Coups de cœur de la rentrée littéraire d’Elise des livres du 08/02/2025
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Tout le monde aime Clara, Roman de David Foenkinos
Ses romans se suivent et ne se ressemblent pas. Est-ce que
celui-ci n’est pas l’occasion pour le célèbre écrivain hautement romantique de
nous livrer une grande part de lui, de ce qu’il aime et qui l’inspire ?
J’imagine la part de Foenkinos dans chacun des personnages de ce roman court et
pourtant si foisonnant. Tout y est.
L’écrivain en manque d’inspiration, les références
littéraires cultes (Kafka, Modiano, Duras), l’art (Munch, William Wetmore
Story), la musique (Björk).
Et on découvre Foenkinos sous un nouvel angle, peut-être
encore plus personnel, avec la question du coma, l’expérience de mort, la
littérature salvatrice, la contemplation et …la médiumnité.
Je ne vous ferai pas un résumé de Tout le monde aime Clara.
Cela induirait que je vous parle de Marie et Alexis, par conséquent, vous
expliquer Eric Ruprez et les 3 A, Mathilde…
Lisez le, ça ira plus vite !
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Le secret des mères, roman de Sophie
de Baere
Alors qu’elle retourne auprès des siens quand sa mère est
sur le point de mourir, elle va avoir à cœur de comprendre les non-dits, de
faire revivre les fantômes du passé et découvrir qui elle est, quel est le
terreau qui l’a vu grandir. On plonge alors dans les années 60, dans le Morvan,
la France profonde, je découvre les « petits Paris », ces petits
orphelins placés chez les paysans dans le Morvan, j’apprends avec horreur
l’existence des maisons maternelles, où on envoyait les « filles-mères »
pour échapper à la honte causée par ces traînées et leurs petits
« bâtards ». Et c’est une cruelle histoire de famille, de femme, de
maternité, d’amour, comme il a dû en exister.
Un roman poignant, émouvant, haletant. Des vies détruites
par les mensonges, le regard des autres. Mais un dénouement heureux et attendu.
Je ne suis pas prête d’oublier Lucien, Marthe, Augustine, Serge, Etienne et
Ada ! Très très beau roman.
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La petite bonne, roman de Bérénice
Pichat
Un roman comme une poésie, une épiphanie littéraire, et une
fin magistrale.
- Il était une femme étrange, roman de
David Lelait-Helo
David Lelait-Helo nous livre ici un roman au lyrisme
provocant, une relation fils/filles-mères cruelle telle une tragédie grecque, une
histoire d’hyper féminité et de transidentité, dans un décor de bout du monde,
hispanique, dont le champ lexical m’a emportée très loin.
La poésie est dans chaque ligne, chaque mot savamment choisi
pour mettre en exergue la beauté, l’audace et la folie de cette femme étrange.
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J’emporterai le feu, roman de Leïla
Slimani
Troisième et dernier tome de saga familiale Le pays des autres, tome plus autobiographique.
Place aux décennies 1980/2000 et à une nouvelle génération,
celle de la jeunesse de la romancière (elle est née en 1981), celle de sa quête
de liberté quand elle vient faire ses études en France.
Les trois générations sont présentes à leur tour dans ce
roman polyphonique : Mathilde et Amine, les grands parents du tome 1, Aïcha et
Mehdi, les parents de “Regardez nous danser” et désormais Mia et Inès, les
filles.
Mia est un double fictionnel ; elle est écrivaine et
narratrice.
“Qui suis-je ?” Mia exprime ses doutes et ses interrogations
: comment se construit-on arabe, en France, dans le pays des autres, quand on
est à la fois d'ici et de là-bas ? Qu'est ce que l'arabité ? “A la maison, on
pouvait critiquer le voile, le fanatisme, s'emporter contre ces horribles
barbus qui menaçaient l'écrivain Salman Rushdie. “Mais ça ne marche pas comme
ça ici.” Dehors, il ne fallait pas en parler, ne pas provoquer, faire semblant
de respecter la bienséance. Ses parents étaient des hypocrites et Mia se
sentait humiliée en constatant qu'ils n'étaient pas libres.”
Rabat, Casablanca, Meknès mais aussi Paris, Londres,
New-York, l'intime va croiser les évènements mondiaux (la chute du mur de
Berlin, la coupe du monde de football de 1998, l'attentat des tours du World
Trade Center, Jean-Marie le Pen au second tour des élections présidentielles,
la montée de l'islamisme…)
Ce roman se révèle précis sur les évènements que nous avons
connus.
“J'emporterai le feu” interroge sur ce l'on emmène d'un lieu
ou de quelqu'un qu'on a aimé quand on part, faisant un clin d'œil à Jean
Cocteau qui nous dit dans l'épigraphe “Si votre maison brûle
qu'emporteriez vous ? - J'emporterais le feu.”
Leïla Slimani met son talent de conteuse au service d'une
pluralité de voix, servant une autofiction qui se frotte aux évènements de la
deuxième moitié du vingtième siècle.
Elle clôt ainsi brillamment sa saga familiale romanesque “Le
pays des autres”, commencée il y a cinq ans.
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Les fragments du cœur, roman de Marion
Fritsch
Quatre saisons de poésie pour dire l’amour et ses chagrins. Adorablement romantique, j’ai aimé chaque ligne de cette balade poétique au pays de l’amour.
Un voyage poétique et amoureux au rythme des saisons.
Chaque saison explore un sentiment amoureux.
Le printemps est synonyme des premiers émois amoureux, l'été
est ardent, passionné.
L'automne rime avec désillusions, l'hiver mène à la rupture.
C'est écrit avec une délicatesse infinie. Chaque page nous
cueille. J'ai eu l'impression que les poèmes m'étaient murmurés à l'oreille.
L'état amoureux est décrit avec subtilité, les papillons
dans le ventre, l'éveil des sens, la joie mais aussi les doutes, les
malentendus, l'absence et enfin la renaissance.
Avec une infinie douceur, Marion raconte son histoire.
Merci Marion pour ce partage et cet ascenseur émotionnel.
C'est un ouvrage à garder près de soi pour s'y replonger au
gré des saisons et de ses amours.
- Meuf, guide pour nos filles, BD de Marion Dubois
Les secrets et trucs de filles expliquées à toutes et tous !
C'est en observant sa fille de 5 ans que l'autrice Marie
Dubois a eu envie d'écrire Meuf, album hybride (mi- roman graphique, mi- guide),
afin de répondre à la question existentielle "c'est quoi être une femme
?". Les choses ayant changé depuis les années 90, elle décide de prendre
la température auprès de collégiennes qui, par petits groupes, lui confient
leurs préoccupations relatives à la puberté : compétition entre filles,
tripotage non consenti, remarques sur le physique et les vêtements, harcèlement/orientation
sexuel(le)…
Meuf comporte 10 chapitres aux titres truculents
décortiquant de manière drôle et sous une approche historique la
"quête" complexe que celle d'être une femme :
• La muraille des genres ;
• le château des illusions (patriarcat) ;
• La grande mutation (puberté) ;
• La rivière écarlate (règles) ;
• La cité des loups (harcèlement de rue) ;
• La chasse à la licorne (complexes) ;
• La guerre des meufs ;
• L'île de la sororité ;
• La forêt des trolls puants ((cyber)harcèlement) ;
• L'arc-en-ciel des possibles (LGBTQIA +).
L'autrice illustre son propos engagé par des exemples tirés
de son enfance, rapports d'observatoires/instances politiques, réflexions de
philosophes, journalistes, écrivaines, anthropologues, instagrammeuses,
anonymes… Elle dédramatise certaines situations en délivrant à la fois
conseils et informations : que l'on soit victime ou témoin, cela permet de
savoir vers qui se tourner et en fait un super guide. Elle souligne aussi
l'hypervigilance quotidienne des femmes dans laquelle je me suis reconnue.
Le dessin humoristique truffé de clins d'œil rend la
lecture fluide et didactique. le graphisme du sommaire sous forme d'île
"Meuf Land" est très beau. Mention spéciale aux incursions du chat
noir qui commente avec malice les avancées !
Un album lumineux et instructif qui s'adresse à toutes les "meufs"... mais pas que !
Café lecture 07/12/2024
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La fileuse de verre, Roman de Tracy Chevalier, coup de cœur de Denise, Paulette P , Marie-Thé et Evelyne
Que Tracy Chevalier nous parle d'une brodeuse, d'un peintre, d'une collectionneuse de fossiles, et ici de la verrerie à Murano, elle nous emporte, car ses romans sont toujours extrêmement bien documentés
Mais avant de commencer ce roman, il vous faut savoir que la construction narrative y est assez particulière. Nous suivrons une famille, et plus particulièrement une enfant (de neuf ans au départ), du XV siècle aux années Covid. Oui, ce personnage, ne vieillira que de quelques décennies, mais ce sera toujours le même ; alors qu’autour d'elle, certains membres de sa famille disparaitront. Ça vous semble bizarre dit comme cela, mais quand on le lit, c'est parfaitement naturel. L'autrice trouvant qu'à Venise, le temps s'immobilise, le temps n'a pas de prise, seul un caillou jeté dans la lagune troublera l 'eau et le temps et sautera quelques années. Un peu comme un ricochet qui crée un cercle puis un autre. Un peu comme le verre distendu, coulant, changeant de forme.
Mais pour l'heure, on est en 1486, Orsola est fille d'un maître-verrier à Murano, ses frères apprennent le métier pour succéder un jour lointain au père, mais pas elle, c'est un métier d'homme. Et ce jour arrive plus tôt que prévu, le père mourant de façon accidentelle ; le fils aîné (bien jeune) prend la relève, sauf que leur petite entreprise ne marche pas aussi bien, et Orsola, décide d'apprendre à fabriquer des perles pour aider la famille.
Du XV siècle à nos jours, on suivra cette
famille qui essaiera juste de survivre en tant que verriers, et de nourrir
toute la maisonnée. La concurrence est rude, il faut sans cesse s'adapter,
produire de belles pièces, des pièces d'exception, ou de petites choses pour
les petits porte-monnaie des touristes...
A travers cette famille, c'est aussi
l'évolution et la particularité de Murano, que l'on suit. Cette petite île au
large de Venise, où les verriers étaient cantonnés pour éviter les incendies
dus à leurs fours que l’on n’éteint jamais.
Venise, la sublime, et Murano, si loin de
la "terraferma", qui résisteront à tout : peste, faim, Napoléon, Covid, et c'est passionnant à lire.
Un roman magique...
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NAOTO le gardien de Fukushima, BD biographie adulte de Fabien Grolleau, coup de cœur de Lydie et Claire
Japon, 11 mars 2011. Un tsunami cause la
fusion du cœur de trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima. Une
catastrophe de l’ampleur de celle de Tchernobyl.
La première mesure a été inévitablement
l'évacuation de la population dont celle de l'ouvrier de 53 ans. Environ 17 000
personnes ont dû quitter leur maison mais aussi leurs animaux, pensant pouvoir
y retourner tôt ou tard, ce qui n'est jamais arrivé jusqu'alors. Depuis ce
jour, une autre vie a commencé pour Naoto Matsumura, bien décidé à ne pas
laisser les animaux à l'abandon. Il a alors commencé par trouver de la
nourriture pour leur survie. Il a rapidement laissé de côté la question des
possibles conséquences sur sa santé : les dommages dus aux radiations
nucléaires pourraient se matérialiser dans plusieurs années, quand l'homme
mourra vraisemblablement de vieillesse.
Naoto aime les animaux dont il s'occupe,
assurant la liberté des plus indépendants et la plus grande attention à ceux
qui préfèrent vivre ensemble avec l'homme. 400 vaches, 60 cochons, 30 poules,
10 chiens, et plus de 100 chats et une autruche animent la vie de Naoto
Matsumura.
C'est une histoire poignante et touchante
sans être pessimiste ni glaciale malgré la gravité de l'évènement. En cela, les
auteurs prennent soin de raconter cette histoire avec une note d'espoir comme
le montre le dernier plan de cet album dévoilant la vérité que la vie peut
continuer même au coeur des radiations. Naoto est un bon album parce qu'il ne
se contente pas uniquement de délivrer un pamphlet anti-nucléaire suite à une
véritable catastrophe. le message est bien présent mais c'est surtout la vie de
cet homme Naoto qui est ici mise en valeur. C'est une vie qui est racontée de
manière plutôt originale puisque les auteurs incrustent dans leur intrigue des
passages inspirés du conte et de la mythologie japonaise. Ainsi le tsunami est
comparé au dragon Ryujin tandis que le nuage radioactif est dessiné tel un
démon du nom d'Akashita. Il y a fréquemment cet équilibre entre le folklore et
la mythologie japonaise et la réalité de Fukushima comme si Naoto finissait par
devenir un véritable héros comme dans les contes japonais. Il est d'ailleurs
comparé à l'un d'eux. Ces références mythologiques qui sont gracieusement
dessinées par Ewen Blain permettent de rendre un hommage encore plus vivace à
Naoto mais aussi à ce Japon rural et meurtrie.
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Bien sûr Monsieur Proust, Tome 1 de Céleste, BD biographie adulte de Chloé Cruchaudet, Coup de cœur de Lydie et Claire
En 1913, Céleste Albaret, une jeune femme
fraîchement débarquée de sa Lozère natale à Paris, entre au service de Marcel
Proust grâce à son mari Odilon qui sert souvent de chauffeur au Maître. C'est
le début d'une relation exceptionnelle qui durera jusqu'à la mort de l'écrivain
en 1922 : Céleste lui servira à la fois de gouvernante et de secrétaire, ne
comptant jamais ses heures, le servant nuit et jour (et surtout la nuit car
Proust se levait en fin d'après-midi), entrant dans les méandres de la création
littéraire, inventant les « paperoles », ajouts de bouts de papier, parfois
longs de plusieurs mètres, pliés en accordéon et collés sur les pages des
manuscrits. Tous les Proustiens connaissent Céleste, notamment grâce à son
livre Monsieur Proust (1973), et à ses apparitions dans des émissions
télévisées et de radio dans les années soixante. Ce roman graphique revisite de
façon sensible et charmante la vie du grand écrivain. C’est par le truchement
de Célestine Albaret dite Céleste, que l’autrice s’approche au plus près de ce
grand angoissé dont la santé précaire oblige à garder souvent le lit. Par
l’entremise de son mari chauffeur de taxi, Céleste devient sa coursière, puis
son employée. Elle ne sait pas faire grand-chose, et surtout pas la cuisine,
mais, alors que la grande guerre envoi ses hommes sur le front, elle se
retrouvera seule à s’occuper de ce grand enfant gâté. S’il apprécie la présence
maternelle et la disponibilité de sa domestique, Marcel Proust sait aussi se
montrer cassant et exigeant.
