydie


Voici une BD bouleversante.

Hermann et Yves H. (le fils de) nous racontent la terrible histoire, malheureusement ancrée dans la réalité d'une époque dont l'Amérique ne doit pas être fière, d'Old Pa Anderson. Mississippi 1952. Le vieil homme, voit mourir sa femme alors qu'il est déjà profondément marqué par la disparition de leur petite fille qu'on n'a jamais retrouvée. Le chagrin s'ajoute au chagrin. Quand on lui apprend que quelqu'un a peut-être vu ce qui est arrivé à Lizzie, il veut savoir. Sa vengeance sera terrible, mais, dans un état où règnent la ségrégation et le suprématisme blanc...


Très peu de dialogues, des images fortes qui reflètent le contexte et la violence de l'époque.

Un album qui ne laisse pas insensible, notamment grâce à ses dessins.



CAFE LECTURE du SAMEDI 4 JUIN 2022


-          La faiseuse d’ange, Camilla LäckbergPolicier coup de cœur de Marie-Claire


Ce roman policier palpitant s'inspire d'un fait réel, fait divers vieux de plus d'un siècle: la dernière femme condamnée à mort en Suède a été condamnée pour infanticide. La fille de cette mère plus que particulière va être ballotée de familles d'accueil en familles d'accueil et va tomber amoureuse de Herman Göring venu en Suède dans les années 20. Elle va avoir un enfant de lui.

Bien plus tard, sur l'île de Valö, juste en face de Fjällbacka, une famille entière disparaît. Personne ne sait où ils sont passés; Trente ans plus tard, un nouvel élément va permettre de relancer l'enquête.

J'ai beaucoup apprécié me promener dans son histoire très bien ficelée qui mêle la fiction et la réalité. Elle nous parle de la montée des mouvements néonazis en Suède, des soucis des Suédois face aux taxes et à l'immigration, elle fait revivre hélas la venue de Hermann Göring en Suède dans les années 1920. Elle termine par une page de conclusion où elle reparle de la tuerie sur l'île d'Utoya en 2011.

L'auteure aborde énormément de sujets en établissant les liens entre eux à merveille.


-          Le plongeon, BD Adulte de Séverine Vidal, coup de cœur de lydie


Une BD drôle et émouvante sur la vieillesse. Yvonne, Madame Lhermitte, a quatre-vingt ans et c'est décidé : elle va quitter sa maison pour l'EHPAD, la maison de retraite comme on disait avant…Il faut se séparer de Bellouche, sa chienne fidèle, voir vider sa maison et partir avec enfants et petits-enfants pour l'EHPAD, Les Mimosas. Là, Yvonne ne se sent pas bien, n'aime pas sa chambre mais peu à peu, se lie d'amitié avec quelques résidents dont Paul-François que tout le monde appelle P-F et avec qui elle partage à nouveau l'amour.

Alors, il y a le scrabble, les ateliers, la poterie mais pour Yvonne, ce n'est pas la vie. Elle taquine, fait des siennes, redonne le sourire à ses amis au cours d'une soirée bien arrosée, dans sa chambre. Elle qui s'occupait d'un domaine viticole, près de Libourne, avec Henri, son mari, avait gardé quelques bonnes bouteilles…Youssef, infirmier attentionné, comprend mieux que quiconque les désirs de liberté d'Yvonne et de ses six amis, même s'il essaie de les retenir lorsqu'ils entreprennent une fameuse fugue qui se terminera par le plongeon.

Tout est remarquablement dessiné par Victor L. Pinel. Certaines planches sont d'une éloquence impressionnante qui en dit plus long que les plus beaux discours. Victor L. Pinel a bien dessiné vieilles et vieux et n'a pas hésité à les représenter nus lorsqu'il le fallait. Il a osé et c'est bien fait.

L'humour et la joie de vivre les dernières années d'une vie imprègnent cet album qui offre non seulement un bon moment mais une belle occasion de réfléchir au sort que nous réservons aux personnes les plus âgées.

 

-          Les gratitudes, roman de Delphine de Vigan, coup de cœur de Lydie


Ce livre de Delphine de Vigan est un concentré d’émotions.

Michka, jusqu'à ce jour d'automne était autonome, elle sentait bien que quelque chose clochait, elle s'est mise à tomber, à chercher parfois ses mots, pas très souvent mais quand même. "Ben alors Michk', qu'est-ce qui se passe ? - Je ne sais pas. J'ai peur" - "A partir de ce jour, Michka n'a plus été capable de rester seule"

Au fil des pages, on vit la descente en enfer de la perte de la mémoire des mots de Michka, entourée par Marie, jeune femme qu'elle a élevée comme sa fille, par Jérôme l'orthophoniste qui tente de retarder ce moment où tout bascule, Jérôme à qui Michka se confiait, lui racontant se dont elle se souvenait de sa petite enfance, laissée chez des inconnus cachée durant trois ans de guerre par sa maman qui fut déportée et qui ne revint jamais chercher sa fille. Ses deux parents sont morts en captivité. Michka n'avait qu'une idée, retrouver Nicole et Henri, ce tout jeune couple dont elle ne se souvient que des prénoms et du nom du village : La Ferté-sous-Jouarre. Plus qu'un merci, elle voulait exprimer sa gratitude à ces personnes qui avaient risqué leur vie pour elle..

Marie aussi voulait exprimer ses sentiments envers cette maman de remplacement qu'était Michka et qu'elle sentait s'en aller irrémédiablement.

Et Jérôme, qui a tant appris de Michka.

Un livre bouleversant, une leçon de vie, un livre qui touche au plus profond de l'humain.

Je conseille également le film « The Father » avec un Anthony Hopkins magistral (sur le thème d’Alzheimer)


-          Ces jours qui disparaissent, Bd Adulte de Timothé Le Boucher, coup de cœur de Lydie


Lubin est un jeune acrobate insouciant. Il partage sa vie entre l'exercice du cirque et une vie plus       « alimentaire », travailler dans la journée avec son ami Léandre par ailleurs magicien de la troupe, dans la supérette de l'oncle de ce dernier.

Tout a peut-être commencé ce soir-là lors d'une chute à un des spectacles...

Un matin Lubin arrive en retard au travail et c'est ainsi qu'il découvre ce jour-là puis dans la semaine, lorsque cela arrive justement deux jours plus tard, qu'il semble « disparaître » de sa conscience un jour sur deux. Il se rend alors compte qu'il ne dort pas durant les jours où il semble disparaître de sa vie, tandis qu'une autre personnalité se réveille dans son corps et dès lors Lubin peine à bien comprendre ce qui lui arrive. D'ailleurs, est-ce lui qui disparaît, ou bien est-ce les jours dont il a conscience ? Deux être semblent cohabiter dans son corps, un autre s'en empare de manière alternative, un autre qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, mais différent en même temps.

Lubin décide de communiquer avec l'autre, peut-on ainsi parler d'un alter ego, puisqu'ils paraissent déjà si différents ? Étrange, terrifiant, ce face à face à distance par vidéo, à deux jours d'intervalle, où les deux protagonistes communiquent et décident une sorte de pacte, sur ce territoire qui est ce corps de Lubin, mais bien au-delà d'un corps, un corps n'est rien qu'un territoire où s'invitent un cœur, une âme, le cœur des autres, les gestes des autres...

Lubin et son alter ego ont le même corps mais pas les mêmes gestes. La même voix mais les mots et les intonations sont différentes. L'autre paraît moins sympathique, mais il est bien plus structuré et plus ordonné côté rangement, plus rationnel. Bref, côté rangement, l'alter ego dont on rêve au quotidien !

Ils n'ont pas non plus les mêmes convictions politiques. Côté amour, puisqu'un moment donné, la frontière ne se pose pas comme un mur de Berlin ou le mur entre les États-Unis et le Mexique, entre deux pays, visiblement côté charnel ce n'est pas tout à fait pareil non plus. Disons qu'à cet endroit, l'autre paraît plus expérimenté s'agissant de faire l'amour. Dur cet aveu d'une amante qui ne comprend déjà rien à ce qui se passe...

La vie sentimentale de Lubin en est donc impactée. Sa vie familiale aussi. Sa vie professionnelle, n'en parlons pas.

Peu à peu l'autre prend le pas sur sa vie, de plus en plus...Les fréquences où Lubin refait surface sont de plus en plus espacées. C'est terrifiant.

La fin est d'une modernité sidérante, à tous points de vue.

Comme c'est beau quand la BD nous chavire avec tant d'émotions ! Je vous avouerai simplement que c'est aussi une magnifique histoire d'amour.


-          Numéro deux, Roman de David Foenkinos, coup de cœur de Catherine


Devant le succès des romans Harry Potter, JK Rolling accepte qu'ils soient adaptés au cinéma. Il faut trouver les jeunes acteurs d'une dizaine d'années, surtout celui qui jouera Harry Potter. Numéro deux raconte les coulisses de ce choix, les enjeux pour les parties prenantes, mais surtout ses conséquences désastreuses pour le numéro deux, celui qui n'a pas été retenu. Celui dont personne ne connaîtra le nom ni l'existence mais qui, en plus de le vivre comme un échec personnel, devra supporter de se le faire rappeler par le monde entier, devant le succès fracassant de l'œuvre finale. Pourquoi pas lui ? C'est la question qui le hante. L'auteur explore le sentiment de rejet et ses conséquences sur l'image de soi. Il dissèque ce moment où tout se joue, où l'espoir fait vivre, où tout est possible et… où tout peut basculer. Comment survivre à l'échec ? Il explore aussi les ramifications du destin, ce à quoi le numéro deux a échappé, ou à quel exemple célèbre il peut s'apparenter, comment il aurait pu rebondir, quel chemin il prend à la place.

C'est avec beaucoup d'empathie que Foenkinos imagine ici la place du second choix, celui qui aurait pu devenir une star et qui au final, ne parvient qu'à attirer le mauvais sort. Un excellent moment de lecture ! Un roman empli d'empathie, d'émotions, parsemé d'un peu d'humour qui vous fera voir Harry Potter sous un autre jour.


-          Reine de cœur, Roman adulte de Akira Mizubayashi, coup de cœur de Lydie


Après Âme brisée, un de mes coups de cœur il y a deux ans, ce nouveau roman mêle une fois encore la musique, la guerre et le deuil impossible.

Jun, un jeune musicien japonais est venu à Paris pour y perfectionner sa pratique de l'alto. Il fait la connaissance d'une jeune femme française, Anna serveuse dans le café de son oncle, Fernand, où il va déjeuner tous les jours. Sous l'œil bienveillant de l'oncle, les deux jeunes tombent amoureux ...

Mais la guerre sino-japonaise en cette année 1939 inquiète Jun, il a laissé ses parents au Japon et le dernier bateau retournant dans son pays va partir. Brisé par le chagrin, Jun quitte Anna, sa reine de cœur.

Enrôlé dans l'armée impérialiste, le jeune homme va découvrir les pires horreurs de la guerre et, paniqué, il va être contraint par la force d'obéir aux ordres d'officiers abjects qui ont repéré la délicate âme du musicien. Un déchirement pour lui, une dissociation de tout son être.

Dans le second mouvement, la musique revient au premier plan avec une jeune altiste, Mizuné qui est intriguée par un roman racontant une histoire ressemblant étrangement à celle de ses grands-parents. Elle part à la rencontre de son auteur ...

Ce roman est découpé en quatre mouvements, telle une symphonie. La musique de Chostakovitch avec la symphonie numéro 11 dite de 1905 d'abord, puis la symphonie numéro 8 rythme cette histoire avec fracas, des symphonies écrites par ce compositeur tourmenté par les conséquences catastrophiques sur l'homme de la révolution et de la guerre.

Peut-être ai-je été moins enthousiasmée à la lecture de ce beau roman, on y retrouve les mêmes thèmes et le même type de construction mais j'ai pris beaucoup de plaisir à sa découverte.




 

CAFE LECTURE du SAMEDI 2 AVRIL 2022


-          Dans le murmure des feuilles qui dansent, Roman de Agnès LEDIG, coup de cœur de Lydie


Voici l'histoire de plusieurs personnages cabossés par la vie et essayant à leur manière de se reconstruire dans le murmure des feuilles qui dansent. Il y a Anaëlle, jeune femme qui sort d’un grave accident de la route et qui a ses temps perdus écrit un roman, en recherche d'informations elle engage un échange épistolaire avec Hervé, procureur de province. Celui-ci, vivotant dans une routine qui l'ennuie, s'y plonge avec délectation, au grand dam de sa greffière, rapidement agacée par cette insupportable correspondance. Et puis il y a Thomas, un jeune menuisier passionné de nature, s'appuie sur la force des arbres et sa connaissance des sous-bois pour soutenir son petit frère, en proie à une longue hospitalisation. Peu à peu, on découvre les liens, les douleurs et les secrets qui unissent les personnages, comme un fil de vie qui se déroule.

-          La Belle Rouge, Roman adolescent d’Anne Loyer, coup de cœur de Lydie


La Belle Rouge nous raconte l'histoire d'un camion ; mais aussi celle de Marje, sa conductrice et celle de Kader, un jeune homme en fuite. Marje est une camionneuse de plus de cinquante ans qui aime son métier, et surtout son camion. Avec le temps, elle a réussi à se faire respecter par tous les camionneurs et à devenir une légende dans le métier. En effet, il y très peu de femmes camionneuses et celles-ci sont souvent mises de côté par les hommes. Cet amour pour la route cache en réalité une cicatrice qui ne s'est jamais refermée dans son cœur. Le passé de Marje nous est dévoilé au fil des pages. Kader, quant à lui, est un jeune homme de seize ans qui a fui le camp d'éducation dans lequel il avait été placé. Il a été abandonné par sa mère à l'âge de sept ans et n'a cessé de passer de maison d'accueil en maison d'accueil depuis son jour. Cependant, la donne change lorsqu'il reçoit une lettre de sa mère qui lui propose de tout recommencer. Son but : essayer de rejoindre sa mère qui se trouve en Algérie.

C'est dans ce cadre que les deux personnages vont se rencontrer. En effet, lors de sa fuite, Kader se perd sur une aire d'autoroute et entre dans le premier camion ouvert qu'il trouve : celui de Marje. Commence alors une aventure mouvementée pour les deux personnages. Un très beau livre, des personnages émouvants. C'est un livre très court qui parle de thèmes très forts et qui arrive à transporter le lecteur dans le voyage de Marje et de Kader le temps de quelques heures.

-          Celle qui marche la nuit, Roman policier adolescent de Delphine Bertholon

 


Malo, un ado de 15 ans, vivait tranquille à Paris avec sa petite sœur de 5 ans, son père musicien (et prof de guitare pour vivre), et sa belle-mère Sophie, quand cette dernière a dégoté la maison de ses rêves (et "l'affaire du siècle", en plus) au fin fond de l'arrière-pays gardois. Fini les potes, l'appartement qu'il aimait tant, le bitume, la pollution et le cinéma, bonjour la bicoque flippante et "vintage", comme dit Sophie, au milieu des bois. Et voilà que Jeanne (la petite sœur) se met à hurler de terreur en pleine nuit et à parler d'une certaine Pauline qui lui parlerait, mais que personne d'autre ne voit. Malo s'inquiète, mais les parents, en plein trip déco, minimisent... Pourtant il se passe bien des choses étranges dans la demeure, et Malo ne va pas tarder à être impliqué bien malgré lui dans une histoire vieille de 30 ans.

L'intrigue est bien menée : on s'interroge comme Malo sur les raisons qui amènent sa petite sœur de cinq ans à hurler la nuit en fixant le mur, sur le malaise qu'il ressent dans cette maison comme si les murs voulaient lui dire quelque chose. Ses pérégrinations dans la forêt d'à côté et sa découverte d'une demeure en ruines ajoutent une touche oppressante à ce récit raconté à la première personne. Un bon moment de lecture.

 

-          Une fille de…, Roman ado de Jo Witek,coup de cœur de Lydie 

( Déjà présenté en 2019, mis en parallèle de la chanson de Stromae  «  Fils de joie » à écouter absolument !)


Très beau texte lu d'une traite qui conte l'histoire d'Hannah, fille unique d’Olga Sobolev, prostituée ukrainienne droguée, enlevée, arrivée en France par un réseau de prostitution.

Elle court à perdre haleine, avale des kilomètres de chemin quatre fois par semaine, se concentre sur son corps, s'évade, se forge un moral de championne pour résister aux insultes, au rythme de ses foulées, elle court pour exister, pour gagner sa dignité, pour se protéger. Pour ne plus penser, pour renaître ...elle ne triche pas ...Son esprit se libère ......elle prépare le marathon de sa vie ! Pour avoir un corps que l'on ne piétine pas, que l'on n'avilit pas sans se soucier du regard des autres et surtout pas celui des hommes, pour se fondre dans le décor ! Elle a compris très tôt, a eu la prescience de sa marginalité dès son plus jeune âge. Par amour pour sa mère, elle relève la tête et décide de raconter son histoire au rythme de ses foulées.  Elle se sentira libre et n'aura plus jamais honte ! Sa mère dont elle est fière a réussi malgré ce qu'elle vit et ce qu'elle a vécu à lui offrir beaucoup d'amour, ce qu'elle -même n'a jamais reçu ! Entre ses pensées et sa volonté, le silence se fait ! Son esprit se libère dans l'effort extrême, la souffrance, comme un dialogue grisant entre sa respiration maîtrisée, son souffle et ses muscles. Elle se pose des questions, sera- t-elle capable d'aimer ? De ce bonheur à deux, de ce temps suspendu, immortel que partagent les amoureux et que décrivent si bien les poétes ?

Comment peut-elle se construire alors que les regards braqués sur elle sont : arrogance, surprise et dégoût ? C'est un ouvrage court, fort et saisissant, touchant, une confession violente et sensible, un portait sobre, intelligent, sans misérabilisme.

L'auteur utilise un ton juste, touche du doigt la misère morale, la crasse et la violence, l'odeur des hommes, la puanteur de l'argent, du trafic, la course pour éviter les flics, l'esclavage physique et moral en plein 21° SIÉCLE !

À LIRE ET À FAIRE LIRE pour le message de tolérance et d'espoir qu'il fait passer !

 

-          Pour l’honneur des Rochambelles, Roman de Karine Lebert, coup de cœur d’Evelyne


De nos jours à Trouville en Normandie, Alma, une vieille dame de 96 ans, est victime d'un malaise lors d'une remise de médaille due au rôle qu'elle a joué lors de la deuxième guerre mondiale parmi les Rochambelles, ces ambulancières de l'unité Rochambeau qui ont fait partie de la 2e DB du Général Leclerc. Or après avoir prononcé la phrase « pardonne moi Lucie », Alma sombre dans le coma et elle est vite transportée au CHU de Caen. Alma vivait avec sa fille Elise et sa petite fille Marion dans une villa en front de mer, pleine de charme bien qu'un peu défraîchie ! C'est Marion, qui voulant en savoir plus sur les mots mystérieux prononcés par sa grand-mère, va se lancer dans une véritable enquête.

Le Roman va se dérouler sur deux époques :

La première partie va concerner les années de guerre lorsqu’Alma s'est engagée dans les Rochambelles, après avoir été recrutée avec son amie d'enfance Lucie, dans la ville de Rabat où leurs familles respectives sont venues vivre après avoir quitté la Normandie. Nous allons suivre ces deux jeunes filles de 20 ans pendant leur terrible périple en ambulances qui les mènera de Rabat jusqu'en Angleterre où avec leurs compagnes elles suivent un difficile entraînement. En août 1944, elles traversent la Normandie puis participent à la libération de Paris, se dirigent ensuite vers l'Allemagne en passant par l'Alsace et se retrouvent à la fin de l'année 1944 près du nid d'Aigle d'Hitler. Ces épisodes de guerre, très documentés, sont particulièrement bouleversants et certaines Rochambelles y laisseront la vie.

La seconde partie va s'intéresser davantage à Marion et à son enquête compliquée qui l'emmènera sur les pas d'Alma et de son amie Lucie. Lors de ses investigations et grâce aux rencontres de différentes personnes ayant connu les protagonistes, elle va peu à peu découvrir des secrets jusque-là bien gardés et en particulier tous les mystères autour de Lucie, jeune fille aux troubles psychiatriques avérés. Marion ira jusqu'au bout pour connaître le destin tragique de cette dernière et surtout l'implication de sa grand-mère dans cette aventure. L'exhumation de secrets de famille ne sera pas facile mais elle ouvrira enfin un horizon radieux à bon nombre de personnes.

Ce récit magnifique, addictif et passionnant, souvent douloureux, de plus de 400 pages, se lit d'une traite tant l'écriture de Karine Lebert est claire et fluide. Ses personnages principaux sont décrits physiquement dans les moindres détails et leur psychologie parfois complexe est finement analysée par l'Auteure. On s'attache énormément à Marion et surtout à sa détermination dans sa quête de vérité.

-          La plus secrète mémoire des hommes, Roman de Mohamed Mbougar Sarr (Goncourt 2021), coup de cœur de Lydie


Ouvrage difficile car très dense et rempli de récits imbriqués. C'est l'histoire d'une quête, celle d'un livre maudit. Dès qu'il le découvre, le jeune écrivain sénégalais Diégane, monté à Paris plein d'ambition, en est possédé. Il décide d'enquêter sur son mystérieux auteur devenu paria : T.C. Elimane, lui aussi Africain francophone, a connu la gloire en 1938 avant d'être balayé par une accusation de plagiat et de disparaître. Etait-il " un écrivain absolu ? Un plagiaire honteux ? Un mystificateur génial ? Un assassin mystique ? Un dévoreur d'âmes, un nomade éternel ? Un libertin distingué ? Un enfant qui cherchait son père ? Un simple exilé malheureux qui a perdu ses repères et s'est perdu ? " Cette quête, au départ littéraire, se double très rapidement d'une quête existentielle : Diégane veut trouver l'Homme en lui, un sens à sa vie, une direction comme pour se ressusciter. Le roman se déploie à travers un siècle d'histoire France/Sénégal, déambule à travers les fléaux du XXème siècle (les tranchées de la Première guerre mondiale, la Shoah, la colonisation), révélant à Diégane vérités et illusions. La construction très borgésienne de ce livre-monde est vertigineuse, multipliant les mises en abyme. Un jeu de pistes entre enquête policière, témoignages de ceux qui ont croisé Elimane et sont toujours hantés par lui, et roman initiatique, le tout saupoudré d'une touche de magie inquiétante et de fantastique étrange. Les légendes se fracassent les unes aux autres, les récits s'enchâssent, se mêlent pour tenter de cerner le fantôme de l'écrivain disparu, échafaudant très progressivement un portrait ambigu et parcellaire. La vérité est toujours plurielle dans cette structure polyphonique qui n'assène jamais mais laisse toute sa place au lecteur pour imaginer et douter sans pour autant jamais le perdre d'une époque à l'autre et d'un narrateur à l'autre, de France à Sénégal en passant par l'Argentine.

Une narration labyrinthique, tout y est dense et fait sens pour construire un chant d'amour dédié au pouvoir intemporel de la littérature.

-          Les os des filles de Line Papin, Roman coup de cœur de Nicole (déjà présenté en 2019)


L'auteure est née « par accident » à Hanoï, de mère vietnamienne et de père français. Sa vie s'écoule avec insouciance, au sein de la bruyante et chaleureuse tribu familiale où, entre grand-mère, tantes et nourrice, elle compte « plusieurs mamans ». La soudaine décision de ses parents de partir s'installer en France fait exploser l'univers de la fillette. A onze ans, Line se retrouve brutalement transplantée dans un environnement inconnu et froid, loin de ses attaches. C'est un déracinement culturel, mais surtout une déchirure affective qui va la dévaster : Line sombre peu à peu dans un insondable trou noir, irrésistiblement aspirée vers un néant mortifère. L'anorexie la détruit. Le récit s'ouvre sur le retour de Line à Hanoï. Elle a maintenant vingt-trois ans et est déjà revenue une fois après le début de sa guérison, à la recherche de ce qu'elle a quitté bien des années plus tôt. Hélas, la vie ne l'a pas attendue, et Line s'aperçoit bien vite qu'elle est désormais autant française que vietnamienne. Alors elle raconte : la vie de sa grand-mère, de sa mère et de ses tantes pendant les guerres qui ont ravagé son pays d'origine, sa propre enfance dans un bonheur coloré et turbulent, tout ce qui a constitué « ses os », même si cela a disparu aujourd'hui et si elle doit apprendre à en faire son deuil.

Les livres ont été le seul point d'accroche de Line pendant son désespoir. Et l'on comprend toute l'importance de la rédaction de son histoire pour la reconstruction de l'auteur. L'écriture possède un style très personnel : elle alterne constamment entre le "je", le "tu" et le "elle", dans une courageuse tentative d'exploration de soi, de cette fille fragile et forte qui avait perdu le contrôle et qui cherche à tâtons à se réconcilier avec elle-même.



-        CAFE LECTURE DU SAMEDI 5 FEVRIER 2022


  S’adapter - Roman de Clara Dupont-Monodcoup de cœur de Catherine


Cette histoire, servie par une plume sensible et intelligente relate le parcours d'une famille en proie aux difficultés liées à l'arrivée d'un enfant différent, inadapté. Pour l'un c'est un privilège sans précédent d'aimer ce frère aveugle et figé, il apprend en l'observant la beauté du monde, il écoute les bruits du dehors, hume les parfums que l'enfant mutique peut saisir. Il se sent en osmose avec ce frère différent. Pour la cadette, c'est différent, elle éprouve rejet et dégoût pour ce frère. Elle doit apprendre à s'armer, à trouver un refuge loin de cette famille qui s'émiette, qui se retient de pleurer, de crier à l'injustice. Sans apitoiement, on se laisse surprendre par la justesse du propos, on s'émeut de voir combien la différence peut tantôt nourrir tantôt décharner ou encore rendre de marbre par protection.


La beauté du texte est un vibrant hommage aux êtres de l'ombre, aux familles qui tentent de rester debout malgré les épreuves. J'ai été émue, touchée en plein cœur, soulagée de lire que la différence n'est pas que rejet mais source d'inspiration et de grandiloquence.

-          L’ange et le violoncelle - Roman de Claire Renaud - coup de cœur de Catherine et Lydie


C'est un conte plein de tendresse. C'est l'histoire de Joseph, un homme sans histoire : "Sa vie n'est pas malheureuse. Sa vie n'est pas triste. Sa vie est vide." Une rencontre va le faire renaître. Joseph est responsable des objets trouvés à la gare de l'Est, et ce qu'il trouve ce soir-là n'est pas un objet, mais un bébé. Incapable de le laisser aux services sociaux, il va le garder et l'élever avec l'aide d'Adèle, qui tient le snack et de Jules. C'est une histoire merveilleuse, un conte comme ceux de l'enfance. Une parenthèse de tendresse qui nous rappelle la force des sentiments, l'amitié ou l'amour. Ne surtout pas chercher à comprendre, se laisser emporter et savourer.


-          Un garçon c’est presque rien - de Lisa Balavoine - Roman ado - coup de cœur de Lydie


Roméo est un jeune garçon de 16 ans. Sensible, solitaire, un brin différent. Un garçon qui marche, le casque vissé sur les oreilles, un garçon qui ne fréquente ni les salles de sport ni les centres commerciaux, un garçon à contre-courant libre comme le vent.

À la maison, l'ambiance est morne, ses parents l'ignorent la plupart du temps, il aime passer, après les cours, dans la boutique de son oncle qui vend des disques dans le centre.

À l'école, les autres élèves s'amusent à le taquiner, le traiter de « chaton », le bousculer. Mais, un jour, au réfectoire, il remarque, assise à la table d'à côté, une jeune fille gracile, gracieuse, qui vibre et scintille parmi les autres filles...

En vers libres et en de courts chapitres, Lisa Balavoine dresse le portrait touchant d'un adolescent à fleur de peau, sensiblement différent. Une rencontre va le bouleverser et l'aider à prendre conscience de qui il est réellement.

Un roman émouvant, à la fois musical et poétique, original, surprenant et terriblement d'actualité. Divers thèmes intelligemment abordés tels que le genre, la masculinité, les secrets familiaux, le harcèlement, les réseaux sociaux, la virilité, la sexualité, le "revenge porn", les relations parents/enfants ...

Une plume profonde, intense, à fleur de mots. 

-          Et le désert disparaîtra - Marie Pavlenko - Roman ado coup de cœur de Lydie



Saama, 12 ans vit dans un monde devenu un désert, un monde post-apocalyptique où la vie a presque entièrement disparu de la surface de la Terre, un monde qui pourrait être le nôtre, très vite, si nous ne changeons pas notre rapport à la nature. Son peuple, nomade, survit en traquant les derniers arbres, pour pouvoir ensuite négocier le précieux bois, l'arbre coupé, contre de l'eau gélifiée, de l'oxygène en bouteille, de la nourriture, des médicaments… Seuls les hommes, les chasseurs peuvent assumer cette tâche et pour cela, ils doivent aller de plus en plus loin pour débusquer ces arbres isolés. Samaa n'a qu'un rêve, elle ne veut plus jouer le rôle qu'on lui a assigné, elle veut faire partie des chasseurs et rit des conseils de l'Ancienne lui demandant de les empêcher de tuer les arbres. Aussi, quand les chasseurs vont repartir, va-t-elle tenter sa chance en les suivant de loin d'abord, espérant ensuite se rapprocher lorsqu'ils seront suffisamment éloignés pour qu'ils soient obligés de la garder avec eux. Mais c'est oublier que le désert a mille visages et elle se perd… Elle fera alors une rencontre qui changera sa vie à jamais comme celui de sa tribu.

Ce livre empli de poésie est une véritable ode à la préservation de la nature.

-          Code 612 Qui a tué le petit prince ? - Michel Bussi Roman policier coup de cœur de Maryse

Derrière ce titre qui « spoile » la fin du célèbre roman d'Antoine de Saint-Exupéry, Michel Bussi s'attaque à un monument de la littérature. Avec une publication en 318 langues, « le Petit Prince » est en effet le livre le plus traduit dans le monde après la Bible. « Code 612 Qui a tué le Petit Prince » de Michel Bussi se lit comme une enquête policière à la fois sur les mystères du livre en lui-même et ses messages subliminaux que sur la disparition énigmatique de son auteur, le 31 juillet 1944 à bord de son avion. Il disparaît lors d'une mission de reconnaissance dans la Méditerranée, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Même si des débris de son bimoteur ont été retrouvés fin des années 90, son corps n'a pas été retrouvé et la lumière n'a jamais été faite sur ce mystère.

Michel Bussi, lui-même passionné par cet univers, nous offre une enquête hors du commun qui fait voyager ses lecteurs aux travers de différents pays, tout en évoluant au fil du récit du Petit Prince.

-          Sous le parapluie d’Adélaïde - Romain Puértolas - Roman policier -

       coup de cœur de Lydie, Catherine et Denise

 A l'insu de tous, Rose Rivière est étranglée au milieu de la foule, rassemblée sur la place de la ville de M. pour assister, sous la pluie, au spectacle de Noël. Seul indice : les deux mains noires qui enserrent le cou de la jeune femme, sur l'un des clichés d'ensemble pris par le journaliste qui couvrait la manifestation. Il n'en faut pas plus pour faire inculper l'unique homme à la peau noire résidant à M. Persuadée de son innocence, son avocate commise d'office mène l'enquête. Une atmosphère à l'ancienne, bien loin des codes actuels du polar. Une investigation qui très vite va devenir à la fois personnelle et donnera l'occasion de s'approcher au plus près des personnages. Notamment lorsqu’il nous invite à découvrir le passé de la victime, les violences psychologiques et physiques qu'elle a endurées. Des passages forts, émouvants, qui sonnent terriblement juste. Mais il n'est pas seulement question de ce passé mort qui ressuscite grâce à la ténacité de la jeune avocate. L'ambiance peut être également bien plus légère ou langoureuse. C'est une femme qui mord la vie à pleine dent. L’écrivain joue avec nous et se joue aussi de nous. Le nt.

La chaîne - de Adrian McKinty - Roman Policier coup de cœur de Lydie

Le téléphone sonne. Un inconnu a  kidnappé votre enfant. Pour qu’il soit libéré, vous devez enlever l’enfant de quelqu’un d’autre. Votre enfant sera relâché quand les parents de votre victime auront à leur tour enlevé un enfant. Si un chaînon manque : votre enfant sera tué. VOUS FAITES DÉSORMAIS PARTIE DE LA CHAINE. VOUS N’ÊTES PAS LES PREMIERS. VOUS NE SEREZ CERTAINEMENT PAS LES DERNIERS. 
Pas de temps de mort pour ce thriller. On se plonge dans les pensées tortueuses de Rachel partagée entre l'urgence de revoir sa fille en vie et sa honte de devenir à son tour un monstre qui enlève un enfant. La situation fermée de cette chaîne est crédible laissant planer un état anxiogène lié à l'impuissance de la rébellion. L'auteur ne s'est pas contenté d'un gentil suspens mais il dresse un portrait réaliste de la condition humaine devant la disparition de son enfant. Tout en maintenant une emprise sur les personnages pris au piège de cette chaîne que rien n'arrête. Vous échouez à la mission, votre enfant est mort. Votre successeur échoue, la chaîne remonte à vous. Un échiquier où le maillon faible est éliminé. L'humain est capable de tout, du pire. L'humain n'a aucune morale.

Lorsqu'il est dos au mur, il peut s'abaisser au plus vil des méfaits, se confondre dans la déchéance la plus abjecte.

-          Premier sang - Amélie Nothomb - Roman - coup de cœur de Annie F


Un plongeon épicé, drôle, fantasque et débridé au cœur de la famille Nothomb. Du père d'Amélie en particulier, Patrick Nothomb. L'enfant n'aura pas eu la chance de connaître son père, mort à la guerre quand il n'était même pas né. À six ans, ses grands-parents maternels le jugent un peu mollasson, il a « le corps aussi tendre que l'âme » le gamin. Faut l'endurcir coûte que coûte. Rien de plus simple, il faut envoyer Patrick l'été chez les Nothomb ! Pauvre môme. Il n'imagine pas encore dans quoi il va atterrir. Mélange d'exaltation et de désespoir, Patrick devra s'y faire.