L’histoire pourrait paraître simplette, mais le graphisme la rend superbe. Les tons pastel dans les mauves, roses et verts donnent le ton à ce récit qui glisse vers l’onirisme quand il s’agit d’illustrer le ressenti de Marcel ou de Céleste. On assiste à la genèse de l’œuvre proustienne où l’écrivain se perd dans les méandres de ses souvenirs tout en composant ses phrases. Au fil des pages on découvre l’affirmation de soi d’une jeune fille en manque d’assurance. On la voit évoluer et protéger son maître comme le ferait une mère, au point qu’ils arriveront à s’émanciper des rôles convenus du maitre et de la servante.
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Promis, juré, Roman de Isabelle Laguarrigue, coup de cœur d’Evelyne, Thérèse et Paulette P
« Promis, juré » invite à suivre
trois personnages qui sont convoqués comme jurés à un procès d'assises. Logés
dans un hôtel proche du Palais de justice, Dylan, Norma et Martine vont certes
devoir juger Camille, une jeune femme accusée du meurtre de son patron, mais
ils vont surtout progressivement se lier d'amitié alors que rien ne les
prédestinait à se croiser dans la vie.
Les fans de procès et de
plaidoiries ressortiront probablement déçu de cette lecture car le procès de
Camille ne sert finalement que d'excuse à la rencontre des trois autres
protagonistes. Isabelle Lagarrigue ne donne d'ailleurs jamais vraiment
l'impression de s'intéresser au sort de Camille, survolant juste son histoire
et se servant du procès pour faire échos aux blessures des trois jurés.
L'autrice livre donc un roman
choral qui lève progressivement le voile sur les soucis de trois personnes qui
cherchaient visiblement leur place dans la vie au moment de recevoir cette
convocation et qui vont profiter de cette amitié naissante pour se livrer et
faire tomber le masque qu'ils arborent au quotidien, faisant croire à tout le
monde qu'ils vont bien.
La réussite professionnelle de
Norma, l'architecte d'intérieur quadragénaire à la petite vie bourgeoise bien
rodée, est-elle vraiment synonyme de bonheur ? La sagesse de Martine, qui prend
plaisir à véhiculer et à écouter les gens dans son taxi, suffit-elle à combler
sa solitude depuis que son Marcel est parti ? Et que se cache-t-il derrière le
sourire permanent de Dylan, ce livreur débordant d'humour, toujours prêt à
aider les autres ?
L’histoire déroulée par Isabelle
Lagarrigue déborde d'humanité tout en dévoilant progressivement une belle
amitié.
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Echecs, BD adulte de Victor. L Pinel, coup de cœur de Lydie et Claire
Un récit choral autour de la
notion de « l’amour » à tous les âges. Une palette de personnages qui
sont tous reliés entre eux sans la savoir. Un jeune homme, Samir, monte dans le
tram. Ses yeux s’écarquillent. Il vient de tomber sous le charme d’une jeune
fille, assise à l’extérieur. Mais trop tard, les portes se referment, la vie
continue, ils ne se croiseront probablement plus jamais.
Dans la chambre d’une maison de
retraite, Madame Dubois a fumé le cigare et réclame même du cognac. Elle ne
veut pas sortir de sa chambre, elle ne veut pas se mélanger aux autres, la
directrice s’inquiète de son état. Alors elle propose qu’elle puisse accéder au
programme des visiteurs accompagnateurs. Samir, sera celui qui l’accompagne et
et qui gère ses humeurs changeantes. Si la veille dame rechigne, elle finit par
accepter lorsque Samir lui avoue qu’il ne sait pas jouer aux échecs. Elle va
lui apprendre. Samir comprend que les échecs sont comme la vie : faciles à
apprendre, amusants à jouer, difficiles à gagner…impossible à contrôler. Autour
de lui d’autres destins gravitent, plus ou moins heureux en amour. Un célèbre
acteur qui n’arrive pas à vivre une vie normale et à rencontrer l’amour, une
jeune femme qui enchaîne les conquêtes sans lendemain, une femme est en pleine
instance de divorce, un vieux couple qui commence à s’ennuyer dans sa relation,
et un ado qui fait des jaloux à cause de sa popularité auprès des filles.
Victor L. Pinel sait raconter des
histoires touchantes, justes et réalistes. Le début peut déstabiliser, la
contextualisation des situations de chaque personnage peut donner une
impression de « catalogue ». Cela s’atténue rapidement, pour laisser
entrevoir que, comme dans une partie d’échecs, tous les personnages sont liés,
sans le savoir. Le dessin est très doux, il retranscrit assez justement leurs
émotions. Les personnages sont tous si différents, dans leurs attitudes, leurs
façons de penser, que chaque lecteur s’y retrouve. Cette bande dessinée
fascinante nous donne à voir des visions plurielles de l’amour, à tous les
âges, avec une infinie douceur.
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Monsieur Apothéoz, BD Adulte de Julien Frey, coup de cœur de Lydie
Comment ne pas être un éternel
looser quand on a l'impression que sa famille est poursuivie par une
malédiction : aller à l'échec alors que la réussite semblait à portée de main ?
Théo trouve une solution qui lui est très personnelle : pour ne pas échouer ne
rien tenter quitte à passer à côté de beaucoup de choses, comme l'amour. C'est
une manière de se protéger et d'échapper à son destin ou du moins à celui de sa
famille. Il était amoureux de Camille mais était incapable de lui dire et de
lui montrer. Son père, boulanger pâtissier, avait inventé un superbe gâteau qui
malheureusement va étouffer le maire de la ville et le tuer. Théo et son père
quittent la ville pour essayer de rebondir ailleurs et Théo ne le dit pas à
Camille. Ailleurs, Théo continue à vivre avec son père et la bouteille de
celui-ci. Il va de petits boulots en petits boulots sans trouver sa voie mais
la cherche-t-il vraiment ?
Sa vie va basculer quand il va
rencontrer l'écrivain Antoine Pépin, qui écrit sur le développement personnel.
Antoine pépin va lui suggérer une idée qui va changer la donne pour Théo.
J'ai adoré les personnages créés
par Julien Frey et Dawid. Tous sont attachants avec leurs faiblesses et ce
malgré le côté macabre et noir qui les anime. Ils mènent des vies monotones qui
vont s'animer grâce à leur rencontre. Les deux auteurs font preuve d'un humour
très décalé sur des sujets difficiles comme la mort, les homicides, les prête-noms en écriture. J'ai adhéré au graphisme de Dawid : graphisme simple (qui
peut plaire à des adolescents), décor dépouillé la plupart du temps. Les
visages des personnages sont simples tout en montrant beaucoup d'émotions grâce
aux expressions proposées.
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QI de Christina Dalsher, Roman de science-fiction, coup de cœur de Lydie
États-Unis dans un futur proche.
Désormais chaque élève est trié en fonction de son score Q. Celui-ci détermine
son potentiel. S'il est élevé, l'élève ira dans une école d'élite, à l'inverse,
il ira dans un internat fédéral avec peu de débouchés. Lecture très
intéressante. Cette dystopie prend pour cadre le milieu éducatif. Elle se base
sur l'éternelle question : "Faut-il faire des classes de niveaux ?".
L'idée est ici accentuée à l'extrême. Pour les élèves brillants tous les moyens
sont mis en œuvre pour les faire réussir, quant aux élèves médiocres ils sont
mis dans des écoles de bas niveau. L'héroïne enseigne dans une école d'élite.
Quand sa plus jeune fille est envoyée dans un internat fédéral, elle décide de
la récupérer coûte que coûte. Cette quête lui fera découvrir l'effroyable
vérité derrière le système des internats fédéraux.
Ce roman aborde diverses questions. En premier lieu les discriminations liées à la couleur de peau/ milieu social/ orientation sexuelle. Plus une personne sera d'une autre communauté, d'un milieu pauvre voire d'une autre orientation sexuelle, plus son score Q sera bas. A cela s'ajoute la question de l'eugénisme. Jusqu'où la société est-elle prête à aller pour créer des individus "parfaits" ?
J'ai beaucoup aimé ce roman. Il
est glaçant et alerte sur les dérives élitistes du système éducatif. En effet,
un système comme celui-ci pourrait se mettre en place si nous ne sommes pas
vigilant.
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Le passeur des lagunes, BD Adulte de Christophe Dabitch, coup de cœur de Lydie
Le Passeur de lagunes raconte
l’histoire de Paolo, un jeune adolescent qui part à la recherche de son père,
mystérieusement disparu. Paolo vit seul avec son père pêcheur sur l’île de la
Giudecca. Avec trois copains, dont son meilleur ami Ahmad, il vient d’entrer
dans un trafic d’une drogue de synthèse dénommée la Rose. Soudainement, son
père disparaît sans laisser de trace. Alors que Paolo décide de se lancer à sa
recherche, la bande se fait voler une grande partie de sa première livraison de
drogue. Les garçons vont devoir s’expliquer avec l’organisation mafieuse pour
laquelle ils ont commencé à travailler. Ahmad, qui joue l’intermédiaire,
sollicite l’aide de son ami Paolo. Une implication de tous les dangers, mais
qui va permettre au protagoniste de comprendre que la disparition de la drogue
et celle de son père ont peut-être tout à voir.
Dès les premières vignettes, le
lecteur ou la lectrice est happée par l’atmosphère particulière qui se dégagent
des pages. D’ailleurs, Venise est loin, une ombre, une silhouette lointaine
dans la brume hivernale. Une dilution des couleurs de la lagune qui permet à
l’illustrateur de créer une ambiance brumeuse, fantomatique, qui parle parfois
sans le texte. Le jeu des couleurs, quand le ciel gris se confond avec les eaux
sombres, renforce cette impression de territoires oubliés de tous et de fin du
monde. Servi par ces très belles mais troublantes aquarelles, Christophe
Dabitch livre un récit ample qui se déploie pour mieux traduire les vices
insidieux qui gangrènent le lieu : la drogue, le trafic d’êtres humains, la
mafia... La lagune est pleine de pièges mais les vénitiens l’ont oublié.
Lumières et ombres sont sublimées
par le trait du dessinateur Piero Macola et renforcée par les textes de
Christophe Dabitch. L’auteur prête aux personnages des dialogues vifs, incisifs
et vous emmènent dans les méandres de cette lagune parcourue par le jeune
héros. On s’attache au jeune homme, plus tout à fait un enfant mais pas encore
un adulte. Il se retrouve seul, balloté entre la recherche de son père, les
visites à son grand-père, ses copains, l’envie de faire quelque chose de sa vie
et cette volonté farouche d’avancer, guidé par son instinct de survie. Paolo
doit rapidement apprendre les règles du jeu. Un jeu mortifère où seuls
quelques-uns gagnent.
Un roman graphique d’une beauté
noire.
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CAFE LECTURE du 5 octobre 2024
Coups de cœur de la rentrée littéraire d’Elise des livres
- Alors c’est bien, Roman de Clémentine Mélois
S’il fallait n’en lire qu’un, ce serait Alors c’est bien de Clémentine Mélois, son récit est le plus touchant de la rentrée. Il s’ouvre sur Clémentine, chez casto, qui va acheter de la peinture bleu RAL 5002. Pour peindre le cercueil de son père. Partant de là, imaginez l’équilibre parfait entre rires et larmes, simplicité et excentricité. Alors c’est bien est une lettre d’amour d’une fille à son père, elle le raconte, lui, l’artiste de génie, facétieux et farfelu. Elle raconte les derniers mois, les derniers jours, le temps de l’enfance. Ce papa qui jusqu’au bout avait les mots pour ensoleiller le quotidien de sa famille. La drôlerie dans le drame.
- La vie meilleure, roman de Etienne Kern
« Tous les jours, à tous les points de vue, je vais de mieux en mieux » 20 fois le matin et 20 fois le soir.La fameuse méthode Coué. Mais qui est Emile Coué ? De sa petite pharmacie à Troyes aux conférences aux 4 coins du monde, Etienne Kern retrace la vie d’Emile. Avec cette plume romanesque qu’on lui connait (Les envolés), Etienne raconte, la joie, l’amour, l’imagination, la persévérance d’Emile, et entre les mots, on devine la peine qu’on ne montre pas. « Méfiez-vous des optimistes : ils sont hantés par la mort. »
Une écriture poétique et délicate.
- Pages volées, Roman d’Alexandra Koszelyk
Dans un journal très intime, Alexandra nous conte dès les premières pages le drame qui a fait d’elle une orpheline. « Je suis née à huit ans, sept mois et douze jours ». Mais je passe sur cet événement et décide de retenir sous les mots crachés pour raconter l’après. La littérature salvatrice, car c’est de ça dont il s’agit. Les mots pour effacer les maux. La lecture, l’écriture, la mythologie, les lettres classiques et moderne. Comment une petite fille se construit après ça, qu’est ce qui la tient en vie ? Un monde onirique où les mensonges des adultes et de la réalité disparaissent. « L’être est ce formidable guerrier qui fait la nique à ce que la réalité ne lui a pas donné, ou lui a enlevé ».Une plume nerveuse, mélancolique, douce.
- Après elle, roman d’Arianne Bois
Le roman s’ouvre sur un drame : Clotilde est sauvagement assassinée par son mari.A partir de là, Arianne Bois écrit au nom de ceux qui restent : les enfants, Roxane et Manon, la sœur de la victime, Laurie, les parents, et tous les dommages collatéraux. Comment se reconstruire quand on perd maman, que l’assassin est papa, le beau-frère sympa, le gendre idéal ? Maman est morte, papa est en prison. Ajoutez au drame un système judiciaire aberrant : autorité parentale conservée par le père, droit de garde de la famille de l’assassin, non prise en charge des soins psy pour les enfants…un roman profondément bouleversant !
- Dors ton sommeil de brute, roman de Carole Martinez
Références bibliques aux 10 plaies d’Egypte, anticipation, écologie, collapsologie, maternité, deuil, amour, Carole Martinez livre ici un texte magistral, dense, puissant, profond, un univers onirique qui emporte tout sur son passage. Eva vit en Camargue, avec sa fille Lucie, isolées du monde par choix. Une nuit, Lucie hurle dans son sommeil. Mais ce qu’Eva ne sait pas, c’est que tous les enfants sur le même méridien ont hurlé en même temps, et le phénomène se déplace à mesure de la rotation de la Terre. Ce n’est que le début, 10 plaies vont s’abattre sur le monde, engendrant des phénomènes de plus en plus cataclysmiques via les rêves des enfants.
- Madelaine avant l’aube, roman de Sandrine Collette
On ne sait pas vraiment où et quand l’histoire se passe, mais la vie est rude pour Ambre, Aelis, Eugène, Rose et les autres. Dans une société féodale où ils seraient les gueux, chacun travaille d’arrache pied, dans la terre, du matin au soir, pour leur maître Ambroisie et Ambroisie-le-Fils, odieux personnage, dénué de scrupule, fou, méprisant et méprisable. Un jour, Rose et le petit Bran découvrent la tendre et sauvage Madelaine, qui fera vite partie de cette grands famille de paysans. Les jours s’écoulent dans l’ardeur du travail, la rudesse du climat, mais aussi dans l’amour, en famille, où on s’aime sans se le dire mais on le sait. « Nous nous aimons, voilà tout. Chacun pense qu’il aime, ou qu’il est aimé, plus que les autres. (…) Nos relations sont des fils tissés, croisés, qui vont de l’un à l’autre ».Pour ajouter au romanesque, Sandrine Collette, comme à son habitude, fait de la nature un personnage à part entière ! La nature où tout se joue : l’insouciance de l’enfance, la survie avec cette terre nourricière, l’amour, la mort. « Ce lieu si familier, la forêt est notre jardin, notre pays, nos racines ! »
Un roman fascinant, magnétique, magistral et pourtant, écrit avec pudeur et douceur.
- Houris, roman de Kamel Daoud
L'Algérie pendant les années de plomb, l'Algérie durant sa guerre civile. Ses victimes, ses bourreaux, la condition de la femme, la libre, les soumises, c'est un peu tout cela que nous raconte Kamel Daoud dans Houris. Son héroïne, Aube, est une miraculée. Petite fille à moitié égorgée le jour de l'an 2000, elle est recueillie par Khadija. Aube n'est pas voilée, seul son cou l'est. Il cache sa longue cicatrice et la canule qui lui permet de respirer. Elle ne se soumet pas, elle n'a pas de voix extérieure, mais a une belle voix intérieure. Elle est enceinte d'une petite fille qu'elle nomme Houris. Une Houris est une belle femme vierge du paradis musulman.Aube entame alors un dialogue avec sa fille en devenir, et lui explique pourquoi il n'est pas bon naitre fille dans ce pays.
Ce dialogue est l'occasion de remonter le fil de son histoire qui s'entremêle à l'histoire de l'Algérie moderne, de retrouver le fantôme de sa sœur assassinée, son village d'enfance.
Avec une écriture toute en poésie et sensibilité, Kamel Daoud nous raconte les atrocités de la guerre civile algérienne, ses stigmates et ses séquelles. Un livre pour ne pas oublier que les droits et les libertés sont des choses essentielles, et que tout peut vite basculer.
Café lecture du 01/06/2024
Les ombres de la vallée, Roman policier de Viveca Sten - coup de cœur de Lydie
C’est pourtant le cadavre d’un jeune homme sans histoire, ancien champion de ski reconverti en plombier après une mauvaise chute sur les pistes, qui est découvert un jour le long d’une route, le visage mutilé, les mains ligotées dans le dos. Une exécution. Brutale, barbare. Pourquoi liquider un type ordinaire, un « enfant du pays aimé de tous » ? Quel peut bien être le mobile, s’interrogent Hanna et son collègue Daniel, en charge d’une enquête qu’ils ne savent par quel bout prendre. Une histoire d’argent ? Une forme de vengeance ?
Que s’est-il passé, durant les heures ayant précédé le meurtre ? Alors que l’autrice déroule avec talent son intrigue, le lecteur rentre dans l’intimité des personnages principaux. Hanna, policière cabossée et célibataire ; Daniel, son collègue attentif, jeune père tiraillé entre sa conscience professionnelle et sa famille (une femme et un bébé), qu’il est obligé de négliger pour suivre l’enquête; Anton, inspecteur homosexuel, qui n’a pas eu le courage de faire son coming out, et a le malheur d’être tombé amoureux d’un garçon qui se trouve être un proche de la victime.
La plume est tenue par une femme, et c’est un des points forts de cette histoire où se croisent des vies ordinaires faites des petits soucis du quotidien, des rapports compliqués mère/fille, des réflexions sur la place qu’un métier absorbant peut prendre dans un couple… On s’arrête pour faire les courses, manger une pizza à la va-vite, s’effondrer sur son lit après deux jours sans sommeil, ou encore s’interroger sur cette étrange grippe dont parlent les journaux. Heureusement, c’est loin, la Chine…
En marge de l’intrigue principale (apparaissant tous les trois ou quatre paragraphes), est également contée la vie de Rebecka. Son histoire démarre en 2012. Elle a alors à peine dix-neuf ans, vit non loin d’Are dans une communauté évangélique, la « Lumière de vie », dont le rigorisme sectaire rappelle celui des Mormons ou des Amish. Ici, les femmes obéissent aux hommes tout-puissants. Et n’ont que deux fonctions : procréer et tenir leur maison. Aussi, lorsque sa famille lui annonce qu’elle va se marier avec le pasteur assistant, de près de vingt ans son aîné, elle ne peut que prier le seigneur pour qu’il bénisse cette union. Las, le couple ne réussit pas à avoir des enfants, et l’époux colérique va rapidement dévoiler son véritable visage.
Lorsque les deux histoires se rejoignent, Rebecka vient de disparaître… Les deux affaires seraient-elles liées ? La jeune femme est-elle encore en vie ? La course contre la montre pour sauver Rebecka démarre.
Sur la dalle, Roman policier de Fred
Vargas - coup de cœur de Laurence et Lydie
Sur la dalle s’amorce avec un meurtre en Bretagne, dans un charmant coin de pays où l’on croit encore aux histoires de fantômes et aux vieilles superstitions. Louviec, une petite bourgade imaginaire près de Saint-Malo, à neuf kilomètres de Combourg, près de Chateaubriand. Après la mort du garde-chasse de Louviec, les soupçons se portent sur Josselin de Chateaubriand, un descendant de l'auteur des Mémoires d'outre-tombe, et son parfait sosie. Il s'habille comme son aïeul et attire tous les touristes dans son domaine qu'est l'Auberge des deux écus. Adamsberg se mêle d’abord à l’enquête de façon informelle, pour aider le commissaire chargé de l’affaire avec qui il s’est lié d’amitié dans le cadre d’une précédente série de crimes. L’amorce du roman est plutôt tortueuse, et il faudra faire preuve d’un peu de patience pour réellement plonger dans l’histoire – ce qui se produit lorsqu’un deuxième meurtre portant la même signature survient. C’est alors qu’Adamsberg se voit confier les rênes de l’enquête et quitte donc Paris pour le village de Louviec, une petite équipe à son côté. Mais les recherches piétinent et de nouveaux meurtres sont commis sous le nez des policiers.
En « pelleteur de nuages », égal à lui-même, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg parvient encore ici à impressionner ses collègues par son talent de déduction et sa singulière mémoire visuelle et c’est ses talents de fin limier qui permettent à ses collaborateurs de passer outre à ses excentricités – comme celle, ici, d’aller réfléchir sur la dalle d’un dolmen (à laquelle fait référence le titre). C’est d’ailleurs sur cette dalle qu’il réussira à mettre ses idées au clair et parviendra à éclaircir l’affaire. Sa fidèle lieutenante Violette Retancourt ne manque pas non plus de briller, comme c’est souvent arrivé dans le passé, avec sa force prodigieuse, ses coups de maître et plusieurs exploits notables qui permettront aux policiers de gagner du terrain.
Sur la dalle est un roman policier construit dans les règles de l’art, qui nous accroche au fur et à mesure que se complexifie l’affaire du « tueur de Louviec » et que le meurtrier tente de lancer les enquêteurs sur de fausses pistes. En nous semant sur ces voies divergentes, la romancière parvient ainsi à nous embarquer dans une enquête somme toute prenante – et assurément divertissante – grâce aux nombreux détours qu’elle emprunte et aux multiples rebondissements dont elle parsème le récit.
Article 353 du code pénal, Roman de
Tanguy Viel - coup de cœur de Denise et Lydie
Martial Kermeur, on va le découvrir au fil du récit, est un homme passif : il n'a pas réagi quand sa femme est partie, pas tellement non plus quand il a perdu son travail, (mais pouvait-il faire autrement ?). Il a accepté la proposition de son vieux copain Le Goff, le maire du village, et s'est installé dans la maison de gardien de ce que les gens du coin appellent "le château". Une belle maison plantée au bout de la presqu'île, qui appartient à la commune et que le maire compte vendre. En attendant, Kermeur entretient le jardin, et mène une vie recluse avec son fils Erwann, sauf à boire à l'occasion un verre (ou plus) avec Le Goff.
Kermeur n'est "pas le genre de gars à se lancer dans l'immobilier". Alors quand Lazenec débarque sur la presqu'île, avec sa voiture de sport et ses projets de "complexe immobilier", "station balnéaire", "investissement locatif", Kermeur ne se sent pas concerné, il s'inquiète seulement de savoir s'il pourra continuer à habiter la petite maison du domaine, que le promoteur appelle une "servitude". "Ce n'est pas un projet pour nous", dit-il. Mais Kermeur a un fils de 10 ans dans les yeux duquel il voudrait briller un peu plus. Et Kermeur a aussi un rêve : acheter un bateau, un Merry Fisher de 9 mètres. Et comme Lazenec est un malin…
"Comme si pour la première fois je suspendais la cascade de catastrophes"
Entre le prévenu et le juge, le code pénal, "posé verticalement sur le bureau, n'osant pas remonter d'un centimètre le long de la couverture, comme une muraille trop haute qu'il aurait fallu escalader pour au moins voir ce qu'il y avait de l'autre côté". Mais de l'autre côté le juge "avait l'air d'avoir le temps, il avait l'air de penser que si ça devait prendre quinze jours, il les prendrait".
Alors Kermeur se lance dans le récit, d'un trait, à peine relancé par des remarques, à peine des questions, du juge. Il lâche tout, et son récit se déploie comme une vague, que rien ne pourra plus arrêter. Il en ressent une forme de soulagement : "Ça me fait quelque chose de doux au cœur, comme si je flottais ou quelque chose comme ça, comme si rien n'était jamais arrivé, ou même, ou surtout, comme si là, tant que je parle, tant que je n'ai pas fini de parler, alors oui voilà, ici même devant vous il ne peut rien m'arriver, comme si pour la première fois je suspendais la cascade de catastrophes qui a l'air de m'être tombée dessus sans relâche, comme des dominos que j'aurais installés moi-même patiemment pendant des années, et qui s'affaisseraient les uns sur les autres sans crier gare". Parler. Tout est là. Ici, dans cette région battue par les vents, on ne parle pas. Les décisions sont prises dans le secret. Et si ça tourne mal, on garde sa honte pour soi.
Que sortira-t-il de ce huis-clos, de cette confession, de ces aveux, de ce récit ? Voilà ce vers quoi ce roman puissant nous embarque, sans nous lâcher, jusqu'à la surprise finale, qui donne tout son sens à son titre, si rêche à l'ouverture, se gonflant d'un seul coup de l'humanité toute entière, dans les deux dernières pages.
"Article 353 du code pénal" est un roman bouleversant, qui pose magistralement la question du sens de la justice des hommes. Tanguy Viel l'a écrit dans la langue d'un homme, Kermeur, une langue juste, directement branchée sur l'âme de son personnage, se déployant en larges courbes et vents contraires
Le chardonneret, Roman de Donna Tartt (Prix Pulitzer 2014)
coup de cœur de Lydie (à voir, la très belle adaptation de John Crowley au cinéma en 2019)
Le Chardonneret de Carel Fabritius, Theo Decker, héros et narrateur, le découvre quelques minutes avant que sa vie ne bascule. Un matin de printemps, cet adolescent new-yorkais de 13 ans, fils unique de parents divorcés, visite le Metropolitan Museum avec sa mère. La toile, empruntée au Mauristhuis de La Haye, est exposée dans la salle 32, celle où il traîne, intrigué par une fille rousse, tandis que sa mère passe dans une autre pièce. Soudain, une violente explosion se produit. Un vieil homme agonisant exhorte le garçon à s’emparer du tableau, pour le protéger. Theo le rapporte chez lui, et attend sa mère. Qui ne reviendra pas, tuée dans l’attentat.
Impossible de mettre la main sur son père – monsieur « fiabilité zéro », avait prévenu le fils. Theo s’installe chez les Barbour, amateurs d’art et philanthropes. Le temps de croire qu’il a trouvé un foyer, et son géniteur se manifeste enfin, pour l’amener avec lui à Las Vegas. Le Chardonneret soigneusement caché dans sa chambre, Theo passe deux ans à sécher les cours et à tester toutes sortes de drogues avec son ami Boris, un flamboyant garçon ukrainien. Jusqu’à ce qu’un nouveau coup du sort ramène le jeune homme et sa toile à New York, où il retrouve les proches du vieil homme de la salle 32. Aux côtés de son associé, Hobbie, restaurateur de meubles de génie, il va devenir antiquaire, apprendre à parler des belles choses et à les vendre, mais aussi se révéler un « maître des illusions » – selon le titre du premier roman-phénomène de Donna Tartt (Plon, 1993) – grâce à son talent pour les « faux-fuyants et mystère ».
Son don lui permet de vendre à prix d’or des meubles qu’Hobbie retape par plaisir, assemblant avec subtilité des éléments de différentes époques.
Comme le tableau de Fabritius, avec son oiseau attaché par une chaîne à son perchoir, ce roman est le portrait d’un prisonnier « digne et vulnérable ». Ballotté par le destin, Theo est captif de son traumatisme et de son secret, cette toile qui l’accompagne partout mais qu’il n’ose déballer, dont il s’inquiète en permanence des conditions de conservation, mais qu’il ne se permet pas de regarder. Il est aussi le prisonnier de ses angoisses, de sa culpabilité et de ce à quoi il carbure – les drogues, les mensonges – pour se rendre l’existence supportable.