Amélie Nothomb nous offre un bien sympathique moment de lecture au côté de ses aïeux qu'elle croque dans de judicieux et jubilatoires détails. Les aventures de Patrick Nothomb on pourrait penser que c'est l'horreur mais écrit avec cette fantaisie étourdissante d'Amelie, on se surprend à sourire ou à rire aux éclats. L'humour de l'auteure belge est bien présent et l'univers "Nothombélien" est un délice de lecture.

-          Les confluents - de Anne-Lise Avril - Roman coup de cœur de Nicole et Claire

 

Anne-Lise Avril découpe son roman en quatre ambiances, le désert, la forêt, la nuit et l'ile, pour à chaque fois y décliner deux époques : la décennie 2010, puis un futur proche, en 2040. Lucie et Talal étaient fait pour se rencontrer, le hasard les a réunis en Jordanie, le talent de photographe de l'un est très complémentaire des préoccupations d'écriture de l'autre. Une alchimie immédiate les relie immédiatement, sur le mode d'une amitié profonde, puisque, Lucie l'apprendra, Talal n'est pas libre. Ils se retrouveront tout de même, sur de hauts lieux de questionnement sur la planète : scènes de guerre, ou régions sacrifiées sur l'autel du profit. Alors qu'en 2040, Jayal lutte autant qu'elle le peut pour défendre ce qui peut l'être encore, Aslam, seul sur une île en sursis attend son retour.

Il faudra atteindre les dernières pages pour comprendre ce qui relie ces personnages.

Belle plume, qui porte des personnages attachants, et décrit une intrigue amoureuse qui est un éloge de la lenteur, avec en filigrane un militantisme écologique.

-          Soleil amer - Lilia Assaine - Roman coup de cœur de Annie R et Nicole 

Le Le livre aborde avec une extraordinaire justesse et beaucoup de sensibilité, différents thèmes: la condition des immigrés venus de l'Algérie et le racisme auquel ils ont été confrontés; la difficulté d'être soi-même pour celle ou celui qui devient l'étrangère ou l'étranger hors de son pays, mais aussi qui le devient dans son pays d'origine; le désarroi et le déchirement des enfants issus de l'immigration; la condition très difficile des femmes et le poids de la tradition qui pèse sur elles, mais aussi leur extraordinaire solidarité; la désillusion qui s'installe dans les années 1970, à la fin des Trente Glorieuses avec, en toile de fond, le chômage et la déshérence des HLM; l'espoir qui semble poindre avec la troisième génération (dont nous savons, hélas, qu'il n'est pas le fait de tous); et enfin, le poison sournois du secret de famille.

Soleil amer raconte tout cela au travers de l'histoire magnifique, de Naja, cette femme algérienne qui vient, dans les années 1960, rejoindre son mari Saïd, ouvrier dans l'automobile, celle de ses trois filles Maryam, Sonia et Nour, puis celle de son fils Amir et son « cousin » Daniel. L'histoire, par touches successives, traversera les années 1960, 1970 et 1980, avec son lot de joies et de drames cruels.

C'est peint avec beaucoup de justesse, en peu de mots, mais si bien choisis.

 

-          Femmes en colère - Mathieu Menegaux - Roman policier coup de cœur de Véronique


20 ans de réclusion, c'est la peine requise par le Procureur de la République aux Assises de Rennes en ce beau jour de juin 2020. Mathilde, agressée trois ans plus tôt par deux hommes, est l'accusée, les deux hommes en question sont sur le banc des parties civiles en tant que victimes. le monde à l'envers ? C'est le nœud du problème : Mathilde, par ailleurs mère et médecin bien sous tous rapports, s'est fait justice elle-même, convaincue que ni la police ni la machine judiciaire ne feraient leur travail. À travers l'histoire de cette femme qui a préféré se venger elle-même de son agression plutôt que de faire confiance à la police et à la justice, le récit de Mathieu Menegaux nous plonge dans les arcanes d'un délibéré d'un procès d'assises. Après avoir tracé le portrait de chaque juré, l'auteur, avec une écriture précise et fluide, nous invite à suivre l'intégralité de leurs délibérations. Si parfois les interventions de l'un ou de l'autre d'entre eux semblent excessives, Mathieu Menegaux a le mérite de nous expliquer en détail le fonctionnement de ce jury. Nous suivons pas à pas leurs réflexions, leurs questions, leurs doutes, jusqu'à un double coup de théâtre final qui emporte le lecteur. Le lecteur se retrouve en alternance dans la cellule des accusés où Mathilde couche sur le papier ses émotions et la salle des délibérés où chacun réagit avec son intime conviction. Un roman fort, révélateur de notre société post #MeToo et de la parole enfin libérée de toutes les femmes violentées. Mathieu Menegaux aborde aussi la pression exercée par les réseaux sociaux où chacun est persuadé de détenir la vérité, une opinion tranchée, incontestable, irréfutable.

-          La toute petite reine - de Agnès LedigRoman coup de cœur de Véronique

Une valise oubliée, un chien et deux personnages que le destin va lier à jamais. C'est le début d'une vraie belle rencontre en pleine gare de Strasbourg, autour d'un bagage prêt à exploser. Mais, c'est plutôt la propriétaire de la valise, Capucine qui explose en plein vol. Adrien appelé pour cette valise suspecte avec son chien va ressentir les tourments et la détresse de cette jeune femme. Capucine et Adrien se retrouvent par hasard ou pas dans un cabinet d'un couple de psychologues. A force de rencontres, l'un et l'autre vont s'ouvrir, apprendre à dialoguer et s'ouvrir. La toute petite reine  part d'un accident de voiture, que l'auteure à elle-même vécu ; c'est l'histoire de Capucine dont la vie est brisée à la mort de ses parents et celle d'Adrien qui vit avec les démons de son expérience au Mali.

Les personnages sont extrêmement travaillés, le profil psychologique et les questions qui en découlent sont maitrisé à merveille. Agnès Ledig met en lumière les drames d'une vie avec une positivité incroyable et une certaine bienveillance. Avec délicatesse, l'auteure raconte la solitude face au drame, les rencontres inattendues pour guérir de notre mal-être et nos choix de vie.


          Mardi soir, 19h - Gilles Legardinier - Roman coup de cœur de Paulette

Ce livre parle de la vie quotidienne et de ses routines, de nos rêves et de nos espoirs, de la confiance en soi, de la solitude, de l'amour et de l'amitié, de l'entraide et de la solidarité. C'est un livre qui donne le sourire (et des éclats de rire !) et redonne espoir en l'espèce humaine. Un livre bienveillant. Pétillant. Un livre qui fait du bien. Une bouffée d'oxygène. Et un bel hommage à nos infirmières. Elynn est une jeune femme qui a encore tout son destin devant elle, même si elle en doute. Elle s'occupe des autres (infirmière à l'hôpital) et décide de se prendre en main aussi. Elle ne s'y attend pas, mais d'autres vont lui en tendre, des mains. Comme à son habitude, la beauté de son personnage principal est magnifiée par des protagonistes secondaires formidables, qui rajoutent de la lumière. Grâce à eux, le lecteur vit des émotions fortes, simples mais puissantes, parfois magiques. Legardinier a une capacité envoûtante, magnétique, à vous faire changer de couleur. A vous faire passer du rire aux larmes et inversement, d'une phrase à l'autre. Cet homme est un artificier, expert dans l'art du feu d'artifice émotionnel. Une fois encore, certains passages sont d'une drôlerie touchante. La recette est connue, mais on ne s'en lasse pas. Les mots d'esprit et les blagues potaches s'enchaînent, certains tellement décalés qu'ils en deviennent irrésistibles. Les belles âmes se croisent et se rejoignent, autour de moments émouvants. Et puis, rebelote pour certains grincheux qui vont payer leur mauvaise humeur.



Café lecture 04/12/2021


-          Le train des enfants de Viola Ardone, Roman coup de cœur de Paulette F


Au coeur de ce roman, Viola Ardone revient sur un fait historique assez méconnu : "Les trains du bonheur". Après la guerre, l'Union des Femmes Italiennes, en collaboration avec le parti communiste, organise des convois d'enfants pauvres du Sud afin qu'ils soient accueillis dans des familles du Nord, plus aisées, où ils pourront être habillés et nourris correctement et fréquenter l'école. Soixante-dix mille enfants seront ainsi acheminés. De ce fait, l'auteure imagine et raconte l'histoire d'Amerigo. Petit garçon âgé de presque 8 ans, il vit auprès de sa mère qui peine à ramener de l'argent à la maison, son père étant, aux dires de cette dernière, parti faire fortune en Amérique. Enfant espiègle et malin, en manque de câlins et d'amour, il voit cet exode comme une chance. Une chance mais à quel prix ? 

Le narrateur, qui n'est autre qu'Amerigo, nous raconte son histoire, avec ses mots d'enfant, sa naïveté, ce qui rend ce roman d'autant plus touchant, fort et émouvant. Viola Ardone dépeint parfaitement ses sentiments, ses craintes, ses espoirs, ses contradictions, ses déchirements, et ce jusqu'à des décennies plus tard. Un roman doux-amer, mélancolique et tristement beau...

 

-          Malamute de Jean-Paul Didier Laurent, Roman coup de cœur de Evelyne


C'est l'histoire de Germain Grosdemange, un octogénaire ronchon, grognon, voûté, perclu de douleurs, ancien bûcheron force de la nature. Il vit seul, depuis le décès de sa femme Cécile, rétif aux conseils de sa fille unique Françoise, et de son gendre Eric, passant son temps à repousser leurs tentatives à lui imposer une vie plus saine jusqu'à le menacer d'un placement en EHPAD. Refermé sur lui- même, lisant les arbres et leurs essences de la même manière que d'autres lisent des livres, passant d'un cerne à l'autre, comme on tourne des pages : il interroge ces géants à travers leurs cernes comme des tranches de vie, à l'ombre de sa cave ......Un homme pétri de mystères, de secrets enfouis au creux de sa mémoire, amoureux de ses essences de bois que l'arrivée d'une voisine Emmanuelle, dameuse de pistes bouleversera.

Deux histoires en parallèle à trente ans de distance, l'une en 1976 : le journal de Paulina Radovic, mariée à Dragan, ancien légionnaire installé à Valjoux dans l'idée de vivre de balades à traîneaux tirés par des chiens, projet hélas mort-né, l'autre en2015, année où Basile, petit neveu de Germain qui l'héberge pour un temps, lui aussi dameur de pistes qui tente de sortir doucement d'un cauchemar après un dramatique accident survenu deux ans plus tôt .... 

L'auteur se révèle un merveilleux conteur, l'écriture est agréable, fluide, la narration équilibrée, bien conçue et construite, plaisante, tout y est : drame rural, zeste de fantastique, bête qui rôde, personnages truculents, insolites et forts, décrits au petit point, une intrigue qui nous emporte, des émotions à la pelle, de la neige, beaucoup de neige, suspense entretenu jusqu'à la fin. ....

 

-          Célestine du Bac de Tatiana de Rosnay, Roman coup de cœur de Catherine


Martin Dujeu 18 ans, jeune homme de bonne famille, passionné par Emile Zola, promène son chien Germinal dans la rue du Bac, quand la pluie l'oblige à se réfugier sous une porte cochère, où Célestine une clocharde a élu domicile. C'est ainsi que commence une amitié improbable entre deux personnes que tout oppose : Célestine, maigre, enveloppée d'un imperméable troué dont l'odeur est un mélange de vin, de transpiration, d'urine et de tabac froid et Martin qui délaisse des études trop fastidieuses à son goût pour rédiger un premier roman.

Tatiana de Rosnay nous invite à un conte moderne porté par le personnage de Célestine. Ce roman écrit il y a plus de vingt-six ans avait été refusé à l'époque par les éditeurs.

 

-          C’est arrivé la nuit de Marc Lévy, Roman coup de cœur de Paulette P


Pour ses dernières œuvres, Marc Lévy a fait le pari de nous transporter aux quatre coins du monde grâce à une trilogie consacrée à 9 héros hackers et sobrement intitulée « 9 ». Ils sont neuf mais huit seulement ici sont dévoilés ! Ils travaillent ensemble malgré le fait que tout les oppose : position géographique, statut social, profession, appartenance sexuelle et pourtant, un petit outil magique les relie et les connecte sans cesse les uns aux autres : l'ordinateur. Ils ont tous la même passion, se faufiler, s'infiltrer clandestinement dans les réseaux mais tout cela dans un but commun : réparer  l'injustice autant bien que faire se peut en passant au travers des lois, ou disons, en naviguant plus ou moins en parallèle d'elles car si ce qu'ils font est bel et bien illégal, ce qu'ils veulent avant tout, c'est faire tomber les escrocs (mais là, je parle de véritables gros gibiers) et que ceux-ci payent pour leurs crimes. Ce qu'ils ignorent en revanche, c'est qu'en s'attaquant à cette affaire-là, au cours de laquelle ils n'ont qu'une interdiction - que le groupe des neuf ne se réunisse jamais physiquement - c'est qu'ils vont s'embarquer dans une affaire qui va les amener à s'attaquer à une véritable machine gouvernementale (enfin même plusieurs) et qu'une fois lancée, il sera extrêmement difficile pour eux d'arrêter.

Aussi, lorsque ces neuf-là reçoivent tous le même message, à savoir qu'ils doivent se voir le plus rapidement possible, c'est que la situation devient critique !

Un roman dans lequel le lecteur se retrouve à la fois à Madrid, en Israël, à Rome, à Londres et tout cela, en quelques pages seulement et dans lequel, les personnes s'activent au même moment et ce, en toute coordination !

Une enquête complexe mais extrêmement bien écrite et au cours de laquelle le lecteur n'a pas le temps d'atterrir que c'est déjà reparti ! Un récit extrêmement dynamique dans lequel l'on ne s'ennuie jamais (pas le temps).

 

-          Le temps des Hirondelles, livre autobiographique de notre invité Joël Bonneton d’ Albon

Récit d’une jeunesse dans les années 1960. De cette France indépendante, sortie de la guerre, seule, autonome et en pleine expansion qui a retrouvé sa grandeur ! Les événements dans la région, en France et dans le monde sont relatés année par année.

Des souvenirs d’école, du travail à la ferme. Alors si vous aimez la vie des gens simples issus de la terre, dans les années 1960, vous serez intéressés.     



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Café lecture 02/10/2021


  • Chambre 128, Roman de Cathy Bonidan


Lorsque Anne-Lise découvre dans la table de chevet de la chambre 128, à l'hôtel Beau Rivage, un manuscrit, elle ne peut, malgré les réticences de sa famille, s'empresser de l'envoyer à son auteur tant un extrait page 164 ainsi que des vers qu'il lui semble n'avoir été créé que pour elle la submergent. Et quelle n'est pas sa surprise de recevoir une réponse de l'auteur qui lui avoue qu'il a perdu ce manuscrit en 1983, à Montréal, que la fin n'est pas de lui, de même que le poème. Aussitôt, Anne-Lise, aidée de son amie, Maggy, va se lancer dans une quête folle pour tenter de découvrir le chemin parcouru par ce roman inachevé depuis Montréal...

… jusqu'à cet hôtel en Bretagne, quel chemin a-t-il bien pu parcourir ? Entre quelles mains s'est-il retrouvé ? Et quelle personne y a mis un point final ? Ce sont à toutes ces questions qu'Anne-Lise va tenter de répondre et qui vont la conduire bien loin de la capitale française. En chemin, elle va, évidemment, faire la connaissance de personnes qu'en toute autre circonstance elle n'aurait jamais croisé. De Sylvestre Fahmer, l'auteur étourdi, à Maggy, l'amie solitaire d'Anne-Lise, en passant par William, le joueur de poker anglais, ou encore David, ancien braqueur aujourd'hui derrière les barreaux. Toute une galerie de personnages incroyablement attachante, avec leurs défauts, leurs blessures, leurs fêlures mais aussi leurs secrets les plus enfouis. De par cette forme épistolaire tout à fait charmante qui donne du rythme à la lecture, ce roman est empreint de tendresse, de délicatesse et de bons sentiments (sans jamais être mièvre). La plume vive de Cathy Bonidan apporte fraîcheur et légèreté.

  • Malgré tout, BD Adulte de Jordi Lafebre


C'est un conte à rebours. C'est une histoire d'amour pas comme les autres. C'est un condensé d'émotions, de couleurs et de sentiments. C'est un livre. Ce sont des mots, des dessins. Et c'est tellement plus que ça. L'existence comme un puzzle. En amour, comme dans la vie, tout se mélange, rien n'est définitif, tout est à faire, à défaire. Rien n'est tout à fait blanc, ni trop noir. C'est ainsi que ce petit bijou commence par la fin pour nous ramener aux débuts de l'histoire de ces deux êtres beaux comme le sont les doux rêveurs. Il s'appelle Zeno, il a le pied marin et le cœur aux quatre vents. Elle s'appelle Ana. Elle a la tête sur les épaules mais le ventre plein de papillons.

Quelle délicatesse ! Humaniste et romantique dans ce que ces mots ont de plus noble. Zeno et Ana remettront les pendules à l'heure en vous mettant la tête à l'envers. Malgré tout, presque rien, il suffit de peu, pour qu'une vie s'écoule et que le temps offre ces petits caprices. Venez, vous ne le regretterez pas. Venez, là où la vie bat son plus joli tempo. Juste au début de la fin !


  • Seules les bêtes, Roman Policier de Colin Niel


Évelyne Ducat, femme d'un notable du coin partie faire fortune à la capitale et revenue s'installer au pays, a mystérieusement disparue. Au village, cela en fait causer plus d'un. En cette mi-janvier, alors que l'hiver s'est rudement installé, c'est le lendemain de la disparition de cette femme qu'Alice a appris la nouvelle par son amie et collègue, Éliane, assistante sociale elle aussi qui apporte son aide aux paysans du coin. Une nouvelle qui ne l'ébranle guère, Alice étant plutôt soucieuse aujourd'hui du comportement de Joseph. Celui-ci, éleveur de brebis habitant dans un hameau, tout là-haut, dans une grande maison caussenarde, dépressif et isolé depuis la mort de sa mère, est devenu son amant. À force de visites régulières, elle en est tombée amoureuse mais aujourd'hui il ne veut plus d'elle. Alice est bien loin de s'imaginer que ce dernier peut être impliqué dans cette disparition dont on parle à la télé....

Une femme disparaît et c'est la vie de plusieurs personnes qui va s'en trouver bouleversée, depuis le cœur de ce village jusqu'en Afrique. Colin Niel tisse sa toile autour de cette disparition et, tel le vent, glacial, s'engouffre dans les tréfonds de l'âme humaine et saisit le cœur des hommes pour les dévoiler. Ce sont ces cinq personnes qui se savent directement ou indirectement lié à cette étrange disparition qui, tour à tour vont prendre la parole et se mettere à nu. Des amours cachés, des rancœurs, des jalousies, des désillusions, des rêves ou encore des chagrins. Toutes ont un secret, pour certains inavouables. L'auteur se glisse parfaitement dans tous ces personnages, écorchés et fouillés, changeant l'intonation et le phrasé, créant ainsi l'illusion. Il dépeint méticuleusement les décors, que ce soit ces terres du causse, arides et ingrates, ces montagnes écrasantes ou ce village africain aux mille croyances.

Un roman choral saisissant, habilement construit et mené, une intrigue vertigineuse et cinq voix inoubliables.

  • La Chute t1, BD Adulte de Jared Muralt


« Toute ressemblance avec des faits réels est purement fortuite ». Tels sont les mots qui auraient pu introduire cette BD tellement « La Chute » est terriblement d'actualité. Lorsque Jared Muralt a écrit le scénario et dessiné ses premières planches, l’actuelle pandémie n’avait pas encore montré le bout de son nez. Pourtant dans la grande ville où habitent Liam, sa femme et leurs deux enfants des records de chaleur jamais atteint et la pénurie d'eau posent de graves problèmes à l'agriculture…La récession persistante et la crise économique mondiale qui l'accompagne ont pris une ampleur sans précédent…Afin de garantir la sécurité intérieure le gouvernement doit maintenir sa décision de mobiliser une partie des forces armées…Et surtout, une grippe estivale ultra-contagieuse et mortelle cloue au lit une grande partie de la population ; les hôpitaux sont débordés… La situation s'emballe.

Alors, comment survivre dans un monde devenu fou ? Le scénario de cette série d'anticipation ultra-anxiogène est très réaliste ce qui procure un fort sentiment de mal être et pourtant l'histoire nous attrape. Il est intéressant de noter que nous suivons une famille qui semble démunie face à la situation et non un groupe de chercheurs ou d'aventuriers en capacité de sauver le monde. Ce parti pris rend le récit encore plus immersif sans tomber dans les travers des films à succès où l'on devine à l'avance le dénouement de l'histoire.

  • La servante écarlate, Roman anticipation de Margaret Atwood 

  • C'était après la catastrophe, quand ils ont abattu le président, mitraillé le congrès et que les militaires ont déclaré l'état d'urgence".

Defred se souvient de l'ancien temps, de sa vie de femme libre de sa fille et de Luke son mari tous deux disparus lors de la tentative d'évasion vers le Canada. Defred est son nouveau nom. Dans cette république de Gilead les femmes sont reléguées à diverses taches, les plus chanceuses sont mariées à des dignitaires, elles sont vêtues de robes bleues, les marthas s'occupent de l'intendance, elles sont vêtues de vert, enfin les servantes écarlates dont fait partie Defred sont habillées de rouge avec une coiffe couvrant les cheveux et une sorte d'œillères ressemblant à des ailes d'anges. Son rôle est la procréation. Dans un pays où la fécondité a fortement baissé chaque maison, chaque commandant a sa servante écarlate.

Je n'en dirais pas plus sur l'histoire de Defred. " La servante écarlate" est parue en 1984, mais a connu son plus grand succès après la sortie de son adaptation en série en 2017. Cette dystopie a de quoi faire réfléchir, ce qui rend ce récit glaçant c'est la façon presque anodine de supprimer le droit des femmes, interdiction de travailler, d'avoir un compte en banque... " La servante écarlate " est un monologue car à qui parler de ses angoisses, de ses peurs de ses espoirs dans un régime totalitaire où tout le monde suspecte tout le monde.

" La servante écarlate" est un roman coup de poing qui a pour but de nous faire réfléchir sur la fragilité de la liberté et surtout de la liberté de la femme, des femmes.

Nous avons en stock la suite : LES TESTAMENTS   :

35 ans après "La Servante Ecarlate", Margaret ATWOOD a décidé de redonner vie au monde dystopique de Galaad. Nous sommes 15 ans après le premier volet.

Dans "Les Testaments", les contours sont plus flous, tout est expliqué, ce qui fait peut-être au récit son élacticité et son mystère, tout en suscitant moins d'émotions pour le lecteur qui sait dès le départ que ce cauchemar a pris fin.


  • Un voisin trop discret, Roman de Iain Levison


Cela fait trente ans que Jim, chauffeur Uber sexagénaire, cultive scrupuleusement sa tranquille solitude, loin de ce monde dont il n'attend plus rien sinon qu'il lui fiche définitivement la paix. Aussi, lorsque sa nouvelle voisine, épouse de militaire et mère d'un bambin de quatre ans, frappe à sa porte, c'est un courant d'air en passe de devenir bourrasque qui vient secouer son immuable routine, mettant fin à sa protectrice invisibilité…Se développe une intrigue pleine de surprises et de rebondissements imparables qui, du terrain où interviennent les forces spéciales américaines, aux bases où s'organise la vie des familles d'engagés, nous plonge avec réalisme dans le quotidien et les vicissitudes des militaires de carrière et de leurs proches. Comment Jim aurait-il pu s'attendre à ce qu'un objectif raté en Afghanistan l'oblige à sortir de sa prudente retraite et à se compromettre dans une histoire glissante qui pourrait lui coûter cher ?

Cet effet papillon croise les destins des personnages avec autant d'ironie que de suspense. Car, sans avoir l'air d'y toucher, et sans jamais se départir de sa bluffante justesse de ton et de psychologie, l'auteur multiplie avec humour les coups de griffe contre les travers du monde et en particulier de l'Amérique, comme la futilité de ses interventions et de ses frappes anti-terroristes, son acharnement à masquer ses bavures militaires, le mépris de son armée pour ses traumatisés - ces « coquilles vides » qu'elle rend sans considération aucune à leurs familles -, la surenchère à la couverture santé avec laquelle elle motive ses engagés, ou encore l'éternelle et absolue incompatibilité entre carrière militaire et homosexualité.

Entre comédie de mœurs et polar, cette tragi-comédie, aiguisée par un regard joyeusement cynique, s'avère une lecture délicieuse, aussi juste qu'amusante et captivante. 

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  Coups de cœur du café lecture 03/07/2021 



Un été en liberté de Mélanie Edwards, Roman adolescent, Coup de cœur de Nicole :Brune, Paul, Violette et Elise passent leurs vacances en Ardèche, dans le hameau où leur mère a grandi. Pour ces parisiens, c'est l'occasion d'être autonomes, libres et surtout d'oublier un quotidien stressant et une vie de famille toxique. Loin de leurs parents, les quatre enfants s'organisent et prennent soin les uns des autres. Pour Violette, quatorze ans, c'est aussi l'occasion de se retrouver seule et de lire tout son comptant. Lorsqu'elle croise Bosco, l'adolescent en mobylette, ses vacances prennent un chemin différent de celui qu'elle s'était fixée. Mélanie Edwards signe un récit simple et léger comme une plume, empli d'émotions familiales et de l'émoi d'un premier amour. A l'image de la couverture, le texte est poétique et d'une grande justesse. Les pages défilent comme autant de journées passées à se baigner dans la rivière, à lire à l'ombre d'un grand arbre ou à se balader dans la nature. Véritable écorchée vive, Violette vit pleinement ses émotions qu'elles soient bonnes ou mauvaises. 
On prend plaisir à la suivre durant cet été 1989 où les relations naissent d'une simple rencontre. Nous sommes loin de notre société connectée et c'est rafraîchissant. Un été en liberté est un roman doux et touchant. 


Là où chantent les écrevisses, Roman de Délia Owens, 
coup de cœur de Françoise et Paulette F :
Des années durant les rumeurs les plus folles ont couru sur la fille des marais de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du nord. Pourtant Kya n’est pas la petite fille sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent. Abandonnée à l’âge de 10 ans par sa famille, elle va apprendre à survivre dans le marais devenu pour elle un refuge naturel et protecteur. Une rencontre avec Tate un jeune homme doux et cultivé, va transformer sa vie à jamais. Elle apprend à lire et à écrire, découvre la science et la poésie. Mais Tate va partir poursuivre ses études et Kya se sent abandonnée une fois de plus. La solitude lui pèse de plus en plus et elle ne se méfie alors pas de celui qui va croiser son chemin en lui promettant une autre vie. Lorsque l’irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même. 
Ce roman est un hymne à la nature quand on découvre la faune et la flore de ce marais. Et il mêle deux récits, une enquête policière et l’histoire de Kya. 

 Sale bourge, 
Roman de Nicolas Rodier, coup de cœur de Nicole et Paulette P :
 Un premier roman choc. Le ton, le rythme et la construction du livre, associés à une écriture simple et sans fioritures, des mots justes et des chapitres courts (qui se limitent souvent à une anecdote marquante, à un souvenir fort) nous permettent de découvrir cet enfant d’une famille de la grande bourgeoisie et de comprendre très vite combien le fait d’être bien né ne va en rien lui offrir une vie de rêve. Car chez les Desmercier chacun se bat avec ses névroses, sans vraiment parvenir à les maîtriser. Si bien que la violence, verbale mais aussi physique, va très vite accompagner le quotidien de Pierre l’aîné des six enfants. Tout le roman joue sur le contraste saisissant entre les apparences et la violence, entre les tensions qui vont s’exacerber et le parcours si joliment balisé, depuis le lycée privé jusqu’aux grandes écoles, de Versailles à Saint-Cloud, de Ville d’Avray aux meilleurs arrondissements parisiens. Un poids dont il est difficile de s’affranchir. Pierre va essayer de se rebeller, essaiera la drogue et l’alcool avant de retrouver le droit chemin. Mais son mal être persiste. Reste la rencontre avec Maud. C’est avec elle que l’horizon s’élargit et que le roman bascule. L’amour sera-t-il plus fort que l’emprise familiale ? En s’engageant dans une nouvelle histoire, peut-on effacer les traces de l’ancienne ? Bien sûr, on a envie d’y croire, même si on sait depuis la première page que ce sale bourge va mal finir. 


 Plus on est de fous, Roman de Zoé Brisby, coup de cœur de Françoise : 
Vous verrez vous aller vous plaire ici, sourit Ernest Luc se leva d’un bond Mais non justement je ne veux pas rester. Je dois sortir. Vous avez raison, il faut vous aérer ; Je m’apprêtais à aller me suicider. Je compte me pendre au grand pommier. Souhaitez-vous vous joindre à moi ? Bienvenue à la clinique psychiatrique Beausoleil. Demeure de charme abritant des pensionnaires hors du commun. Ce monde vit en harmonie sous le regard bienveillant de Marguerite, infirmière chef, et du mystérieux psychiatre le Dr Petitpas. Mais tout cela va changer avec l’arrivée de Luc, nouveau patient, et d’un nouveau directeur sans scrupules. Le quotidien va en être bouleversé alors qu’il était jusqu’ici si bien réglé. Les patients vont devoir prendre les choses en main. C’est le début d’une aventure de folie. Ce roman rocambolesque est une véritable bouffée d’air frais, de bonne humeur, de vitalité. La plume de l’auteure est délirante et pétillante. Les personnages sont hauts en couleurs et très attachants. A lire sans modération. 


 Trois étoiles et un meurtre, Policier de Peter May, coup de cœur de Lydie : 
Un petit policier facile, pour ceux qui n’aiment pas trop cela d’habitude, pas trop glauque et pas oppressant. Alors oui ce n’est pas un grand policier comme la trilogie écossaise, mais on passe un bon moment et surtout on salive devant la description des plats et des merveilleux grands crus. Au cœur du Massif central dans le Forez, le célèbre restaurateur Marc Fraysse est mort assassiné juste avant de perdre sa 3ème étoile. Son meurtrier n’a jamais été retrouvé et le mobile reste inconnu. Sept ans plus tard, Enzo McLeod l’enquêteur écossais, vient à Thiers pour élucider le mystère. Il logera dans le très bel hôtel qu’ont repris la veuve Elisabeth et le frère aîné du chef décédé, Guy. 
J’ai beaucoup aimé cette ambiance de restaurant gastronomique, la description des plats, de la cave et de ses merveilleux vins, avec l’enquête efficace quand même. 


Petit traité de Vélosophie, BD Adulte de Didier Tronchet, coup de cœur de Lydie :
Une petit BD pour les amoureux du vélo, qui vante tous les avantages à choisir ce mode de locomotion non seulement pour la planète mais aussi pour les bienfaits que cela procure à l’âme. Une Bd pleine de poésie et d’humour. Chaque planche est un gag. 

 
 
 
 
 

 Le voyage d’Abel, BD Adulte d’Isabelle Sivan, coup de cœur de Lydie : 
Dans la ferme héritée de ses parents, Abel mène une vie routinière. Une vie qu'il n'a pas vraiment choisi car, ses frères tous partis, il a bien fallu que quelqu'un reste dans la propriété familiale, éloignée du village de Reclesme. Levée aux aurores pour s'occuper de ses chèvres et quelques vaches, puis de la terre. Dans la journée, il se rend au village où là aussi, il a ses habitudes. Un petit morceau de saucisson sec chez la bouchère ambulante qui ressemble tant à sa maman, un petit saut à l'épicerie qui fait office de relais-poste. Aujourd'hui, d'ailleurs, il vient y récupérer un colis. Un guide de voyages qui viendra compléter les nombreux autres bien rangés sur les étagères de sa bibliothèque. Car, depuis toujours, Abel rêve d'un ailleurs et de grandes escapades, d'exotisme et d'océan. Et si les hommes du bar aiment à se moquer de lui en l'appelant "le capitaine", le vieil homme sait, lui, qu'un jour, il partira loin d'ici... 
Avec ce premier scénario, Isabelle Sivan nous offre une émouvante histoire. Celle des rêves inassouvis, des regrets qui nous poursuivent, d'une solitude qui ronge, d'un drame qui se joue. Parfaitement séquencé au fil des saisons, cet album, empreint de tendresse et d'émotions, fait montre d'une grande justesse. Graphiquement, Bruno Duhamel nous offre de magnifiques planches d'une grande finesse. Que ce soit la campagne sous les nuages ou sous la neige, les pleines pages qui ouvrent un nouveau chapitre, les cases muettes empreintes de nostalgie ou de drôlerie. 


Adieu monde cruel, BD Adulte de Stéphane Massard, coup de cœur de Lydie :
 
Au crépuscule, auprès d'une statue immense, une jeune femme attend. Elle appelle son banquier pour annuler son rendez-vous du matin lorsqu'un jeune noir, la capuche vissée sur la tête et un pétard au coin des lèvres, sort de la gare, se dirige vers sa voiture et toque à la fenêtre. Sans un mot, il s'installe à l'arrière. Un homme plus âgé, arrivé sur un vélib', vient occuper la place du passager. Une limousine, emplie de belles filles en petites tenues, s'approche à grands bruits et un jeune homme blond en descend. Lui aussi s'installe à l'arrière. Le vieil homme confisque tous les portables et les jette dans la poubelle. La voiture démarre enfin. Direction Fontainebleau. En pleine forêt, le vieil homme branche un tuyau au pot d'échappement. Il n'y a plus qu'à attendre que le gaz fasse son effet. Malheureusement, avec un pot catalytique, ça risque d'être long ! Ces quatre-là ne se connaissent pas. Mais tous ont la même envie : mourir. Pour ce faire, rien de tel que de passer à l'acte à plusieurs. Évidemment, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. La faucheuse se fait attendre. Rien de pire que de rater sa mort après avoir raté sa vie !
Même si le sujet de cet album peut paraître morbide, il n'en est rien. Car nombre d'événements cocasses vont mettre à mal ce suicide collectif. Et l'on découvre ainsi les raisons pour lesquelles chacun veut en finir. Stéphane Massart et Jean Rousselot nous offrent un album drôle, enlevé, au ton léger et aux personnages touchants, maladroits et pas si déprimants que cela.


 L’archipel des larmes, Policier de Camillia Grebe, coup de cœur de Lydie, Geneviève et Françoise : 
Une construction originale nous permet de suivre le destin de plusieurs femmes enquêtrices de police à Stockholm, sur une période de 1944 à 2019. Toutes traquent « L’assassin des bas-fonds », un tueur en série (et son imitateur ?) qui littéralement cloue au sol ses victimes, toutes, sauf une, des mères célibataires, les frappant à mort. Outre la complexité des recherches, et les connexions à établir entre les différents moments où le tueur à sévi (pas d’ADN auparavant, et des preuves qui disparaissent), le livre a un autre intérêt celui de montrer l’évolution difficile des femmes dans le milieu de la police. Elsie, celle qui est le premier maillon de la chaîne, est à peine vue comme une policière par ses collègues, en 1944. Sa fille, Britt-Marie, n’est bonne qu’à trier les documents. En 1985, Hanne, la profileuse est traitée avec mépris, et harcelée. Et enfin, Mali, subit encore de nos jours la pression de sa supérieure parce qu’elle a une vie de famille… Mais ces femmes malgré la misogynie ambiante, malgré leurs soucis personnels, et le fait de devoir assumer à la fois travail prenant et foyer, vont être pugnaces, déterminées à faire avancer les choses, intuitives. Et puis il y a aussi l’évolution de ce quartier de la banlieue de Stockohlm, Östertuna, très représentatif des mutations urbaines. D’abord malfamé, pauvre, bétonné ensuite, avec bien sûr ses nouveaux parkings et son supermarché, il est finalement devenu un lieu branché. 
Un roman palpitant, socialement et psychologiquement, avec un style agréable, avec de magnifiques portraits de femmes. 

 

Ame brisée, Roman de Akira Mizubayashi, 
roman coup de cœur de Lydie, Paulette F et Marie-Jo R : 
Le Japon est en guerre et a envahi la Chine. Le récit s’ouvre sur un beau dimanche ensoleillé de 1938, dans le centre municipal de Tokyo. Un quatuor à cordes entame la répétition du quatuor de Schubert dit Rosamunde. Soudain un bruit de bottes, Yu Mizusawa fait signe a son petit garçon de 11 ans en train de lire, de se cacher dans une armoire. Rei obéit, prend son livre et ferme la porte de l’armoire. L’un des soldats viole son père et lui arrache son violon qu’il va briser sous les yeux de l’enfant qui regarde par le trou de la serrure. Le lieutenant Kurokami, grand mélomane, arrivant après l’agression, découvre la cachette de l’enfant qu’il ne trahira pas et une fois la salle vide, désolé, confiera le violon détruit à Rei dans son armoire. L’enfant ne reverra plus son père. Rei se retrouve seul avec le violon de son père totalement saccagé. C’est un Nicolas François Vuillaume de 1857 sur lequel Yu a interprété une dernière fois La Gavotte en rondeau de Bach. On imagine toute la charge symbolique qu’incarne l’instrument aux yeux de Rei, qui restera la personnification de son père. Le titre de cette fiction nous renvoie à la petite pièce en épicéa essentielle à la propagation du son d’un instrument à corde. Sous l’impact de la douleur traumatique, l’Âme du Violon comme l’Âme de Rei se sont brisées devant l’horreur. C’est l’histoire d’une reconstruction et d’une résurrection sur plus de cinquante ans qui vont permettre à Rei de reconstituer le puzzle de sa vie depuis ce drame où son âme a explosé jusqu’à la guérison de celle-ci. 
Un roman plein de beauté et de poésie, ici c’est l’Art contre la barbarie. Akira Mizubayashi nous montre comment la musique, langage universel, abolit les frontières du temps et de l’espace, survole les continents, en donnant vie à l’âme d’un disparu par le truchement de la filiation, de la fidélité, de la beauté des gestes. De très belles pages sur la lutherie et l’archèterie.


La nuit du premier jour, Roman de Thérésa Revay, coup de cœur de Paulette P : 
Lyon 1896, Salim Zahhar suite à un accident de funiculaire à la Croix Rousse, secourt une jeune femme, Blanche. Une rencontre qui va bouleverser leur vie à chacun. Voici l'histoire passionnante d'une femme exilée en France, arrachée à ses racines du Liban, pour se marier à Victor, cet homme qu'elle n'a jamais aimé mais avec qui elle a eu deux enfants…Terriblement malheureuse, elle va oser braver les interdits, retourner aux sources de son enfance au monde du Levant. Par amour ! J'ai été envoûtée par Blanche, sa rencontre avec Salim, ses choix. Séduite complètement par ce récit à la fois tragique et heureux qui se déroule entre deux mondes, celui bien français, et plus particulièrement Lyonnais et celui du Levant, de la Syrie. 
Nous découvrons le monde des soyeux, ceux qui vendent, exploitent, et ceux qui travaillent la matière, les maîtres tisserands…Comment les Français sont arrivés en Grande Syrie…La nuit du premier jour est véritablement une belle fresque historique, d'amour et de passion qui fait la gloire de la grande littérature romanesque ! 


Mademoiselle papillon, Roman de Alia Cardyn, coup de cœur de Evelyne : 
C'est la relation aux autres qui donne toute sa valeur à la vie." Cette phrase magnifique, prononcée par Heidelise Als, dans le roman, me semble résumer parfaitement l'esprit de ce livre. Nous commençons par suivre Gabrielle, infirmière dans un service de néonatologie intensive dont la salle 79 est "sa salle, son port d'attache". Elle a de plus en plus de mal à oublier les émotions qui l'assaillent pendant son travail et tente de mettre cela sur le compte de la fatigue. Usée psychologiquement et physiquement, elle finit par se sentir impuissante face à ces petits êtres grands prématurés si fragiles et ces parents démunis. Sa mère Rachel Adelman s'étant lancée dans l'écriture, lui offre son dernier manuscrit et toute émue lui confie en le lui remettant : "Je ne pense pas qu'il soit possible de ne pas aimer Mademoiselle Papillon". C'est en fait, la vie exceptionnelle de Thérèse Papillon (1886 – 1983 déclarée Juste parmi les nations) qui est retranscrite dans ce manuscrit, cette infirmière de la Croix-Rouge qui, envoyée au dispensaire de Vraignes-en-Vermandois au lendemain de la Première guerre mondiale, ne supporte pas de voir ces enfants souffrant de la faim et du froid et vivant dans des conditions plus que précaires. Elle mettra tout en œuvre pour trouver une solution, et cherchera avec détermination un lieu pour installer un préventorium. 
Une écriture vive et précise qui alterne entre la vie de ces deux femmes, la première doute de ses compétences avec une sensibilité à fleur de peau qui la plonge dans un mal-être. La seconde au cœur immense qui ne croit qu'au pouvoir de l'amour comme seul remède.
 
 

 
Les Déracinés, Roman de Catherine Bardon, coup de cœur de Marie-Thé :

ll y a plusieurs vies dans une vie, Pour Wilheim et Almah, en tous cas. Lorsqu'ils se sont connus à Vienne en 1932, leur route semblait toute tracée. Lui, jeune journaliste était promis à un brillant avenir au sein d'un prestigieux journal autrichien, elle avait choisi une profession médicale pour rester dans la lignée de son père célèbre chirurgien, elle entreprit des études de dentiste. Une vie de confort, de plaisir et d'amour jusqu'à ce que des bruits de bottes se fassent entendre aux portes de l'Autriche. Peu à peu l'insouciance laisse place à la peur et aux brimades. L'antisémitisme devient chaque jour plus violent, les artistes, les intellectuels commencent à s'exiler. En 1939, après mille persécutions, ils partent avec des visas américains qui se révèlent être des faux. Après une année passée dans un camp en Suisse, ils traversent la France, l'Espagne et embarquent au Portugal pour la République Dominicaine où 100 000 visas ont été accordés à des juifs venant de toute l'Europe pour construire une communauté, sorte de Kibboutz.

A peine arrivés sur une terre hostile, au milieu de nulle part, brulée par un soleil implacable, la vie s'organise et peu à peu, des bâtiments et un village sortent de terre. Au fil des mois, ils apprennent à relever la tête, à oublier la peur et le besoin vital de passer inaperçu. La vie reprend son sens avec en souvenir de fond un paradis perdu. Ils deviennent agriculteurs, éleveurs, bâtisseurs et les jours se succèdent dans harmonie tranquille.

Catherine Bardon nous propose un profond et superbe roman sur l'amitié, la richesse des relations humaines, l'évolution des individus au fil de la vie ainsi que celle des rapports entre les êtres humains, la nostalgie, l'exil. Et un bout d’histoire totalement méconnu.



Wanda, Roman de Madeleine Mansiet-Berthaud, coup de cœur de Marie-Jo R :

Une histoire envoûtante et intéressante, dans les somptueux décors Australien.

On y apprend l'histoire du programme d'Assimilation, des aborigènes métis, reniés par leurs clans, et rejetés par les Blancs. Ces jeunes enfants, enlevés à leurs mères, sont placés dans des institutions, pour apprendre à devenir domestique dans une ferme australienne. Wanda et Ningara, sont de ces enfants, qui ont soufferts durant leur enfance, de la séparation, des mauvais traitements, du manque d'affection. Placés ensemble dans la même ferme, ils ont la chance d'avoir un patron gentil et humain. Mais celui-ci perd son ranch, et Wanda et Ningara doivent continuer leurs chemins. Wanda, emplie de vengeance envers son père, qui les abandonnées, elle et sa mère, le retrouve, et fomente l'enlèvement de son enfant par Ningara. Cependant, Ningara n'enlève pas la bonne personne, et c'est Jean-Philippe dit Zan-Phi, qui se retrouve à vivre dix ans dans le clan aborigène de Ningara. S'ensuit alors, comment Zan-Phi, séparé de sa famille, va s'adapter à cette nouvelle culture, quels enseignements et richesse va-t-il en tirer, lui, qui adore peindre. Comment Wanda et Ningara, s'apercevant de leur erreur, vont réagir et quelles actions vont-ils mettre en place ?

C'est toute la culture aborigène qui nous est dévoilée, sa richesse, ses coutumes, ses rituels, que Zan-Phi mettra en peinture, afin de la faire connaître à un large public. Wanda, va elle aussi, la faire connaître, à travers la mise en place de spectacles culturels. Mais la richesse du roman, tient dans la façon dont tout cela se déroule, se met en place, sur deux décennies, avec toutes les implications familiales, financières, sentimentales, qui en découlent.

Une agréable lecture australienne.



Une bonne intention, Policier de Solène Bakowski, coup de cœur de Lydie et Amparo :

Un roman d’une noirceur folle, traversé de moments de grâce, voilà comment on pourrait définir ce magnifique roman.

Tout commence avec l'enterrement de Karine, une femme qui a mis un terme à sa pénible existence. Atteinte d'une sévère dépression, elle abandonne derrière elle un époux (Nicolas) et leur petite fille ( Mathilde). Après son décès, Nicolas, inconsolable, perdra pied avec la réalité.

"Je ne savais pas que les papas ça pleurait. Mais c'est bête, j'aurais dû m'en douter, ils sont pareils que nous en fait, ils ont le droit d'avoir de la peine."

Littéralement fou de douleur, il parle à la défunte, il se comporte bizarrement avec sa fille qui, à neuf ans, ressemble de plus en plus à sa mère, à la femme qui lui manque chaque jour davantage. Un an environ après le suicide de Karine, un nouveau drame vient frapper les Martin. La petite Mati n'est pas rentrée de l'école. Le même jour, son père aura un grave accident de voiture, qui le laissera dans le coma. S'il se réveille un jour, les dommages seront irréversibles. La police mène l'enquête.

"Dans la majorité des cas, les disparitions d'enfant sont le fait de l'entourage."

Tout accuse le père : le vélo de la fillette retrouvé dans le coffre de la voiture, le sang retrouvé dans la maison, le mot énigmatique que Mati a rédigé à l'attention de sa mère la veille : "Maman, tu sais, Papa ne va pas bien ce soir."

Même Eliane, la mère de Nicolas, se persuade de la culpabilité de son fils, incapable d'avouer quoi que ce soit dans son état.

La première des trois parties a donc l'allure d'un thriller : Disparition d'enfant mystérieuse, mensonges et secrets familiaux qui se dévoileront progressivement.

"Le mensonge était un matelas bien confortable."

Et pourtant, après cette atmosphère pesante de morts, d'accidents, de disparitions, de terribles mensonges peu à peu révélés, le roman va se poursuivre sur un ton différent. On quitte le polar étouffant et on arrive aux instants de grâce. Dans la seconde partie, il sera davantage question de gentillesse et d'innocence, d'humanité, de tolérance. On quitte l'enquête et on retourne provisoirement dans le passé afin de nous livrer un nouveau pan nécessaire à la compréhension de toute l'histoire.

On découvre alors que l'enchaînement de drames partait pourtant d'une bonne intention.

 

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CAFE LECTURE VIRTUEL - MAI 2020 -

France et Evelyne ont lu :  LA CAGE DOREE de CAMILLA LACKBERG

La cage dorée, tome 1 : La vengeance d'une femme est douce et impitoyable par LäckbergFaye, dont on découvre, au fur et à mesure, l'enfance difficile qui explique la violence qu'on découvre en elle, rencontre Jack jeune homme brillant et charmant, elle lui consacre toute sa vie, jusqu'au jour où elle réalise qu'il la trompe.
Faye se transforme alors en furie et n'hésite pas à lui faire vivre les pires cauchemars pour assouvir sa vengeance.

Evelyne : Déroutant, Camilla Lackberg dont j'ai aimé les précédents livres ne me laissera pas un bon souvenir dans cette lecture, les bons, les gentils, le sexe... rien d'original et une image ultra féministe.


 
Marie Jo et Evelyne ont lu : NUIT de FEU  Eric Emmanuel SCHMITT

La Nuit de Feu par Schmitt
Je suis né deux fois, une fois à Lyon  en 1960, une fois dans le Sahara en 1989.
A vingt-huit ans, il entreprend une randonnée à pied dans le Sahara en 1989. Parti athée, il en reviendra croyant, dix jours plus tard. 
 
Dans ce livre où l'aventure se double d'un immense voyage intérieur, Eric-Emmanuel SCHMITT nous dévoile pour la première fois son intimité spirituelle et sentimentale, montrant comment sa vie entière d'homme autant que d'écrivain, découle de cet instant miraculeux.
 
 
 
 

 

Geneviève à lu : OPUS 77 d'Alexis RAGOUGNEAU

Alexis Ragougneau - Opus 77.
Le roman se passe dans une famille de musiciens prestigieux. père chef d'orchestre, mère soprano, fil violoniste et Ariane pianiste. C'est elle qui nous fait partager la vie de sa famille avec ses moments de complicité, ses drames et ses mystères. Et puis il y a Chostakovitch et son concerto pour violon opus 77.
 
Il n'est pas nécessaire d'être mélomanes avertis pour découvrir ce roman.
 
 
 


 
 

 
 
Françoise a lu : LES BRUMES DE DECEMBRE (policier) de Daniel Cario

Les brumes de décembre par Cario
Une fillette à vélo est renversée, 7 jours plus tard un meurtre, déguisé en suicide, puis d'autres crimes surviennent.
Difficile enquête pleine de rebondissements pour l'adjudant de gendarmerie Derval.
Sa sagacité, la maîtrise des évènements est mise à l'épreuve quand recherche et sentiment s'en mêlent.
Les brumes de décembre se dissiperont-elles pour faire la lumière sur ces 2 affaires que Derval pressent liées.

 
 



 
 
 Lydie a lu : SAUVEUR & FILS, saison 1  - Roman enfant de Marie-Aude Murail.
         
Sauveur & fils, saison 1 par Murail

Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien. Il exerce au sein de son cabinet qu’il a installé dans une partie séparée de son domicile. Chaque jour, il tente du mieux qu’il peut d’aider ses patients à aller mieux.
Leurs troubles sont multiples et leurs profils sont variés : la lycéenne dont les parents se sont séparés et qui ne souhaite plus vivre avec sa mère, la collégienne qui appréhende avec difficulté sa puberté et est en pleine recherche d’identité, le jeune garçon qui fait pipi au lit malgré ses 7 ans parce que sa maman voit un nouvel ami…
Le propre fils de Sauveur, Lazare, se pose lui aussi des questions : Qui est-il vraiment ? Sa maman était-elle vraiment blanche ? Pourquoi les gens le regardent-ils parfois différemment ? Son papa acceptera-t-il d’adopter un petit hamster ?
Et quels sont ces mystérieux paquets déposés devant leur domicile, et qui semblent rappeler de mauvais souvenirs tout droit venus de la Martinique à son papa ?
 

 
Lydie a lu : MA REINE, roman de Jean-Baptiste Andrea.

Ma reine par Andrea
Eté 1965. C'est en bordure de la vallée de l'Asse dans les hauts plateaux de Haute-Provence, dans une station-service obsolète, que vit le jeune garçon, âgé de 12 ans. Ca fait déjà quelque temps qu'il ne va plus à l'école. Depuis que le médecin a estimé qu'il était trop différent des autres. Alors pour s'occuper et après un temps d'apprentissage conséquent, il a le droit maintenant de remplir les réservoirs des rares voitures qui passent par là ....
Sur ce haut plateau perdu de Haute-Provence, celui qui se fera appelé Shell par sa reine va vivre des jours incroyables.
Jean-Baptiste Andréa nous plonge dans une ambiance onirique, presque surnaturelle. Il décrit les pensées de Shell le regard qu'il porte sur lui et le rapport qu'il entretient avec les autres.
Un premier roman à la fois court et poétique, beau mais cruel.

 
Lydie a lu : voici venir les rêveurs, premier roman de IMBOLO Mbue, jeune américaine d'origine Camerounaise
Voici venir les rêveursLe rêve américain. Pour ce couple de Camerounais fraîchement débarqué à New York, il garde tout son sens. Mais à l'automne 2007, le rêve prend du plomb dans l'aile avec la crise des subprimes. Quand c'est dur pour tout le monde, mieux vaut ne pas se trouver au bas de l'échelle. Malgré son sujet anxiogène, "Voici venir les rêveurs" est un concentré d'humour, d'énergie et d'espoir.
Il y a beaucoup d'émotion et de scènes magnifiques dans "Voici venir les rêveurs". Pour son premier roman, Imbolo Bue repeint New York de toutes les nuances de l'espoir.






Evelyne a lu : L'Ile aux enfants - Ariane BOIS

L'île aux enfants par BoisAriane Bois, après s’être manifestement abondamment, consciencieusement documentée sur les tenants et aboutissants de ce scandale d’état, met en scène l’enlèvement brutal au bord d’un chemin et la déportation arbitraire de deux fillettes des hauts de La Réunion, deux petites cafrines, Pauline, six ans, et sa petite sœur Clémence, quatre ans
Peu de temps après leur transfert en France s’effectue le « triage ». Les deux sœurs, sans qu’il soit tenu compte de l’impact de ce traumatisme supplémentaire, sont cruellement séparées, lors d’une scène de grande violence.
Pauline sent qu’on la ceinture, le corps palpitant de sa sœur lâche prise, se détache d’elle, disparaît de son champ de vision, s’estompe déjà comme un fantôme entre les murs de l’établissement. Paniquée, la grande tourne sur elle-même comme une toupie en poussant un cri de bête. L’éducateur la traîne par la robe jusqu’à la douche.– Arrête un peu ton cirque. Ça devrait te calmer…
 
Entre 1962 et 1984, plus de deux mille enfants réunionnais ont été arrachés à leur île natale et envoyés de force dans la Creuse. 2150 mineurs réunionnais ont été répartis dans quatre-vingt trois départements français. Ce sont les chiffres irréfutables minimaux sur lesquels sont tombés d’accord les experts qui ont planché deux années durant au sein de la commission nationale d’information et de recherche historique, lancée en 2016.
 L’Assemblée nationale venait de reconnaître solennellement la responsabilité morale de l’Etat.


Evelyne a lu : Ghost in love - Marc Levy
Ghost in love  - Marc LevyUne histoire d'amour entre Thomas, pianiste talentueux mais un peu paumé dans sa vie, et son père Raymond, ancien chirurgien de renom mort il y a 5 ans. Et voilà qu'un jour le père débarque sans prévenir sous la forme d'un fantôme. Un vrai, un qui traverse les murs, vous surprend quand vous ne vous y attendez pas et bien sûr, lit dans vos pensées.
Raymond n'est pas là par hasard. Il est venu voir son fils car il a besoin de lui pour réaliser un vœu d'amour fou. Il aimerait qu'il l'aide à rejoindre Camille qui vient de mourir aux Etats-Unis et dont il a été follement mais chastement amoureux. À Thomas, la mission de réunir leurs cendres pour qu'ils puissent partager ensemble l'éternité.
Cet ouvrage est drôle  et distrayant. C'est un bon livre d'été, de ceux que j'appelle "les livres de plage", qui ne laissera pas de souvenir au-delà de la rentrée, mais il se lit avec plaisir et nous permet de passer un bon moment.
 
 
Evelyne a lu : j'ai couru vers le Nil - Alaa el Aswany
.Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation  populaire est à son comble sur la place Tahrir, Asma et Mazen, qui se  sont connus dans une réunion politique, vivent leurs premiers instants  en amoureux au sein d'une foule immense. Il y a là Khaled et Dania,  étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la  manifestation. Lui est le fils d'un simple chauffeur, elle est la fille  du général Alouani, chef de la Sécurité d'État, qui a des yeux partout,  notamment sur eux. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte, acteur  cantonné aux seconds rôles, dont l'amertume n'est dissipée que par ses  moments de passion avec Akram, sa domestique.
Chacun incarne une facette de cette  révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans  celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany  assemble ici les pièces de l'histoire égyptienne récente, frappée au  coin de la dictature, et convoque le souffle d'une révolution qui est  aussi la sienne. À ce jour, ce roman est interdit de publication en  Égypte.
J'ai particulièrement aimé ce livre mais il en reste pas moins que cette lecture est éprouvante car ce roman nous plonge en pleine révolution égyptienne sur la place Tahrir au Caire en 2011 avec tous les débordements liés à cette révolution. 
 



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CAFE LECTURE du SAMEDI 1er FEVRIER 2020


  • LA CLEF DU SOUVENIR de Stéphanie LOPES-NEBTI (Théâtre)
La clef du souvenir
Nous avions le très grand plaisir de recevoir, à nouveau, l'auteure,qui nous présentait le troisième volet de sa trilogie sur la Grande Guerre.

Stéphanie Lopes-Nebti travaille ici sur le retour et la difficile réadaptation des soldats à la fin du conflit. Nous retrouvons avec plaisir les rescapés du premier volet : Auguste et son chien, Henri, Guy et les autres. Ensemble ils racontent les combats mais également le lien d'amitié et de respect qu'ils ont établi avec les soldats coloniaux engagés volontaires (Antillais) ou mobilisés par la force (Sénégalais).
Construite comme une succession de tableaux, cette pièce rend un hommage vibrant aux oubliés des commémorations.


  • L'APPARTEMENT DU DESSOUS de Florence HERRLEMANN (présenté par Evelyne)
L'Appartement du dessous par Herrlemann
Dans le petit immeuble parisien du marais où elle vit depuis des lustres, Hectorine voit d'un jour à l'autre l'appartement du dessous investi par une nouvelle voisine,Sarah. Pour lui souhaiter la bienvenue, la vieille dame dépose une lettre sur le pas de sa porte. Cette missive sera suivie de beaucoup d'autres, retraçant une traversée du XXe siècle incroyable.
Roman totalement insolite qui redonne vie et fraîcheur au genre épistolaire.
  • OUBLIER KLARA d'Isabelle AUTISSIER ( présenté par Evelyne)
Oublier Klara par Autissier
Mourmansk, au nord du cercle polaire. Sur son lit d'hôpital, Rubin se sait condamné. Seule une énigme le maintient en vie : alors qu'il n'était qu'un enfant, Klara, sa mère, chercheuse scientifique à l'époque de Staline, a été arrêtée sous ses yeux. Qu'est-elle devenue ? L'absence de Klara, la blessure ressentie enfant ont fait de lui un homme rude. Avec lui-même. Avec son fils Iouri. Le père devient patron de chalutier, mutique.
Lutter contre l'histoire, lutter contre un silence. Peut-on conjurer le passé ?
Magnifique aventure humaine, traversée par une nature sauvage.
  • LE DERNIER HIVER du CID de Jérôme GARCIN (présenté par Paulette)
Le dernier hiver du Cid par Garcin
Il y a soixante ans, le 25 novembre 1959, disparaissait Gérard Philippe. Juste avant sa mort ignorant la gravité de son mal il annotait encore des tragédies grecques, rêvait d'incarner Hamlet et se préparait à devenir, au cinéma, le Edmond Dantès du Comte de Monte-Christo. C'est qu'il croyait avoir la vie devant lui.
L'acteur le plus accompli de sa génération se préparait à son plus grand rôle, celui d'un éternel jeune homme.
  • A CRIER DANS LES RUINES d'Alexandra KOSZELYK (présenté par Nicole)
À crier dans les ruines par Koszelyk
Premier roman.

Tchernobyl, 1986, Lena et Yvan deux adolescents amoureux l'un de l'autre, voient leur vie bouleversée par l'explosion de la centrale. Si, Lena, croyant Ivan mort, part avec sa famille en France, Ivan, qui n'a pas pu quitter la zone, attend son retour. Déracinée la jeune fille tente d'oublier son passé. Vingt ans plus tard elle fait le chemin inverse et repart en Ukraine.

  • LES GRATITUDES de Delphine DE VIGAN ( présenté par Marie-Jo)
Les gratitudes par Vigan
« Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits............ mais ce qui continue de m'étonner …....... c'est la pérennité des douleurs d'enfance..... »
Michka est en train de perdre peu à peu l'usage de la parole. Autour d'elle deux personnes se retrouvent ; Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme l'orthophoniste chargé de la suivre.
Livre non larmoyant.





Nous avons évoqué les livres faisant parti de la sélection du :

PRIX DES LECTEURS des DEUX RIVES


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Coups de cœur Café lecture du 07/12/2019


-          Le bal des folles, Roman de Victoria Mas
coup de cœur de Nicole

Le bal des folles par MasIl était prudent, à la fin du 19ème siècle de ne pas afficher une conduite hors des sentiers battus, lorsque l'on était une jeune femme de bonne famille.

La sanction menaçait toute « déviante » : direction la Salpétrière, sans autre forme de procès, sans certificat médical, sans même avoir eu un comportement constituant un danger pour soi-même ou pour autrui. D'ailleurs, il est vraisemblable que la seule volonté de l'entourage suffisait à faire enfermer toute personne jugée gênante pour ses proches. Et bien sûr, une fois prisonnière de la sinistre bâtisse, il est extrêmement compliqué de prouver sa « normalité ».
C'est l'époque où Charcot travaillait sur les manifestations de l'hystérie, qu'il mettait en évidence par l'hypnose, devant un groupe d'étudiants admiratifs.

Certes les connaissances étaient maigres concernant le fonctionnement du corps humain, mais l'expérimentation faisait fi de l'individu. Aussi la folie pouvait-elle s'exposer, et se donner en spectacle, comme c'était la coutume une fois par an à l'asile, au cours de ce Bal des folles qui donne le titre à l'ouvrage.


A travers l'histoire d'Eugénie, qui a le tort de posséder des pouvoirs de communication avec les morts, Victoria Mas nous convie au quotidien des habitués du service de psychiatrie, patientes et soignants, et c'est toute la détresse de ces femmes qui apparait entre les lignes.

Témoignage d'un temps passé, peu enclin à prendre du recul sur ses pratiques scientifiques, le roman a le mérite de rendre hommage à ces femmes victimes de la folie de leur entourage.


Sans pathos, basée sur des documents historiques, le roman se parcourt avec agrément, tout en frémissant d'indignation sur le sort injuste de ces femmes humiliées.



-          Deux sœurs, Roman de David Foenkinos,
coup de cœur de Nicole, Evelyne et Paulette


Deux soeurs par FoenkinosMathilde a deux passions : son amour, Étienne qui, lors d'un séjour récent en Croatie l'a pratiquement demandée en mariage, et son métier. Elle est une professeure de français consciencieuse et très appréciée de tous, parents, élèves, enseignants.

Depuis qu'elle a découvert L'éducation sentimentale de Flaubert, elle ne peut vivre sans la littérature et éprouve chaque fois un grand plaisir à faire étudier ce livre à ses élèves.

Mais voilà que, du jour au lendemain, sa vie bascule : Étienne la quitte sans explication ! Mathilde va alors entrer dans une dépression profonde. Sa sœur Agathe lui propose alors de l'accueillir au sein de son foyer, le temps de la convalescence.

Au fil des jours, la cohabitation va devenir de plus en plus éprouvante. Mathilde souffre d'une tristesse sans nom et chaque parole, chaque détail, chaque lieu la ramène à l'homme aimé. De cette peine, de cette tristesse vont découler la colère et la jalousie.

David Foenkinos a réussi un huis clos familial glaçant et terrifiant où la tension et le suspense sont omniprésents. Avec Deux soeurs, véritable thriller psychologique, l'auteur montre comment un chagrin d'amour peut révéler une nouvelle personnalité inattendue.


-          Les Victorieuses, Roman de Laetitia Colombani

       coup de cœur de Catherine


Les victorieuses: RomanDans ce dernier, comme pour son précédent ouvrage, l'auteure nous fait découvrir plusieurs portraits de femmes : celui de Blanche Peyron, fondatrice du Palais de la Femme à Paris dans les années '20 pour les femmes sans abri et celui de Solène, une avocate d'une quarantaine d'années qui a fait un burn-out suite au suicide de l'un de ses clients qu'elle n'a pas su sauver. Avec la dépression et le dégoût de soi qui s'en est indubitablement suivie, Solène a perdu toute confiance en elle et surtout son goût de la vie et sa rage de vaincre. Sur les conseils de son psy, elle décide de faire un effort et de se lancer dans une œuvre de bienfaisance et son parcours va la mener directement vers ce Palais de la femme où elle doit se rendre une heure par semaine en tant qu'écrivain public pour aider toutes ces femmes, toutes venues d'horizons différents, issues de culture différentes mais qui ensemble, même si elles ne savent pas lire ni écrire la langue de leur terre d'accueil, ont retrouvé un peu d'espoir grâce à cette terre qui les a accueilli. Certes, la vie est loin d'être facile car du moins, même si elle l'est en apparence pour elles, le déchirement est parfois plus cruel lorsqu'elles pensent à tous ceux qu'elles ont dû laisser derrières elles et qui sont restés chez elles, dans leur pays. Ce n'est certainement pas le cas de toutes car chacune a son propre parcours de vie mais c'est justement au contact de ces dernières que Solène va se rendre compte de la chance qu'elle a et que, pour elles, tout comme l'a fait Blanche Peyron des années avant elles (femme dont elle ne découvrira le parcours que bien plus tard), elle n'a pas le droit de baisser les bras !

Un roman fort et puissant avec des chapitres consacrés à Blanche et au cours desquels le lecteur se replonge dans le Paris des différents milieux de 1925, et d'autres consacrés à Solène qui se déroulent aujourd'hui et où il est non seulement question d'elle mais surtout de toutes ces femmes qui continuent chaque jour à lutter pour se faire une place dans la société.
-          Ceux qu’on aime, Roman de Victoria Hislop
coup de cœur de Paulette F

Ceux qu'on aime par HislopL'auteure nous invite au cœur d'une famille Athénienne. Suite à l'effondrement de la belle demeure familiale mais délabrée qui était le seul trésor d'Eleftheria Koralis, les enfants et leur maman sont accueillis chez leur grand-mère paternelle. La mère ne peut supporter ce malheur et se laissant aller, sans vie, est internée. Les enfants vont grandir seuls avec cette chaleureuse grand-mère.

C'est Themis, la petite dernière de la fratrie qui se décide un jour à raconter sa vie à ses petits enfants. C'est ainsi que Nikos et Popi vont découvrir une autre grand-mère, celle qu'ils croyaient apolitique fut une combattante communiste, emprisonnée qui a lutté pour ses droits comme bien nombre d'amis et ainsi, le voile va être levé sur bien des secrets sagement gardés.

Nous découvrons les batailles sanglantes qui se succèdent dans cette Grèce des années 40 jusqu'aux dernières émeutes meurtrières lors des manifestations en 1973. Entre guerre civile, dictature des colonels, les conséquences au cœur de la famille Koralis vont être terribles, car cette famille va grandir, vivre et survivre dans la peur, les angoisses obsessionnelles, entre luttes et résignation.

Les quatre frères et sœur vont avoir des opinions politiques différentes, jeunes et assoiffés chacun d'idéaux pour un monde meilleur, ce qui va provoquer des colères, des déchirements. Fort heureusement que la grand-mère pilier inébranlable de ce petit monde parvient toujours à préserver une certaine paix et équilibre.

Un roman coup de cœur !

Un hymne à la liberté, un hommage magnifique à tous ceux qui ont osé la lutte pour leur droit, les droits du peuple, que ce soit en Grèce ces années-là. Hier comme aujourd'hui cette histoire résonne aux quatre coins du monde.
-          En attendant la neige, Roman de Christine Desroussaux
coup de cœur de Paulette F
En attendant la neige
Un accident de voiture. Elle était au volant et sa mère y a succombé. Elle a été grièvement blessée. Suite au coma et des semaines de rééducation, Véra sous le poids du traumatisme de la culpabilité, décide de disparaître dans un trou perdu, en haute montagne. Ses premiers pas vers la liberté ?

Le trou perdu est vraiment perdu, aucun interlocuteur, hormis le cafetier du village voisin, un faux indien, et un voisin fantôme, médecin légiste, temporairement sur les lieux aussi......et puis il y a la neige qu'on attend, qui tarde à arriver, "et puis la neige est tombée. C'était beau ".

Avec sa patte folle et son malheur, celle que son père et sa sœur appellent " demi portion”, va-t-elle pouvoir reconstituer le puzzle de son accident, en faire son deuil, et tourner la page ? Aaah les histoires de famille......beaucoup de surprises attendent Vera, nous aussi….