Mais Le Chardonneret est aussi un beau roman sur l’amitié et sur la solitude. Sur le dégoût de la vie, et sur ce qui donne du prix à celle-ci. Sur la permanence de dispositions et de sentiments chez un être et sur l’ « impermanence » d’un monde qui peut se disloquer à tout instant, sans raison – on ne saura d’ailleurs jamais qui a commis l’attentat. C’est un roman que l’on peut relire, avec un plaisir intact, pour y découvrir de nouvelles beautés. Comme on irait régulièrement se calfeutrer dans la même salle d’un musée.
Un soir d’été, Roman de Philippe Besson - coup de cœur de Françoise
Ils sont six, cinq garçons et une fille. Philippe l’auteur, qui
parle de son homosexualité sans tabou. François et Christian ses amis qui
résident et travaillent sur l’île avec leurs pères respectifs. Nicolas qui
vient de s’y installer avec sa mère depuis quelques mois, puis Marc et Alice,
frères et sœurs parisiens en vacances qui viendront se greffer à ces jeunes
ados jusque là insouciants, frivoles et joyeux.
Un soir en discothèque, alors qu’ils s’amusent, dansent, profitent
de ces moments partagés, Philippe s’aperçoit de l’absence de Nicolas.
Comment ? Pourquoi a-t-il fallu que l’un d’entre eux disparaisse ?
« Plus tard surgiront dans la solitude, les cruels et
si ? Il ne fait aucun doute qu’on n’accorde pas assez d’attentions aux
autres, à leur détresse intime dissimulée, aux signaux qu’ils nous envoient
quelquefois parce qu’on est d’abord préoccupé de nous-mêmes, de notre désarroi
et qu’on préfère l’inadvertance, ça n’exige pas d’efforts, ou qu’on répugne à
se prendre la tête, question d’âge, parce que c’est l’été et que l’été rien
n’est grave. Mais à la fin cette nonchalance a pu se transformer en une
terrible négligence ».
Suite à ce drame l’auteur a écrit ce roman autobiographique
avec : « le souvenir au long de toutes ces années qui n’a cessé de
le hanter. Les mystères irrésolus peuvent facilement virer à l’obsession. »
Suite inoubliable, roman de Akira Mizubayashi,
coup de cœur de Denise et Marie-Jo
Violoncelliste prodige formé à Paris dans les années 1930, le
jeune Ken Mizutani, revenu à Tokyo, reçoit en 1945 « le fatidique petit papier
rouge d'incorporation ». Forcé de rejoindre les rangs d'une armée impériale que
« le démon de la guerre et du despotisme, bafouant les consciences », emmène
de manière suicidaire vers une déroute inexorable, le jeune homme doit se
résoudre à quitter les siens et son violoncelle. Quelque soixante-dix ans plus
tard, Pamina, la luthière à qui l'illustre violoncelliste Guillaume Walter a
confié pour révision son Goffriller de 1712 à la si particulière teinte « rouge
cerise sombre », découvre en détablant l'instrument, cachée dans un tasseau,
une lettre datée de 1945 et signée d'un certain Ken Mizutani...
Découpée en six danses comme chacune des six suites pour
violoncelle de Bach, qui est devenu un symbole de paix et de liberté depuis son
arrangement pour violoncelle par le catalan Pablo Casals engagé contre le franquisme,
forment la bande originale du roman, la narration est une nouvelle fois une ode
vibrante à la musique, en même temps qu'un chant d'amour à la langue française.
Comme l'auteur, à ce point épris du français que c'est en cette langue qu'il
choisit d'écrire ses romans, le personnage Ken Mizutani sent « en lui la
musique parler français depuis qu'il l'a vécue en France ». Alors que son pays sombre
dans une « folie cauchemardesque », cette musique et cette langue, qu'il
associe à l'époque des Lumières en Europe, représentent pour lui « une lueur
d'espoir », la voix de l'humanité qui survivra aux ténèbres passagères de
l'Histoire.
Avec Suite inoubliable, le romancier japonais dresse un vibrant
plaidoyer contre la guerre. Broyés par un pays "complètement gangrené par
une dictature exacerbée fondée sur le culte fanatique de l'empereur", le
violoncelliste et ses amis musiciens n'ont d'autre choix que de se soumettre à
un pouvoir despotique et meurtrier. Seule lumière dans cet Enfer, les quelques
concerts qu'ils arrivent encore à donner. "Les trois musiciens ne vivaient
pas, ils survivaient grâce à la musique."
Il n’est pas celui que vous croyez, Essai de Valérie Bénaïm
(bientôt dispo à la médiathèque), qui a interpellé
Bernadette
La journaliste se pose un tas de questions en apprenant que ce
criminel peut de sa cellule ouvrir un compte FB, mais aussi entretenir une
correspondante avec une mineure. Cela paraît insensé !
Qui sont ces femmes qui portent tant d'intérêt à des hommes
accusés de meurtres ?
Après quatorze mois d'enquête, Valérie peut mettre ses recherches
et interviews sur papier pour écrire son livre.
Que recherchent ces femmes auprès d'hommes accusés de meurtres et
de viols ?
Les psychologues tente d'aider Valérie à comprendre, mais aussi
avocats, policiers, gardiens de prison. Valérie Benaïm va également rencontrer
certaines femmes, dont Élisabeth qui a entretenu une longue relation avec
Nordahl Lelandais, une autre amoureuse de Patrice Allègre ou même Guy Gorges. Ce
livre n'est pas écrit pour juger toutes ces femmes fascinées par des tueurs en
série, mais de comprendre ce phénomène que l'on peut retrouver dans tous les
pays.
Amour, emprise, sacrifices, que se passe-t-il dans la tête de ces
femmes ou adolescentes qui commencent à correspondre et à demander des parloirs
avec des détenus ?
Ce livre apporte certaines réponses à vous de vous faire votre
propre avis sur le sujet avec le témoignage de femmes tombées amoureuses de
tueurs en série.
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Café lecture 06/04/2024
Spécial présentation sélection Prix du café littéraire (Curieux Kfée à Salaise)
- Rapatriement, 1er roman de Eve Guerra,
Prix transfuge du 1er roman, dans 5 finalistes du Goncourt du 1er roman.
Un vrai chemin de croix pour Annabella qui va raviver ses souvenirs les plus heureux et les plus douloureux. De découvertes en révélations, Annabella va affronter les mensonges des autres, la corruption, les déceptions, ses propres démons et c’est peut-être elle-même qu’elle rencontrera enfin au bout du chemin.
- La langue des choses cachées, Roman (Conte) de Cécile Coulon
« Au milieu de cette foule aveugle, titubante (les hommes), certains comprennent les choses cachées. Ils devinent en silence les grands tremblements du corps, les affaissements soudains du sang, ils possèdent le don, la force. Ils se mêlent aux autres et les soignent, les apaisent, ils ressemblent à des hommes et des femmes mais ils portent en eux des décennies de douleur et de joie, ils connaissent le feu, ils l'ont en eux, ils maîtrisent les flammes. »
Le fils comprend la langue des choses cachées, il comprend ce qu'il se passe dans les maisons, dans les corps, dans les têtes, il ressent ce qui ne se voit pas, il entend le langage qui existe dans les silences et ses sous-textes qui sont les secrets. Nous sommes dans un conte noir sur le passage à l'âge adulte, une histoire de transgression. Le fils aura une décision à prendre en s'affranchissant d'un ordre établi venu du fonds des âges, il devra agir contre tout ce que sa mère lui a transmis, quitte à réveiller les fantômes et tout risquer d'embraser.
- Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste, Roman d’Emmanuelle Pirotte
En vérité Alice, Roman de Tiffany Tavernier
- Place du paradis, Roman de Xavier-Marie Bonnot
Derrière les portraits sensibles de Pierre et Marie, l'arrière-plan historico-géopolitique résonne puissamment en nous, tant on a encore en tête des images marquantes qui accompagnent, sans excès de pathos, les remarquables scènes décrivant le quotidien de Raqqa sous emprise de Daesh, la bataille de Raqqa ou encore le procès des attentats de 2015 avec Salah Abdeslam dont les retranscriptions accompagnent la deuxième moitié du récit. Un roman grave et intense, équilibré, qui jamais ne caricature et toujours cherche à aller au-delà des clichés.
- L’enfant de la rage, Roman d’Anne Bocquel
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Café lecture 03 FEVRIER 2024
Présentation de la sélection du Prix des 2 Rives 2024
coup de cœur de Denise et Lydie
C'est drôle, mélancolique
parfois. C'est la vie d'un quartier délaissé, Marzahn, à Berlin est, qui garde
sa fierté. Bouleversé par la réunification. Et toujours debout. C'est un zeste
de sociologie et beaucoup de psychologie. Un hymne à la vie, à un quartier, à
ses habitants. Un véritable concentré d’humanité, tour à tour délicat, insolite
ou tragique, mais toujours digne. Des vies ordinaires qui deviennent un peu les
nôtres et confinent à l’universel.
- Les silences des pères, Roman de Rachid Benzine, coup de cœur de Monique et Catherine
La première K7 débute avec l'année 1965, dans le Nord de la France. Un jeune travailleur immigré s'enregistre, il parle à son père resté au Bled avec le reste de sa famille. À cette époque, tout le monde n'a pas le téléphone, tout le monde ne sait pas lire non plus, alors on s'enregistre et on l'envoie à la famille comme on le ferait d'une lettre. Le jeune ouvrier raconte les conditions de travail à la mine, à la cimenterie, dans le bâtiment, la façon dont ils sont reçus et perçus par les Français, les douleurs de l'exil, les désillusions, ses amours, son mariage, ses enfants que l'un d'eux est en train d'écouter justement. Au fil des K7, ce fils en plein deuil se déplace aux quatre coins de la France pour y rencontrer les personnes que son père nomme dans ses enregistrements. Ce père, qu'il a toujours connu silencieux et taiseux, il a l'impression de ne pas le (re)connaître. Quel jeune homme était-il ? Que s'est-il passé pour qu'il s'enferme dans ses silences ?
Au fil des K7 et des rencontres, le fils part à la recherche
de l'homme qu'il ne connaît finalement pas, pour y découvrir les difficultés et
obstacles qu'il a rencontrés, les drames et les douleurs qui l'ont touché de
près. Il va y voir un homme loin d'être aussi insensible et taciturne qu'il l'avait
toujours cru.
"Les silences des pères", c'est le temps du deuil
et des regrets, le temps de l'écoute et de la découverte. C'est un retour dans
le passé. Y sont abordés les notions de sacrifice, d'amour paternel et de
relations père/fils, on y parle aussi d'immigration et d'intégration, de
conditions de travail des travailleurs immigrés et de leur exploitation.
L'auteur nous livre un récit poignant, court mais intense, tout en sensibilité
et émotions, douloureux et lumineux tout à la fois, avec des personnages
traités en profondeur sachant nous toucher au cœur.
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Le jour et l’heure, Roman de
Carole Fives
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Le fruit le plus rare où la vie d’Edmond
Albius, Roman de Gaëlle Belem
Si Ferréol hésite en voyant ça,
sous-entendu ce bois d'ébène, paquet vivant de tracasseries manifestes, il a le
pressentiment d'un possible pansement sur ses plaies mal cicatrisées, une
sensation de seconde chance, et le garde. Ferréol, ce botaniste amoureux
d'orchidées, promène le petit enfant dans une brouette, dans son jardin et dans
sa vaste pépinière. « C'est une immense kermesse de parfums et de couleurs,
bruissant d'abeilles, qui bat son plein autour de la brouette qui transporte
Edmond. » C'est ainsi que l'enfant découvre la botanique et la genèse des
plantes. Bien qu'analphabète, il désigne bientôt les plantes dans le jargon
scientifique des Linné et Jussieu comme le dira plus tard Volcy-Focard. Et
c'est en 1841, âgé de douze ans, après avoir fait maints essais, qu'Edmond
découvre le geste de pollinisation de la fleur du vanillier qui permet la
production de gousses. Il vient de faire une découverte révolutionnaire : un
nouveau fruit, un nouvel arôme !
Dans le fruit le plus rare,
Gaëlle Bélem retrace la vie d'Edmond Albius, un esclave pas comme les autres,
tout en brossant un tableau humain et social du XIXe siècle sur l'île Bourbon
avec au cœur du récit, ce lourd passé colonial et l'esclavage qui ne sera aboli
que le 20 décembre 1848. Elle décrit avec un tel talent le sublime jardin de Ferréol,
qu'il entretient avec tant d'amour et de passion, qu'il est impossible de ne
pas être envoûté et enivré par les parfums et les couleurs de cette flore
luxuriante, tout comme elle sait, ensuite, nous faire saliver avec les fameux
cannelés ou encore les succulents pasteis de nata.
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Et vous passerez comme des vents fous,
Roman de Clara Arnaud, coup de cœur de Geneviève
La plume de l'auteure est fluide,
sensible, subtile, extrêmement poétique. Un roman touchant et passionnant, un
hymne à la vie.
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Valse russe, Roman de Nicolas
Delesalle, coup de cœur de Monique et Nicole
Un reporter français d'origine
russe, l'auteur, se rend en Ukraine en février 2022. Certain de l'agression
imminente de Vladimir Poutine, il hésite entre Kiev et le Donbass pour
rejoindre finalement un poste avancé dans la banlieue de Donetsk mais c'est Kiev
qui sera frappée. Le photographe qui l'accompagne souffrant atrocement, ils
sont forcés de battre en retraite et de prendre le train en gare de Zaporijia,
où se pressent des milliers de passagers partant vers l'Ouest pour un voyage
sans retour. Tout en étant plongé au cœur du conflit, dans ce pays mis à feu
et à sang, Nicolas Delesalle s'interroge sur son identité, commençant par se
demander ce qu'il fiche là, quelle est la force qui l'attire, « ce n'est pas
mon pays, ce n'est pas ma guerre » et quelle est la raison qui le pousse à
prendre le risque de mourir ici.
Ce conflit le touche au plus près
de par ses racines et le plonge dans ses propres souvenirs d'enfance, lui
rappelant d'autres voyages. Il n'oublie pas le premier, cet étrange voyage
scolaire en terre soviétique, en pleine guerre froide, organisé par sa mère,
professeure de russe, cette mère fille d'émigrés qui avaient fui la révolution
bolchevique. Un sentiment vertigineux de retrouver ses racines lui avait fait
dire « Je suis chez moi ». Mais aujourd'hui, en parcourant ces villages
ravagés, et au contact de ces femmes, ces hommes et ces enfants, en colère et
en pleurs, il se sent vide. Si jusque-là, il était fier de ses racines russes,
c'est maintenant plutôt un sentiment de honte qui l'envahit, transpirant son
déchirement et son impuissance devant cette Russie et cette Ukraine qui se
délitent. Son identité est ébranlée.