Quand un livre est bien écrit, on ne se pose même pas la question, cela va de soi, la prose coule, ce qui est le cas ici. Les deux personnages principaux et même les auxiliaires sont bien cernés. Un récit littéraire riche en suspens et surprises dans un décor de neige et de silence total, avec une fin tout en douceur, que j'ai bien aimé.
-          Opus 77, Roman de Alexis Ragougneau
 coup de cœur de Lydie
Opus 77 par Ragougneau
Le roman débute dans une basilique genevoise où un dernier hommage va être rendu au chef d'orchestre de l'OSR (Orchestre de la Suisse romande), à la renommée internationale. Sa fille Ariane Claessens, pianiste émérite, contrairement à ce qu'on attend d'elle, ne va pas entamer la marche funèbre traditionnelle en mémoire de son père, mais le concerto pour violon N°1 Opus 77 de Chostakovitch, Opus qui va rythmer la vie de cette famille et également le roman, avec ses cinq mouvements : Nocturne, Scherzo, Passacaille, Cadence et Burlesque.

C'est elle la narratrice et elle va nous conter l'histoire de ces Claessens, cette (sa) famille qui a la musique dans le sang. À travers ses souvenirs, elle nous fait vivre la rencontre de ses parents. Comment Claessens, nommé ainsi tout au long du roman, alors pianiste, de passage à Tel-Aviv pour y donner le concerto pour piano de Tchaïkovski, rencontre la classe d'art lyrique de l'Académie de musique et va remarquer cette jeune soprano, au vibrato exceptionnel : Yaël. Ils vont tomber follement amoureux.

Claessens deviendra rapidement un chef d'orchestre réputé. Si sa fille, la belle Ariane est reconnue également dans le monde entier pour ses talents de pianiste, c'est David son frère aîné, jeune violoniste très prometteur qui lors du prestigieux concours "Reine Elisabeth" pouvant lancer sa carrière, va commettre l'inimaginable. C'est cet évènement et cette rupture qui vont être la trame de ce roman.

Avoir entrelacé la vie de Chostakovitch, ce compositeur, jouet de Staline "écartelé entre la terreur et la répression" et l'interprétation de son Opus 77 par David m'a fait ressentir de façon éblouissante et véridique cette musique.

Ce livre où la tension est palpable du début à la fin tient à la fois du roman noir, du roman psychologique et du roman d'amour, amour tellement pur entre le frère et la sœur : "nous étions là, David et moi, comme toujours, comme depuis l'enfance, nous protégeant mutuellement de l'orage. Le frère et la sœur, yeux fermés, blottis l'un contre l'autre, jouant avec les notes comme avec la pluie martelant le toit de notre refuge secret, de notre grotte." C'est aussi un livre sur l'incommunicabilité entre les êtres et tous ces sentiments sont rendus très justement, très finement.


-          La vie secrète des écrivains, Roman de Guillaume Musso
 coup de cœur de Paulette P

La vie secrète des écrivains
La vie secrète des écrivains est comme un puzzle dont on ne connaîtrait pas le nombre de pièces, et qui s'avère bien plus grand qu'il n'y parait. Comme un jeu de piste dont on n'appréhende aucunement le but final.

Parce que l'écrivain ose. Ose emprunter des chemins surprenants, et faire vivre à ses personnages des émotions particulièrement fortes. Au plus près de leur intimité, et de leurs secrets. Et comme il est doué pour nous faire entrer en empathie avec eux, ces émotions sont partagées.

C'est donc un vrai thriller, avec meurtre à la clé, fausses pistes et chausse-trappes, sorte de huis clos en plein air. Une enquête avec des tenants vraiment originaux et des aboutissants stupéfiants.

Mais le roman n'est pas que ça. Il est aussi une réflexion intéressante sur l'écriture, le « métier » d'écrivain, le statut de l'auteur, ses obsessions… Tout une palette de considérations à travers les pensées d'un personnage d'écrivain retiré des affaires depuis vingt ans.




-          Le gang des vieux schnocks, Roman Ado de Florence Thinard,
coup de cœur de Lydie

En se rendant chez son boucher, la retraitée Gisèle croise d'abord un vieil homme taguant des affiches publicitaires. Puis elle est témoin d'une agression : une vieille femme s'est faite dérobée son sac à l'arraché. C'est dans ces circonstances étranges qu'un groupe de retraités, en ayant assez d'être invisible aux yeux de tous, vont allier leur force et former le Gang des Vieux Schnocks. Au programme : vengeance contre des commerçants grossiers, contre des vigiles de supermarché racistes et surtout, retrouver le jeune à capuche qui a volé le sac de Rose-Aimée.

Voilà un roman drôle, irrévérencieux et tendre. On pense forcément aux Vieux Fourneaux et Florence Thinard n'a pas rougir de la comparaison. Il est question de la place des personnes âgées dans la société, de fossé intergénérationnel, mais aussi de racket, de scolarité, de famille monoparentale et d'amour. On rit, on s'émeut et on pleure.

-          Les vraies richesses, Roman Ado de Cathy Ytak,
 coup de cœur de Lydie

Les vraies richesses par Ytak
Bâti au milieu du XIXe siècle par l’industriel Godin, le familistère de Guise, dans l’Aisne, ne portait pas pour rien le nom de Palais Social. Doté de tout le confort moderne et même plus, il était aussi un modèle de progrès humain pour les ouvriers qui y logeaient. Issu d’une famille de paysans miséreuse, Emile va s’y rendre afin de retrouver la jeune Louise. Le chemin sera long et chaotique, mais changera à jamais l’existence du jeune homme.

Conçu comme l’aventure de la vie débutante du héros, le roman est prétexte à faire l’éloge de ce fameux familistère encore visible de nos jours, témoignage du socialisme utopiste de la fin du XIXe siècle. L’auteure insiste sur l’ouverture d’esprit et le bon fonctionnement de ce projet, le situant dans une ligne politique réformiste mais pas révolutionnaire. Elle parle de solidarité de village, contrôle des naissances, mixité des orientations (Emile adore tricoter), prévoyance et retraite pour les ouvriers. Elle a raison, et évite cependant bon nombre d’interrogations sur les processus de gestion interne de ce qui reste une entreprise. Elle arrête aussi son histoire en 1914 : pour une fois, un petit dossier en postface aurait été utile. Par contre, la France de l’époque, encore majoritairement rurale et pauvre, est très bien mise en regard de l’essor de la classe ouvrière. Agréable à lire et solidement documenté avec naturel, le roman sera apprécié dès 12 ans.

-          Une sirène à Paris, Roman fantastique de Mathias Malzieu,
coup de cœur de Lydie, Geneviève et Claire


Une sirène à Paris par Malzieu
Nous sommes en juin 2016, dans Paris en crue. Gaspard, notre héros, sort d'une rupture et a le coeur brisé. Les affaires ne vont pas fort sur la péniche le Flowerburger léguée par sa grand-mère, Sylvia, qui lui avait fait promettre de transmettre son art de vivre : « échapper, s'échapper, travailler à son rêve jusqu'à le transformer en réalité. » Parole difficile à tenir jusqu'à ce qu'il rencontre, sous un pont, une sirène blessée, Lula, sirène qu'il va recueillir dans son appartement pour la soigner.

C'est l'histoire d'un amour impossible entre un homme et une sirène.

Une sirène à Paris est un conte moderne poétique. Il questionne sur le pouvoir de l'imagination. Dès le début, grâce à la plume alerte et loufoque, aux personnages tous plus ou moins déjantés, soumis à de nombreuses péripéties, on est emporté dans un tourbillon et on succombe à l'émerveillement.
J'ai aimé cette écriture poétique très imagée et l'imagination débridée de l'auteur.
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Café lecture 01/06/2019


  • Les os des filles, Roman de Line Papin
  •  coup de cœur de Nicole
Les os des filles par PapinL'auteur est née « par accident » à Hanoï, de mère vietnamienne et de père français. Sa vie s'écoule avec insouciance, au sein de la bruyante et chaleureuse tribu familiale où, entre grand-mère, tantes et nourrice, elle compte « plusieurs mamans ». La soudaine décision de ses parents de partir s'installer en France fait exploser l'univers de la fillette. A onze ans, Line se retrouve brutalement transplantée dans un environnement inconnu et froid, loin de ses attaches. C'est un déracinement culturel, mais surtout une déchirure affective qui va la dévaster : Line sombre peu à peu dans un insondable trou noir, irrésistiblement aspirée vers un néant mortifère. L'anorexie la détruit. Le récit s'ouvre sur le retour de Line à Hanoï. Elle a maintenant vingt-trois ans et est déjà revenue une fois après le début de sa guérison, à la recherche de ce qu'elle a quitté bien des années plus tôt. Hélas, la vie ne l'a pas attendue, et Line s'aperçoit bien vite qu'elle est désormais autant française que vietnamienne. Alors elle raconte : la vie de sa grand-mère, de sa mère et de ses tantes pendant les guerres qui ont ravagé son pays d'origine, sa propre enfance dans un bonheur coloré et turbulent, tout ce qui a constitué « ses os », même si cela a disparu aujourd'hui et si elle doit apprendre à en faire son deuil.
Les livres ont été le seul point d'accroche de Line pendant son désespoir. Et l'on comprend toute l'importance de la rédaction de son histoire pour la reconstruction de l'auteur. L'écriture possède un style très personnel : elle alterne constamment entre le "je", le "tu" et le "elle", dans une courageuse tentative d'exploration de soi, de cette fille fragile et forte qui avait perdu le contrôle et qui cherche à tâtons à se réconcilier avec elle-même.

  • La falaise des fous, Roman de Pierre Grainville,
  •  coup de cœur de Catherine et Nicole
1927 : Un vieil étretatais nous livre ses mémoires...
Tous ces fous, ces barbouilleurs de couleurs : Monet, Courbet et quelques autres originaux scribouillards face à l'océan et au ciel infini : Maupassant, Hugo, Flaubert...
Falaise des fous par GrainvilleCe roman est un livre d'images, une rétrospective picturale d'amoureux de la Normandie, de ses ciels, de la mer, du travail des hommes. On y parle de couleurs tout azimut, d'Histoire de l'Art au plus près des artistes. On s'immerge dans le tourbillon créatif d'une Belle Époque coincée entre deux guerres (70 et 14/18), ses progrès technologiques, ses soubresauts sociaux et politiques. Voici donc venu un nouveau grand roman de l’écrivain français, qui raconte l’histoire du courant impressionniste, de Claude Monet et des autres, Courbet, Boudin, Monet, Flaubert, Maupassant, Hugo, Berthe Morisot. mais pas seulement… C’est aussi, l’histoire d’une époque, pétrie de ses contradictions, de ses paradoxes, de ses zones d’ombre, de ses idéaux et de ses obsessions. On traverse les deux précédents siècles, comme Marcel Proust traverse ce roman, ainsi que les écrivains, les artistes, les hommes politiques. Grandeur et décadence, héroïsme et lâcheté.
De cette histoire des siècles passés, nous retenons la création littéraire et artistique, les chemins qui mènent à l’homme et les chemins qui ne mènent nulle part, les controverses, les bassesses, les violences, parfois obscènes, faites aux hommes, comme l’affaire Dreyfuss, qui hante ce roman avec la force et l’ampleur de sa tragédie La période est une manne romanesque pour composer une intrigue, dessiner un décor, comprendre les mentalités de modernité.
  • Le Berceau, Roman de Fanny Chesnel
  •  coup de cœur de Laurence, Geneviève et Nicole
Il y a beaucoup de choses dans ce roman de Fanny Chesnel.
Il y a ce grand-père qui au début du roman est en pleine élaboration du berceau qui va accueillir sa future petite-fille.
Le berceau par ChesnelIl y a cet homme, oui, qui voit les choses comme elles sont, sans les juger, sans être médiocre. Qui avance à hauteur d'humanité et quel bonheur que de le rencontrer pour quelques pages. Quelle envie de le connaître ce normand à la belle âme.
Il y a ces avions que l'on prend.
Il y a ces liens qui se tissent. Tous ces rendez-vous avec notre destin.

Il y a beaucoup de notre époque dans ce roman. Moderne. Contemporain. Sociétal.
Il y a le deuil, il y a la perte. Il y a la résilience et l'espoir. Il y a des sourires et de la facétie. Il y a des cours d'anglais qui se perdent. Il y a beaucoup de ces petites choses qui font battre le cœur. Qui peut être peuvent rendre meilleur.
Il y a cette petite fille là-bas au Canada qui attend ses parents. Des parents un peu moins traditionnels que ce qu'on croit. Et ces fées qui se détournent du berceau, du moins, en apparence.
Il y a des écrivains qui racontent une époque, des émotions et des situations. Fanny Chesnel offre en effet une image moderne de la famille, originale et pourtant précieuse.
Il y a cette jolie lecture, qui fait du bien, qui sonne juste. Il y a ce roman, pas vraiment « feel good » mais qui fait se sentir bien.
Il y a des livres qui apportent une pierre à l'édifice. Celui d'une certaine idée de la tolérance. Une belle idée du bonheur.
Et comme je ne vois aucune raison de s'en priver. Faites-vous du bien et penchez-vous au-dessus du berceau.

  • Alto Braco, roman de Vanessa Bamberger
  •  coup de cœur de Paulette.F
Alto Braco par BambergerLa narratrice, répondant au doux prénom de Brune, vient de perdre Douce, la grand-mère qui l'a élevée avec sa sœur Annie, sa mère étant décédée à sa naissance. Installée dans la région parisienne, elle fait partie des descendants de bougnats, ces immigrants venus des hautes terres du Massif central et qui ont petit à petit mis la main sur le commerce du bois et du charbon livré à domicile), mais surtout des boissons. Ce qui les a conduits à gérer cafés, restaurants et hôtels. Leur succès a été tel que les Auvergnats de Paris formaient dans le premier tiers du XXe siècle la communauté immigrante la plus importante de la capitale française.
Brune a promis à Douce de l'enterrer dans son Aubrac natal et si Annie, proche de ses sous, a bien rechigné un peu face à la dépense, elle a fini par accepter de prendre la route derrière le corbillard. À l'émotion du dernier adieu vient alors s'ajouter celle de ces paysages où les racines familiales sont bien plus profondément ancrées qu'elle ne s'imagine. Brune croyait refermer le livre de son histoire familiale en enterrant sa grand-mère mais elle en découvre de nouveaux chapitres en arpentant les terres austères de l'Aveyron. Plus elle en apprend sur cette terre, ses secrets inavouables, ses hommes, ses animaux (« ici les vaches sont plus importantes que les le gens »), plus elle prend conscience de son identité et de son lieu d'appartenance.
Dans une écriture raffinée Vanessa Bamberger se risque à nous parler de racines et du retour aux sources. Le pari était osé, il est réussi. On ne s'ennuie jamais, on s'éprend des personnages et on apprend beaucoup (l'Aubrac, les bougnats de Paris, l'élevage, la viande, le bio...)

  • Tout ce que tu vas vivre, roman de Lorraine Fouchet
  • coup de cœur de Paulette
Lorraine Fouchet - Tout ce que tu vas vivre.Lorraine Fouchet, avec sa plume sensible et juste nous transporte au côté de Dom et sa famille. Malgré un sujet difficile, la mort d’un parent, Lorraine Fouchet trouve les mots justes, les phrases pansements qui soignent et mettent du baume au cœur. On suit ainsi Dom jeune ado. Il vient de perdre son père, mort d’une crise cardiaque. Mais qui était la jeune femme blonde avec lui, qui disparaît à l’arrivée du Samu ? Et comment retrouver sa mère partie en Patagonie ? Et cette Bretagne qui lui colle à la peau...
Une histoire tendre, où l'on chemine avec ces Bretons qui ont des secrets bien enfouis qu'il va falloir partager, des certitudes qui s'envolent afin de les rendre plus libre, des difficultés à affronter contre vents et marées et des chemins à prendre qui n'étaient pas sur la carte de leur vie.
Se plonger dans ce livre nous transporte dans une bulle de mieux être. L'auteure a réussi, de nouveau, à nous prendre le cœur, en nous contant une histoire pleine d'humanité. Réussir à créer un tableau des apparences que chacun de nous montre pour cacher des blessures, voilà un de ses dons. Illuminer notre journée par ses mots.... du bonheur rien que du bonheur. Et tout cela avec une sensibilité, une très grande sensibilité.

  • Habiter le monde, 1er roman de Stéphanie Bodet
  • coup de cœur de Marie-Jo R et S
Habiter le monde par BodetLorsque nous faisons sa connaissance, Emily vient de recevoir l'appel téléphonique qu'elle redoute depuis des années. Tom, son homme, son champion d'escalade, celui pour qui elle a quitté Paris, l'université et sa famille pour s'installer à Chamonix, Tom a disparu, une terrible chute, son corps a été happé par la montagne. C'est d'abord en s'isolant dans la nature, en faisant corps avec les éléments qu'Emily va trouver les premiers éléments de consolation et d'apaisement ; mais très vite, elle doit reprendre sa vie en mains, et surtout, se la réapproprier, d'autant qu'elle s'apprête à devenir mère. Retour à Paris où elle reprend ses études de lettres, fait de nouvelles rencontres.
Un récit qui sous la douceur des mots souligne avec brio de nombreux sujets de société comme la surconsommation, le marketing sauvage, l'écologie, l'éducation (sur les passages de l'intégration scolaire j'ai eu envie d'embrasser l'auteure sur le museau), les relations intergénérationnelles (Marcellin et sa sagesse) mais également sur cette notion du temps qui passe et que l'on a trop tendance à le laisser s'échapper, un peu de philosophie dans le tourbillon de la vitesse humaine permet de prendre un peu de hauteur…

  • Le Manuscrit inachevé, Policer de Franck Thilliez
  •  coup de cœur de Lydie
Le manuscrit inachevé par ThilliezQuelle noirceur dans ce manuscrit inachevé... D'un côté, Léane Morgan, mère éplorée depuis la disparition de sa fille dont le corps reste introuvable et auteure de thrillers, qui va devoir rejoindre sa région du nord. De l'autre, les V&V (Vic et Vadim), flics à la criminelle de Grenoble. Suite à la découverte du corps d'une jeune fille, ils ne s'imaginent pas un seul instant jusqu'où cette macabre découverte va les emmener. Deux histoires qui, immanquablement, vont finir par se rejoindre. Deux enquêtes complexes mais terriblement bien ficelées.
Franck Thilliez joue avec le lecteur de bout en bout : des indices disséminés ici et là, des fausses pistes, des mots soulignés, un roman dans le roman. Nul doute que l'auteur maitrise parfaitement l'art du thriller. Les courts chapitres, aux fins accrocheuses, s'enchaînent rapidement, d'autant que l'on passe d'une histoire à l'autre. Ce roman profondément noir, où l'on côtoie meurtriers, dépeceurs et violeurs, nous plonge dans une ambiance glaçante et hostile, le climat pluvieux et froid aidant.

  • Le journal d’Anne Franck,
  • BD adulte susceptible d’intéresser les adolescents de Folman / Polonsky
Le Journal d'Anne Frank - Roman graphique (Edition souple)Ce roman graphique a été commandé au duo Folman / Polonsky par le fonds Anne Franck dans le but de faire redécouvrir le chef-d’œuvre d'origine, le rendre accessible au jeune public afin d'en élargir la diffusion.
Pas facile de condenser 360 pages écrites en 160 pages illustrées, mais le pari a été relevé avec brio !
Cette œuvre est d'une grande fidélité au Journal, fidélité au contexte historique, à l'essence même du journal, aux petits événements qui s'y déroulent, aux relations qui s'y jouent durant les deux années d'enfermement de la famille.
J'ai particulièrement apprécié le traitement de l'humour, du mordant, de l'espièglerie batailleuse d'Anne. Le dessin exagère le burlesque des situations, le ton cocasse du roman, on rit souvent lorsque Anne décrit le petit monde de l'Annexe et croque les défauts et caractères de chacun.
Mais les pages les plus réussies sont celles où les auteurs s'octroient le plus de liberté avec des échappées visuelles très fortes, notamment pour retranscrire les périodes de désespoir et de dépression d'Anne grâce à des scènes fantastiques ou oniriques. J'ai beaucoup apprécié également les détournements du Cri de Munch ou du Portrait d'Adèle Bloch-Bauer de Klimt.
C'est évident que ce roman graphique donnera envie aux lecteurs de relire en profondeur le Journal d'Anne Franck.
  • Le jour où le bus est reparti sans elle, BD adulte de Marko/Béka
  •  coup de cœur de Lydie
Le Jour où le bus est reparti sans elle T1, bd chez Bamboo de Beka, Marko, CossonClémentine est une jeune parisienne un peu malchanceuse et pas très heureuse dans sa vie. Elle tente de faire du yoga mais n'arrive pas à se concentrer. Elle a décidé de partir avec son groupe de méditation pour un séminaire (ah ! ces fameux "re connecteurs au moi profond", moyennant une somme généreuse. ...). Le bus s'arrête devant une épicerie bio isolée dans la forêt. Le gourou du groupe a l'habitude de s'y fournir en nourriture et se montre très condescendant envers l'épicier, plein d'humour, qui ne peut s'empêcher de faire des remarques moqueuses sur le peu de patience de ce « maître zen ». Clémentine est descendue du bus pour aller aux toilettes, mais le bus repart sans elle, Ce sera en fait une chance pour elle car au contact de cet "épicier", ou plutôt de cet homme empreint de sagesse et de bon sens, elle va reprendre confiance en elle et se trouver, à travers les contes zen pleins d'enseignement qu'il lui raconte et qui ponctuent en tons plus sépia la BD.
Bien sûr, l'histoire est un peu naïve et facile, mais sous couvert d'une gentille petite histoire, des conseils pleins de bon sens émergent, sans mièvrerie, par l'évocation de ces petits contes zen. Tout ceci donne un côté rafraîchissant et bienfaisant à cette tranche de vie.

  • Amour, djihad & RTT, BD adulte de Marc Dubuisson
  •  coup de cœur de Lydie
Une grande bouffée d'humour, délirant et ironique.
Kowalsky s'autoradicalise en regardant des vidéos sur Internet et prend en otage le 8e étage de l'administration départementale. Soudain l'ordre établi est bouleversé. Que va-t-il advenir des "task update meetings hebdomadaires" ?
Rayon : Albums (Humour), Série : Amour, Djihad & RTT, Amour, Djihad & RTTTout doit être entrepris pour reprendre le contrôle de la machine à café à capsules. Les heures supplémentaires à cause de la prise d'otages seront payées ou récupérées en RTT ?!
S'agit-il d'une prise d'otage ou d'un team building non consentant sur le régime exceptionnel des heures supplémentaires ?!
Burlesque je vous dis, décalé.
Les rapports trimestriels et autres "process" semblent complètement stupides face à un apprenti terroriste hilarant.
Mais, mais si on y réfléchi bien ...
- nos "meetings" de coordination le sont-ils moins ?
- nos process business integration client value ?
- nos timesheet ?
- notre vie bureaucratique ?
Qui sont ces petits chefs qui "réclament qu'on libère la salle de réunion même s'il y a une prise d'otage" parce qu'ils ont réservé ?
Lisez cette courte BD pour voir d'un autre œil (un œil rieur) nos travers de la vie de bureau. Car c'est "la vie" ou du moins c'est celle de pas mal de gens. Enfin de compte, il nous vient une certaine tendresse pour ces personnages si improbables, mais si réels.





 

Samedi 6 avril 2019

  • Le paradoxe d’Anderson, roman de Pascal Manoukian - coup de cœur de Françoise
Plus rien n'est acquis. Plus rien ne protège. Pas même les diplômes. À 17 ans, Léa ne s'en doute pas encore. À 42 ans, ses parents vont le découvrir.
La famille habite dans le nord de l'Oise, où la crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille dans une fabrique de textile, Christophe, le père, dans une manufacture de bouteilles.
Le paradoxe d'Anderson par ManoukianCette année-là, en septembre, coup de tonnerre, les deux usines qui les emploient délocalisent. Ironie du sort, leur fille se prépare à passer le bac, section « économique et social ». Pour protéger Léa et son petit frère, Aline et Christophe vont redoubler d'imagination et faire semblant de vivre comme avant, tout en révisant avec Léa ce qui a fait la grandeur du monde ouvrier et ce qui aujourd'hui le détruit. Comme le paradoxe d'Anderson, par exemple.
« C'est quoi, le paradoxe d'Anderson ? » demande Aline. Léa hésite. « Quelque chose qui ne va pas te plaire », prévient-elle. Léon, dit Staline, le grand-père communiste, les avait pourtant alertés : « Les usines ne poussent qu'une fois et n'engraissent que ceux qui les possèdent. »
L’auteur a connu le monde ouvrier (son père travaillait chez Renault), il sait de quoi il parle, quant au contenu, aux descriptions, à l’analyse des peurs, de la colère, de la désespérance.
Ce roman social est sans concession. Il décrit avec justesse la vie de ces ouvriers qui se débattent, qui appellent au secours et dont le seul souhait est de vivre décemment.

  • Jamais, BD Adulte de Bruno Duhamel - coup de cœur de Lydie et Marie-Thé
Jamais Madeleine ne quittera sa petite maison perchée en haut de la falaise. Pour rien au monde, et même si la mer et le vent grignotent son terrain de plus en plus vite (encore merci au réchauffement climatique).
Madeleine est une mamie pêchue et autonome.
Couverture du livre : JamaisElle passe ses journées chez elle avec son chat et le souvenir de son époux disparu en mer. Elle se balade sur la côte et fait ses courses au marché.
Le maire a beau essayer de la convaincre, rien ne la fera changer d'avis, sûrement pas la promesse d'un bel appartement avec vue sur la mer - Madeleine est aveugle.
Jolie histoire mélancolique et tendre d'une mamie qui a du caractère, qui sait écouter ceux qui lui parlent avec douceur sans la prendre pour une bille.
Sur fond d'écologie, Bruno Duhamel dresse le portrait d'une femme adorable, touchante et drôle. Malgré la gravité de certains sujets abordés tels que les catastrophes naturelles, la question de la responsabilité, le réchauffement climatique ou encore la solitude, l'auteur ne manque pas d'humour et de tendresse. Notamment dans ces dialogues virulents, le comportement de Madeleine, petite mamie pimpante et têtue, ou encore les facéties du chat Balthazar. Graphiquement, le trait semi-réaliste et subtil, les visages expressifs ainsi que les couleurs douces apportent fraîcheur et subtilité à cet album doux-amer.
  • Simple, Roman de Julie Estève, coup de cœur de Evelyne
  • Simple par EstèveOn ne l’'appelle jamais Antoine Orsini dans ce village perché au coeur des montagnes corses mais le baoul, l'’idiot du coin. À la marge, bizarre, farceur, sorcier, bouc émissaire, Antoine parle à sa chaise, lui raconte son histoire, celles des autres, et son lien ambigu avec Florence Biancarelli, une gamine de seize ans retrouvée morte au milieu des pins et des années 80.
    Qui est coupable ?
    On plonge à pic dans la poésie, le monde et la langue singulière d’un homme simple, jusqu’à la cruelle vérité.
  • Antoine Orsini est ce qu'on appelle dans les villages, un simplet, un idiot, un mongol. C'est le baoul en corse. Il traine toute la journée dans les rues, entend et voit tout. Il n'a d'autres amis que l'Extraterrestre, un petit doué des PTT, Magic le dictaphone et Florence, la plus jolie fille du village. Mais l'innocence de Tonio ne suffit pas toujours et on lui prête souvent des intentions qu'il n'a pas... Comme celle d'avoir assassiné Florence...
  • Il était une fois Antoine... Parce qu'il s'agit bien de cela dans le deuxième roman de Julie Estève, un conte poétique sur la différence et les difficultés de vivre avec.
Dotée d'une très belle écriture, l'auteur nous emmène dans le maquis corse, au sein d'un petit village avec ses habitants faussement aimables.
Simple est une histoire à la fois triste et belle, douce et brutale, d'un homme qui vit dans un autre monde que le nôtre...

  • Leurs enfants après eux, Roman de Nicolas Mathieu - coup de cœur de Nicole
Prix Goncourt 2018,
Dans l'Est de la France et ses hauts-fourneaux fermés, Nicolas Mathieu nous parle de « vies minuscules » pleines d'un espoir majuscule.
Leurs enfants après euxLorsqu'on a 14 ans et que l'on vit dans une région sinistrée par la désindustrialisation, on rêve d'un ailleurs différent. Entre le corps qui se transforme et les premiers émois à la vue d'une goutte de sueur s'écoulant entre deux seins, ou en piquant une barque pour aller voir plus loin, c'est comme découvrir une nouvelle contrée. C'est l'aventure qui commence.
Anthony ne veut pas de la vie qui l'attend : « licencié, divorcé, cocu ou cancéreux ». Dans son monde, « Les hommes parlaient peu et mouraient tôt ». C'est élevé dans ce milieu, « sur de grandes dalles de colère, des souterrains de peine agglomérées », qu'il ambitionne d'être quelqu'un d'autre, ne plus vivre sa vie à moitié, prisonnier de rouages qu'il ne maîtrisera jamais. Il veut exister.
Et, pour ça, il ne voit qu'une solution : « foutre le camp » !
Les années 90 en quatre étés
Une écriture à fleur de peau. Nicolas Mathieu met en scène Anthony, Hacine, Stéphanie, Hélène, Patrick et tous les autres par les descriptions charnelles de leurs sensations, de leurs émotions. Le contexte est introduit culturellement par de nombreuses évocations d'objets ou de sujets typiques des années 90, et socialement, avec un portrait d'une ville imaginaire détaillée entre petits-bourgeois, familles populaires et « cassos ».
L'action se déroulera sur quatre étés : 1992, 1994, 1996, 1998.
Mais Leurs enfants après eux n'est pas seulement un roman d'initiation ou générationnel. Nicolas Mathieu connaît l'art d'émouvoir mais aussi celui de dépasser les clivages.
Une vie à corps et cœur perdus.
À l'aide de personnages attachants et puissamment romanesques, Nicolas Mathieu nous offre une superbe ode à la liberté et une farouche dénonciation de l'injustice sociale.

  • Le voyage de Marcel Grob, BD Adulte - coup de cœur de Lydie

Le voyage de Marcel Grob par GoethalsPlus qu'une bande dessinée, le Voyage de Marcel Grob est une véritable fiction historique, une enquête à travers les sources, et aussi en quelque sorte un témoignage apocryphe. Collin, chroniqueur à France Inter, s'est inspiré de l'histoire de son grand-oncle, Marcel Grob, un jeune Alsacien enrôlé dans les Waffen-SS en juin 1944 alors qu'il n'a que 17 ans.
Lorsque Philippe Collin apprend que son grand-oncle a fait partie des SS, il est sous le choc.
« SS », c'est l'acronyme de Schutzstaffel, un terme allemand utilisé pour désigner la police de protection personnelle d'Hitler, une milice dont les pouvoirs sont rapidement étendus pour mettre en place une politique de répression généralisée, avec notamment la mise en place de camps de concentration et d'extermination. Les SS deviennent un véritable État dans l'État et les Waffen-SS représentent le volet militaire de l'organisation, en concurrence directe avec la Wehrmacht, l'armée régulière.
Alors que de nombreux jeunes Français ont été enrôlés de force dans l'armée allemande, les SS sont en principe recrutés sur base volontaire. Face au refus de Marcel d'expliquer les raisons de son engagement dans les SS, son petit-neveu décide de couper les ponts en 1997. Plus de dix ans en plus tard, à la mort de Marcel, Collin découvre dans les archives que Marcel avait été enrôlé de force, de même que près de 10 000 jeunes Alsaciens entre mai et octobre 1944. Il cherche alors à en savoir plus…
L'Alsace est en effet considérée par les Nazis comme faisant partie de l'Allemagne - une situation particulière détaillée dans l'annexe historique rédigée par Christian Inrao.
Sans prendre position, le Voyage de Marcel Grob pose de nombreuses questions intéressantes sur la place des « malgré nous » - ces jeunes Français enrôlés de force par les Nazis. Étaient-ils vraiment contraints ou avaient-ils le choix, alors que les Nazis menaçaient leur famille de représailles en cas de refus ?
Le Voyage de Marcel Grob n'est pas une apologie des « malgré nous » mais plutôt une tentative de restituer la complexité des faits à travers le destin de trois jeunes hommes. Beaucoup de ces jeunes hommes, ayant grandi à la campagne, n'aspiraient qu'à travailler à la ferme avec leur famille. En rejoignant les SS, ils découvrent l'horreur de la guerre mais aussi l'amitié entre camarades soldats et de nouveaux horizons.
Si certaines scènes ou personnages peuvent mettre mal à l'aise, comme ce responsable SS, l'Untersturmführer, amateur de littérature, le Voyage de Marcel Grob a le mérite de poser des questions intéressantes sur la part de responsabilité des hommes enrôlés de force dans l'armée - et plus généralement des soldats en temps de guerre - sans véritablement trancher à la place du lecteur. Un récit émouvant, subtil, instructif, et marquant.

  • La goûteuse d’Hitler, Roman de Rosella Postorino - coup de cœur de Paulette
Parmi les hantises récurrentes d'Hitler, il y avait la peur d'être empoisonné. Aussi, une dizaine de "goûteuses" étaient à son service, testant tous les plats, tous les ingrédients qui passaient par sa cuisine.
La goûteuse d'Hitler par Postorino
Ces femmes, enrôlées de force, avaient le devoir de manger, que cela leur plaise ou non. Le Führer s'attablait une heure plus tard... s'il n'était rien arrivé à ses goûteuses. Celles-ci servaient littéralement de cobayes, et devaient être prêtes à mourir empoisonnées à tout instant pour préserver celui qui ravageait le monde.
Qu'une nation soit prête à sacrifier ainsi des êtres humains, qui plus est appartenant à son propre peuple, est très révélateur de l'endoctrinement massif qui avait cours à cette époque : rien n'était trop beau pour le Führer, tout lui était dû, y compris des vies humaines.
D'un côté, on pourrait se dire qu'elles en ont de la chance ces goûteuses : en ces temps de privations, elles sont royalement nourries. Mais elles paient très cher cet "avantage".
Par l'angoisse d'abord. Une angoisse permanente : celle de mourir empoisonnées. En effet, si quelqu'un s'était avisé d'introduire une quelconque substance nocive dans la nourriture du Führer, c'est elles qui auraient servi de fusibles, c'est elles qui auraient sauté, sauvegardant la vie du chancelier.
Les goûteuses mangent ainsi tous les jours à leur faim, mais la boule au ventre. Rosella Postorino nous fait très bien comprendre et ressentir leur angoisse permanente. Curieuse situation, alors que tant de monde meurt de faim, que d'avoir peur de mourir parce que l'on a mangé !
Ensuite, confinées chaque jour de longues heures dans la "Wolfsschanze", le quartier général d'Hitler en Prusse-Orientale, elles sont condamnées à vivre avec des compagnes d'infortune qu'elles n'ont pas choisies, sous la surveillance de soldats peu empathiques et pour beaucoup d'entre eux, très brutaux.
Le personnage principal est inspiré de l’histoire vraie Margot Wölk, qui a vécu deux ans au service (forcé) d'Hitler.
Avec ses courts chapitres, l'écriture fluide et les moments de douceur qui sont les bienvenus dans le monde brutal de la guerre, ce livre peut convenir même aux personnes sensibles qui ne supportent pas la violence.