Un autre personnage, Sacha, un
Ukrainien de soixante-treize ans au visage dépourvu de poils depuis qu'en 1986
il a déversé des tonnes d'eau sur le réacteur de la centrale nucléaire de
Tchernobyl, qui, dès qu'il a vu passer les blindés a voulu s'engager. Il a été
chargé ensuite de surveiller un jeune soldat russe Vania. Celui-ci, emprisonné
pour avoir volé une oie et un agneau, piégé par les promesses de Prigojine,
s'était retrouvé dans le groupe Wagner et a été fait prisonnier par les
Ukrainiens. Une relation particulière s'est instaurée entre eux, entre Sacha
qui a beau être Ukrainien, parle en russe, pense en russe, jure en russe et
Vania, qui en arrivant à la maison en bois de Sacha se demande quelle est la
différence qu'il y a entre eux deux. « On parle la même langue, on mange la
même chose, on a la même culture, on vit dans les mêmes maisons, dans la même
nature. »
C'est d'ailleurs cette relation
entre Sacha et Vania qui va devenir au fil des heures passées ensemble et
notamment à travers leurs parties d'échecs, une relation père-fils qui m'a le
plus émue et qui démontre s'il en était besoin de l'absurdité de la guerre.
Avec Valse russe, Nicolas
Delesalle nous plonge dans la guerre, dans ce conflit fratricide qui oppose la
Russie et l'Ukraine, avec réalisme mais aussi beaucoup d'humanité pour une
approche plus intime de la quête d'identité et finit par se laisser bercer par
les trois temps de la valse.
Valse russe de Nicolas Delesalle
mêle avec brio intime et universel.
- Ce que je sais de toi, Premier roman de Eric Chacour, coup de cœur de Denise, Françoise, Paulette, Claudette
D'une extrême délicatesse, le récit plein d'empathie évoque sans jamais juger, laissant à comprendre de l'intérieur les perceptions et réactions des différents protagonistes. De tout cela émerge peu à peu une tragédie en cascade, aux répercussions infinies et irréparables, sauf à compter, au moins partiellement, sur l'affection, l'intelligence et l'opiniâtreté a posteriori du narrateur. Un livre bouleversant, magnifiquement écrit, tout en finesse et sensibilité, qui, de la triste banalité humaine de cette histoire, parvient à dégager, tel un diamant de sa gangue, la quintessence universelle de l'amour et de la filiation.
- Eden, roman de Audur Ava
Olafsdottir, coup de cœur d’Elise
Elle vole. Alba voit la ville scintillante en contrebas et continue de prendre de l'altitude pour suivre du regard le cours d'un fleuve jusqu'à ce qu'il se jette dans la mer. L'ascension continue jusqu'à ce que la terre devienne un petit point bleu. Elle rêve.
Alba survole pourtant la planète
pour participer à des colloques sur des langues minoritaires majoritairement en
voie d'extinction. Elle réalise un jour que son emprunte carbone ne peut être
compensée que par la plantation de milliers d'arbres. Perturbée par ce constat,
elle décide d'acquérir un terrain et une petite maison près de la mer.
L'endroit est hostile. La terre est aussi rude que les vents qui la fouettent.
Alba en a bien conscience mais elle convaincue de pouvoir apporter de la
douceur dans ce lieu dont elle veut faire son jardin d'éden. La linguiste
abandonne progressivement son ancienne vie, noue de nouvelles relations. Les
deux pieds sur terre, au cœur de son jardin, elle espère se rencontrer
elle-même. Trouver le silence en regardant le ciel. Panser des blessures
inavouées pour voler et conjuguer le verbe à nouveau.
Roman subjugué par le pouvoir des
mots. Poésie et humour subtils qui s'entrelacent et nous transportent dans un
univers dans lequel on se sent à l'aise. Un grand plaisir de lecture.
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LES COUPS DE COEUR D'ELISE
DU 02 DECEMBRE 2023
Nous avons reçu Elise BLAZY « Elise
des livres », pendant notre "café lecture"
Une vingtaine de lecteurs ont apprécié les coups de cœur qu’elle a présentés
dont certains ont été primés.
Veiller sur elle J B ANDREA Prix Goncourt .
1986, Michelangelo Vitaliani dit "Mimo", est sur le point de rendre son dernier souffle, entouré par les frères qui l'ont accueilli quarante ans plus tôt. Comment cet homme, qui n'est pas un religieux, a-t-il atterri dans ce lieu de reclus, quelle fut sa vie et quels mystères cache-t-il ? Selon certains, il est là pour "veiller sur elle", sa dernière œuvre, cachée dans ce lieu par le Vatican qui a préféré la soustraire aux regards tant ses effets sur ceux qui la voient sont puissants. Alors que sa vie est en train de prendre fin, Mimo se remémore les moments forts d'une existence tumultueuse.
Une naissance en France, déjà tout petit et voué à le rester : il est nain. Son père, sculpteur, est mort à la guerre 14-18. Quand il a douze ans, sa mère l'envoie en Italie sur le plateau de Pietra d’Alba, pour travailler avec Zio Alberto, son "oncle", un sculpteur brutal et sans talent, alcoolique, pingre et violent, qui accepte à contrecœur de prendre à son service ce "nabot". Il saura pourtant exploiter ses talents, qui se révèlent faramineux. Au cours de travaux dans le château de la famille Orsini, qui règne sur la région, Mimo fait la connaissance de leur fille unique, Viola. Cette rencontre va changer sa vie pour toujours.
Où vont les larmes quand elles sèchent Baptiste BEAULIEU
La stratégie de la sardine Olivier LIRON
L’amour François BEGAUDEAU
L’enragé Sorj CHALANDON
Eden
Audur Ava OLAFSDOTTIR
Il n’y a pas de Ajar Delphine HORVILLEUR
Le diplôme
Amaury BARTHET
Je suis au-delà de la mort L’homme étoilé
Les vies de Charlie Kid Toussaint
La colère et l’envie Alice Renard Prix Méduse et prix littéraire de la vocation
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Ensemble c’est tout, roman de Anna Gavalda coup de cœur de Lydie, Armelle, Marie-Claire
Paulette vit seule, tombe beaucoup et cache ses bleus, paniquée à l'idée de mourir loin de son jardin. Ces quatre là n'auraient jamais dû se rencontrer. Trop perdus, trop seuls, trop cabossés… Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l'amour - appelez ça comme vous voulez -, va se charger de les bousculer un peu. Leur histoire, c'est la théorie des dominos, mais à l'envers. Au lieu de se faire tomber, ils s'aident à se relever.
Dès les premières pages de ce roman, l'excellent film « Les Femmes du 6ème étage » m'est revenu instantanément en mémoire. Ce long métrage de Philippe le Guay, avec Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain, dépeint la vie de bonnes espagnoles vivant au sixième étage d'un immeuble bourgeois parisien dans les années 60. Une vraie bonne découverte pour ceux qui ne l'ont pas encore vu.
C'est l'histoire de trois solitaires qui se rencontrent et qui vont s'apprivoiser, qui vont permettre à chacun d'eux de trouver leur voix et s'épanouir. Enfin.
Et pour le lecteur c'est d'un bonheur absolu. Un livre qui fait du bien. Gavalda est continuellement sur son filin des émotions et réussit, oh miracle a joindre le point A au point B, sans jamais tomber dans la mièvrerie ou le pathos. Elle aime ces personnages et nous le fait partager. Camille, Frank et Philibert vont trouver leur voix, chacun grâce à l'autre, chacun prenant le temps d'écouter, de comprendre, d'encourager. Un livre sur l'amitié, l'amour, la tolérance, sur les rêves qui le restent sans une petite aide du destin. Un livre qui vous réconcilie avec la vie, comme un oasis dans un désert d'égoïsme. Ensemble c'est tout mais c'est beaucoup.
Lucie se rebiffe (t3 de L’immeuble de la rue Cavendish), roman de Caroline Kant, coup de cœur de Lydie
Pour cette troisième entrevue, nous rencontrons Lucie, une vieille dame, qui vient d'emménager dans l'immeuble suite au décès de son mari et à la vente de leur grand appartement dans un quartier chic de Paris. Dépossédée de tout héritage en raison des dettes accumulées par son mari, Lucie se retrouve dans le sou, obligé de vivre dans un modeste appartement, elle qui n'a jamais manqué de rien et est habituée au luxe et au faste. C'est une telle honte pour elle, que Lucie évite de parler de ses problèmes financiers à ses deux meilleures copines, Martha et Évelyne, qu'elle connaît pourtant depuis l'enfance. Elle va devoir réapprendre à vivre seule, sans son Émile, sans ses enfants, devenus distants au fil des ans, et revoir drastiquement ses dépenses à la baisse. Heureusement, Lucie va faire la rencontre de ses charmants voisins. D'abord réticente à l'idée de se lier d'amitié avec des personnes de l'immeuble, elle va finalement s'attacher progressivement à Aimée, la gardienne, qui deviendra sa confidente, à Guy, le vieil homme avec son chien Gordon, à Hippolyte, son très jeune voisin d'en face, délaissé par son père et sa sœur. Lucie va également faire la connaissance de Kylie, sa nouvelle coiffeuse au look déjanté, bien loin des conventions. Au fil de notre lecture, on va s'apercevoir de la transformation de Lucie, qui passe de vieille femme aigrie, renfermée et colérique, à une personne charmante, ouverte, solaire, sociable et toujours prête à aider. le changement se fait progressivement, grâce aux nouvelles rencontres qui vont se produire, qui vont lui apporter énormément de bénéfices personnels.
La chanteuse de bal, roman de Julie Rampin, coup de cœur de Paulette et Monique
Au village de Beautemps près de Toulouse, tout le monde se connaît. Les jumelles sexagénaires Claude et Claudine assurent les cancans, Juliette, sosie de Marylin Monroe, est l’heureuse propriétaire du salon de coiffure et Simon l’infirmier essaie de soigner ses patients aussi bien que son chagrin d’amour. Si aujourd’hui les habitants semblent mener une vie paisible, le village a été le théâtre d’un terrible drame quarante ans plus tôt : un incendie au cours de la fête du 14 Juillet au cours duquel sept jeunes ont perdu la vie. Et lorsqu’une mystérieuse inconnue vient s’installer à Beautemps, la tranquillité du village semble à nouveau menacée.
Sans militantisme tapageur, Julien Rampin aborde à nouveau les thèmes qui lui sont chers dans ce troisième roman. Il nous raconte la vie comme dans un conte, même si nous sommes loin d'un feel good. Les personnages vont peu à peu nous révéler leur part cachée et baisser les masques en assumant leurs choix. Car comment conjurer le sort lorsque vous ne correspondez pas vraiment aux normes de la société. J'ai aimé la vie empreinte d'amour près du Canal du Midi, l'écriture alerte, la justesse des portraits, le rêve que les choses peuvent changer. Grâce à Julien Rampin qui nous rappelle livre après livre qu'il faut se battre pour être accepté tel qu'on est.
La femme de ménage, roman policier de Freida McFadden, coup de cœur de Lydie et Paulette
Le premier point fort de ce roman est sa construction qui débute par un prologue qui fait immédiatement comprendre qu'un drame terrible vient de se produire. Une fois hameçonné, le lecteur est ramené trois mois en arrière, au moment où Millie se fait embaucher comme femme de ménage. Puis, en changeant de narratrice en seconde partie de roman, Freida McFadden parvient à nous prendre complètement à contre-pied, offrant un nouveau point de vue aussi surprenant qu'intéressant.
Outre cette construction parfaitement orchestrée, il faut également saluer l'ambiance oppressante qui s'installe dès les premières pages du récit. Du comportement étrange de la maîtresse de maison à ce petit logement sous les toits qui ne se ferme que de l'extérieur, le lecteur sent immédiatement que quelque chose ne tourne pas rond. Un sentiment de malaise qui s'accentue au fil des pages de ce huis-clos qui tient en haleine de la première à la dernière page.
Bref, thriller psychologique très addictif…
La dernière maison avant les bois, roman policier de Catriona Ward, coup de cœur de Lydie
Dans ce roman choral, Catriona Ward va vous balader d'un personnage à l'autre au fil de chapitres qui se font brillamment écho. Dans ce récit à plusieurs voix, vous partagerez les pensées les plus secrètes de Ted, le principal suspect, de Dee, la sœur aînée de Lulu, de Lauren, la fille de Ted et même d'Olivia, son adorable petit chaton. Un voyage intriguant, parsemé de peurs profondes et d'espoirs auxquels on désire foncièrement s'accrocher, qui vous mènera progressivement vers une vérité, certes entrevue, mais pour le moins surprenante. Une construction aussi énigmatique et déstabilisante, qu'intelligente, qui vous tiendra en haleine de la première à la dernière page…
Derrière les allures de conte de cette histoire qui se déroule à l'orée d'un bois qui semble abriter d'étranges dieux, dans une petite maison bien mystérieuse où même les chats semblent parler, se dissimule un thriller psychologique oppressant qui vise à démêler les mystères qui entourent d'étranges disparitions d'enfants. Un huis-clos sombre, aux accents fantastiques et horrifiques, qui vous emmènera dans les méandres de l'esprit humain, là où les petites voix vous parlent et vous manipulent, là où le talent d'une autrice vient mettre des mots sur l'indicible, l'invisible, l'enfoui…
Un ovni littéraire que je vous recommande vivement !
Réfugiés climatiques & castagnettes, BD adulte de David Ratte, coup de cœur de Lydie
David RATTE a pris le parti de focaliser sur l'expérience humaine, en mettant en scène des personnalités franches confrontées aux barrières de la langue, aux préjugés et à l'intégration – pas toujours évidente – de cette nouvelle donne dans la vie de chacun.