  • La cerise sur le gâteau, Roman de Cécile Valognes - coup de cœur de Catherine
Arrive un jour où l'on n'est plus attendu nulle part. Le réveil sonne dans le vide, puisqu'il est inutile de se lever. Pas de pause-café avec les collègues, ni de réunion à n'en plus finir jusqu'à vingt heures. Le téléphone ne clignote plus ; d'ailleurs, de téléphone, vous n'en avez plus. Vous l'avez rendu avec le badge et la voiture de fonction.
Un nouveau jour se lève avec une seule question : « Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de mes journées maintenant ? »
La cerise sur le gâteau par ValognesC'est ce que va se demander Bernard, pour qui, la retraite, c'est être fini, tel un déchet qui ne sert plus à grand-chose. Comment exister lorsque l'image sociale n'est plus que deux dates dans un logiciel : date d'arrivée et date de sortie dans l'entreprise, comme écrites sur une plaque de marbre au fin fond d'un cimetière ?
Bernard est buté, un tantinet égoïste ; il remet sa femme en place régulièrement, et surtout : il est certain qu'il retrouvera sa légitimité au sein d'une entreprise. Soixante ans, non mais, on est toujours fringant !
Mais contre toute attente, rien ne vient.
Si ce n'est... un défi lancé par son petit-fils.
Zéro déchet, vous en avez entendu parler ? Et toi, papy, tu connais ?
Enfin de quoi sustenter l'ennui de Bernard ! Enfin de quoi lui donner une raison de vivre et de s'occuper. Quitte à devenir... extrémiste du sujet et à exaspérer toute la famille !
Mais son mauvais caractère le rend attendrissant.
Aurélie Valognes nous délivre un roman qui parle des gens, des générations et de leurs questionnements, du temps qui passe, du temps perdu, et du temps que nous gâchons, à coups d'absences. Mais elle réveille (ou catalyse) en nous toute cette aberration du gaspillage de notre belle planète.
Une vraie Saga familiale craquante d'amour, croquante de vie, et pétillante d'humour.
  • Né d’aucune femme, Roman de Franck Bouysse, coup de cœur de Nicole
    Né d’aucune femme par BouysseMaintes fois le père Gabriel, au confessionnal, a entendu les mêmes paroles. Aussi, lorsqu'une voix fluette, à peine voilée, lui demande de bénir le corps d'une femme à l'asile et de récupérer par là même des cahiers cachés sous la robe de la défunte, il est fort étonné. Mais le père Gabriel a promis. Et c'est en compagnie de Charles, le sacristain, que Gabriel se rendra à l'asile, bénira Rose et emportera les cahiers... Des cahiers emplis de confessions...
Des années auparavant, Rose, l'aînée des quatre filles, a 14 ans. C'est elle qui, aujourd'hui, accompagne son père au marché. Un gros type parlemente avec ce dernier, marchande, s'énerve un peu. Rose ne le sait pas encore mais c'est d'elle dont il est question. Vendue pour quelques pièces qui devraient permettre à la famille de sortir de la misère. Avant même qu'elle ait pu dire au revoir à son père, la voilà embarquée dans la carriole. Direction Les Forges où l'attend une nouvelle vie...
D'une puissance rare, d'une profondeur remarquable, d'un souffle renversant, le dernier roman de Franck Bouysse nous emporte et nous émeut. À travers les yeux du père Gabriel qui découvre les confessions de Rose, l'on suit le destin de la jeune fille, dans la campagne française de la fin du XIXème siècle. L'auteur dresse le portrait ô combien touchant et empli d'émotions de celle-ci, vendue à un riche maître et dont la vie va basculer sous l'emprise de ce dernier et de sa mère.
Franck Bouysse, surprend le lecteur, en se mettant dans la peau de Rose lorsqu'elle écrit. Il alterne ces chapitres en donnant la voix à Edmond, le palefrenier, au père Gabriel, dépositaire de ces confessions et à Onésime, le père de Rose, rongé par le remords. Habilement construit et brillamment construit, ce roman, magnifique et déchirant se révèle tout à la fois sombre et lumineux.

  • Malaterre, BD Adulte de Pierre Henry Gomont - coup de cœur de Lydie

Gabriel, père alcoolique et globalement absent de la vie familiale décide de racheter un domaine forestier en Afrique équatoriale fondé par ses ancêtres et perdu il y a peu. Bien décidé à redorer le blason familial Gabriel se lance à corps perdu dans cette quête ambitieuse et dévorante et emmène ses deux enfants aînés, Simon et Mathilde, laissant derrière eux Martin, leur petit frère et Claudia la mère de ses enfants dont il est séparé depuis peu.
Dans son envie irrépressible de bien faire les choses et de laisser un héritage à ses enfants, Gabriel déchire le cercle familial, détruit les liens filiaux et entraîne sa famille vers la chute. A Malaterre, les deux jeunes adolescents se découvrent une liberté nouvelle et sauvage tandis que leur mère se bat pour récupérer ses enfants et reconstruire un foyer.
Mon avis
Gabriel est un personnage détestable. Vraiment. Il est arrogant, alcoolique, violent, égocentrique et égoïste. Et il meurt. Et pourtant au fur et à mesure de la bande dessinée on apprend à le connaître, à apprécier son côté revanchard, ses excentricités, à comprendre ses motivations qui prennent le mauvais chemin, ses espoirs qui se délitent sous ses yeux. On comprend que tout n'est peut-être qu'une question de choix et qu'il n'aura pas pris les bons.
Malaterre traite de ce rapport qu'entretiennent les enfants à leur père.
La bande dessinée est extrêmement dense aussi bien visuellement que textuellement. Pierre Henry Gomont mélange les bulles de la bande dessinée et les textes du roman graphique ce qui donne un rendu extrêmement expressif. Mais il en va de même du visuel foisonnant de détails, de végétations, dans des teintes virtuoses de vert et d'orange. Point bonus pour les « bulles-pensées » où, au lieu d'écrire ce que pensent ses personnages, le scénariste et dessinateur use de l'action visuelle pour transmettre un message, une pensée, une imagerie intérieure. On le retrouve notamment très souvent chez Claudia, cette mère célibataire que tous semblent trahir : ses enfants en partant et en mentant, parfaits petits pions dans le jeu de leur père, Martin en ne souhaitant pas rentrer, et son ex-mari en remportant haut la main tous les procès et mises en justice qu'elle tente. Combien de fois la verrons-nous en pensée un couteau dans le dos ? On la voit peu, mais chaque vignette est une souffrance.
Parce qu'elle espère encore et toujours que Gabriel dégoûtera ses enfants, que la cohabitation « devrait suffire à les convaincre ». Tout juste arrivés dans ce pays inconnu où tout est prétexte à l'aventure les deux adolescents en prennent plein les yeux. Un domaine gigantesque, une maison coloniale magnifique, des paysages de rêve. Ils s'y voient déjà, futurs dandys de ce monde affriolant… sauf que le lycée est à des kilomètres et qu'ils ne côtoieront cette vie-là que quelques jours par mois. Commence l'ennui. Puis les escapades. Puis l'adolescence.
C'est une claque visuelle et émotionnelle qui m'a transportée dans cette jungle luxuriante où tous les possibles se mêlent : aimer un père détestable, trouver une liberté mais lui préférer la prison, partir à reculons et finalement ne rien regretter… le texte et les dessins, emprunts autant de violence et de poésie, de colère et de tendresse forment une invitation à l'ailleurs, à la découverte de soi et de ce père que l'on hait, et peut-être même à une forme de paix intérieure, équatoriale, foisonnante. Un coup de cœur !

  • Nymphéas noirs, BD Adulte de Fred Duval et Didier Cassegrain - coup de cœur de Lydie
  • Nymphéas noirs, bd chez Dupuis de Duval, Bussi, Cassegrain
Magnifique adaptation du roman de Michel Bussi. La construction de la bande dessinée est très intéressante. On suit en parallèle trois femmes : une petite fille qui aime peindre, une institutrice un peu frivole et une dame âgée qui semble espionner tout le monde dans le village.
L'intrigue se déroule à Giverny, le village connu grâce à Claude Monet et à son célèbre jardin.
Plusieurs meurtres vont entacher ce village pourtant si paisible d'apparence.
Les dessins et les couleurs utilisés sont sublimes, tout à fait en adéquation avec le thème de la peinture impressionniste, l'histoire vous happe complètement jusqu'à la révélation finale qu'on n'avait pas forcément vu venir (sauf si bien sûr, on avait lu le roman auparavant !).

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Café lecture du 2 février 2019


-Je voudrais que la nuit me prenne, Roman de Isabelle Desesquelles, coup de cœur de Françoise
C’est l’histoire de Clémence petite fille de 8 ans. Elle évoque son enfance auprès de ses parents pour le moins fantaisistes. Des parents amoureux d’eux et de leur petite fille. Ils promettent à Clémence d’être toujours là pour elle, et cela fait mal le jour où cela n’est plus vrai.
On trouve dans le récit beaucoup de poésie, une ode à la nature, la mer et surtout les livres qui sont très présents dans leur vie.
Il y a beaucoup d’amour dans le foyer, cet amour qui est le fil conducteur du livre.
Des mots tendres, des promesses, ses parents remplissent l’univers de Clémence petite fille tournée vers le ciel, ses étoiles, tourmentée par la mort, la place de ceux-ci et celle des vivants.
Pourquoi tant désirer que la nuit la prenne ?
Pourquoi au détoure d’une phrase cette voix de petite fille se transforme soudain ?
Qu’une ambiance trouble s’immisce peu à peu dans le récit. Une ombre, un mystère cruel et insondable plane. Que s’est il passé pour que l’innocence se voile ainsi de noir ? Nous devrions faire attention au bonheur car il est fragile avec ses failles et ses gouffres.
C’est un roman bouleversant, terriblement émouvant.
L’auteur explore le lien fragile et inaltérable qui nous unit à nos proches, et la redoutable force du souvenir.

  • Pleurer des rivières, Romain de Alain Jaspard, coup de cœur de Lydie, Geneviève et Marie-Jo
Pleurer des rivières, c’est l'histoire de deux mondes qui n'auraient peut-être jamais dû se rencontrer. Enfin, disons qu'une partie n'aurait peut-être pas dû...Parce qu'un Gitan qui croise un avocat, on peut dire que c'est tout à fait dans le domaine du possible. Mais la femme de l'avocat et la gitane, je ne parierais pas. Sauf si (et là, j'avoue les idées reçues ça vous met de ces trucs en tête) l'une se fait détrousser par l'autre.
Chez Jaspard, ce n'est pas le cas, non. Le hasard va mettre Julien (l'avocat commis d'office) sur le chemin chaotique de Franck, le Manouche qui s’est laissé embarquer dans un mauvais coup avec son pote Sammy. Et là, Jaspard va mettre un ver dans le fruit (je pourrais vous expliquer, mais je préfère vous inciter à lire ce livre). Le ver, il va faire son bout de chemin, jusqu'à provoquer cette rencontre de deux femmes que tout oppose. La bourgeoise quadragénaire des quartiers chics, créatrice d'album pour enfants et la jeune gitane, qui du haut de ses vingt-huit ans élève tant bien que mal ses enfants sur une aire de gens du voyage.
L'une qui malgré son succès et son standing n'est pas heureuse parce qu'il lui manque... quelque chose. L'autre, rayonnante, même si, être mère au foyer, avec sept enfants, sa mère et un mari dans une caravane, n'est pas toujours rose. En plus, voici le huitième qui s'annonce...
Jaspard vous raconte la vie à travers la complicité de ces deux femmes.
Chez les gens du voyage, sans pathos, avec la rigueur de cette vie, le quotidien, la famille, les joies, les peines, le cœur sur la main, les verres qu'on partage, la solidarité, les petits boulots, les erreurs, la délinquance parfois. Et le contraste à l'opposé, les bourges, l'appartement douillet, l'argent qui ne fait pas forcément le bonheur, la famille désunie.
C'est une histoire très touchante, humaine, dans laquelle les gentils ne sont pas forcément bons, et les méchants pas complètement mauvais. C'est l'image de la société et de la complexité de l'être humain, de ses sentiments et de ses multiples détresses. La lecture de ce roman ouvre sur de nombreuses interrogations.

-Roissy, Roman de Tiffany Tavernier, coup de cœur de Françoise
Sans cesse en mouvement, tirant derrière elle sa valise, la narratrice de ce roman va d’un terminale à un autre, engage des conversations, s’invente des vies, éternelle voyageuse qui pourtant ne montera jamais dans un de ces avions dont le spectacle l’apaise.
Arrivée à Roissy sans mémoire ni passé ? elle y est devenue une « indécelable », une sans domicile fixe déguisée en passagère, qui a trouvé refuge dans ce lieu.
Dans cet univers où personnels naviguants ou au sol côtoient clandestins et laissés pour compte instituant habitudes et rituels pour rempart aux souvenirs qui parfois l’assaillent et l’épouvantent, la femme sans nom arpente inlassablement l’immense aérogare..
Mais la bulle de sécurité finit par voler en éclats, il suffira pour cela d’une improbable rencontre…
Magnifique portrait de femme rendue à elle-même à la faveur des émotions qui la traversent.
Roissy est un livre qui interroge l’infinie capacité de l’être humain à renaitre à soi et au monde.

  • L’homme de cro-Macron, silex in the city t8, BD Adulte de Jul, coup de cœur de Lydie
En 40 000 avant J.C., toute la planète semble obéir aux lois de la sélection naturelle, sauf une vallée qui résiste encore et toujours à l’évolution. N’en déplaise à Cro-Macron, élu à 40 ans, marié à sa prof de Préhistoire Géo, qui doit avoir au moins quinze glaciations de plus que lui. Johnny Habilis, le chanteur le plus populaire de l’âge de pierre vient de mourir. Url Dotcom rejoint les Alter-darwinistes radicaux qui luttent contre la destruction d’une forêt quaternaire afin de permettre la construction d’une grotte artificielle. Les sens bouleversés par la lecture de « 50 Nuances de graisse », Spam Dotcom quitte son mari Blog. Elle le trompe dans les bras d’un mec contacté sur My-Mother-Mammifère, fondateur de Pierre Bn’B. Une courte escapade dans les bras de ce garçon « hyper bien dessiné » (par Enki Bilal invité par Jul) qui ne lui fait pas oublier Blog, victime d’une erreur judiciaire, prisonnier à Fleury-Habilis. Vous l’aurez compris, la riche actualité de ces deux dernières années a donné du grain à moudre à l’humour féroce de Jul.

  • Une fille de …, Roman adolescent de Jo Witek, coup de cœur de Lydie
Voici un très beau texte lu d'une traite qui conte l'histoire d'Hannah, fille unique dOlga Sobolev, prostituée ukrainienne droguée, enlevée, arrivée en France par un réseau de prostitution.
Elle court à perdre haleine, avale des kilomètres de chemin quatre fois par semaine, se concentre sur son corps, s'évade, se forge un moral de championne pour résister aux insultes, au rythme de ses foulées, elle court pour exister, pour gagner sa dignité, pour se protéger. Pour ne plus penser., pour renaître ...elle ne triche pas …Son esprit se libère ......elle prépare le marathon de sa vie !
Pour avoir un corps que l'on ne piétine pas, que l'on n'avilit pas sans se soucier du regard des autres et surtout pas celui des hommes, pour se fondre dans le décor !
Elle a compris très tôt, a eu la prescience de sa marginalité dès son plus jeune âge.
Par amour pour sa mère, elle relève la tête et décide de raconter son histoire au rythme de ses foulées., elle se sentira libre et n'aura plus jamais honte ! Sa mère dont elle est fière a réussi malgré ce qu'elle vit et ce qu'elle a vécu à lui offrir beaucoup d'amour, ce qu'elle -même n'a jamais reçu !
Entre ses pensées et sa volonté, le silence se fait ! Son esprit se libère dans l'effort extrême, la souffrance, comme un dialogue grisant entre sa respiration maîtrisée, son souffle et ses muscles.
Elle se pose des questions, sera-t-elle capable d'aimer ? de ce bonheur à deux, de ce temps suspendu, immortel que partagent les amoureux et que décrivent si bien les poètes ?
Comment peut-elle se construire alors que les regards braqués sur elle sont : arrogance, surprise et dégoût ?
C'est un ouvrage court, fort et saisissant, touchant, une confession violente et sensible, un portait sobre, intelligent, sans misérabilisme.
À LIRE ET À FAIRE LIRE pour le message de tolérance et d'espoir qu'il fait passer !
  • L’envol des anges, Roman policier de Michael Connelly, coup de cœur de Lydie et Amparo
Un avocat est retrouvé mort. Dans un funiculaire.
Ce n'est pas n'importe quel avocat : c'est quelqu'un qui a fait sa renommée en faisant poursuivre la police pour violences dès que l'occasion, plus ou moins justifiée, se présentait…
Attisant la haine entre la communauté noire et les forces de l'ordre. Il est adoré par une partie de la population et détesté par une autre, en majorité chez les flics.
On est après les émeutes qui ont suivies le passage à tabac de Rodney King.
Il y a une vraie défiance vis -à-vis de la police. Justifiée mais aussi exagérée (selon Harry). Et, comme par hasard, dans deux jours devait débuter son plus gros procès contre le LAPD…Bref, on marche sur des œufs…Et à qui revient cette enquête particulièrement délicate ?A Harry Bosch, évidemment…Sans doute, en partie, parce que ses deux coéquipiers sont noirs. Comme-ci ce n’était pas assez compliqué comme ça, on lui met la police des polices dans les pattes. Et le FBI ! Ça devient très politique, et la politique Harry, il n’aime pas !
Bosch s'est un mélange d'instinct, d'humanité et de soif de justice.
Un gars qui n'hésitera pas à désobéir à sa hiérarchie si celle-ci entrave son enquête
Très bon roman policier. L'intrique tiens très bien la route. Tous les personnages sont très attachants. Les relations qui s'instaurent au fur et à mesure du récit sont parfaitement bien amenées, de même que les évènements qui arrivent de façon tout à fait inattendue tout au long du livre. La verve du récit et la subtilité des descriptions font de ce récit un très agréable moment à passer. La lecture en est très fluide, cadencé par un style très vif.
  • L’homme aux cercles bleus, Roman policier de Fred Vargas, coup de cœur de Lydie et Amparo
C'est la première enquête du commissaire Adamsberg, fraîchement muté à la capitale, précédé de sa réputation. Lent, négligé, fluctuant, le commissaire Adamsberg, sorte de Colombo français, a un charme qui a tout avoir avec son intelligence, moins avec sa posture. D'ailleurs son adjoint, l'inspecteur Danglard, alcoolique sage et profond, est déconcerté par le comportement de son nouveau chef et par son intuition affirmée, même s'il reconnaît l'efficacité de cette prescience qui le rend si fascinant.
Des cercles bleus, tracés à la craie sur les trottoirs parisiens, sont pris très au sérieux par le commissaire, à la surprise de son adjoint, plus circonspect devant ce qui semble être la fantaisie d'un original. Même quand le corps sans vie d'une femme est retrouvé au centre d'un de ces cercles, les deux hommes n'accordent pas leur différence de perception et de personnalité, Adamsberg comptant sur son intuition et Danglard sur son raisonnement, pour coincer l'assassin.
Des personnages attachants à la présence indéniable, une ambiance naturaliste de commissariat de quartier, une intrigue insolite et des êtres étranges, des dialogues drôles et déphasés, voilà un excellent polar cérébral qui nous égare, nous dépayse et nous fait douter de nos certitudes.

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Coups de cœur du Café lecture du 06/10/2018 

    
-          Les Déraisons, roman de Cécile D’Oultremont,
coup de cœur de Lydie, Françoise et Marie-Jo
Les déraisons par d'Oultremont
Louise, peintre, a décidé de mettre de la couleur dans sa vie, tous les jours. D'appeler son chien, "Le Chat", de vivre le présent pleinement, "c'est sa cam", de décréter les jours en A ou en O, c'est plus rigolo. Le conformisme très peu pour elle. Louise est un Pierrot Solaire qui éclaire son monde.
Adrien, lui est réglé comme une horloge suisse, petits parcours bien planifiés, optimisés pour aller au bureau, faire la tournée des clients. Employé-modèle, petite vie rangée.
Ces deux-là, n'étaient pas fait pour se rencontrer mais mieux, ils étaient faits l'un pour l'autre. Seulement voilà, le sort en a décidé autrement, pas eux. Sourire toujours c'est le credo de Louise, en toutes circonstances, le sourire et le rire aide la chimio à mieux agir, Adrien à ne pas sombrer.
La plume pleine de poésie, le verbe choisi aide à entrer de plain-pied dans l'univers parallèle de ce couple "déjanté". Les attitudes loufoques, hors normes, ne sont que prétextes à nous dire qu'on peut choisir le bonheur. Choisir son bonheur, tant pis pour les bien-pensants qui n'y comprennent rien, qui jugent. Peut-on, comme ce petit juge assis sur son coussin, rationaliser une situation ubuesque et y appliquer une sanction, quand l'ultime vous a déjà été infligé ?
Ce roman est plein de tendresse, d'émotions, de poésie pour parler de sujets cruels comme le placement d'Adrien en position d'être inutile chez "Aquaplus", le reléguer en un lieu qu'aucun autre employé de l'entreprise n'a foulé et le cancer de Louise qu'elle va traiter avec fantaisie comme à son habitude. Nul pouvoir pour ces deux-là, face à la situation, mais ils la vivront ensemble avec courage et inventivité.
Ce roman est une bulle d'émotions. Une ode aux petits bonheurs du quotidien, au choix de voir le verre à moitié plein en toutes circonstances surtout les pires... de se moquer éperdument de la norme. Avec brio et justesse, sans lasser malgré les loufoqueries, l'auteure vous embarque dans une histoire lunaire éclairée par le procès d'Adrien, auquel on ne comprend pas grand-chose au début, mais qui clarifie toute l'histoire au fil de la lecture.

-          Série Les vieux fourneaux t1 « Ceux qui restent », BD Adulte de Wilfrid Lupano,
coup de cœur de Lydie

C'est l'histoire de trois amis, trois vieux amis, des vieillards, ils sont réunis à l'enterrement de Lucette, la femme de l'un d'entre eux, est présente aussi la petite fille de la défunte Sophie, celle-ci est enceinte, future mère célibataire qui assume pleinement sa situation, elle est revenue habiter la grande maison délabrée et a repris le théâtre de marionnettes ambulant de sa grand-mère.
Une lettre explosive de la grand-mère, qui doit être impérativement ouverte après sa mort va provoquer une réaction en chaîne pleine de rebondissements.
Voilà une belle balade intergénérationnelle, déjantée, à l'humour féroce
 Un bel hommage à la vieillesse, renforcé par les illustrations, oui les vieux ont été jeunes, ils ont aimé, ont eu des histoires d'amour tristes, ont eu des enfants, une vie sociale, professionnelle, des passions parfois qui ont pris toute la place au détriment de leur vie de famille, le va et vient dans le temps nous les rend plus proches
Maintenant ils luttent non pas contre le vieillissement, non ils sont vieux définitivement mais ils luttent pour être responsable de leur vieillesse, pour avoir leur mot à dire malgré les défaillances du corps et de l'esprit.

-          Marthe et Mathilde, roman de Pascale Hugues,
 coup de cœur de Catherine et Denise
Marthe et Mathilde par Hugues
Pascale Hugues nous raconte au travers de l'amitié, qui lie ses deux grands-mères depuis plus 90 ans, l'histoire mouvementée de l'Alsace. Marthe, l'alsacienne et Mathilde l'allemande, sont nées toutes les deux en 1902. Elles se rencontrent à l'âge de 6 ans et ne se quittent plus jusqu'à leur mort, à l'aube de leurs 100 ans.
Marthe et Mathilde, ce n'est pas seulement l'histoire d'une amitié qui a duré toute une vie, mais c'est aussi l'histoire d'une population déchirée entre la France et l'Allemagne. L'Alsace annexée à l'Allemagne depuis 1870, redevient française en 1918, après la fin de la guerre. Entre les deux guerres, l'Alsace est française. Elle redevient allemande pendant la deuxième guerre mondiale et enfin elle est française depuis 1945. Ce qui veut dire que pendant leur vie, nombreux alsaciens ont ainsi changé 4 ou 5 fois de nationalité !!
Un récit très touchant.


-          Rudik, un autre Noureev, roman de Pierre Grimbert,
coup de cœur de Nicole
Rudik, l'autre Noureev par Grimbert
"Elle ne m'a pas reconnu» ; ainsi commence la première consultation de Rudolf Noureev qui est suivi en thérapie par le psychanalyste de grand renom Tristan Feller.
Nous sommes à la fin des années 80, Noureev, après son célèbre saut vers la liberté qui lui a permis, en 1961, d'échapper aux sbires du KGB qui devaient veiller à son retour vers Leningrad depuis l'aéroport d'Orly, a connu une carrière prodigieuse.
Il est alors mondialement connu à l'exception, ironie du sort, de son pays d'origine, qui s'appelle encore l'URSS.
Le thérapeute est vite déstabilisé par la personnalité hors du commun de Noureev.
La blessure chez le danseur est vive : il revient d'Oufa, dans l'Oural.
Sa mère ne l'a pas reconnu après tant d'années de séparation.
Pour lui toutes les blessures d'enfance se ravivent.
Ses relations houleuses avec son père qui n'a jamais accepté la vocation de son fils pour la danse, son amour pour le danseur étoile danois Erik Bruhn, sa longue liaison avec la danseuse étoile Margot Fonteyn, tout va être mis à jour sous le regard bienveillant du psychanalyste qui va franchir un peu les limites de la déontologie en acceptant plusieurs invitations de son célèbre patient.
Le livre est court mais d'une grande richesse psychologique. Par cette série d'entretiens avec le psychanalyste, nous découvrons l'autre versant de cette personnalité qui a marqué son époque.
Un récit passionnant et plein d 'humanité.

-          Un secret , roman de Philippe Grimbert,
 coup de cœur de Nicole
"Fils unique, j'ai longtemps eu un frère".
Un secret par Grimbert
Par ces mots en incipit, le narrateur revient sur ses années d'enfance troublées par le poids d'un secret familial.
Très tôt, le jeune garçon à la constitution fragile sent confusément ce que tous tentent de lui cacher depuis toujours.
Alors il s'invente un frère, plus grand, plus fort.
C'est Louise, confidente et amie de la famille, qui délivrera le garçon craintif des fantômes du passé en osant révéler l'inavouable, ce douloureux secret inscrit dans L’Histoire et dans la chair des siens.
Largement autobiographique, ce court récit plein de sincérité sonne juste.
Avec sobriété, l'auteur nous révèle la part intime de sa propre histoire et nous livre le drame familial qui lui a permis de voir le jour.
On se laisse aisément entraîner par le caractère feutré du roman, son climat de douceur et de nostalgie où sensibilité et émotion s'inscrivent délicatement au fil des pages.
Gravité, intensité, délicatesse...ce beau roman qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique, émeut, bouleverse, remue doucement et laisse, une fois le livre refermé, sa petite musique égrener encore ses notes mélancoliques dans le cœur du lecteur.

-          Le clafoutis aux tomates cerises, roman de Véronique de Bure,
 coup de cœur de Denise
Jeanne est une vieille dame de quatre-vingt-dix ans.
René, son mari est décédé ; elle vit dans un village près de Lapalisse avec comme ville la plus proche, Vichy.
Un clafoutis aux tomates cerises par Bure
Jeanne habite dans une grande maison, rassurée par la présence de ses voisins Marcelle et Fernand.
Son ménage est assuré par Angèle et elle a un "beau" jardinier...
Autonome grâce à sa voiture, elle rend visite à ses amies, joue au bridge, va à la messe le dimanche, fait ses courses au supermarché...
Chez elle, elle remplit les grilles de mots croisés du Figaro, cuisine des petits plats pour ses amies, pour sa fille et ses enfants qui viennent souvent lui rendre visite. Son fils s'occupe de ses papiers et des travaux de la maison.
L'auteure nous raconte une année de la vie de Jeanne sous forme d'un journal tenu par la vieille dame.
Le langage est très coloré, très humoristique.




-          Le poids de la neige, Roman de Christian-Guay Poliquin,
coup de cœur de Evelyne
Le Poids de la neige par Guay-Poliquin
De sa fenêtre, tout est blanc. La neige a recouvert, de son épais manteau tout le paysage, faisant se plier les arbres de la forêt. Alors qu'il voulait rendre visite à son père mourant, le fils du mécanicien a eu un terrible accident de voiture, le paralysant des jambes. Depuis, il vit cloîtré dans la véranda du vieux Matthias qui a bien voulu s'occuper de lui pendant sa convalescence. Avec l'aide du pharmacien, de la vétérinaire et du vigile, il lui prépare à manger, le lave et change ses pansements. Tout ceci en échange d'un probable retour vers la ville. Des semaines, des mois que cela dure. Que les deux hommes vivent ainsi, reculés du village, emprisonnés par cette neige qui ne cesse de tomber et de les isoler...
Christian Guay-Poliquin nous plonge dans une ambiance post-apocalyptique et mystérieuse. Que s'est-il passé pour que tous les habitants de ce village reculé se retrouvent sans électricité ? Que tous essaient de s'enfuir vers la ville, désertant peu à peu le village où les réserves de vivres s'amenuisent ? C'est au cœur de cette nature sauvage, hostile, un brin angoissante mais somptueuse que nous plonge l'auteur. Attendant désespérément le printemps, les deux hommes, confinés dans la véranda, vont devoir cohabiter ensemble et vont immanquablement tisser des liens parfois insaisissables et complexes. Ce roman surprend tout autant qu'il nous happe et nous claquemure. Un huis-clos oppressant à l'écriture sèche et brève, où l'on assiste à un face à face latent.

-          La tomate, Bd Adulte de Anne-Laure Reboul,
coup de cœur de Lydie
Couverture La tomate 
Dans un futur aseptisé et indéterminé, des agents ont pour mandat de faire table rase du passé : livres, œuvres d’Art, tout est systématiquement et impitoyablement détruit. L’alimentation est devenue entièrement réglementée par des multinationales. Ce sont elles qui produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens, si bien qu’il est devenu strictement interdit de cultiver ses propres semences. Anne, qui travaille pour le service d’épuration, trouve par hasard quelques semences qu’elle plante dans une poignée de terre. Pour avoir osé les faire pousser chez elle, elle est emmenée devant les tribunaux. Ceci est l’histoire de son procès.
Dans la lignée des grandes œuvres d’anticipation telles que SOS Bonheur ou 1984, ce nouvel album de Régis Penet questionne les dérives de notre société moderne et l’appropriation du vivant par des sociétés privées. Un récit qui part de rien (une simple tomate) et nous raconte la fin du monde... dans un futur qui ne nous semble pas si éloigné.
-          Série Silex and the city, Bd Adulte de Jul,
coup de cœur de Lydie


40 000 avant J.-C. : une vallée résiste encore et toujours à l'Évolution. À l'aube de l'humanité, Blog Dotcom est un "homo-erectus qui se lève tôt" : pour changer tout ça, il décide de se présenter aux élections. Avec une femme prof de Préhistoire-Géo en ZEP (Zone d'Évolution Prioritaire), un fils cadet militant alter-darwiniste opposé à l'usage du feu et de la fourrure, et une fille aînée qui flirte avec Rahan de la Pétaudière, fils à papa héritier du plus gros volcan - récemment privatisé - de la région, il n'est pas au bout de ses peines.
De la Biennale d'Art Préhistorique Contemporain aux Ancêtres de Don Quichotte, des Dolto-sapiens aux "minorités visibles" néandertaliennes, c'est tout notre théâtre contemporain qui défile en peaux de bêtes, pour une parodie au vitriol de notre société évoluée. Une belle assemblée......





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 CAFE LECTURE DU 02 JUIN 2018
 La Médiathèque ....



                                               .............  a accueilli Mme LOPES-NEBTI.

Toujours souriante et disponible elle nous a fait découvrir sa dernière Nouvelle :
                                                               JARDIN DE SOI(E)
dans laquelle elle nous propose " de découvrir l'intériorité et le destin de femmes peu communes, prises dans la spirale de la grande guerre. "

Nous ne manquerons pas de la recevoir à nouveau lorsque son prochain "travail" sera prêt.

 


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Coups de cœur du café lecture 03 février 2018

-          On ne meurt pas la bouche pleine, Policier de Odile Bouhier & Thierry Marx
        coup de cœur de Claire.

Achille Simmeo, 57 ans, commandant de police féru d'art asiatique et amateur de Perrier-Jouet Belle époque, qui ne se remet pas de la mort tragique de son épouse Chloé, assassinée à coup de hache par un psychopathe mal contrôlé. Au cours d'une de ses pérégrinations à l'hôtel des Ventes, il repère un couple de japonais très chics, acquéreur d'une superbe armure ancienne. Appelé soudain sur une scène de crime dans un palace parisien, il tombe sur la dame japonaise en train d'étouffer, secourue par le SAMU et apparemment en très mauvaise posture … Quelques heures plus tard, on apprend que son époux, de retour d'une soirée au casino d'Enghien, est retrouvé mort au volant de sa voiture. Et, simultanément à Tokyo, plusieurs morts « naturelles » sont enregistrées dans les rangs d'une des familles de yakusas les plus influentes. Coïncidences ? Certainement pas.