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Coups de cœur d’Elise des livres, café lecture du 03/06/2023
Sous le soleil de Soledad, Roman de Laurence Peyrin
Un soir, alors qu’elle rentre chez elle, elle trouve Soledad, sa femme de ménage, morte au milieu du salon. Soledad a toujours été dans cette maison, du temps où les parents de Mama cass étaient encore là. Elle réalise alors qu’elle ne sait rien de Soledad et qu’elle ne s’est jamais intéressée à celle qui prenait soin d’elle depuis toujours. Pour se racheter de cela, Mama Cass souhaite aider aux obsèques de Soledad, mais il n’y a personne à part elle. L’aventure commence alors pour Mama Cass. Elle s’engage dans un road trip au Mexique qui va changer sa vie. Pour la première fois de sa vie Mama Cass va rencontrer des « autres » qu’elle, avec leurs différences, leurs défauts, leur bienveillance…dans un pays où toutes les âmes sont en paix.
L’heure des femmes, Roman d’Adèle Bréau (petite-fille de Ménie Grégoire)
Pas de féminisme extrême dans toutes ces histoires ; juste de la sororité, de l’écoute, du soutien, de l’aide, de la loyauté, et puis de l’élégance.
Une vie heureuse, Ginette Kolinka (98 ans, internée à 16 ans à Birkenau)
La compagnie des voyants, Essai de Mathieu Laine
Comme le Petit Poucet dépose des cailloux pour retrouver son chemin à travers la forêt, Mathieu Lainé donne des repères pour guider le lecteur. Ces repères portent des noms, vingt-cinq romans, dont la plupart sont des standards, qu'ils appartiennent aux classiques, ou soient entrés dans la légende beaucoup plus récemment. Pour n'en citer que quelques-uns, William Golding, et Sa Majesté des mouches, Lady L. de Romain Gary. Les ouvrages Dostoïevski, Camus, Philip Roth, Toni Morrison, Zola ou Homère, ou encore Daniel Defoe se partagent l'honneur d'être passés au crible de la plume de Mathieu Laine, qui en analyse le pouvoir.
Chaque roman fait l'objet d'un résumé, puis d'une analyse du message délivré par l'auteur, en miroir des grandes thématiques aussi contemporaines qu'universelles : liberté, wokisme, colonialisme et racisme, transmission des valeurs, dictature et populisme. Mettant ainsi au jour leur message dont la résonance perdure à travers les siècles, il nous guide avec aisance et intelligence sur un fil rouge : rendre l'homme à son humanité. Jouant sur la métaphore du regard, celui du romancier qui décrypte le vivant, celui du lecteur qui parcours les pages du roman. Peu à peu apparait un dialogue incessant entre ces romans que Mathieu présente et des lectures associées.
En plongeant avec l'auteur, on plonge à la rencontre de la liberté. Alors comme un ultime don de voyance Mathieu Laine ajoute la liberté à la phrase de Flaubert : "Lisez pour vivre" libre !
Rejoignons la Compagnie des Voyants, à moins que nous n'en fassions déjà partie.
Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, Frédéric Beigbéder
Si vous aussi cette société vous ennuie avec tout ce qu’on ne peut plus dire, tout ce qui ne doit pas faire rire, lisez le dernier Beigbeder, vous serez rassurés !
Nous ne sommes pas seuls !
L’usure d’un monde, Roman de François-Henri Désérable
François-Henri Désérable l'a fait : parcourir l'Iran, motivé par une forme d'hommage à sa « Bible » qui a pour titre « l'usage du monde » de Nicolas Bouvier dont il nous offre des extraits régulièrement dans l'usure d'un monde. Et il l'a fait après la mort de Masha Amini dont le voile ne couvrait pas correctement ses cheveux, les autorités ont jugé nécessaire de lui donner une correction mortelle pour « port de vêtement non inapproprié ». Ça donne le ton, d'emblée, à se demander comment François Henri Désérable va faire honneur à l'épigraphie de son livre « Ici, où tout va de travers, nous avons trouvé plus d'hospitalité, de bienveillance, de délicatesse et de concours que deux Persans en voyage n'en pourraient attendre de ma ville où pourtant tout marche bien. » (Nicolas Bouvier, of course).
Mais il l'a fait, rendre hommage à cette épigraphe en nous immergeant dans ses rencontres non pas chaleureuses mais plutôt accueillantes avec un sens du service pour certains. L'auteur nous dépeint les nuits et les paysages de Chiraz, Yazd, Teheran ou Kerman avec poésie et envie.
Alors oui cette épigraphe est prouvée néanmoins la « Mollarchie absolue » qui déprécie la femme violemment à coup de mots et de coup tout court, un régime politique qui fait dominer la peur mais n'enlève en rien le courage au peuple d'élever la voix et de crier, au risque d'une vie, « mort au dictateur », sont affligeants et alarmants.
Courage et audace sont réunis dans l'usure d'un monde où j'ai tant appris sur l'Iran, où j'ai aussi ri puissamment grâce à l'humour connu de François Henri Désérable, une arme infaillible. A lire.
Le centre d’appels des écrivains disparus, Roman de Aymen Gharbi
Oualid, jeune Tunisien, est passionné par la culture du « Pôle », la France métropolitaine, et rêve de faire carrière dans le cinéma à Paris. Ses parents ne l'autorisent pas à suivre ses études supérieures en France, il faudra donc qu'il attende d'avoir son Master pour arriver enfin à Montpellier. Commence alors une période de galères pour Oualid, confronté à l'administration française et à la difficulté de percer dans le milieu artistique quand on est un « étranger ». Mais une offre d'emploi pour le mystérieux Centre d'appel des écrivains disparus lui ouvre des portes, alors qu'il interprète Samuel Beckett, auteur qu'il adore.
Un roman surprenant à l'humour grinçant que l'on pourrait qualifier d'initiatique. Le contexte tunisien jusqu'au Printemps Arabe et bien dépeint, ainsi que l'absurdité du système français, notamment de Pôle Emploi.
Aymen Gharbi, un auteur à découvrir, pour son écriture, son originalité, sa capacité à être spectateur de la vie, à voir la vie comme une grande comédie !
Café lecture 01/04/2023
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Dernière fête,
Roman policier de Clare McKintosh, coup de cœur de Françoise
Un livre aux multiples rebondissement, l’auteure nous
emmène dans la vie secrète de chacun des suspects et même des enquêteurs. Un
livre au suspense haletant, dont on n’arrive pas à se détacher avant la chute.
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Le tableau du peintre
juif, Roman policier de Benoît Séverac, coup
de cœur de Lydie
Une enquête au cœur de l’histoire. Stéphane, qui est un peu au bord du gouffre au niveau professionnel et personnel, hérite à l’occasion du déménagement de son oncle et de sa tante, du tableau d’un peintre juif, offert par celui-ci à son grand-père, lors de la seconde guerre mondiale. C’est ainsi que Stéphane découvre un pan de l’histoire familiale complètement ignoré. Eli Trudel, célèbre peintre, aurait été hébergé pendant l’Occupation par ses grands-parents, le tableau est la preuve de sa reconnaissance et Stéphane en hérite aujourd’hui. La vente de cette œuvre de maître pourrait être un nouveau départ pour son couple mais Stéphane n’a plus qu’une obsession : offrir à ses grands-parents la reconnaissance qu’ils méritent...et au passage se redonner une estime de lui-même, quitte à mettre en péril le peu de liens qui le lie à sa femme. Pour cela il décide de partir à Jérusalem avec son tableau sous le bras pour aller faire reconnaître ses grands-parents en tant que juste parmi les nations, auprès du mémorial Yad Vashem. Mais rien ne va se passer comme il l’avait prévu.
Une écriture très dynamique entre deux temporalités,
le récit des pérégrinations de Stéphane, et le périple du couple du peintre
juif et de sa femme pour gagner l’Espagne. Une enquête au long cours qui
déterre un passé pas toujours glorieux. Une histoire qui suit les traces de ces
juifs fuyant vers l’Espagne avec la collaboration de différents groupes de
résistants. Il ne cache rien des intérêts financiers que cela représentait pour
certains, souhaitant profiter de cette manne plutôt que d’aider sans
arrière-pensée leurs compatriotes. Il ne cache pas non plus le rôle trouble de
l’Espagne et du régime franquiste vis-à-vis de ces réfugiés.
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Maus,
BD Adulte dessinée et écrite par Art Spiegelman, coup de cœur de Lydie, un
incontournable des œuvres en lien avec la Shoah, Prix
Pulitzer en 1992
«Quand j’étais petit, je n’étais pas sûr qu’être juif soit une si bonne idée - j’avais entendu dire qu’on tuait des gens pour ça». C’est par cette confidence qu’Art Spiegelman, juif polonais né en 1948, relate ses premières confrontations à l’Holocauste, à l’âge où l’innocence se trouble des bruissements des terribles secrets de famille. C’est en 1972 qu’il commence à enregistrer les récits de son père, rescapé d’Auschwitz. Dans la foulée, il entreprend de s’atteler à une bd sans concession traitée sur le mode animalier. Dans un élan d’optimisme, il pense qu’il en aura pour deux ou trois ans. Il lui en faudra dix-huit de plus. Vingt ans de maturation, de recherches de témoignages, de plans, de photographies, de dessins qui coïncidaient avec la découverte par l’Amérique de la réalité de l’Holocauste.
Bien plus qu’une simple bande dessinée, Art Spiegelman
raconte avec une certaine élégance l’histoire biographique de son père tout en
mettant en abime la relation conflictuelle qu’il a eue avec ce dernier, ainsi
que la conception du livre. Sans pour autant l’édulcorer, l’auteur arrive à
nous délivrer une histoire tendre, émouvante voire comique malgré le sérieux du
sujet ; grâce notamment à des dialogues d’une sincérité ébouriffante, une
construction originale et l’utilisation des races animales pour représenter la
nationalité des personnages (la souris pour les Juifs, les Allemands sont
représentés par des chats, des cochons pour les Polonais, etc.) qui est en fait
une référence directe à la propagande allemande qui utilisait le zoomorphisme
pour véhiculer certains de leurs messages.
Une approche donc de la thématique de la Shoah, de la
déportation, du racisme, etc. sous un aspect diamétralement différent qui
permet d’avoir une vue plus humaine, didactique, sans faire de jugement ni
s’apitoyer sur le sort des uns et des autres.
Visuellement le dessin, en noir et blanc, reste simple
et basique, avec des personnages tout en ambigüité et ayant une vraie portée
artistique et poétique en lien avec les dialogues. Maus est donc une vraie
invitation, agréable à lire, bouleversante et intelligemment construite, avec
un rythme soutenu, ce qui fait qu’elle en devient presque incontournable.
Au final, un must, à lire au moins une fois dans sa
vie même si ce n’est pas votre tasse de thé.
- On était des loups, Roman de Sandrine Collette, coup de cœur de Françoise, Geneviève, Elise, Evelyne (Sélection Prix des 2 Rives 2023) présenté par Nicole, qui elle n’a pas apprécié l’écriture.
« En ce temps-là on était des loups et les loups étaient des hommes, ça ne faisait pas de différence on était le monde. C'est pour ça que je vis : toucher du doigt, du bord du cœur le territoire sauvage qui survit en moi et quand les loups hurlent dans la montagne, je sais que je ne suis pas seul. ». Le narrateur, Liam, homme des bois et trappeur, a décidé de vivre à l'écart du monde humain. D'un retour de chasse, il découvre sa compagne tuée par un ours. Leur fils de cinq ans, Aru, a survécu. Liam ne sait pas quoi faire de cet enfant qu'il ne comprend pas et qu'il considère comme un poids pour vivre selon ses souhaits autarciques et misanthropes, un enfant qui lui rappelle sans cesse la mort de celle qu'il adorait. Va-t-il le garder auprès de lui, s'y attacher et l'inscrire dans sa vie, l'abandonner ou même pire ? C'est l'enjeu de leur chevauchée dans des grands espaces de forêts et lacs qu'on imagine être dans les Appalaches ou le grand Nord canadien.
Pour porter le cheminement de Liam, Sandrine Collette
a choisi un long monologue à la langue primitive et viscérale. Les phrases sont
rugueuses, très peu ponctuées. On se fond totalement dans l'intériorité de
Liam. On découvre ces pensées dans un flux désordonné qu'il s'emballe, rumine.
Liam dit ce qu'il pense, ce qu'il fait. On l'entend littéralement parler tant
l'oralité de sa langue est parfaitement retranscrite (ce qui a fortement déplu
à Nicole). L'écriture épurée de l'autrice surligne la force émotionnelle qui se
dégage du récit, ce qui rend la lecture intense. Liam est animé par des
pulsions destructrices qu'il livre sans filtre au lecteur (souvent déstabilisé
par la violence des propos) dans une urgence prégnante. Derrière son décor de
roman américain où la nature rude semble indifférente aux combats des hommes
pour survivre, plus le récit avance plus il se rapproche de la structure
archétypale du conte : des épreuves pour les héros, ici le père et son fils,
une forêt, un ogre. Un conte très sombre qui résonne de thématiques
contemporaines en questionnant sur la paternité, sur l'instinct paternel.
Comme toujours chez Sandrine Collette, la famille est
le premier lieu de la relation à l'autre, qu'il s'agisse d'amour ou de
domination. Rester humain est un combat contre la bête tapie en soi.
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Ada et Graff,
Roman de Dany Héricourt, coup de cœur de Lydie (Sélection Prix des 2 Rives
2023)
Ada et Graff, deux êtres blessés, dont la vie est pour ainsi dire à l'arrêt, dont l'horizon semble barré vont se croiser de façon tout à fait inattendue et cette rencontre pourrait bien leur permettre de se remettre en route.
Ada, une belle dame bientôt septuagénaire habite La
Roque, un petit village cévenol près du Puy-en-Velay depuis une quarantaine
d'années. Confrontée dans sa jeunesse à la perte de son frère lors d'un
glissement de terril au Pays de Galles puis au décès de sa mère inconsolable,
elle a accepté la demande en mariage de Guy Deletang, médecin, non pas tant par
passion mais pour fuir cette terre natale meurtrière. Désormais veuve, elle
attend chaque jour un signe de sa fille Becca. Cela fait presque dix ans
qu'elle attend que celle-ci accepte de se soustraire à l'emprise des Simples,
une communauté d'illuminés.
Quant à Graff, ce vieil homme, bras et jambe dans le
plâtre, il vient d'être contraint de quitter sa famille de cirque en pleine
tournée, après une chute. Son voyage risque de s'arrêter là, sur ce terrain
vague au fond du jardin d'Ada, près de la rivière, dans cette caravane où il
n'attend plus que la mort… Difficile en effet de se retrouver immobile quand on
a été nomade toute sa vie…
La vieille dame anglaise et l'ancien funambule
tzigane, ces deux êtres un peu décalés qui ne sont plus tout jeunes et qui ont
traversé maintes épreuves, comme reliés par un fil, vont alors peu à peu
apprendre à se regarder, à s'apprivoiser, finir par se confier et s'aimer. Ils
vont ainsi, très délicatement tisser une relation particulièrement belle et
lumineuse tout en gardant leur indépendance et leur liberté.
Passé et présent interfèrent entre Pays de Galles,
Europe de l'Est et Massif Central.
Cette magnifique histoire d'amour permet avec le
personnage d'Ada, de réviser l'importance qu'avait l'exploitation minière au
Pays de Galles avec en corollaire ces terribles accidents dont le drame
d'Aberfan en 1966 (Cf un autre livre que vous pouvez trouver dans nos rayons Une
terrible délicatesse de Jo Browning Wroe, qui relate ce drame à
travers les yeux d’un thanatopracteur appelé sur les lieux pour faire face à
l’urgence de s’occuper de tous ces corps)
Par l'intermédiaire de Graff, c'est toute la tragédie
vécue par les Roms durant la Seconde Guerre Mondiale, les camps d'internement
en France et les camps de concentration roumains, puis la haine de leur culture
et leur difficulté à vivre ensuite dans les pays du Bloc de l'est que Dany
Héricourt s'attache à nous faire ressentir.
Des personnages attachants, un roman à la fois
sensible et grave mais plein de grâce, de légèreté, de poésie et aussi de
suspense.
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Le choix,
Roman de Viola Ardone, coup de cœur de Nicole (Sélection Prix des 2 Rives 2023)
" Il aurait mieux valu que nous naissions garçons, mais nous sommes nées filles et pour nous la vie est devenue un sac de nœud ».
Viola Ardone, écrivaine napolitaine, traite ici un
sujet déjà maintes fois utilisée par les écrivains d'Italie du Sud : la condition
de la femme au siècle dernier dans leurs contrées.
« La femme au singulier n'existe pas », on marie les
filles à quinze ans avec des complets inconnus et si elles sont violées les
marier avec le violeur est la seule solution pour sauver leurs honneurs. Alors
qu'aujourd'hui en lisant dans les journaux, une situation similaire en
Afghanistan ou au Pakistan on est sidéré. Malgré le “déjà lu” du sujet, la
version de Ardone lui donne un nouveau souffle. Sa prose simple mais riche en
un vocabulaire d'une grande précision reflètent superbement le désarroi
d'Oliva, la sagesse du père, le conformisme malsain de la mère, le venin des
mauvaises langues du village……Une construction habile alterne dans les trois
premières parties, passé et présent, l'apparence ou l'imaginaire avec la
réalité, comme Oliva en narratrice, et dans la dernière et quatrième partie
donne la parole aussi au père silencieux qui fait écho à sa fille. S'y ajoute
un rythme réglé au métronome qui renforcé par un incident vers la fin de la deuxième
partie, accentue l'ampleur de la tragédie. Ardone touche à des points
importants. Rien de nouveau mais bon à se remémorer : c'est la femme en général
qui éduque les enfants, fille ou garçon, et c'est à elle de faire l'effort
nécessaire pour que le garçon respecte les filles et vice versa et encourager
les filles pour leur indépendance / On ne peut contrôler la vie de ses propres
enfants au nom de sauver les apparences et respecter les règles sociales
souvent archaïques / « Aucune femme n'est fragile : est fragile uniquement qui
est exposé à l'injustice » …
Un roman poignant, superbement écrit, et à l'heure que
le taux de féminicide augmente en Italie, un rappel à toutes les femmes qu'il
faut savoir dire NON !
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Surface,
BD Adulte de Matz d’après le roman d’Olivier Norek, co-auteur de la BD, coup de
cœur de Lydie
Noémie Chastaing, capitaine de la PJ à Paris se
retrouve défigurée lors d'une intervention qui tourne mal. La reprise de son
travail est difficile, son ex-compagnon est promu à sa place, et elle doit être
suivie pour le traumatisme après son accident. Ses supérieurs décident de la
muter à Avalone, une ville où il ne se passe pas grand-chose et dont l'utilité
du commissariat reste à prouver. Sa mission officieuse : confirmer son
inutilité. Or justement, les ossements d'un enfant disparu il y a de cela 25
ans refont surface...
C'est une belle découverte ! Je n'ai pas lu le roman et ne connait pas non plus les histoires d'Olivier Norek, mais cela donne envie.
C'est un roman graphique très beau, très coloré. Tout
est parfaitement compréhensible, l'histoire va à l'essentiel, droit au but. Pas
une page n'est inutile, tout est parfait.
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La bibliomule de Cordoue,
BD Adulte de Wilfrid Lupano, coup de Lydie et Claire
Califat d'Al Andalus, Espagne. Année 976. Voilà près de soixante ans que le califat est placé sous le signe de la paix, de la culture et de la science. Le calife Abd el-Rahman III et son fils al-Hakam II ont fait de Cordoue la capitale occidentale du savoir.
Mais al-Hakam II meurt jeune, et son fils n'a que dix
ans. L'un de ses vizirs, Amir, saisit l'occasion qui lui est donnée de prendre
le pouvoir. Il n'a aucune légitimité, mais il a des alliés. Parmi eux, les
religieux radicaux, humiliés par le règne de deux califes épris de culture
grecque, indienne, ou perse, de philosophie et de mathématiques. Le prix de
leur soutien est élevé : ils veulent voir brûler les 400 000 livres de la
bibliothèque de Cordoue.
La soif de pouvoir d'Amir n'ayant pas de limites, il y
consent. La veille du plus grand autodafé du monde, Tarid, eunuque grassouillet
en charge de la bibliothèque, réunit dans l'urgence autant de livres qu'il le
peut, les charge sur le dos d'une mule qui passait par là et s'enfuit par les
collines au nord de Cordoue, dans l'espoir de sauver ce qui peut l'être du
savoir universel.
Rejoint par Lubna, une jeune copiste noire, et par
Marwan, son ancien apprenti devenu voleur, il entreprend la plus folle des
aventures : traverser presque toute l'Espagne avec une « bibliomule »
surchargée, poursuivi par des mercenaires berbères.
Cette fable historique savoureuse écrite par Wilfrid
Lupano (Les Vieux Fourneaux, Blanc Autour...) et servie par le trait joyeux de
Léonard Chemineau (Le Travailleur de la nuit, Edmond...), fait écho aux
conflits, toujours d'actualité, entre la soif de pouvoir et la liberté
qu'incarne le savoir. Pour les auteurs leur livre se situe entre Le nom de
la Rose et La grande vadrouille. Cette épopée témoigne de la
capacité de la bande dessinée à raconter le monde, à nous faire réfléchir et à
nous amuser.
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CAFE LECTURE du samedi 4 février 2023
Ce matin là nous avons reçu Elise BLAZY qui est venue nous présenter ses "coups de cœur" de la rentrée littéraire 2022-2023, que nous avons le plaisir de partager avec vous :
25 personnes présentes, ambiance très chaleureuse, bonne participation.... on refera .... promis ...
Coups de cœur du café lecture 01.10.2022
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Les couleurs du silence, Roman de
Delphine Giraud - coup de cœur de Françoise
J’ai aimé ce roman bien construit, à l’intrigue bien
ficelée, et l’écriture fluide de l’auteure
-
Un si bel horizon, Roman de Françoise
Bourdin - coup de cœur de Nicole
Depuis la mort d'Ettore son mari bien aimé, Lisandra a
repris les rênes de l'hôtel épaulée par deux de ses quatre enfants Ange et
Giulia. Un bien précieux pour ce clan uni, mais aussi un réel défi pour
chacun...Le sens de la famille sera-t-il suffisant pour parvenir à rester
soudés, chacun ayant ses propres préoccupations ?
L'envie d'évasion est bien présente et on se plonge
facilement là-bas, on rêve de vacances et de détente au cœur de ce bel endroit
! Les personnages ont chacun leur trait de caractère propre et les lie, ce qui
les rends encore plus attachants, le lien familial est empathique, plein
d'amour et mets du baume au cœur. Les pages défilent, l'écriture est addictive,
l'histoire captive ! Une lecture plaisante, parfaite en toute saison !
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Une soupe à la grenade, Roman de Marsha
Mehran - coup de cœur de Annie
Que fuient-elles ? On le découvrira sous forme de flash-back, tout au long du roman. Et c'est cela la grande force de ce livre, c'est d'opposer les "ambiances". Au froid de ce petit village d'Irlande, elles proposeront de chauds parfums, à la pauvreté de sa gastronomie, elles offriront toute une gamme de saveurs inconnues et exotiques auxquelles les villageois vont peu à peu succomber. Face à la petitesse, au racisme, aux ragots de certains habitants de Ballinacroagh, elles se battront avec leur cuisine, leur beauté, leurs sourires, et aussi leurs traumatismes. Souvenirs d'un pays abandonné précipitamment, souvenirs du sang, des voiles noirs appelés tchadors, chacune se bat contre ses cauchemars, ses peurs, tout en faisant tourner le café.
Marsha Merhan décrit parfaitement les traumatismes des
migrants, ceux qui avaient tout, ailleurs et qui, ici, ne "sont
rien", ne valent rien, ne possèdent rien. Une vie à reconstruire parfois
dans l'adversité, parfois face au préjugés - ce roman démontrant que la bêtise
et la méchanceté sont universelles.
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L’indomptable, Biographie de Zarifa Adiha - coup de cœur de Paulette et Marie-Jo
Témoignage bouleversant de la dureté de la condition de vie de celles qui quoique fières de la culture de leur pays sont avides de changement.... Actuellement Zarifa poursuit des études de géopolitique à l'université de Bichkek capitale du Kirghizstan et garde toujours espoir malgré l'arrivée de talibans.
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La décision, Karine Tuil - Roman coup de cœur de
Paulette
La psyché de cette femme est détaillée avec brio, l'auteure
nous offre un portrait de femme des plus actuels, entre le poids des
responsabilités, la pression professionnelle, les zones d'ombres entre la
présomption d'innocence et la protection d'un pays, Alma aime depuis peu comme
jamais. Elle écoute son amant qui fait battre son cœur, elle l'entend répéter
qu'il n'y a nulle preuve d'accusation sur Kacem, que la prison c'est l'antre de
la radicalisation, de la haine. Elle entend. Et se laisse peu à peu basculer
dans cette humanité où l'on entend pourtant toujours et encore la haine crier à
la mort.
Il y a beaucoup de force dans ce livre, une émergence
conflictuelle entre l'amour et la haine, un combat inégal entre la beauté et la
laideur, des corps qui s'étreignent pendant que d'autres s'entretuent. Il y a
un charisme fou dans l'écriture de Karine Tuil à disséquer les cœurs meurtris,
les cœurs qui rêvent, les cœurs absents.
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Pour une heure oubliée, Policier de
Frédéric Perrot - coup de cœur de Lydie et Evelyne
Un vrai coup de coeur avec ce premier roman qui met en scène
un homme qui a tout oublié d'un meurtre qu'il est censé avoir commis et qui a
brisé sa vie, le laissant dans le doute. C'est ce doute qui est le plus
intéressant dans le roman, car il ouvre quantité de questions, hypothèses et
interprétations, qu'Émile essaye de comprendre ou de résoudre. En mélangeant le
passé pour y revivre le meurtre, le présent où il tente de démêler les fils de
l'affaire et le futur, Frédéric Perrot réussit à nous projeter dans la tête du
héros qui semble plongé dans tous les sentiments possibles, qui ne maintient la
tête hors de l'eau que grâce à son réseau d'amis, et se livre à des réflexions
sur le couple, la culpabilité, l'amitié et le doute.
Une très belle écriture, simple mais pas simpliste, de belles réflexions sur l’amour et la routine en amour, du suspens, des retournements de situations habilement menés. Une construction très originale qui oscille entrepassé présent et futur.
Toujours vivantes, Policier de Nicolas Leclerc - coup de cœur de Lydie
Arrivés en France leur cauchemar continue. Ils sont séquestrés par un couple qui les traite en esclaves. Alors ils n'hésitent pas à voler une arme et braquer un PMU pour récupérer de l'argent, braquage qui va malheureusement mal tourner. A partir de ce moment, ils sont recherchés par la Gendarmerie, pour les aider dans leur cavale ils prennent Hélène et François en otage et obligent ce dernier à prendre sa voiture pour les conduire en Angleterre.
Parallèlement, l'auteur nous dévoile la vie matrimoniale de François et Hélène, une vie de discorde, sous l’allure d’un couple parfait, à l’instar d’Aïssatou, Hélène est prisonnière de sa vie mais ses barreaux sont dorés, et le geôlier n’est autre que son mari. Pris en otage, le couple de Français se retrouve entraîné dans cette folle cavale aux allures de road trip désespéré et tous devront faire face à la terrible réalité d'un braquage aux conséquences inattendues. Entre passé et présent, ce roman sombre et palpitant nous plonge successivement dans les histoires d'Aïssatou et d'Hélène, deux femmes dans la tourmente mais toujours vivantes malgré les aléas du destin, à force de courage et d'abnégation.
Nicolas LECLERC y aborde pas mal de sujets :
l'excision, la migration, l'exploitation des émigrés, le crime, la cavale, le
problème des femmes battues, le mensonge et bien sûr l'amour. A côté de la
plongée au cœur de l'enfer de l'exode des migrants, l'auteur soulève le thème
de la condition de la femme que ce soit en Afrique ou en Europe.
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Revenir à toi, Roman de Léonor de
Récondo - sélection Prix des 2 rives, coup de cœur de Lydie
Léonor de Récondo raconte tout cela de façon admirable, par
petites touches délicates, inquiétantes, car les retrouvailles tardent et ne
sont pas simples. Quelques petites touches ont déjà fait allusion au
Chambon-sur-Lignon, à un terrible traumatisme lointain ayant atrocement marqué
l'enfance d'Apollonia mais je n'en dis pas plus pour laisser à chacune et à
chacun le soin de déplier, de dévoiler ce que la mère de Magdalena conservait
précieusement dans une enveloppe. Les passages durant lesquels Magdalena
s'exprime, confie impressions et sensations. Ces monologues, sans point, sans
majuscule, sont à la fois prenants et instructifs.