Une belle japonaise foudroyée par un cancer du foie, son mari écrasé dans son véhicule alors qu'il ne boit que du thé, un homme de main retrouvé frappé d'un infarctus dans les bureaux de l'ambassade de France à Tokyo, le suicide d'un ponte de la mafia japonaise à la suite de l'annonce d'une tumeur au cerveau : quatre personnes identifiées comme appartenant à la pègre la plus puissante du Japon, qui se connaissaient de longue date et ont un point commun : ils ont tous dîné dans le même restaurant parisien étoilé à quelques heures d'écart …
Achille Simmeo saisit l'occasion pour poursuivre l'enquête au Japon. Et nous en profitons pour apprendre en même temps que lui une foule de choses sur la place des yakusas dans la société et l'économie japonaises. C'est foisonnant, un peu brouillon, mais nous plonge, tel un manga, dans l'univers des quartiers, des bars et des clubs – en particulier ceux qui mettent en scène de jeunes adolescentes – de la capitale tokyoïte. Le tout enrobé dans un nuage de cuisine moléculaire … Déroutant, parfois, mais haletant, toujours.
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-          La sorcière de Camillia Läckberg, Policier
        coup de cœur de Françoise
Une fillette de quatre ans, Nea, disparait. Elle est retrouvée morte quelques heures après. Coïncidence? Trente ans plus tôt, une petite fille qui habitait dans la même ferme que Nea, Stella, avait été assassinée. Deux amies adolescentes, Marie et Helen, ses baby-sitters, avaient avoué le meurtre avant de se rétracter et de clamer leur innocence. Si Helen habite toujours dans les environs, avec son mari et son fils, Marie est devenue une actrice célèbre et – coïncidence? – elle est de retour dans la petite ville pour un tournage. En parallèle, Camilla Läckberg nous conte l’histoire d’une veuve de pêcheur au XVIIe siècle, Elin. Sans revenus après la mort de son mari, elle entre au service de sa sœur, qui a épousé un pasteur, en tant que servante…

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-          L’art de perdre, roman de Alice Zeniter
        coup de cœur de Monique
Une saga familiale foisonnante qui débute dans l'Algérie des années 30.
Dans la première partie, nous rencontrons Ali qui, dans sa Kabilie natale, semble promis à un avenir bouché à se casser le dos à essayer de cultiver une terre rocailleuse jusqu'à ce qu'un jour, comme un cadeau du ciel, un pressoir charrié par la rivière croise sa route, manquant de peu de l'estropier.
Dès lors, sa vie se transforme, Ali se lance dans la culture des oliviers et produit de l'huile, les affaires sont florissantes.
Mais ce que l'on appelle pudiquement « les évènements » sont en marche et le destin de bien des hommes et celui d'Ali devenu Harki va basculer, jusqu'à ce qu'un bateau l'emmène sous d'autres cieux.
Dans la deuxième partie, Ali essaie de survivre avec sa famille dans un camp à Rivesaltes et Hamid, son fils va poser des questions qui resteront sans réponse. Le père à jamais blessé, garde le silence. Un fossé d'incompréhension va se creuser peu à peu.
Naïma, la petite fille d'Ali, vit heureuse à Paris, jusqu'à ce que les attentats de 2015, l'obligent à se poser des questions sur le passé de sa famille dont elle ignore tout.
Il y a beaucoup d'émotion et d'amour dans ce livre, même si les sentiments restent muets, faute de mots pour dire je t'aime ou je te comprends.
Ce roman poignant évoque avec subtilité et émotion les destins brisés par l’Histoire et l'irrationalité des hommes, les séquelles de la colonisation, l'exil, le déracinement, le lourd poids de l'héritage familial mais aussi la force de l'amour filial.
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-          Un loup pour l’homme, roman de Brigitte Giraud
        coup de cœur de Lydie
Comme beaucoup de jeunes hommes de sa génération, Antoine doit tout quitter pour aller en Algérie. Nous sommes en 1960, il a une vingtaine d'années, sa femme attend leur premier bébé et lorsqu'elle a exprimé son refus de mettre cet enfant au monde seule, le médecin suisse consulté n'a pas voulu pratiquer une IVG : « Si toutes les femmes de soldats avaient avorté, la terre serait dépeuplée ». Et puis « l'Algérie, ce n'est pas la même chose qu'une guerre », assure-t-il.
De guerre, il n'est en effet pas question officiellement, on parle seulement de ‘maintenir l'ordre', de 'pacifier'. Antoine part, laissant à Lyon sa femme et le bébé à naître. Il a choisi d'être infirmier : « Il n'était pas d'un tempérament guerrier, il préférait soigner ».
En effet, on ne lui demande pas de prendre les armes. Il travaille dans un hôpital de guerre, et est parfois envoyé sur le terrain pour soigner des blessés ou ramasser des cadavres. Mais ces corps abîmés ou détruits ne mentent pas et lui parlent bien d'une guerre sauvage, eux, pas d'un simple ‘maintien de l'ordre'.
Brigitte Giraud évoque joliment l'amitié, les confidences, l'amour, les lâchetés, les remords, le désespoir et l'autodestruction. Les détails du quotidien et les sentiments plus ou moins avouables donnent au récit une grande justesse : la jalousie envers les chanceux restés en France, le besoin soudain d'un fils d'échanger avec son père, parce que lui aussi a connu la guerre ; les lettres qu'on envoie, dans lesquelles on ne dit pas tout, où l'on rassure, et celles qu'on reçoit : « Le bonheur devant la phrase d'une mère, qui pour la première fois laisse deviner son amour, et à qui en retour ils tentent d'exprimer, sans trop s'épancher, l'attachement qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de nommer. »
Le troisième chapitre, « Oscar », avec qui Antoine s'investit beaucoup car avec lui tout est à recommence, est très touchant. Oscar est un être brisé, devenu mutique car handicapé (amputé d'une jambe) et refuse toute relation. Mais Antoine fait tout son possible pour lui redonner goût à la vie, accepter son handicap, le remettre debout, le refaire parler. Oscar est un personnage vraiment touchant (obsédé par les loups). Et se pose aussi la question, en parallèle, celle de devenir père. Mais également celle de savoir si on peut revenir…Ses chapitres sont courts, de même que les phrases (pour correspondre à des tranches de vie)
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-          La promesse d’un ciel étoilé, roman de Alyson McQueen
        coup de cœur de Paulette F

C'est l'histoire d'une jeune femme anglaise qui a une mère éprouvant de l'amertume envers la vie et qui se montre parfois violente avec elle. Son père pour tenter de donner un nouveau souffle à son couple et une meilleure vie à sa fille décide d'installer sa famille en Inde pour quelques mois dans le palais d'un maharadja où il y exercera sa profession. Là, l'héroïne, prénommée Sophie, rencontre un amour impossible avec un jeune indien aux yeux d'un vert extraordinaire, Jag, fils d'un domestique. Mais voilà, les mœurs de l'époque interdisent l'amour entre ces deux jeunes gens. Il s'agit donc d'un roman d'un genre dramatique. Il nous raconte la vie de Sophie et son devenir comme si cela se déroulait sous nos yeux dans une Inde qui commence sa mutation passant d'une certaine richesse pour certains au chaos généralisé sous fond de changement de régime politique et de modernisation, puis en Angleterre où Sophie mène une vie classique et enfin en Inde où Sophie, récemment mariée, retourne 10 ans après pour suivre son époux et se retrouve dans un cercle d'anglais avec des protocoles à respecter et une vie mondaine etc.... Par ailleurs, nous suivons le devenir de Jag qui reste lié dans son cœur et son âme à Sophie.
J'ai beaucoup apprécié le fond historique raconté de ce pays qu'est l'Inde, très bien décrit par l'auteure et ses personnages "bien dessinés". L'histoire est très plausible, semble très réelle. On dirait une histoire vraie ! 
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-          Le temps est assassin, Policier de Michel Bussi
       coup de cœur de Lydie
Le lecteur suit fébrilement la trajectoire de Clotilde, héroïne principale. En 1989, âgée de 15 ans, elle passe ses vacances comme chaque année, sur la terre natale de son père. Rebelle comme le sont souvent les ados à son âge, elle ressemble à un hérisson gothique, qui écoute Manu Chao et tient scrupuleusement un journal pour parler à un mystérieux lecteur imaginaire voyageur intergalactique. Un malheureux accident de Fuego la prive à la fois de son frère et de ses parents. En 2016, 27 ans après les événements qui ont à la fois broyé et construit sa vie, elle revient sur les lieux du drame sur le mode « pèlerinage ». Mais voilà, pour les cor ses, 27 ans, ce n'est rien face aux haines ancestrales, et elle va être confrontée à des éléments nouveaux, qui vont l'inciter à chercher, encore et encore, la vérité sur l'accident dont elle a été l'unique survivante. Et pendant ce temps, son journal d'adolescente a disparu, aux mains de... de qui au fait ?
En 2016, la Passat a remplacé la Fuego, et Clotilde va mettre peu à peu ses pieds dans les traces qu'ont laissées ses parents sur l'île de Beauté. En alternance, Michel Bussi fait découvrir au lecteur le contenu du journal adolescent de Clotilde, puis les faits qui la confrontent au passé, en 2016, lorsqu'elle revient au camping des Euproctes, bardée de son mari et de sa fille, Valentine.
Un thriller qu'on ne peut pas lâcher avant de connaitre la fin. D'une écriture rythmée le roman se lit facilement, les personnages sont attachants.
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-          Le purgatoire des innocents, Policier de Karine Giebel
        coup de cœur de Paulette
Le roman commence par le vol d’une bijouterie, Place Vendôme, à Paris. Tout se passe normalement (pour un braquage, bien sûr ...) jusqu’au moment où, à la sortie du commerce, la police intervient. Une fusillade éclate. Les quatre voleurs réussissent à s’en tirer sauf un. William, le petit frère de Raphaël, le leader du groupe, est gravement blessé et doit voir un médecin le plus tôt possible. La décision est prise : on retarde la vente des 30 millions d’euros de bijoux, on trouve quelqu’un pour soigner le jeune et on repart dès que celui-ci sera sauvé.
Dans un petit village, à quelques centaines de kilomètres de Paris, le groupe kidnappe Sandra, une vétérinaire, et s’installe dans sa maison. Le mari est absent ! Pour l’instant ! Et là, ça ne fait que commencer ! Deux jours après le vol, le mari revient ... et l’horreur se continue ! Non, la véritable horreur commence ! Très vite, la planque, ce « Purgatoire des innocents » devient l’enfer des coupables. Et dans un crescendo insoutenable, les événements vont se succéder à une vitesse diabolique et comme lecteur, vous serez pris dans ce tourbillon infernal, incapable de lâcher le roman, pris parfois par la nausée mais drôlement accroché au récit. À vous de découvrir ce qui se passe dans cette maison de campagne et dans les dépendances qui l’entourent.
Mais je ne peux passer sous silence le talent extraordinaire de Karine Giebel pour créer une ambiance pleine d’angoisse et de suspense. Dans un style concis, direct et parfois très brutal, elle ne nous épargne rien et ses descriptions de l’horreur nous donnent froid dans le dos. Mais, en même temps, elle nous chavire les émotions dans des moments émouvants, presque dramatiques, où l’amour fraternel transcende toute l’horreur de la situation. L’auteure fait même le pari de nous rendre sympathique et de nous faire aimer, quelqu’un qui, au départ, n’a rien pour attirer notre compassion. Et elle réussit. Tout le long du roman, on s’attache de plus en plus aux personnages des frères braqueur ; on oublie presque ce qu’ils ont fait, ce qu’ils pourraient faire. 
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       coup de cœur de Lydie

"Frères d'exil" est un roman ado construit sur des petites touches d'émotion, des petits chapitres blancs et bleus qui s'alternent. Des legs épistolaires bleus viennent se ranger donc dans l'aventure, offrant ainsi des fenêtres pour oublier, se changer les idées ou bien au contraire se souvenir.
La toute petite Nani, 8 ans, s'octroie des pauses lecture avec Semeio, un jeune garçon de son âge, elle découvre les lettres que lui a écrite son grand-père, cadeau de départ. Nani et Semeio sont aussi proche que s’ils avaient été frères et sœurs. Les parents de Nani ont recueilli le garçon qui a perdu son grand-père au moment du départ vers ailleurs.
Nani a rajouté à son "chère Nani" un " cher Semeio", dédiant alors ses confidences à son nouveau camarade d'adoption comme si elles venaient aussi de son propre grand-père.
Nous sommes amplement dans la transmission, Enoha le ipa de Nani(grand-père) offre des mots, les conseils, les observations du monde, des confidences à connotation éducative, il inscrit sur le papier toute ce qu’il n'aura pas eu le temps de lui transmettre.
Comme il le dit, il reste ainsi avec elle, où qu'elle soit, planté comme une graine dans son cœur.
Le roman démarre sur l'exode d'une île ressemblant à la Polynésie, une terre bientôt submergée par les eaux. Janek et Youmi, les parents de Nani prennent ce qu'ils peuvent, laissant des parents qui capitulent devant la difficulté à se déplacer très loin et se sentant trop âgés pour les suivre. Nous sommes vraiment dans un sentiment fort mais doucement exprimé concernant ce qu'on laisse derrière soi, les choses, les gens, les souvenirs d'une vie construite et déconstruite aussi sûrement, facilement que si l'on avait soufflé sur une maison de paille.
Cette mésaventure, ce recommencement n'est pas une histoire vraie mais toutes ressemblances avec un fait réel n'est pas fortuit.

Oui, Kochka tisse sa trame sur les sentiments, sans trop rentrer dans les détails logistiques. Cette famille loue le ciel d'être encore réunie malgré les épreuves, d'avoir accueilli Semeio, d'avoir retrouvé leurs voisins sur le chemin, un lien qui leur permettra de ne pas partir de rien, de garder un lien avec un quotidien dont ils ne feront pas complètement le deuil finalement.

L'écho du grand-père Enoha est une bouffée d'air frais émouvante, cela donne presque deux histoires au regard des différents courriers, il raconte aussi son enfance.
C'est court, émouvant, qu'on adhère ou ignore une actualité proche.


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Coups de cœur Café Lecture du 02 décembre 2017


-          L’ordre du jour de Eric Vuillard, Roman prix Goncourt 2017 -  
           coup de cœur de Paulette F.
L'ordre du jour par Vuillard Dans ce court récit historique, Eric Vuillard nous fait pénétrer dans les coulisses de l'annexion autrichienne. De la réunion des industriels allemands complices financeurs d'Hitler à la marche pour le moins chaotique des blindés, on se prend pour une petite souris, témoin apeurée par cette horde de Sapiens tyranniques, bluffeurs et cyniques. La disproportion entre les ressorts et les conséquences historiques fait frémir.
Les scènes se succèdent comme autant de chapîtres :
- Duel de dictateurs entre Hitler et Schuschnigg, et c'est celui qui en impose le plus qui écrase l'autre. Le chancelier autrichien obtempère.
- Grain de sable dans la mécanique des panzer(blindés) qui ridiculise l'invasion du voisin autrichien.
- Lâcheté des politiques européens, manipulés et aveugles, ....
Toutes plus édifiantes les unes que les autres, elles sont enrobées dans une narration qui prend une distance désabusée, teintée d'ironie, justifiée par une documentation riche.
-          Le jour d’avant, Roman de Sorj Chalandon - coup de cœur d’Evelyne   
Ils font partie de l'armée des simples gens, celle des mineurs et des agriculteurs : Michel et Joseph, deux frères qui s'aiment à la vie à la mort, rêvent de pilotes et de courses automobiles.
Le jour d'avant par ChalandonJoseph devient mécanicien puis mineur - contre l'avis de son père qui l'aurait voulu agriculteur comme lui - et meurt dans un accident. Nous sommes le 27 décembre 1974, après un coup de grisou quarante-deux mineurs perdent la vie dans la fosse de Saint-Amé à Liévin.
Inconsolable et intraitable, Michel vengera son frère des hommes sans scrupules pour qui seul le rendement compte au détriment de la sécurité. Michel qui a trouvé le mot écrit par son père avant de se pendre : " Michel venge-nous de la mine ".
Mais sentiment de culpabilité, déni pur, besoin d'être confondu, Michel finira par vouloir être jugé pour la mort de Joseph.
Militant (Chalandon est un ancien maoïste), Le jour d'avant prend le parti des plus faibles. Récit d'un drame national presque ignoré, récit d'un naufrage familial et personnel, il nous raconte la faiblesse de la justice des hommes face à l'indicible. C'est triste et pudique, éprouvant, et fort.

- La salle de bal, Roman de Anna Hope - coup de cœur de Françoise
     Mille neuf cent onze, un asile dans le Yorkshire. Les hommes et les femmes sont reclus dans des bâtiments différents, sans contact entre eux. Sauf le vendredi, dans la grande salle de bal, sont organisées des danses. Les hommes et les femmes peuvent danser ensemble et sentir un peu de liberté, de bonheur.
     Dans des chapitres alternés, le roman suit trois personnages. Ella Frey, une toute jeune fille, enfermée de force pour avoir brisé une fenêtre sur son lieu de travail. John Mulligan, un Irlandais, mélancolique après la mort de sa fille et la séparation de sa femme, il a été retrouvé errant dans les campagnes. Charles Fuller, le médecin de l'asile, diplômé de l'Ecole de médecine pour faire plaisir à son père, sa grande passion est la musique. Ambitieux il pense que la musique peut être une thérapie. Il est également très intéressé par l'eugénisme. Très bien documenté, le roman nous fait découvrir le monde effrayant des asiles du début du siècle dernier. Le traitement des personnes atteintes de maladie mentale était proche de la barbarie, la pauvreté et la folie étaient, aux yeux des médecins, synonymes.

      La beauté de la campagne du Yorkshire à travers les saisons fait contraste avec les murs gris et les fenêtres à barreaux des bâtiments. Anna Hope nous offre là un roman mélancolique mais aussi d'espérance. John et Ella reprennent espoir quand ils se trouvent.

     Un roman sur l'amour, le pouvoir, la folie, la pauvreté et la survie.


- Femme à la mobylette - Roman de Jean-Luc Seigle - coup de cœur de Lydie
      Une histoire qui débute dans le désespoir d'une femme, Reine, acculée financièrement, et mentalement. Au chômage depuis un long moment, abandonnée par son mari, elle ne sait comment sortir du tunnel, et faire vivre décemment ses trois enfants...Elle pense à faire le pire...Ouf, elle se reprend, nettoie son jardin, embarrassé par des tonnes d'objets, de ferraille, que son mari avait accumulés... Elle veut au moins retrouver un jardin digne de ce nom, des fleurs...une sorte de beauté dans le quotidien, qui aide à vivre et à espérer, et MIRACLE, elle va trouver une vieille mobylette, qu'elle parvient à faire démarrer. Grâce à cette vielle mobylette elle va pouvoir retrouver du travail, et faire une belle rencontre.
    Mais malheureusement la vie n’est pas un long fleuve tranquille... Jean-Luc Seigle brosse le portrait d'une femme très fragile, une laissée pour compte que j'ai trouvée très émouvante dans son désir de se redonner une certaine élégance pour décrocher un travail alors qu'elle se laissait physiquement aller depuis des années. Une femme pour qui le simple regard d'un homme dont elle tombe amoureuse ravive une confiance en elle mise à mal par la vie. La psychologie des personnages est très fouillée, je n'oublierai pas le regard d'Igor sur sa mère lui qui est le seul à sentir venir ses crises, lui qui est un peu le miroir de Reine. Jean-Luc Seigle a le don de mettre en scène des personnages poignants pour qui on éprouve immédiatement de l'empathie et de nous offrir des histoires très fortes dans lesquelles il dénonce bien des injustices.


- J’ai toujours cette musique dans la tête - Roman de Agnès Martin-Lugand
   coup de cœur de Geneviève
     Yanis et Véra ont la petite quarantaine et tout pour être heureux. Ils s'aiment comme au premier jour et sont les parents de trois magnifiques enfants. Seulement voilà, Yanis, talentueux autodidacte dans le bâtiment, vit de plus en plus mal sa collaboration avec Luc, le frère architecte de Véra, qui est aussi pragmatique et prudent que lui est créatif et entreprenant. La rupture est consommée lorsque Luc refuse LE chantier que Yanis attendait. Poussé par sa femme et financé par Tristan, un client providentiel qui ne jure que par lui, Yanis se lance à son compte, dont il ne soupçonne pas le péril… se peut-il que leur musique se transforme en cacophonie… ? Une plume qui vous transporte littéralement dans le quotidien des personnages. Vous voyez les scènes comme dans un film.
     Agnès Martin-Lugand signe encore une fois un roman sincère, beau et touchant. Une histoire sur les choix d'une vie, sur l'évolution d'une carrière et sur la volonté qu'on y met à la réussir.

- Une fille dans la jungle, Roman de Delphine Coulin - coup de cœur de Paulette F.
 Isabelle Coulin nous donne à lire un superbe roman, à la fois violent et lumineux.

Une fille dans la jungle par Coulin  «Une fille dans la jungle », c'est Hawa, une ado Ethiopienne, sans papier que nous suivons dans cette jungle qu'elle refuse de quitter, malgré le démantèlement annoncé. A quoi bon partir vers une destination inconnue ? Ici au moins, elle a ses habitudes et ses copains de galère. Tous rêvent d'Angleterre et de jours meilleurs. Marre de cette crasse, de ce dénuement, de cette misère qui leur colle à la peau, plus surement que la boue à leurs chaussures. Il y a forcément, un ailleurs qui leur offrira un avenir. Ils y croient et nuit après nuit, ils tentent leur chance.

     Lire "Une fille dans la jungle" c'est prendre une grande claque, qui aide à relativiser tous nos minuscules tracas quotidiens.



- Sharko de Franck Thilliez, roman policier - coup de cœur de Lydie
 
Sixième enquête faisant intervenir notre duo d'enquêteur Sharko & Henebelle et on peut dire que ce livre est celui de tous les dangers.
      Lucie à la demande de sa tante décide de poursuivre l'enquête de son oncle décédé concernant la disparition de Laetitia Charlent dont le premier et unique suspect serait Julien Ramirez. Son oncle avait plutôt bien avancé dans l'enquête et avait même réussi à se procurer un double des clefs de ce suspect. Lucie prend la décision de se rendre chez Julien Ramirez. Pensant la maison vide, elle s'introduit sur les lieux et se dirige vers la cave. Là, elle entend des vagissements comme ceux d'un bébé et découvre la source des bruits. Elle n'a pas le temps d'être horrifiée que Julien Ramirez lui tombe dessus et tente de l'étouffer avec une bâche en plastique. Lucie se débat et tire sur cet homme à bout portant, le tuant...
     Horrifiée, elle avertit Sharko de ce qui vient de se passer et celui-ci arrive sur les lieux, nettoie les lieux en bon policier. Seulement, il ne trouve pas la douille qui pourrait remonter à Lucie. Sans la moindre hésitation, il renvoie Lucie auprès de ses fils et maquille la scène de telle sorte que l'affaire leur soit dévolue. L'affaire tombe entre les mains du 36 quai des Orfèvres donc de Sharko et la chasse est lancée. L'enquête révèle une victime au passé sombre, glauque et les découvertes réalisées vont conduire l'enquête dans un univers sanglant. Sharko et Henebelle devront résoudre cette affaire tout en s'assurant que leurs collègues ne fassent pas le lien avec eux. Seulement, l'équipe se compose de bons limiers...
     Une trame des plus captivantes avec pour une fois un criminel que nous connaissons tous dès les premières pages, Lucie Henebelle. Le lecteur ensuite voit petit à petit le filet des investigations se resserrer autour d'elle suite à des erreurs comme des propos ou des changements dans ses habitudes qui mettent la puce à l'oreille. C'est captivant et stressant à la fois pour le lecteur.
     Une valeur sûre du thriller avec encore une fois une intrigue captivante et sombre. Le lecteur commençant la lecture de ce livre va devoir suivre le rythme imposé par Franck Thilliez.
     Petite nature s'abstenir.
- Manège de Daniel Parokia - roman coup de cœur de Nicole
    Il y a dans nos vies des milliers de chansons, et certaines directement associées à un moment bien précis. Pour Matteo, c'est Non ho l'età de Gigliola Cinquetti qui lui rappelle une vieille histoire d'amour.
    "Un souvenir d'autant plus vif qu'à peu près à la même époque il avait acheté un scooter et était tombé amoureux pour la première fois, de Mathilda, justement.
    Pour lui, Gigliola faisait partie des cadres sociaux de sa mémoire - une mémoire douloureuse car l'expérience de ce primo amore avait été assez cuisante pour lui laisser des traces indélébiles, loin de la chanson sucrée qui, pour toujours, le lui rappellerait."
     Et c'est en se faisant renverser par une voiture à un carrefour qu'il va retrouver cette amoureuse qui n'est autre que la conductrice. À travers des flashback l'histoire nous est contée. On voyage entre les années 90 et les années 60, entre amour et chagrin, entre regrets et remords, dans le Lyon d'hier et d'aujourd'hui.
   Un joli roman d'ambiance qui entraîne le lecteur dans le charme cossu de l'ouest lyonnais.
     Ça sent bon les prémices de l'amour, les vacances, les bonheurs simples. Mais aussi la fascination pour Matteo de découvrir le luxe et la richesse, lui si loin de cet univers, mais qui risquent hélas de l'étourdir un certain temps. L'amoureux est aveugle et ignore la trame qui se prépare en coulisses à son insu.
     Un beau roman, une belle histoire, savoureuse comme une douce mélodie. Une danse à deux, un tour de manège qui s'arrête à la fin de l'été pour reprendre peut-être, quelques années plus tard, peut-être...

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Coups de cœur du café lecture 05 octobre 2017

-          Le livre des Baltimore Roman de Joël Dicke

                   Coup de cœur de Catherine et Paulette
Le Livre des Baltimore par Dicker
Joël Dicker nous embarque dans une sombre histoire familiale avec verve et vigueur. C’est l’histoire des Goldman, une famille américaine à deux vitesses, à deux clans qui se distinguent par leurs niveaux de vie bien différent, mais se rassemblent tout de même une fois l’an autour de la dinde de Thanksgiving. Les cousins Goldman se retrouvent ainsi, Marcus, le narrateur et Hillel, qui forment avec Woody, le fils adoptif des Baltimore un trio profondément soudé par les liens de l’amitié.
C’est du bonheur d’enfance sans nuage, tant que les hontes et les regrets, tus et enfouis sous des allures de convivialité familiale et de bons sentiments, ne refont pas surface. Leur révélation ne refera pas l’histoire, le mal est fait, le Drame a eu lieu, drame annoncé, mais savamment distillé : d’autres drames émaillent l’histoire, de plus en plus sérieux, qui laissent penser que tout est dit, mais non, on découvre qu’il y a eu plus grave.
C’est ce qui confère à l’intrigue une ambiance de thriller, même si les faits sont passés, et que le narrateur est dans une phase de reconstruction, de son histoire familiale et par la même occasion de lui-même. Joël Dicker ne nous laisse pas le choix, on ne peut résister à l’envie, page après page, d’en savoir plus sur cette famille et ses ratés. Nous avons affaire à un conteur de grand talent.

-          La sonate oubliée, Roman de Christiana Moreau

                 coup de cœur de Marie-Jo et Catherine

La sonate oubliée par MoreauLionella, d'origine italienne, vit avec ses parents et son frère, à Seraing dans la Province de Liège. Ses aïeux immigrés italiens comme beaucoup sont venus travailler en Belgique. Lionella à 17 ans est déjà une violoncelliste de talent, elle se prépare pour un prestigieux concours international qui se déroulera à Bruxelles. Dans sa famille, la musique est une passion, son père joue du piano et son frère du violon mais c'est elle la surdouée. Lionella ne sait pas quel morceau elle interprètera au concours Arpèges jusqu'au jour où Kevin, son ami d'enfance, lui offre un coffret métallique déniché dans une brocante. Surprise, dans le coffret elle découvre le journal intime de Ada, jeune orpheline vénitienne, élève violoncelliste de Vivaldi, une médaille ainsi qu'une vieille partition, pour violoncelle, dont tout laisse à penser qu'elle serait du Maestro Antonio Vivaldi. Son choix est fait, c'est cette sonate qu'elle interprètera, il ne reste plus qu'à convaincre son professeur. Plongée dans la lecture du journal d'Ada, elle découvre la vie de ces orphelines musiciennes de l'époque baroque du XVIIIe siècles enfermés dans l'anonymat.

-          Rêver, Policier de Franck Thilliez

                  coup de cœur de Lydie
                                 
-          Désorientale, premier roman Négar Djavadi,
                 Coup de cœur de Paulette

      Si vous voulez vous amuser en lisant un livre sur l'Iran. Si vous désirez être enchanté et ému par un récit entre Orient et Occident, plein de fantaisie et de vie, il faut absolument lire Désorientale.
      L'histoire fabuleuse des trois dernières générations de Sadr, une famille de bourgeois intellectuels persans, dont certains se sont opposés au Shâh et à Khomeiny, contée par Kimiâ Sadr, une jeune femme exilée en France qui tente de surmonter le déracinement et s'occidentalise à sa manière, avec humour, liberté et intelligence.
      Un premier roman aux accents autobiographiques, brillant et insolent, qui parle de l’identité et des réalités de l’exil, et n'est pas sans rappeler le remarquable Persépolis de Marjane Satrapi.

-          Le fils de l'URSARI - Roman adolescent de Xavier-Laurent Petit
                coup de cœur de Lydie
Mica, l'antique voiture de la famille de Ciprian (des Roms de la branche des Ursari dompteurs d'ours), refuse de démarrer. Cette triste nouvelle précipite ces gens du voyage dans les griffes de deux escrocs mafieux, qui leur font miroiter un avenir prometteur sur territoire français. Arrivés à Paris, père, mère et enfants emménagent dans un bidonville, entourés de familles semblables. Tous triment du matin au soir pour rembourser la dette des passeurs qui ne cesse d'augmenter. Pour s'évader de sa misère quotidienne, Ciprian observe Madame Baleine et Monsieur Enorme jouer aux « lèzéchek » dans le parc du « Lusquenbour ». Qui aurait pu se douter de la portée de cette passion sur cette famille ?

« Nous sommes les fils du vent et le monde est notre maison ». Cette phrase, pleine de sens et prononcée par Daddu, le père du héros, résume bien le décalage et l'incompréhension qui existent entre les gens du voyage et nous autres sédentaires. Avec beaucoup d'humanité, Xavier-Laurent Petit lève le voile sur le quotidien misérable de ces personnes déracinées aux regards vides, contraintes à faire la manche pour survivre. Le peu d'argent récolté sert à enrichir un système mafieux, en laissant les acteurs prisonniers d'une dette irremboursable. Un roman tout en nuances et sensibilité
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Coups de cœur du café lecture 1 juillet 2017 

-      Le grand méchant Renard - BD tout public de Benjamin Renne  

         coup de cœur de Claire

Le Grand Méchant Renard par RennerFace à un lapin idiot, un cochon jardinier, un chien paresseux et une poule caractérielle, un renard chétif tente de trouver sa place en tant que grand prédateur. Devant l'absence d'efficacité de ses méthodes, il développe une nouvelle stratégie. Sa solution : voler des œufs, élever les poussins, les effrayer et les croquer. Mais le plan tourne au vinaigre lorsque le renard se découvre un instinct maternel...

Tordante, pétillante, touchante, totalement décalée, cette BD est un concentré de bonne humeur qui parvient mine de rien à délivrer en filigrane un p'tit message d'acceptation et d'attachement à l'autre, pas forcément vain en ces temps de chaos.


 

-      La vie de ma voisine - Roman biographique de Geneviève Brisac   

         coup de cœur de Nicole     

Alors qu'elle vient de déménager, l'auteure croise Eugénie, sa voisine, une vieille dame. Elle souhaite lui parler de Charlotte Delbo, ancienne déportée de Ravensbrück. Parler des autres pour ne pas parler d'elle, c'est l'un des points communs entre Jenny et Geneviève Brisac.

 L'auteur nous emporte dans la conversation de ces deux voisines. L'une raconte, l'autre écrit, mais les deux à leur manière témoignent. Et l'ensemble des événements racontés, chacun des éléments qui relève de l'expérience individuelle (c'est la vie d'une personne qui est racontée) devient un témoignage du vécut et d'une mémoire collective car chaque fait est replacé dans le contexte politique et social de l'époque : lois antijuives, mesures sur la déportation, condition de la femme avant, pendant et après la guerre.

D'une écriture simple, fait de courtes phrases sans fioritures, « Vie de ma voisine » est un témoignage fort sur la Shoah, parfois un peu brouillon, mais bouleversant.

 Par amour - Roman de Valérie Tong Cuong

   coup de cœur de Pierre-Yves

Par amour par Tong Cuong

Le Havre, ville martyre.

Sous la botte allemande, sous le feu des alliés, au milieu du chaos, on va vivre le quotidien d'une famille unie, soudée qui se débat pour survivre.

Le charisme des personnages, et le travail de recherche historique font de ce roman choral un formidable témoignage.

Outre l'histoire familiale, l'auteur ne manque pas d'exposer la situation générale en France et en Europe et s'étend un peu plus sur le sort de l’Algérie, qui vivait son époque coloniale.

Si ce roman semble apporter un souffle nouveau sur un thème mille fois traité, on le doit sans doute à l'infinie sensibilité de l'auteure qui démontre avec intelligence et doigté que chaque être est unique et le reste quand il est possible de faire un tout en unissant les différences.

Un superbe roman sur l'amour, moteur de nos actes et des choix que nous faisons face aux écueils de la vie. Une histoire émouvante sur la solidité des liens familiaux, le courage, la force du caractère, la générosité et le doute.

-     Il y a un robot dans le jardin - Roman Science-Fiction (Anticipation)

Il y a un robot dans le jardin par Install       de Déborah Install, 

       coup de cœur de Lydie, Claire et Sylvia

Dans un monde où acquérir un androïde fonctionnel est devenu tout à fait possible, Ben est peut-être en train de laisser passer le train de sa vie. Vivant sur l'héritage de ses parents, il regarde, impuissant, sa femme avocate s'éloigner de lui. Mais, un matin, Ben trouve un robot dans son jardin. Un adorable petit machin de ferraille qui, assis dans l'herbe, contemplant des chevaux, éprouve toutes les peines du monde à expliquer ce qu'il fabrique ici. Contre toute attente, Ben s'embarque alors avec Tang dans une quête à travers tout le pays afin de ramener le robot à son propriétaire. Tendre et malicieux, drôle et manipulateur, Tang apprend vite. Et si, sous le vernis écaillé de l'intelligence artificielle, se cachait un vrai cœur ? Et si, au bout du chemin, Ben trouvait bien plus que ce qu'il pensait chercher ?

Avec une écriture naturelle et fluide sur un ton décalé, c’est un roman à mettre entre toutes les mains, un récit basé sur de la SF, sans une once de violence mais non dénué d'intelligence, souvent drôle et qui donne des envies de bienveillance.

-          Au cœur de l’été Policier de Viveca Sten

           coup de cœur de Maryse

Au coeur de l'été par Sten

Viveca Sten, c'est la promesse d'une intrigue à la scandinave, mêlant drame humain et vie du quotidien.Jamais de surenchère, toujours une tranche de vie courante qui dérape vers un drame. Une situation qui pourrait paraître assez banale, mais que l'auteure arrive à rendre accrocheuse.

Fête de la Saint-Jean, sur cette toute petite île. Le jour où le monde vient de loin pour s'amuser… et s'alcooliser. Surtout la jeune génération. Au cœur de l'été, cette jeunesse va connaître une tragédie. L'intrigue est crédible et immersive.

L'auteure suédoise a parfaitement réussi à retranscrire ce qu'un parent peut éprouver face aux incartades de son satané adolescent. Oui, quand on est parent soi-même, c'est le genre d'histoire qui prend aux tripes, sans qu'il ne soit besoin d'en exagérer les effets de style.

Au cœur de l'été est un roman policier plaisant, qui réserve bien plus de surprises qu'il n'y parait de prime abord. Viveca Sten aime ses personnages et les fait entrer dans notre quotidien.

-      Un village de la Drôme en héritage - Roman d’Eric Deverrewaere

         coup de cœur de Nicole

Eric Deverrewaere - Un village de la Drôme en héritage.Nouveau retraité, Pierre Oscar Land s’installe à Sort-en-Galaure, un petit village de la Grôme, et choisit d’y être guide. Arrive enfin les journées du Patrimoine. Et les visiteurs… Enfin, Noisette, une gamine attachante et adorable aux questions enfantines qui viendront bousculer nos certitudes d’adultes. Le guide et sa très jeune cliente ne seront pas au bout de leurs surprises.

Éric Deverrewaerre, cheminot retraité, a troqué son austère uniforme pour une plume tendre, pleine d’humour, et qui décrit notre humanité avec espièglerie…



-          Entre Ciel et Lou - Roman de Lorraine Fouchet
      coup de cœur de Paulette

Le point de départ c'est Jo, veuf tout neuf qui ne se fait pas à l'idée d'avoir perdu sa Lou.

Entre ciel et Lou par FouchetLe feu aux poudres, c'est Lou, partie trop vite mais non sans veiller à faire le nécessaire pour ressouder cette famille sur laquelle elle ne pourra plus veiller.

Le résultat, c'est une galerie de personnages hauts en couleur, des handicapés de la communication, des virtuoses de l'amitié, des faux méchants et des vrais gentils, des enfants qui voudraient qu'on les aime, même lorsqu'ils ont passé l'âge de sauter sur les genoux, des rendez-vous manqués et surtout, des secondes chances.

Ce bouquin est un véritable concentré d'émotions, avec en bonus, une découverte de l'île de Groix comme si on y était !

 

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Coups de cœur du café lecture 6 mai 2017

  • Marx et la poupée de Maryam Madjidi, Roman
  • coup de cœur de Nicole
L'auteure aborde le thème de l'exil et de l'identité avec une finesse qui rend son propos terriblement efficace et percutant. Mais c'est l'émotion que l'on retient. Celle qui nous étreint à chaque fois que se dressent les images qui traduisent le vécu et les sentiments de l'auteure.
Marx et la poupée par Madjidi
"Ma mère porte la vie, mais la Mort danse autour d'elle en ricanant, le dos courbé...". Maryam est dans le ventre de sa mère aux premières heures de la révolution iranienne qui marquera son enfance au sein d'une famille d'opposants portés par la doctrine communiste. Position intenable qui aboutira à l'exil, l'installation en France d'abord du père puis de la famille entière, l'apprentissage d'une nouvelle langue, d'une nouvelle culture, d'un nouvel environnement. Une deuxième naissance en quelque sorte. Née deux fois, à deux endroits différents, Maryam porte en elle deux cultures qui s'affrontent et qu'elle utilise selon les moments et les services qu'elles peuvent lui rendre. Il lui faudra bien une troisième naissance pour parvenir à réconcilier les deux, par la grâce de l'écriture.
Il y a des pages magnifiques sur ses parents, la relation avec sa mère. Des mots somptueux pour tenter de décrire ce lien indestructible qui l'attache à ses ancêtres et à sa culture par l'intermédiaire de celle qui lui a donné la vie. Il y a des moments de grâce, une plongée dans la poésie persane qui irrigue la culture iranienne, de l'ironie face aux fantasmes suscités par ses origines. Il y a cette façon d'appréhender le monde propre à ceux qui ne sont plus chez eux nulle part mais trouvent partout de quoi construire et enrichir une vie.
Et puis, il y a ce moment sublime, ce dialogue entre les deux langues, le français et le farsi, l'une oubliée et délaissée l'autre investie par nécessité mais devenue LA langue principale et qui symbolisent si bien l'affrontement permanent, le tiraillement entre les deux cultures.
Un livre magnifique, touchant, puissant et sensible. A découvrir toutes affaires cessantes.
  • Love story à l’iranienne de Jane Deuxard et Deloupy, BDA adultes
  •  coup de cœur de Lydie
  • Love Story à l’iranienneUne BD reportage efficace et utile, émouvante et très touchante. On est tout de suite plongé dans le quotidien et l’intimité de ces jeunes Iraniens et Iraniennes, qui au péril de leur vie, livrent leur difficulté à vivre et à aimer en 2016, dans la société sous haute surveillance du régime totalitaire des mollahs. Le dessin simple, l’épaisseur du trait, les couleurs sombres, servent le texte sur le mode de la confidence et retranscrivent le poids de la religion et la tradition qui pèsent sur eux. A chaque page, on ressent le danger qu’ils encourent, et pourtant ils luttent pour l’amour, la musique, leurs choix de vie et d’avenir. Ils font acte de résistance silencieuse. Un bel hommage à leur courage et à celui de Jane Deuxard (pseudonyme du couple de journalistes rendu clandestinement en Iran pour faire ce documentaire).
  • Les nouvelles de la jungle de Calais de Lisa Mandel et Yasmine Bouagga, BD Adulte
  • coup de cœur de Lydie
  • Les nouvelles de la Jungle de CalaisCet album, d’abord publié sous forme de blog sur LeMonde.fr, est à la fois une étude sociologique et un journal de bord sur la vie quotidienne des migrants. ... Lisa (la dessinatrice) et Yasmine (la sociologue) se sont rendues dans la "jungle" de Calais durant un an. Elles témoignent avec humour - et sans misérabilisme - du travail quotidien des associations pour soulager la détresse de ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui fuient la guerre. Elles nous livrent également des clés de compréhension sur ce qui s’est joué à Calais durant toute cette période. Une enquête riche et documentée, sur un sujet sensible.

  • Sur le fil de Elise Fisher, roman
  • coup de cœur d’Emilie
Sur le fil" d'Elise Fischer est un roman assez atypique car il mélange un peu les genres. L'histoire de Lina est jalonnée d'événements de l'Histoire du XXème siècle, de drames sociaux et de poésie. Lina se retrouve en prison, elle ne paraît pas vouloir se défendre. Nous suivons son parcours jusqu'au dénouement : nous comprenons ainsi les clefs de son énigme.
"Sept mois, cela fait sept mois qu'elle vit à l'abri de ces murs.
Sur le fil par FischerUne vie à laquelle elle se plie. Sans joie, sans peine. Une impression étrange, celle de n'éprouver aucun sentiment."
" Sur le fil" est un roman qui se lit doucement comme si l'on visitait les belles régions de l'Italie si bien décrites par l'auteur. Lina a des problèmes de mémoire suite à un traumatisme, ainsi Elise Fischer distille les paragraphes selon les réminiscences de son héroïne. C'est un peu déstabilisant au début mais on s'y fait rapidement et on comprend les difficultés de Lina pour reprendre pieds dans la réalité.
En parallèle, le roman nous montre le milieu du cirque comme on n'en a pas l'habitude ; on découvre certains mots du vocabulaire des gens du voyage. Ce contexte, et notamment l'art de la voltige, est divinement mis en valeur.
"Je serai ton fil, je me tendrai vers toi. Ces secondes hors sol, sans rien qui te relie à ce plancher des vaches, sauf le partenaire, sont l'ivresse, l'absolu. On devient dépendant, mais quel bonheur !"
Si vous aimez les histoires fortes et poétiques, " Sur le fil" est fait pour vous. On y plonge dans les belles choses éphémères, on frôle la fragilité du bonheur. Une leçon de vie ! Maintenant c'est à vous de tirer sur le fil pour en dénouer les mystères!

  • Le dimanche des mères de Graham Swift, Roman
  • coup de cœur de Nicole
Berkshire, Angleterre, 30 mars 1924,
Un dimanche, le dimanche des mères, de nombreuses mères orphelines de leurs fils tombés à la guerre,
Le dimanche des mères par SwiftUne journée magnifique, lumineuse,
Jane la jeune servante orpheline des Niven va rejoindre le fils des voisins, Paul Sheringham, à Upleigh House, dans sa propre maison, dans sa propre chambre, pour la première et dernière fois.
Ce dimanche des mères, ils sont seuls dans le manoir. Une liaison de sept ans, qui doit prendre fin avec le prochain mariage de Paul avec une riche héritière de sa propre condition.
Mais la vie de Jane ne s'arrête pas à sa vie sexuelle et amoureuse. Bien que clôturant une liaison , cette journée lui ouvrira les portes de la liberté, une liberté qui avec sa passion des livres " pour garçons" , Conrad, Stevenson.....qu'elle emprunte à son employeur, vont crucialement changer son destin.
Le livre raconte cette unique journée, remémorée par Jane soixante ans plus tard.
Ce qui semble une histoire simple d'amours interdits n'en est pas une. Elle est tout autre et je vous laisse la découvrir.
Mais le sel du récit est sans conteste la prose de Graham Swift, concise et envoûtante.

  • Les disparus du phare de Peter May, Policier
  • coup de cœur de Lydie
Un homme est retrouvé sur la plage de l'île de Harris, il reprend connaissance, tétanisé par le froid il ignore où il se trouve, il ignore qui il est, amnésique, ainsi commence cette nouvelle enquête de Peter May .On découvre que l'homme qui a perdu son identité, s'appelle Neal Maclean, il semble bien connaître les abeilles, la navigation et son chien Bran.
Les disparus du phare par MayUn homme est retrouvé mort depuis 5 jours, sur Eilean Mor là où se dresse le phare. Neal Maclean est persuadé l'avoir tué.
Où lancer les recherches, vers les disparus du Phare ? Une sombre histoire vieille de cent ans ou vers le passé de MacLean ?
Là l'enquête policière va se déployer grâce à l'entrée dans le paysage, de Karen, la fille d'un chercheur Michael Fleming.
C'est un roman vert, de défense de l'écologie, qui prend le relais avec en point de mire la lutte contre les pesticides, dont l'enjeu est la survie des abeilles, donc notre survie.
La suite est passionnante.
Entre le mort de l'île Eilean Mor et Michael Fleming, il y a un lien mais lequel ?
Dans cette ambiance sombre, plombée par un ciel maussade, juste égaillée de temps en temps par les assauts amoureux de la voisine Sally, le retour de la mémoire va permettre au vieux policier Gunn de dénouer le cours des événements.
Une fin anxiogène à souhait, un talent de conteur qui cette fois est au service d'une belle cause et la mise à plat d'un sacré foutu vaste problème, la survie des abeilles.

  •  Roman science-fiction (anticipation) coup de cœur de Lydie
L'intelligence artificielle est un thème à la mode. Il faut dire qu'elle a (enfin) quitté le domaine de la science-fiction pour intégrer notre vie quotidienne ; les annonces de leur succès se multiplient : victoire sur un champion mondial au jeu de go, gestion de fond d'investissement, détection précoce d'épidémies, … Que l'on soit sceptique ou enthousiaste, il nous faut désormais vivre avec.
Même notre activité favorite n'est plus à l'abri : dans ce roman de Bello, une intelligence artificielle, Ada, a été programmée pour… écrire des romans. Des romans à l'eau de rose, certes, mais quand même. Nous extasierons-nous bientôt dans nos critiques sur une intrigue « digne des plus grands réseaux neuronaux » ou sur une ambiance « typique des machines à vecteurs de support du début du XXIe siècle » ?
Pour l'heure, cet avenir est écarté, car le programme a été volé. Qui donc s'intéresse à ce point à une intelligence artificielle créatrice de romans de gare ? C'est la délicate tâche qui sera confiée à Frank Logan, policier connu pour son intégrité, bien qu'un peu à la ramasse point de vue nouvelle technologie.
Le roman est intéressant car il nous force à le lire sur plusieurs plans à la fois. On est plongé dans l'intrigue, mais on doit aussi réfléchir à notre propre rapport aux livres, car les discussions sur les caractéristiques de l'Ada provoque de nombreuses interrogations : l'écrivain a-t-il l'obligation d'écrire sur son propre vécu et transmettre sa vision du monde, ou peut-il se contenter d'être un technicien qui assemble habilement les mots ? Un texte n'a-t-il de sens que s'il est partagé et lu par plusieurs personnes ; quelle valeur accorder à un texte écrit sur mesure pour nous, mais auquel aucun autre humain n'aura accès ?
Cette lecture à plusieurs niveaux s'amplifie continuellement jusqu'à la fin du roman.
Le roman plaira autant aux amateurs de policier qu'aux gens qui aiment se torturer les méninges en tournant les pages.

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Coups de cœur du Café Lecture du 07 janvier 2017
-          La fille dans le brouillard - Policier de Donato Carrisi
La Fille dans le brouillard par Carrisi        coup de cœur de Françoise
Une jeune fille, Anna Lou disparaît la veille de Noël dans un petit village des Alpes.
Disparition volontaire, kidnapping, meurtre ? Elle reste introuvable, la star des commissaires de police, Vogel est envoyé sur place. De tous les plateaux télé ; il ne se déplace jamais sans une horde de journalistes, caméras et flashs. Sur place, cependant il comprend vite qu’il ne parviendra pas à résoudre cette affaire. L’enquête piétine, peu d’indices, pas de corps. Pour ne pas perdre la face aux yeux du public qui suit chacun de ces gestes, il décide de créer un coupable idéal et  accuse grâce à des preuves falsifiées un habitant du village : le professeur Martini enseignant au lycée où est scolarisé Anna Lou.
Cet homme perd tout du jour au lendemain (métier, femme, fille et honneur) mais de la cellule où il est incarcéré il prépare minutieusement sa revanche et la chute médiatique de Vogel. La fin de ce thriller est à l’image du suspense haletant où nous emmène l’auteur.
A vous de le découvrir
-          Chanson douce - Roman de Leïla Slimani
        coup de cœur de Nicole, Evelyne, Françoise et Lydie
Chanson douce par SlimaniLa scène inaugurale est sordide et fait froid dans le dos. Et la suite n’est pas faite pour rassurer : la relation qui s’installe entre Paul, Myriam et Louise n’a au départ rien d’inquiétant. Bien au contraire, les parents comblés par la qualité des services de cette femme si dévouée, si prévenante, voient d’un œil bienveillant les bénéfices mesurables sur leur vie quotidienne : ils ont embauché la baby-sitter parfaite, une fée qui met de l’ordre dans leur vie, une Mary Poppins, une nounou de rêve.
C’est compliqué d’être patron, de trouver la bonne distance, de faire preuve de gratitude sans humilier, et d’autorité sans blesser. C’est le cœur de l’intrigue, le problème de la place prise (ou abandonnée par facilité à la jeune femme dont on ne connaît pas l’intimité, le passé, les galères). Même les enfants y ont trouvé leur compte, jusqu’à ce que la situation échappe à tout le monde.
Les faits divers n’arrivent pas précédés de tambours et trompettes, et c’est tellement habituel que des proches soient abasourdis par les exactions de tel ou tel criminel, qui était un voisin si poli, si discret, jamais d’histoire…et c’est aussi ce qui intensifie l’angoisse ici, les victimes comme le criminel sont tellement banals, tellement ordinaires que la suspicion n’a plus de support déviant pour canaliser les craintes.
Mine de rien, c’est aussi un état des lieux de la parentalité, des contraintes inhérentes aux doubles vies que vivent les jeunes parents tiraillés entre la réussite professionnelle et les exigences d’une vie familiale. Il n’y a pas de choix à faire, mais il n’en reste pas moins que ce n’est pas simple tous les jours.
-          Lectures offertes par Bernard Deglet, lecteur et écrivain.
De différents auteurs et poètes parmi lesquels Pierre Tilman, Alain Wexler, Perrine Griselain, Jean Folain, Paul Willems et Robert Walser
-          L’homme idéal existe, il est québécois - Roman de Diane Ducret 
        (auteur de Femmes de dictateurs)
       coup de cœur de Paulette
L'homme idéal existe, il est Québécois par DucretElle, est française et parisienne. Lui, n'est pas du pays. Rien ne laissait supposer qu'ils allaient se rencontrer et se plaire. Et pourtant. Après avoir connu de nombreuses catastrophes sentimentales, elle l'a peut-être trouvé, enfin. Se pourrait-il qu'il soit l'homme idéal? Alors quand il lui propose de venir passer quelques jours chez lui, elle n'hésite pas très longtemps. La voilà partie pour une expérience hors du commun au pays des caribous, du froid et où les habitants parlent d'une étrange façon. L'habitant ne parle pas d'ailleurs: il jase. Il n'embrasse pas, il french. Il ne se déshabille pas, il se crisse à poil. Vous l'aurez deviné, il est Québécois.
L'histoire est légère et on passe un agréable moment notamment en raison du comique de situation due aux dialogues.
- L’axe du loup - Roman de Sylvain Tesson - coup de cœur de Monique
« A Marche forcée » de Slavomir Rawicz.
L'axe du loup : De la Sibérie à l'Inde, sur les pas des évadés du Goulag par Tesson Voilà le point de départ et fil conducteur de l'aventure qu'entreprit de vivre et de nous narrer Sylvain Tesson.
 Dans ce récit, nous l'accompagnons « De la Sibérie à l'Inde sur les pas des évadés du goulag ». Il y flotte ce parfum de liberté qui devait soutenir la volonté des échappés, des zeks et autres brisés par la folie des procureurs rouges : hommage vivant rendu à ces laissés-pour-compte de l'Histoire.
 Tout au long de sa traversée des différents pays, nous vibrons devant cet Inconnu dont nous connaissons seulement quelques bribes.
Sylvain Tesson nous y emmène, autant par la géographie que la géologie, autant dans la description qu'il fait des paysages, de la nature, de la flore et de la faune que de la rencontre avec « l'autre » : l'homme que parfois l'on peine à imaginer au centre d'une telle hostilité environnementale et climatique.
 On perçoit l'auteur dans ses souffrances tant physiques que morales éveillant en nous, à travers lui, un questionnement.
 Il y a toujours, chez Sylvain Tesson, ces petites phrases qui font mouche en ses observations lucides, ironiques, humoristiques parfois ou interpellantes sans l'ombre d'un jugement.
 Juge-t-on l'universalité de l’horrible laideur humaine ? Inutile de se fourvoyer dans des discours pontifiants, stériles et répétitifs : ici, l'homme est au pied de sa vérité.
 Une force s'élève du chemin parcouru, enveloppé de solitude salvatrice et de poésie scandée au rythme des pas.
 Avec lui, nous grimpons sur des sommets, non seulement de l'Himalaya, mais aussi dans ceux du dépassement de soi par la seule détermination que rien ne peut détourner.
 Nous avons l'impression de grandir avec lui ; il nous fait relativiser nos préoccupations quotidiennes qui souvent nous rétrécissent.
C'est un ouvrage émouvant qui ne peut pas laisser le lecteur insensible. De plus, nous les Occidentaux, peuple privilégié, nous y apprenons quantité de choses ignorées et cachées par ces États dictatoriaux.
-          Esprit d’hiver - Policier de Laura Kasischke  
Esprit d'hiver par Kasischke      coup de cœur de Bernard et Evelyne
      Ce devait être un Noël comme les autres pour Holly et sa famille : la préparation du repas, l'arrivée des invités, l'impatience d'ouvrir les cadeaux. Mais ce matin-là, tout va mal. Holly se lève trop tard. Alors que son mari file en râlant récupérer ses vieux parents à l'aéroport, Holly reste seule avec sa fille adoptive Tatiana, ramenée de Sibérie 15 ans plus tôt. Elle essaie de rattraper son retard mais un malaise sourd l'empêche d'avancer dans ses taches. Et puis, Tatiana n'est pas comme d'habitude, elle ne fait rien pour l'aider, multiplie les reproches et les remarques acerbes. Dehors, le blizzard se renforce. Effrayés par la tempête de neige, les invités se décommandent, laissant Holly seule avec une inquiétude lancinante et une adolescente revêche.
Une situation banale qui insidieusement devient cauchemardesque, un huis-clos angoissant, un suspense psychologique…tout le talent de Laura Kasischke qui sait si bien distiller des touches de noirceur dans une ambiance froide et aseptisée.
 De l'histoire, il ne faut rien dire sous peine de déflorer l'intrigue mais la tension monte tout au long des pages, il est quasiment impossible de lâcher le livre et ce n'est qu'à la toute dernière page que tout prend sens.
 Oscillant entre conte de Noël et thriller psychologique, entre banalité et folie, l'Esprit d'hiver ne finira de hanter ceux qui s'y frotteront. A lire absolument!
-          Fractures - Policier de Franck Thilliez - coup de cœur de Lydie
Fractures par ThilliezC'est l'histoire d'Alice Dehaene qui suit une psychothérapie d'un genre particulier avec le Dr Luc Graham afin de traquer les zones d'ombre qui peuplent sa vie.
Son père, Claude, était journaliste et couvrait les évènements du Liban (massacres de Sabra et Chatila) dont il est revenu en bien triste état, rongé par la culpabilité de n'avoir pas pu sauver une famille qui le cachait et d'avoir assisté, impuissant à l'exécution de tous ses membres.
Au retour, victime d'un syndrome de stress post-traumatique, il sera suivi en thérapie mais il abandonnera rapidement le traitement et son métier de journaliste pour aller s'installer dans un coin retiré à la campagne.
 Un soir, il se retrouve aux urgences après avoir reçu des coups de couteau qu'il dit s'être infligés lui-même. Au même moment, l'assistante sociale du service psychiatrique trouve un corps recroquevillé sur lui-même, toujours en vie mais mutique, catatonique.
On plonge dans l'histoire de la folie avec ce roman. C'est tempête sous un crâne avec l'héroïne Alice qu'on suit avec plaisir dans sa quête pour trouver l'origine de ses « trous noirs » au cours desquels, elle agit sans garder aucun souvenir. Quelques heures de sa vie qui lui échappent, régulièrement, quand le stress devient trop important.
Franck Thilliez nous tient en haleine jusqu'au bout du roman, on comprend bien que le père d'Alice n'est pas rentré indemne du Liban, mais qu'est ce qui peut bien relier ce homme, avec Luc Graham, le psychiatre fragile, un peu déjanté comme on les aime dans polars, tellement investi dans son métier, ses patients avec lesquels il ne garde pas toujours une neutralité bienveillante, Dorothée, l'homme retrouvé dans l'abribus, cet autre que l'on découvre assassiné…

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Coups de cœur du Café lecture 01/10/2016
  • Le mystère Henri Pick de David Foenkinos, Roman,
  • coup de cœur de Lydie, Geneviève, Monique et Elizabeth
En Bretagne, un bibliothécaire décide de créer la bibliothèque des livres refusés par les éditeurs.
Une jeune éditrice découvre ce qu'elle pense être un chef d'œuvre , écrit par un certain Henri Pick, un homme décédé deux ans auparavant qui n'aurait jamais lu ni écrit autre chose qu'une simple liste de courses ........
Aurait- il eu une vie secrète ?
Auréolé de ce mystère, l'ouvrage connaîtra un succès certain et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire......
Ou comment montrer qu'un roman peut bouleverser la vie de ses lecteurs, changer la vie d'un individu, voire perturber, abîmer sa vie privée?
François Busnel tourne une séquence de la grande librairie chez Madeleine , la femme de l'auteur supposé.......
Celle-ci ne comprend guère ce cirque médiatique.........
Joséphine, la fille d'Henri Pick aimerait profiter d'un peu de célébrité ......
Jean- /Michel-Rouche un journaliste doute de la version officielle .....
Cet ouvrage bouleverserait- il des vies avec des conséquences médiatiques inattendues ?
L'auteur brosse une belle satire du monde littéraire, truffée de nombreux personnages, auréolée de suspense jusqu'à la fin surprenante, inattendue et drôle .......
Avec une ironie certaine, il dénonce l'industrie du livre, les multiples stratagèmes usuels et le marketing pour fabriquer des best-sellers, les désillusions, les coulisses et les compromis, l'impact aussi d'une émission littéraire.........
Comment les médias peuvent s'emparer d'un phénomène et transformer la vie des gens ?
David Foenkinos nous parle de l'amour de la littérature et des personnes qui se battent pour la défendre avec des clins d'œil multiples au lecteur.........
- L’échappée belle d’Anna Gavalda, Roman
coup de cœur de Nicole et Monique
L'échappée belle par Gavalda
Anna Gavalda nous raconte ici l'escapade d'une fratrie trentenaire. Deux frères et deux sœurs, cabossés par la vie, qui le temps d'un week-end vont fuguer comme des adolescents pour s'offrir une dernière bouffée d'adolescence. Garance, la narratrice, célibataire endurcie, n'a toujours pas de situation stable, à l'inverse de son frère aîné, Simon, marié à une pimbêche et apparemment satisfait par son existence. Il y a aussi Lola, la plus âgée, qui se remet tout juste d'un divorce difficile et Vincent, le petit dernier, qui a l'allure d'un éternel adolescent. Difficile de résumer plus avant l'intrigue tant l'histoire est brève, je vous laisserai donc découvrir par vous-même ce qu'il advient de ce drôle de quatuor. Ils sont tous différents ces frères et sœurs et pourtant si unis. Les autres personnages sont là pour mettre en évidence leur union envers et contre tout.
Leur escapade effrontée et les situations cocasses qui s'ensuivent contribuent en grande partie au charme de l'histoire.

- Un goût de cannelle et d’espoir de Sarah Mc Coy, Roman
 coup de cœur d’Elizabeth
Un goût de cannelle et d'espoir par McCoy
Je me suis laissée bercer dans la douillette chaleur de la boulangerie Schmidt à Garmisch et gentiment accueillir dans le fournil D'Elsie à « El Paso » au Texas pour apprécier cette saga si bien narrée.
Bercer n'est pas le terme à employer lorsque l'on entre dans l'histoire, alors je dirais plutôt j'ai compati, partagé des souffrances endurées par notre héroïne durant la seconde guerre mondiale en ce qui concerne la boulangerie de Garmisch. Bien documenté, le roman nous amène dans une famille allemande respectable qui se place sous la protection des nazis, ce qui montre combien le peuple allemand était en grande partie ignorant de ce qui se passait en Pologne, du véritable visage de certains gradés et de la folie assassine des leaders de cette période dont les « lebensborns » sont une macabre illustration. Ce roman montre à quel point certains individus (plus qu'on ne le pense) peuvent commettre les pires crimes sous le commandement de supérieurs mais aussi que d'autres s'illustreront en faisant des miracles avec leur pauvres moyens et en risquant leur vie. C'est le cas d'Elsie qui va mettre en jeu sa vie et celle de sa famille pour sauver un enfant juif, Elsie qui n'aura rien à regretter et s'épanouira dans sa boulangerie du Texas où elle accueille Reba, jeune journaliste dans l'ambiance chaleureuse d'une boulangerie accueillante.
- Le reste de leur vie, de Jean-Paul Didier Laurent, Roman
coup de cœur de Lydie, Geneviève, Nicole et Paulette
Le reste de leur vie par DidierlaurentJeune aide à domicile, Manelle aime son métier au moins autant qu’elle apprécie les personnes âgées à qui elle prodigue des soins quotidiennement. Il y a bien ce Marcel Mauvignier qui lui donne du fil à retordre mais ce n’est rien comparé au plaisir de rendre visite à Madeleine Collot, qui l’'attend toujours en bas de la rue pour aller faire les courses, à Ghislaine de Montfaucon « la reine des tricheuses » et ses parties de Scrabble, ou encore à Samuel Dinsky, son petit préféré, spécialiste dans la confection de forêt noire. Une chose est sûre, Manelle ne s’encombre pas des règles que ne cesse de lui rabâcher son employeur. Ce qu’elle aime par-dessus tout, ce sont ces moments privilégiés qu’elle partage avec Annie Vaucquelin, Pierre Ancelin, ou encore Jeannine Poirier, addict au feuilleton Les Feux de l’amour.
Ambroise, quant à lui, mène une vie bien différente. Incapable de supporter la douleur et la souffrance des vivants, il est devenu thanatopracteur, un choix de vie parfois difficile à assumer auprès d'une société qui ne ressent, face à cette profession, que dégoût ou attraction morbide, mais surtout face à son père qui l’imaginait médecin, tout comme lui. Dans ces conditions, difficile de nouer des relations sincères…
Il fallait oser ! Écrire un livre sur la maladie, la vieillesse et la mort sans tomber dans le pathos n’est certainement pas chose aisée. C’est en tout cas un pari réussi pour Jean-Paul Didier Laurent, qui nous propose un conte moderne donnant envie de sourire, de vivre… et de lire. Hommage touchant à une profession méconnue, souvent incomprise et moquée, mais dont l’auteur parvient à faire ressortir le sens et la beauté, « Le Reste de leur vie » est également une réflexion sur l’euthanasie et le suicide médicalement assisté, dont le débat reste, aujourd’hui, au cœur de l’actualité. Un roman sensible aux personnages plein de charme, une ode à l’amour et à l’amitié où il est aussi question de kouign-amann et de far aux pruneaux…

- Le mariage de plaisir, de Tahar Ben Jelloun, Roman
coup de cœur de Monique et Geneviève
"Il y avait une fois"... Ainsi commence ce roman, comme un conte. C'est un homme sage, poète et philosophe, qui débarque à Fès au printemps et s'installe sur une place pour raconter une histoire.
Celle-ci nous embarque sur les terres d'Afrique du Nord, au Maroc et au Sénégal, à Fès, Dakar, puis Tanger. L'on rencontre Amir, qui a une femme légitime et quatre enfants à Fès, mais qui contracte un "mariage de plaisir" avec la belle et jeune Nabou, chaque fois qu'il se déplace à Dakar pour ses affaires. La mentalité voulant que les hommes éloignés de leur foyer pour un temps choisissent une maîtresse attitrée, plutôt que de fréquenter des prostituées...
C'est un récit magnifiquement écrit, historique, spirituel, philosophique et humaniste. L'on voyage à travers un Maroc en pleine mutation, de la mainmise française au retour du pouvoir royal, de l'islam tolérant à la montée de l'extrémisme et du racisme (contre les migrants africains). Avec une belle histoire d'amour en toile de fond, un émouvant lien familial, dont la figure centrale de Karim, trisomique, est le "rayon de soleil" qui fait le lien entre tous. Il y a la violence inévitable : abandon, rejet, peur, jalousie, incompréhension, intolérance... Mais il émane de ce conte une grande sagesse et beaucoup d'humanité.

- L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante, Roman
coup de cœur de Monique
Ce livre est non seulement une magnifique ode à l'amitié mais aussi un grand roman populaire et psychologique.
L'amie prodigieuse est le premier volet d'une série de 4 romans dans lesquels l'auteur va retracer 50 ans d'une amitié indéfectible mais non moins orageuse entre Lila et Elena. Ce premier tome commence lorsque Rino, le fils de Lila, vient prévenir Elena la narratrice que sa mère de 70 ans a disparu sans laisser de traces, avant de partir elle a même découpé toutes les photos où elle apparaissait.
Elena se souvient alors de la naissance de leur amitié dans leur enfance et de leur adolescence dans les années 50 dans un quartier populaire de Naples. Un quartier où règne un climat de tension permanente, un quartier dont les enfants ne franchissent jamais les frontières, un quartier où tout le monde se connaît et où persistent des haines anciennes entre certaines familles et des rivalités entre jeunes.
La prédisposition des jeunes pour les études n'est pas valorisée dans ce monde de commerçants et d'artisans humbles pour qui le seul avenir possible pour leurs enfants est de travailler dans la boutique de leurs parents ou, pour les filles, d’aider à l'entretien de la maison en attendant de se marier. Lila et Elena ont deux personnalités hors du commun et des caractères bien trempés mais opposés. Elles sont à la fois complices, inséparables même, mais aussi parfois rivales.
L'histoire se déroule sous nos yeux comme dans un film, on imagine même les mamas italiennes s'apostropher d'une fenêtre à l'autre, on entend les cris, les rires et les chants dans la cour, on voit les frères Solara frimer avec leur voiture la fameuse Millecento... L'écriture est très visuelle, l'auteur nous retranscrit à merveille l'univers de ce quartier populaire et la vie du petit peuple de Naples par une multitude de mises en scène qui rappellent les grands moments du cinéma italien. C'est grouillant de vie et résolument optimiste.


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Coups de cœur Café lecture 04/06/2016
  • Célibataire longue durée de Véronique Poulain
  • Roman coup de cœur de Nicole

Célibataire longue durée par Poulain                                A la veille de ses cinquante ans, Vanessa Poulemploi, la bien nommée, va devoir relever un triple défi : trouver l'amour, gagner sa vie et se marier. Dit comme ça on pourrait la croire malheureuse mais c'est sans connaître Vanessa et son tempérament plein de vie et de joie. Elle connaît certes des moments plutôt difficiles mais elle prend sa vie en mains.

Un roman drôle et plein d'humour qui fait du bien !


  • Le double de SK Tremayne
  • roman coup de cœur de Claire
Un an après le drame, le décès accidentel de la jumelle de Lydia, Angus, Sarah et Kirstie quittent Londres pour une petite île isolée, cernée par un paysage grandiose mais peu sécurisant. le cottage n'est pas habitable, mais le couple est décidé à s'attaquer au chantier. Les bases d'une reconstruction, dans tous les sens du terme.
Oui mais voilà, Kirstie ne va pas bien. Kirstie dit être Lydia, accuse ses parents de s'être trompés, continue de converser avec sa sœur en utilisant le jargon qu'elles s'étaient inventé. Pour ne rien arranger, elle est mise à l'écart à l'école, où les enfants ont peur d'elle.
C'est peu à peu, quand des anomalies se glissent dans le discours officiel, que la vérité, cachée pour éviter le naufrage, va voir le jour, et que l'indicible sera dit.
Le titre est parfait. Au fil des pages le lecteur est convié aux confidences, mais ballotté entre les différentes hypothèses, toutes terrifiantes. Chaque acteur du drame a quelque chose à se reprocher, mais qui est responsable?
Au cœur du débat, la gémellité et ses parts d'ombre. Deux êtres, deux corps, unis par la similitude de leurs gènes, et par les passerelles de communication immatérielles.
Superbe thriller, très bien écrit et construit, difficile à laisser en cours de lecture.

  • Oh la vache de David Duchovny
  •  roman coup de cœur de Claire
Pour son premier roman David Duchovny a choisi, plutôt que de la science-fiction, de nous offrir une fable animalière ayant pour fonds l'amitié, la religion et la barbarie de la race humaine comme on le voit à travers les yeux remarquablement perspicaces d'une vache du nom d'Elsie Bovary.
Elsie est une vache assez heureuse de vivre dans une ferme des États-Unis, elle passe ses journées à se faire traire, à dormir, manger... Bref Elsie est heureuse dans son pré, jusqu'au jour où elle comprend qu'elle va devoir quitter son petit pré pour finir à l'abattoir. Elle se rend compte que la seule façon d'échapper à son terrible destin est de voyager en Inde, où les vaches sont adorées plutôt qu'abattus. Pour ce drôle de périple elle s'entoure de Shlomo le cochon converti au judaïsme et de Tom la dinde candidate à l'émigration en Turquie...
  • En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut
  • roman coup de cœur de Lydie
En attendant Bojangles par BourdeautAvant d'être ouvreur de garages, son père, Georges, était chasseur de mouches. Preuve à l'appui: ce harpon! Sa mère, Louise, qui d'ailleurs ne portait jamais plus de 2 jours le même prénom, ne travaillait pas. C'était bien trop ennuyeux! Dans le salon, trônait cet oiseau élégant et étonnant, venu tout droit d'un voyage en Numidie, Mademoiselle Superfétatoire. Qui ne servait à rien sauf à crier très fort en glissant sur le parquet. Ses parents dansaient tout le temps. Et partout. En buvant des cocktails colorés. Tous les deux ou avec des amis qu'ils recevaient très souvent dans leur grand appartement. Dont le sénateur, appelé tendrement l'Ordure par son père, qui venait trois nuits par semaine. Parfois, la petite famille se rendait en Espagne, où Georges avait acheté un château avec tout l'argent des garages. Aucune contrainte pour aucun d'eux. Le petit garçon ne va d'ailleurs pas à l'école, ses parents n'ouvrent pas le courrier qui s'entasse. Chaque jour est une fête... Nina Simone en musique de fond...
À l'image de cette première de couverture pétillante, ce roman est une ode à la vie et à l'amour. L'on écoute tour à tour le fils, admiratif, devant ses parents qui semblent vouloir faire de leur vie une fête et qui refusent toute sorte de banalité dans leur quotidien, et le père sur un ton plus grave lorsqu'il écrit son journal. Ce couple, hors norme, excentrique et un brin cocasse, se voue un amour particulièrement fort, un amour un peu fou. Olivier Bourdeaut nous emmène dans un roman délicieux, entrainant et savamment orchestré dans lequel on se laisse porter par cette musique tendre et ce tourbillon de bons mots. Un roman à la fois doux-amer, subtil, drôle et mélancolique...

  • N° de GEO Extra « balades en France », revue
  • coup de cœur de Catherine
Les plus beaux itinéraires nature, pourquoi la marche est une voie de la sagesse, des randonnées en dehors des sentiers battus

  • On regrettera plus tard d’Agnès Ledig
  •  Roman coup de gueule d’Evelyne
On regrettera plus tard par LedigLa vie nous réserve bien des surprises... C'est ce que va découvrir Valentine, institutrice dans un petit village, qui va ouvrir sa porte un soir d'orage à Éric et sa fille Anna-Nina. Le père et sa petite sillonnent la France dans une roulotte depuis le drame survenu il y a sept ans et contre toute attente, Anna-Nina va beaucoup apprécier cette vie sédentaire suite à leur installation chez Valentine, le temps que la roulotte soit réparée. Mais son père vit dans le passé et n'est pas prêt à accepter que sa fille puisse s'éloigner de lui; quant à Valentine, elle ne peut pas remettre en question sa position de célibataire endurcie et ouvrir son cœur.
Décevant, trop à l’eau de rose par rapport à ses précédents romans

  • Mon frère est un gardien (t1 Les Autodafeurs)
  •  Roman ado coup de cœur de Lydie
Les principaux acteurs en sont Auguste Mars, 14 ans plein de la dynamique adolescente, et qui ne s'en laisse pas conter et Césarine, 7 ans, sa petite sœur autiste (mais dans le livre sa famille dit d'elle qu'elle est "artiste"), d'une logique et d'un raisonnement imparables, qui bien que semblant vivre dans un univers un peu à part, a parfaitement trouvé sa manière de communiquer et se montre d'une grande curiosité... le roman mélange à tour de rôle les réactions et points de vue des 2 enfants.
Les autodafeurs - Les autodafeurs, T1Après la mort "accidentelle" de leur père, Auguste, Césarine et leur mère quittent Paris pour la maison de famille, La Commanderie, à la campagne. Auguste tente de reprendre ses marques au sein de son nouveau collège, entre un proviseur infect, un professeur de littérature passionnant, un nouvel ami haut en couleur dit Néné, et une bande de frères provocateurs et bagarreurs. Sa sœur Césarine est intégrée dans une école spécialisée où elle se fait une nouvelle amie, différente elle aussi, Sara.
Au détour d'une conversation, Auguste apprend qu'il n'y a jamais eu d'accident mais que son père a été assassiné par une mystérieuse société secrète, Les Autodafeurs. Leur but est le contrôle du savoir et la main-mise sur sa forme la plus ancienne, les LIVRES. Son père ainsi que tous les membres de sa famille depuis des générations font quant à eux partie de la Confrérie, qui cherche à retrouver, protéger et répandre lorsque c'est nécessaire, ce savoir immémorial.

  • Le seul et unique Ivan de Katherine Applegate
  •  Roman enfant coup de cœur de Lydie
Le seul et unique IvanÉcrit à la première personne du singulier, on plonge directement dans les pensées d'Ivan, un gorille « dos argenté » qui vit dans une ménagerie de centre commercial aux États-Unis. Ivan ne s'y déplaît pas, en fait, il a été élevé comme un enfant depuis son plus jeune âge le privant ainsi de ses instincts naturels. Depuis Ivan adore les sucreries, le soda et regarde la télé.
Et puis, il n'est pas seul, il peut toujours compter sur Stella, la vieille éléphante de cirque, et sur Bob, le chien errant. Ivan est un artiste à sa manière. Parfois, quand vient le soir, la fille de Georges, le gardien chargé de nettoyer sa cage, lui apporte du papier, des crayons ou des feutres. L'esprit d'Ivan franchit alors l'enceinte du centre commercial tandis qu'il dessine… L'esprit, au moins, ne se capture pas. Mack vend ses dessins pour tenter de renflouer les caisses désespérément vides mais cela ne suffit pas toujours. Un jour, la ménagerie accueille une jeune éléphante prénommée Rudy, Ivan comprend alors qu'il va devoir la protéger, la protéger contre les hommes cruels et lui trouver un autre avenir.
Un roman bouleversant et inoubliable fondé hélas sur des faits réels. Ivan n'est pas un être d'encre et de papier et il a bien subi cette captivité de près de trente ans. Katherine Applegate livre ici un bel hommage à la cause animale et invite chacun à s'interroger sur les relations de l'homme avec le monde animal.


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 Coups de cœur du Café Lecture du 05/03/2016



- Golem, de Pierre Assouline
Roman - coup de cœur de Paulette

Gustave Meyer, le personnage principal du roman, est un grand maître international d'échecs ; il a les aptitudes intellectuelles et mentales que cela suppose ; c'est un sexagénaire solitaire, original, amateur d'arts, qui souffre de fortes migraines et bénéficie d'un suivi médical très spécialisé pour des troubles neurologiques.
Golem par Assouline Voilà qu'on assassine son ex-femme, animatrice inflexible d'un blog d'alerte sur les dérives éthiques dans les neurosciences. Considéré par la police comme le principal suspect, Gustave Meyer décide de fuir et d'entrer en clandestinité. Il se résigne à une destinée de fuite sans fin. Dans le même temps, il découvre que lors d'une intervention chirurgicale récente, des électrodes ont été implantées dans son cerveau afin de booster sa mémoire et son intelligence. Cette prise de conscience le perturbe au plus haut point. Il se sent dépossédé de sa condition d'être humain, rabaissé au niveau d'un être sans âme, tel un Golem de la mystique juive, créé et manipulé par un aspirant démiurge. Il en vient à s'interroger sur sa conscience juive ; sa fuite tourne en quête de la mémoire des souffrances de son peuple, sur les traces des communautés survivantes de la Shoah aux quatre coins de l'Europe centrale, pour s'achever à Prague – ville qui garde le souvenir d'un Golem légendaire –, où il s'attarde dans le vieux cimetière juif...

- Fuguer n’est pas jouer, de Thierry Gouttard
Roman - coup de cœur de Paulette

Fuguer N'est Pas Jouer par Gouttard

Hippolyte, médecin à Lyon, découvre qu'il est atteint d'une maladie incurable. Adèle, adolescente en fugue, va bouleverser sa maladie, sa routine et... ses amours.
un livre plein de rebondissements qui tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Adèle et Hippolyte sont deux personnages très attachants.






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Le train d’Alger de Béatrice Fontanel
 roman - coup de cœur de Nicole

Le train d'Alger par FontanelLa narratrice est emplie d'obsessions morbides, auxquelles elle s'est plutôt habituée car « Cette anxiété perpétuelle, je l'enfile tous les matins à la manière d'une paire de chaussettes ». L’origine en est peut être son premier souvenir : elle a trois ans et se trouve à bord d'un train que le FLN a fait sauter en Algérie en 1959. Se confiant à un personnage invisible qu'on devine être un soignant, elle revient sur son enfance en Algérie, sur le retour de ses parents en France, événement dont elle ne garde aucun souvenir, et se basant sur des essais ou des témoignages recueillis par des chercheurs, brosse le portrait d'un pays qui l'a marquée à jamais.


De ce conflit, nous ne savons pas grand-chose et le roman de Béatrice Fontanel est tout à fait passionnant car il nous en présente une vision en mosaïque, presque prosaïque, la narratrice se demandant par exemple comment les maisons des français ont été attribuées ou occupées par les Algériens, mais aussi poignante quand elle souligne par exemple que certains français ont conservé jusqu'à leur mort la clé de leur maison abandonnée.
Ce n'est pourtant pas un roman historique au sens classique du terme mais une recherche identitaire. C’est aussi l'occasion pour la narratrice d'interroger ses parents âgés, qui commencent à perdre la mémoire mais qui ont une relation à la fois intense et pacifiée avec leur passé.
En ces temps de migrations et de terrorisme, le roman de Béatrice Fontanel acquiert une résonance toute particulière.

- Il a jamais tué personne mon papa de Jean-Louis Fournier
roman - coup de cœur de Nicole

Il a jamais tué personne, mon papa par FournierC'est l'histoire d'un papa singulier, racontée par son fils sur le mode de la simplicité et de la naïveté. Un papa qui est docteur dans une ville de province, qui soigne des gens qui ne le payent pas mais lui offrent toujours à boire ; un papa qui finit ses journées fatigué et saoul, plus porté sur la bouteille que sur l'ordonnance ; un papa qui se cache derrière le piano de son cabinet, blagueur insupportable, à la fois j'men foutiste et irresponsable, distrait, oubliant sa voiture dans un champ de betteraves ; un papa colérique qui menace de tuer la maman, "pas méchant, seulement un peu fou quand il avait beaucoup bu. Il a jamais tué personne, mon papa, il se vantait".


Voilà un récit vif et amusant, cruel, tout en délicatesse et sensibilité, qui avance en bonds et rebonds, au fil des souvenirs toujours plus précis, plus implacables sur le père, sublime figure tragi-comique. A la manière de "Je me souviens de Georges Pérec", Jean-Louis Fournier raconte un père qui ne manque pas d'amour, qui se cherche longtemps, avant de se retirer, désabusé et désœuvré, au cœur d'une famille pas comme les autres, où tout est drôle à force de noirceur, de drames sans cesse répétés, de gaucheries et de maladresses.

- L’arbre du pays Toraja de Philippe Claudel
roman - coup de cœur de Nicole
L'arbre du pays Toraja par Claudel

Sur l'île de Sulawesi, en Indonésie, le narrateur a rencontré les Toraja. Ce peuple a des rituels funéraires très particuliers, dont un qui consiste à confier la dépouille des enfants à un arbre afin que les jeunes défunts grandissent en étant portés par la végétation. La mort, hélas, le narrateur n'est pas préparé à y faire face quand son meilleur ami, Eugène, est foudroyé par un cancer. Le temps passe, les proches s'éloignent ou disparaissent. Comment faire face au temps qui file et aux êtres qui nous quittent ?



Ce beau roman pose des questions sur la mort, le deuil et l'existence.
Quel souvenir garde-t-on de nos défunts ? Qu'est-ce qui disparaît de nous avec eux ?
À l'instar du narrateur, le lecteur entend résonner une évidence difficile à affronter : il ne faut pas laisser la mort prendre toute la place, mais il ne faut pas l'ignorer pour autant.
Le roman est traversé de grandes figures de la culture contemporaine : Beth Gibbons, Milan Kundera, Jean-Luc Godard ou Michel Piccoli. Ces êtres sont autant d'étoiles qui fileront, mais qui brillent encore intensément et qui illuminent l'existence de ceux qu'ils croisent. Cette lumière, chacun de nous la porte, et elle réchauffe ceux que nous n'oublions pas.

- La Fille du train de Paula Hawkins
Policier - coup de cœur de Geneviève

La Fille du train par HawkinsRachel n'est pas amnésique, mais ça revient au même. Ce qu'elle fait quand elle est ivre s'efface de sa mémoire, elle n'en garde que de vagues impressions et la honte de s'être laissé aller, une fois de plus, et d'avoir perdu sa dignité et toute maîtrise de ses actes. Or Rachel boit de plus en plus. Voilà deux ans qu'on lui a volé sa vie, elle était mariée, heureuse, mais une autre femme a pris sa place dans le cœur de Tom et dans leur maison, et l'équilibre précaire de Rachel s'est écroulé. Il lui est d'autant plus difficile de tirer un trait sur Tom qu'elle passe devant chez lui chaque jour, en train. Elle passe également devant chez "Jason et Jess", un petit couple tout mignon dont le bonheur apparent la fait rêver, jusqu'à ce que...

Ce thriller psychologique à trois voix est d'autant plus stressant qu'il met en scène des gens ordinaires, des femmes auxquelles on peut aisément s'identifier. On s'y attache, en tout cas, notamment à Rachel. Une rupture amoureuse lui a fait perdre les pédales, et le chagrin, la solitude et la jalousie lui font faire n'importe quoi. L'auteur montre bien la façon dont sont considérés les alcooliques/dépressifs par ceux qui sont "du bon côté" de la santé mentale et de l'autorité (les policiers, en particulier) - ils font pitié, sont infantilisés, pas pris au sérieux, méprisés et vite priés d'aller faire leur cinéma ailleurs. Ils sont aussi une proie idéale...
Un très bon roman noir étourdissant et riche en suspense, où les rebondissements sont savamment dosés et restent crédibles.

 Quatuor de Anna Enquist
Roman - coup de cœur de Lydie
Qui dit Quatuor dit quatre personnages principaux. Jochem est Luthier et joue de l’alto. Sa femme Caroline est médecin généraliste et joue du violoncelle.
Quatuor par EnquistHugo, le premier violon est directeur d’un centre culturel consacré à la musique qui prend l’eau de toutes parts en ces temps où la culture ne reçoit plus aucune subvention. Et enfin Heleen infirmière dans le cabinet de Caroline est second violon du quatuor, c’est une âme bienveillante membre d’un club de correspondance avec des prisonniers.
Ils ont tous les quatre un passé difficile, ils sont blessés par la vie. Mais le fait de jouer ensemble a quelque part le même effet qu’un baume cicatrisant.
A la lisière de leur quatuor, il y a Reinier, l’ancien professeur de Caroline, autrefois un violoncelliste virtuose, se trouve désormais cloué chez lui par l’arthrose et la paranoïa : il sait que si on le juge inapte à vivre seul, il sera emmené dans un de ces mystérieux centres où les visites sont découragées et où les pensionnaires ne font généralement pas long feu. Pendant que chacun se débat avec ses problèmes personnels, une affaire de corruption met les médiats locaux en émoi…

- Au bonheur des ogres de Daniel PennacRoman - coup de cœur de Lydie

Au bonheur des ogres par PennacDe la dérision, de la fantaisie, de l'impertinence, du rocambolesque mais aussi de la fragilité de l'enfance, de l'éclatement de la famille, de la gravité des évènements …il y a tout ça dans ce premier opus de la saga Malaussène où le narrateur, Benjamin Malaussène, affublé du costume de chef de tribu quelque peu trop grand pour lui, devient le moteur malgré lui d'un conte policier moderne. Car à veiller sur sa famille en racontant des histoires d'ogres, Benjamin va découvrir que la fiction peut prendre des airs de réalité. Benjamin Malaussène est un chef de tribu. Aîné d'une bande d'enfants dont la mère disparaît à chaque fois qu'elle tombe amoureuse, il est chargé de famille et occupe un emploi de bouc émissaire dans un grand magasin parisien. Son job consiste à désamorcer la colère des clients mécontents de leur achat en jouant les pleureuses. Sachant mieux que personne éveiller la compassion desdits clients qui finissent toujours par abandonner leur plainte, il représente une manne précieuse pour son employeur. Mais il possède un autre don, celui de s'attirer les ennuis et de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. C'est ainsi que la première bombe a explosé au rayon des jouets cinq minutes après son passage. La seconde, quinze jours plus tard, sous ses yeux. Il était là aussi pour l'explosion de la troisième. Des attentats ciblés, perpétrés au cœur du magasin et pour lesquels il fait figure de suspect idéal…

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Coups de cœur du café lecture 09/01/2016

  • Nymphéas noirs de Michel Bussi, Policier, coup de cœur de Françoise
Un thriller captivant, à l’intrigue déroutante sur fond d’histoire d’art pictural se déroulant à Giverny, village rendu célèbre par Claude Monet pour son jardin, son petit pont japonais et surtout par ses nymphéas. Tous les personnages de l’histoire sont liés à Jérôme Morval, ophtalmologue qui y a été assassiné. Mais qui est l’assassin ?
Nymphéas noirs par BussiLe duo policier Serennac et Benavidès est complémentaire, chargé de l’enquête, ils vont être confrontés à trois femmes : Fanette une petite fille de 11 ans prodige de la peinture, Stéphanie institutrice du village et une vieille femme aux yeux scrutateurs qui voit et entend tout du haut de son moulin.
Trois autres meurtres anciens non élucidés viennent obscurcir les mystères de Giverny, la résolution de ces meurtres doit faire face aux faux semblants et à d’étranges rumeurs. Qui, quand et pourquoi ? L’enquête mêle le passé et le présent et suit les pistes des indices semés, les amantes, le trafic d’art et les enfants illégitimes. 
La force de ce roman réside dans l’art que manie astucieusement l’auteur pour nous amener à de nombreuses solutions possibles jusqu’à la fin qui est étonnante et que l’on ne voit pas venir.
Par ailleurs l’atmosphère du récit est majestueuse, tel un conte de fée, la magie des lieux, son histoire son âme viennent magnifier l’enquête. L’art impressionniste trouble visuellement, on s’évade, on voyage à Giverny emporté par l’art pictural de Monet.

  • Ils savent tout de vous de Iain Levison, Policier , coup de cœur de Paulette
Ils savent tout de vous - Couverture - Format classiqueLire dans les pensée des gens, un sacré don que Snowe, jeune flic d'une petite ville du Michigan se découvre du jour au lendemain. Très pratique lors des enquêtes, il sait tout de suite lorsque les inculpés disent la vérité ou non, en quinze jours il est devenu un superflic. C'est plus problématique auprès des collègues, découvrir que le sergent responsable de patrouille rêve de prendre une douche avec le jeune stagiaire Latino est plutôt gênant, et dans les transports amoureux lire que sa partenaire se demande si le lave-vaisselle a été vidé, a tendance à freiner la libido.
Mais bon, la carrière de Snowe prend un nouveau départ, une jeune et jolie agent du FBI a besoin de lui, il doit retrouver Denny, un autre télépathe qui a mal tourné. Snowe et Denny vont rapidement s'apercevoir qu'ils ont des ennemis en commun. Des personnes qui savent tout de nous…
Un paranoïaque a tout de même de vrais ennemis, non ? Si en plus ils lisent dans nos pensées…Télésurveillance, GPS, Internet, smartphone, Big-Brother est dans la toile et dans notre poche.
Bienvenu dans le thriller parano de Iain Levison.
Du couloir de la mort d'un pénitencier, aux bureaux de l'ONU à Manhattan, une course poursuite entre New-York et Boston pour un final dans un motel glauque on ne voit pas le temps passer. En conteur né, Levison nous accroche avec un sens du tempo et un humour ravageur.


  • D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan, Roman,
  • coup de cœur d’Evelyne
Delphine de Vigan - D'après une histoire vraie. 1 CD audio MP3Après l'immense succès de son dernier roman consacré à sa mère, succès auquel elle ne s'y attendait pas, Delphine, en plein désarroi et quelque peu perdue, est confrontée à la page blanche. Qu'écrire après cela? L'imagination s'est envolée, l'envie avec. Pour rassurer ses proches, elle feint un projet de livre et leur cache ces lettres de menaces qu'elle reçoit. Pour avoir écrit sur ses proches, notamment sur sa mère, on l'accuse d'avoir sali son nom et semé la haine. C'est dans cette période un peu confuse, alors qu'elle est malléable et fragile, qu'elle fait la rencontre de L. lors d'une soirée chez une amie. de suite, L. s'est approchée d'elle, lui a parlé, l'a mise à l'aise et a semblé déjà la connaître. de suite, Delphine l'a admirée et l'a laissée entrer dans sa vie...
Quelle est la part du vrai et du faux dans ce roman psychologique? Jusqu'où Delphine de Vigan s'est-elle mise en scène et à la fois mise à nu ? Toujours est-il que le lecteur curieux s'immisce dans cette relation d'abord amicale puis exclusive, presque vampirique et s'introduit dans les coulisses.
La tension va crescendo et l'ambiance devient oppressante. Dans ce thriller psychologique, l'auteur offre de belles réflexions sur les rapports entre l'auteur et le lecteur, sur le travail d'écriture, sur ce que l'auteur donne de lui-même, les attentes des lecteurs mais aussi sur la folie et le doute. L'intrigue est impeccablement menée et l'écriture constructive. Les trois citations de Stephen King donnent le ton quant aux trois grandes parties de ce roman.

  • Qui je suis Charlotte Rampling avec Christophe Bataille, Biographie
  •  coup de cœur de Nicole
Charlotte Rampling - Qui je suis.
Dans Qui je suis, Christophe Bataille a fait le choix de laisser l’actrice se révéler plutôt que de se placer dans un rôle de biographe traditionnel. Se tenant en retrait, il est le témoin presque silencieux et attentif de ses confidences. De par les quelques impressions qu’il nous confie, on suit le livre qui se construit au fil des séances de travail et des souvenirs qui affleurent. Retenant presque notre souffle pour ne pas déranger, on se sent transporté au cœur de l’alchimie de l’écrit, entre la parole et les mots.
Au fur et à mesure des réflexions, des anecdotes, la conversation dérive vers l’intime. Une subtile complicité se noue entre l’actrice et le romancier. La confiance s’établit entre Charlotte Rampling et le lecteur. Charlotte s’apprivoise mais jamais ne laisse emprisonner. Au fil des pages et de l’écriture, elle se livre et s’échappe aussitôt. On la découvre par bribes, sans jamais parvenir à la saisir vraiment. Un portrait de la femme se dessine au fil des souvenirs doux-amers. Flou, à peine esquissé, comme une aquarelle, et pourtant on touche là au cœur des secrets et de l’intime.
Avec retenue, dénuement et poésie, elle livre des morceaux épars de sa vie. Cette autre vie en dehors du cinéma. Les moments inoubliables, les anecdotes, les impressions d’enfance et tout ce que l’on tente de saisir de ses parents ou de soi-même. Et derrière ce récit semblable à une mosaïque, persiste la douleur. La douleur de secrets trop longtemps enfouis, la douleur de l’absence d’une sœur.
Qui je suis est un étrange portrait. Insaisissable et touchant, sans fioritures, il nous fait effleurer le mystère Rampling. Charlotte lève un coin du voile mais toujours se cache derrière les souvenirs. Pourtant, on la devine et elle nous émeut.


  • Les guichets du Louvre de Roger Boussinot, Roman (fait vécu),
  • coup de cœur de Nicole
Les guichets du Louvre par Boussinot
Alors qu'il s'apprête à regagner Bordeaux pour les vacances, un jeune étudiant parisien accepte une mission confiée par Favard, une vague connaissance. D'après celui-ci, en ce 16 juillet 1942, la police française a décidé d'arrêter massivement les juifs dans quelques quartiers de la rive gauche. Il doit tenter d'en sauver quelques-uns, tout faire pour les emmener passer la journée sur l'autre rive de la Seine, les éloigner pour leur éviter l'arrestation.
Dès son arrivée dans le quartier qui lui a été assigné, l'étudiant est témoin des arrestations mais il ne sait comment aborder les personnes qu'il veut sauver, tellement peu sûr de lui qu'il se sent incapable de les convaincre du danger qui les menace et de l'aide qu'il peut apporter.
Puis, il rencontre une jeune fille, d'un âge voisin du sien et cette proximité lui donne plus d'assurance et d'autorité. Grâce à elle, il a l'occasion d'entrer chez des gens, qui prévenus par la police, ont préparé leurs valise et attendent qu'on vienne les chercher. Après qu'elle a accepté d'enlever son étoile jaune, il tente de la persuader de passer la Seine, d'aller au-delà des guichets du Louvre.
Ce récit de Roger Boussinot est un témoignage précieux sur cette journée de la rafle du Vel d'hiv, vue avec les yeux naïfs d'un jeune homme, qui n'a pas immédiatement compris l'importance de l'évènement.

  • Les égouts de Los Angeles de Michael Connelly, Policier,
  •  coup de cœur de Lydie
Les Egouts de Los Angeles par ConnellyHieronimus « Harry »Bosch est inspecteur et vétéran du Vietnam. Flic au tempérament bien trempé, il s’est fait écarter de la division des homicides, suite à une affaire qui a mal tourné pour lui. Appelé sur les lieux d’une mort suspecte dans le barrage de Mulholand, suite à l’appel d’un témoin, il découvre dans une canalisation, le cadavre d’un homme qu’il reconnaît comme l’un de ses frères d’armes lors de la guerre du vietnam, Meadows. L’homme semble être mort d’une overdose, mais ce n’est pas l’avis d’Harry Bosch qui trouve suspecte la mort de meadows. Meadows a de plus un passé chargé : prison, drogues, et a très mal vécu son retour du Vietnam, de plus Harry et Meadows ont vécu le Vietnam comme une guerre souterraine, ils étaient tous deux des « rats de tunnel », c’est-à-dire une division qui détruisait à coups d’explosif les tunnels Vietnamiens, expérience traumatisante, alors qu’elle ironie du sort pour le pauvre Meadows de terminer sa vie au fond d’un tunnel !
Harry Bosch va débusquer plusieurs indices et attiser la curiosité du FBI, sur cette enquête il va collaborer avec la brillante Eleanor Wish, qui elle aussi avait mis sous surveillance Meadows, à la suite d’un braquage de banque, très réussi.
Pour profiter pleinement de toutes les enquêtes de Harry Bosch il faut avoir lu ce premier opus qui nous amène à découvrir ce qui fait le sel des romans de Michael Connelly : Harry Bosch lui-même flic intègre, travaillant en marge, sous estimant l’institution qu’il représente, sa vision pessimiste assez tangible à travers les peintres Jérôme Bosch et Edward Hooper, sa manière plutôt interventionniste d’exercer son métier, font de lui la cible des Affaires Internes, et d’une surveillance accrue durant toute l’intrigue.

  • Les prés refleuriront de Antonin Malroux, Roman,
  • coup de cœur de Josette
Les prés refleuriront par MalrouxAnnée 1932. Dans les campagnes qui entourent la cité sagranière, les Sapierce exploitent la plus grande ferme du hameau. En plus de leurs deux fils, ils élèvent Line, quatorze ans, une nièce qu'ils ont recueillie à la mort de ses parents dans un accident de battage. Dans la ferme voisine, vivent les Marteloup. À leur tête, la veuve Santiane tient les rênes de l'exploitation où travaillent son fils et sa bru qui ont adopté Donatien, un enfant de l'assistance publique. Entre Line et Donatien, les deux orphelins, la complicité enfantine évolue vers une amitié plus tendre au grand dam de Santiane qui rêvait d'un meilleur parti pour son héritier : Line n'apportera pas de dot et elle aime trop les livres pour que l'on puisse espérer en faire une vraie paysanne. Tiraillé entre Line et Santiane, le temps approche où Donatien sera placé devant un choix cruel…
Au fil des chapitres, Antonin Malroux captive le lecteur et décrit avec justesse la condition et le destin des hommes et des femmes de l'entre-deux guerres. Évoquant tantôt des moments de douleur, tantôt la magie fragile et mystérieuse qui unit profondément les êtres, ce roman du terroir d'ici sonde l'âme humaine de belle manière.

  • Le passeur de Lois Lowry, Roman anticipation ado,
  •  coup de cœur de Lydie
Ce roman d’anticipation présente une société imaginaire, futuriste où les individus sont formatés pour ne plus ressentir d’émotions. Dans ce monde toutes les différences ont été abolies, non par respect ou par tolérance, mais pour les intérêts du système. Tout est réglé pour être parfait, chaque vie est régie par des lois que personne n’aurait l’idée de transgresser. Une vie simple où chacun sait ce qu’il a à faire, où chacun a une utilité. Éliminés les douleurs et les conflits mais aussi, tant qu’à faire, les couleurs, les parents, les émotions, les choix..
Le passeur par LowryLes parents sont accouplés par affinités, les bébés nés par mères porteuses puis élevés en crèche jusqu’à l’âge d’un an, sont attribués à une cellule « familiale ».
Le lecteur découvre cette société à travers les yeux de Jonas, un jeune garçon de 11 ans. Le livre s’ouvre sur son appréhension de la cérémonie des 12 ans. Car douze cérémonies, une par an, rythme la vie des enfants. La douzième étant la plus importante car c’est au cours de celle-ci que l’enfant se voit attribuer son futur métier. Il est choisi d’avance par les membres du comité en fonction de la personnalité de l’enfant, de ses qualités, du nombre d’heures de bénévolat effectuées au sein des différents services.
I y a un métier particulier, attribué à une unique personne dans la communauté, dont le but est de conserver la mémoire, le rappel de ce qui faisait le propre de l’homme avant le grand changement.
On constate dans ce roman que cette société future, pacifiée, débarrassée de la violence et de la compétition, aboutit à la négation de l’individu. Et pourtant certaines des solutions présentent à priori de très bons côtés, l’aide aux personnes âgées, le développement du sens des responsabilités, le respect d’autrui, le contrôle de soi, les périodes d’essais professionnels permettant de comprendre les capacités, aptitudes et préférences de chaque enfant.
Le sujet est traité de façon intelligente et sensible, le lecteur entre peu à peu dans l’univers de Jonas. L’écriture est très agréable et fluide, on a du mal à le lâcher avant la fin..

  • La chambre des morts de Franck Thilliez, Policier
  • coup de cœur de Lydie
La chambre des morts par ThilliezVigo et Sylvain sont amis et collègues. Informaticiens de formation, ils viennent de se faire virer et ne l'acceptent pas. En pleine nuit, ils décident de tagger les murs de leur entreprise et s'enfuient en vitesse. Pris dans leur délire, Vigo s'amuse à rouler à vive allure, tous phares éteints quand ils entendent un grand bruit. Ils se rendent vite compte qu'ils viennent de renverser quelqu'un. L'homme est mort sur le coup. Paniqués, ils décident de ne pas avertir la police et de faire disparaître le corps. D'autant plus qu'ils découvrent une mallette contenant 2 millions d'euros près du corps. Malgré quelques réticences de la part de Sylvain, les deux amis mettent le cadavre dans le coffre de la voiture pour le cacher ailleurs et décident de mettre l'argent dans un endroit secret. Ils devront maintenant cacher à leur entourage cette somme et faire semblant de rien...
De son côté, après son congé maternité, Lucie Hennebelle reprend du service au sein de la police. Contente de retrouver son poste et ses collègues, elle va très vite être plongé dans un véritable cauchemar. En effet, le corps d'une petite fille aveugle vient d'être retrouvé dans un entrepôt désert. Impeccablement mise, le tueur semble s'être tout particulièrement bien occuper d'elle. La maman, inquiète de ne plus avoir de nouvelles de son mari, informe la police que celui-ci était parti donner une rançon aux ravisseurs de sa fille. Très vite, le lien s'établit entre les deux faits. Une enquête épineuse commence alors pour Hennebelle et ses collègues qui tacheront d'éclaircir toute cette histoire...
Un premier chapitre qui donne le ton... Une petite fille enfermée, de mauvaises odeurs, des bruits étranges et tout bascule... La Bête rode... Attention où vous mettez les pieds! La première enquête de Hennebelle augure de bons présages. Des héros attachants avec leur lot de soucis quotidiens, des Bêtes étranges au comportement effrayant, des décors plus vrais que nature, une ambiance froide, palpitante et crispante, ce polar au rythme soutenu décortique les blessures et les déviances humaines. Franck Thilliez maîtrise avec noirceur et brio l'art de nous plonger tête baissée dans ses aventures.
La chambre des morts... nuit blanche en prévision...