Revenir à toi, sélectionné parmi les huit livres en lice
pour le Prix des lecteurs des « Deux Rives » 2022, est un beau roman magnifiant
l'amour d'une fille pour sa mère qui, elle-même n'a jamais surmonté ni évacué
le drame qu'elle a vécu. Un magnifique roman sur la relation si forte et
parfois aussi terriblement douloureuse qu’il peut y avoir entre une mère et sa
fille.
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Nos embellies, Bd de Gwenola Morizur - coup de cœur de Lydie
Quatre personnages à la croisée de leur chemin : Lily, une
jeune femme enceinte qui ne sait quelle décision adopter, Balthazar, dont les
parents viennent de divorcer et qui se sent abandonné, Jimmy, un auto-stoppeur
un peu perdu et enfin, Pierrot, un vieil homme qui vit seul dans les montagnes
parmi son troupeau de chèvres. Quatre personnages, en manque de repères, ô
combien attachants et touchants, qui, sans le savoir, vont s'aider
mutuellement. Ce sont ces rencontres hasardeuses et bienfaitrices que met en
scène Gwénola Morizur, au cœur d'un hiver glacial et enneigé magnifiquement mis
en lumière par Marie Duvoisin. L'auteure aborde différents thèmes tels que la
famille, la notion de bonheur, la solitude... Une tranche de vie profondément
humaine servie par un trait tout en finesse, des visages expressifs et de
magnifiques paysages enneigés.
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Old Pa Anderson, Bd de Yves H - Grand prix
au Festival Angoulême 2016, coup de cœur de Lydie
Voici une BD bouleversante.
Hermann et Yves H. (le fils de) nous racontent la terrible histoire, malheureusement ancrée dans la réalité d'une époque dont l'Amérique ne doit pas être fière, d'Old Pa Anderson. Mississippi 1952. Le vieil homme, voit mourir sa femme alors qu'il est déjà profondément marqué par la disparition de leur petite fille qu'on n'a jamais retrouvée. Le chagrin s'ajoute au chagrin. Quand on lui apprend que quelqu'un a peut-être vu ce qui est arrivé à Lizzie, il veut savoir. Sa vengeance sera terrible, mais, dans un état où règnent la ségrégation et le suprématisme blanc...
Très peu de dialogues, des images fortes qui reflètent le contexte et la violence de l'époque.
Un album qui ne laisse pas insensible, notamment grâce à ses
dessins.
CAFE LECTURE du SAMEDI 4 JUIN 2022
- La faiseuse d’ange, Camilla Läckberg - Policier coup de cœur de Marie-Claire
Ce roman policier palpitant s'inspire d'un fait réel, fait divers vieux de plus d'un siècle: la dernière femme condamnée à mort en Suède a été condamnée pour infanticide. La fille de cette mère plus que particulière va être ballotée de familles d'accueil en familles d'accueil et va tomber amoureuse de Herman Göring venu en Suède dans les années 20. Elle va avoir un enfant de lui.
Bien plus tard, sur l'île de Valö, juste en face de Fjällbacka, une famille entière disparaît. Personne ne sait où ils sont passés; Trente ans plus tard, un nouvel élément va permettre de relancer l'enquête.
J'ai beaucoup apprécié me promener dans son histoire très bien ficelée qui mêle la fiction et la réalité. Elle nous parle de la montée des mouvements néonazis en Suède, des soucis des Suédois face aux taxes et à l'immigration, elle fait revivre hélas la venue de Hermann Göring en Suède dans les années 1920. Elle termine par une page de conclusion où elle reparle de la tuerie sur l'île d'Utoya en 2011.
L'auteure aborde énormément de sujets en établissant les liens entre eux à merveille.
- Le plongeon, BD Adulte de Séverine Vidal, coup de cœur de lydie
Une BD drôle et émouvante sur la vieillesse. Yvonne, Madame Lhermitte, a quatre-vingt ans et c'est décidé : elle va quitter sa maison pour l'EHPAD, la maison de retraite comme on disait avant…Il faut se séparer de Bellouche, sa chienne fidèle, voir vider sa maison et partir avec enfants et petits-enfants pour l'EHPAD, Les Mimosas. Là, Yvonne ne se sent pas bien, n'aime pas sa chambre mais peu à peu, se lie d'amitié avec quelques résidents dont Paul-François que tout le monde appelle P-F et avec qui elle partage à nouveau l'amour.
Alors, il y a le scrabble, les ateliers, la poterie mais pour Yvonne, ce n'est pas la vie. Elle taquine, fait des siennes, redonne le sourire à ses amis au cours d'une soirée bien arrosée, dans sa chambre. Elle qui s'occupait d'un domaine viticole, près de Libourne, avec Henri, son mari, avait gardé quelques bonnes bouteilles…Youssef, infirmier attentionné, comprend mieux que quiconque les désirs de liberté d'Yvonne et de ses six amis, même s'il essaie de les retenir lorsqu'ils entreprennent une fameuse fugue qui se terminera par le plongeon.
Tout est remarquablement dessiné par Victor L. Pinel. Certaines planches sont d'une éloquence impressionnante qui en dit plus long que les plus beaux discours. Victor L. Pinel a bien dessiné vieilles et vieux et n'a pas hésité à les représenter nus lorsqu'il le fallait. Il a osé et c'est bien fait.
L'humour et la joie de vivre les dernières années d'une vie imprègnent cet album qui offre non seulement un bon moment mais une belle occasion de réfléchir au sort que nous réservons aux personnes les plus âgées.
- Les gratitudes, roman de Delphine de Vigan, coup de cœur de Lydie
Ce livre de Delphine de Vigan est un concentré d’émotions.
Michka, jusqu'à ce jour d'automne était autonome, elle sentait bien que quelque chose clochait, elle s'est mise à tomber, à chercher parfois ses mots, pas très souvent mais quand même. "Ben alors Michk', qu'est-ce qui se passe ? - Je ne sais pas. J'ai peur" - "A partir de ce jour, Michka n'a plus été capable de rester seule"
Au fil des pages, on vit la descente en enfer de la perte de la mémoire des mots de Michka, entourée par Marie, jeune femme qu'elle a élevée comme sa fille, par Jérôme l'orthophoniste qui tente de retarder ce moment où tout bascule, Jérôme à qui Michka se confiait, lui racontant se dont elle se souvenait de sa petite enfance, laissée chez des inconnus cachée durant trois ans de guerre par sa maman qui fut déportée et qui ne revint jamais chercher sa fille. Ses deux parents sont morts en captivité. Michka n'avait qu'une idée, retrouver Nicole et Henri, ce tout jeune couple dont elle ne se souvient que des prénoms et du nom du village : La Ferté-sous-Jouarre. Plus qu'un merci, elle voulait exprimer sa gratitude à ces personnes qui avaient risqué leur vie pour elle..
Marie aussi voulait exprimer ses sentiments envers cette maman de remplacement qu'était Michka et qu'elle sentait s'en aller irrémédiablement.
Et Jérôme, qui a tant appris de Michka.
Un livre bouleversant, une leçon de vie, un livre qui touche au plus profond de l'humain.
Je conseille également le film « The Father » avec un Anthony Hopkins magistral (sur le thème d’Alzheimer)
- Ces jours qui disparaissent, Bd Adulte de Timothé Le Boucher, coup de cœur de Lydie
Lubin est un jeune acrobate insouciant. Il partage sa vie entre l'exercice du cirque et une vie plus « alimentaire », travailler dans la journée avec son ami Léandre par ailleurs magicien de la troupe, dans la supérette de l'oncle de ce dernier.
Tout a peut-être commencé ce soir-là lors d'une chute à un des spectacles...
Un matin Lubin arrive en retard au travail et c'est ainsi qu'il découvre ce jour-là puis dans la semaine, lorsque cela arrive justement deux jours plus tard, qu'il semble « disparaître » de sa conscience un jour sur deux. Il se rend alors compte qu'il ne dort pas durant les jours où il semble disparaître de sa vie, tandis qu'une autre personnalité se réveille dans son corps et dès lors Lubin peine à bien comprendre ce qui lui arrive. D'ailleurs, est-ce lui qui disparaît, ou bien est-ce les jours dont il a conscience ? Deux être semblent cohabiter dans son corps, un autre s'en empare de manière alternative, un autre qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, mais différent en même temps.
Lubin décide de communiquer avec l'autre, peut-on ainsi parler d'un alter ego, puisqu'ils paraissent déjà si différents ? Étrange, terrifiant, ce face à face à distance par vidéo, à deux jours d'intervalle, où les deux protagonistes communiquent et décident une sorte de pacte, sur ce territoire qui est ce corps de Lubin, mais bien au-delà d'un corps, un corps n'est rien qu'un territoire où s'invitent un cœur, une âme, le cœur des autres, les gestes des autres...
Lubin et son alter ego ont le même corps mais pas les mêmes gestes. La même voix mais les mots et les intonations sont différentes. L'autre paraît moins sympathique, mais il est bien plus structuré et plus ordonné côté rangement, plus rationnel. Bref, côté rangement, l'alter ego dont on rêve au quotidien !
Ils n'ont pas non plus les mêmes convictions politiques. Côté amour, puisqu'un moment donné, la frontière ne se pose pas comme un mur de Berlin ou le mur entre les États-Unis et le Mexique, entre deux pays, visiblement côté charnel ce n'est pas tout à fait pareil non plus. Disons qu'à cet endroit, l'autre paraît plus expérimenté s'agissant de faire l'amour. Dur cet aveu d'une amante qui ne comprend déjà rien à ce qui se passe...
La vie sentimentale de Lubin en est donc impactée. Sa vie familiale aussi. Sa vie professionnelle, n'en parlons pas.
Peu à peu l'autre prend le pas sur sa vie, de plus en plus...Les fréquences où Lubin refait surface sont de plus en plus espacées. C'est terrifiant.
La fin est d'une modernité sidérante, à tous points de vue.
Comme c'est beau quand la BD nous chavire avec tant d'émotions ! Je vous avouerai simplement que c'est aussi une magnifique histoire d'amour.
- Numéro deux, Roman de David Foenkinos, coup de cœur de Catherine
Devant le succès des romans Harry Potter, JK Rolling accepte qu'ils soient adaptés au cinéma. Il faut trouver les jeunes acteurs d'une dizaine d'années, surtout celui qui jouera Harry Potter. Numéro deux raconte les coulisses de ce choix, les enjeux pour les parties prenantes, mais surtout ses conséquences désastreuses pour le numéro deux, celui qui n'a pas été retenu. Celui dont personne ne connaîtra le nom ni l'existence mais qui, en plus de le vivre comme un échec personnel, devra supporter de se le faire rappeler par le monde entier, devant le succès fracassant de l'œuvre finale. Pourquoi pas lui ? C'est la question qui le hante. L'auteur explore le sentiment de rejet et ses conséquences sur l'image de soi. Il dissèque ce moment où tout se joue, où l'espoir fait vivre, où tout est possible et… où tout peut basculer. Comment survivre à l'échec ? Il explore aussi les ramifications du destin, ce à quoi le numéro deux a échappé, ou à quel exemple célèbre il peut s'apparenter, comment il aurait pu rebondir, quel chemin il prend à la place.
C'est avec beaucoup d'empathie que Foenkinos imagine ici la place du second choix, celui qui aurait pu devenir une star et qui au final, ne parvient qu'à attirer le mauvais sort. Un excellent moment de lecture ! Un roman empli d'empathie, d'émotions, parsemé d'un peu d'humour qui vous fera voir Harry Potter sous un autre jour.
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Reine de cœur, Roman adulte de
Akira Mizubayashi, coup de cœur de Lydie
Après Âme brisée, un de mes coups de cœur il y a deux ans, ce nouveau roman mêle une fois encore la musique, la guerre et le deuil impossible.
Jun, un jeune musicien japonais est venu à Paris pour y perfectionner sa pratique de l'alto. Il fait la connaissance d'une jeune femme française, Anna serveuse dans le café de son oncle, Fernand, où il va déjeuner tous les jours. Sous l'œil bienveillant de l'oncle, les deux jeunes tombent amoureux ...
Mais la guerre sino-japonaise en cette année 1939 inquiète Jun, il a laissé ses parents au Japon et le dernier bateau retournant dans son pays va partir. Brisé par le chagrin, Jun quitte Anna, sa reine de cœur.
Enrôlé dans l'armée impérialiste, le jeune homme va découvrir les pires horreurs de la guerre et, paniqué, il va être contraint par la force d'obéir aux ordres d'officiers abjects qui ont repéré la délicate âme du musicien. Un déchirement pour lui, une dissociation de tout son être.
Dans le second mouvement, la musique revient au premier plan avec une jeune altiste, Mizuné qui est intriguée par un roman racontant une histoire ressemblant étrangement à celle de ses grands-parents. Elle part à la rencontre de son auteur ...
Ce roman est découpé en quatre mouvements, telle une symphonie. La musique de Chostakovitch avec la symphonie numéro 11 dite de 1905 d'abord, puis la symphonie numéro 8 rythme cette histoire avec fracas, des symphonies écrites par ce compositeur tourmenté par les conséquences catastrophiques sur l'homme de la révolution et de la guerre.
Peut-être ai-je été moins enthousiasmée à la lecture de ce beau roman, on y retrouve les mêmes thèmes et le même type de construction mais j'ai pris beaucoup de plaisir à sa découverte.
CAFE LECTURE du SAMEDI 2 AVRIL 2022
- Dans le murmure des feuilles qui dansent, Roman de Agnès LEDIG, coup de cœur de Lydie
- La Belle Rouge, Roman adolescent d’Anne Loyer, coup de cœur de Lydie
C'est dans ce cadre que les deux personnages vont se rencontrer. En effet, lors de sa fuite, Kader se perd sur une aire d'autoroute et entre dans le premier camion ouvert qu'il trouve : celui de Marje. Commence alors une aventure mouvementée pour les deux personnages. Un très beau livre, des personnages émouvants. C'est un livre très court qui parle de thèmes très forts et qui arrive à transporter le lecteur dans le voyage de Marje et de Kader le temps de quelques heures.
- Celle qui marche la nuit, Roman policier adolescent de Delphine Bertholon
Malo, un ado de 15 ans, vivait tranquille à Paris avec sa petite sœur de 5 ans, son père musicien (et prof de guitare pour vivre), et sa belle-mère Sophie, quand cette dernière a dégoté la maison de ses rêves (et "l'affaire du siècle", en plus) au fin fond de l'arrière-pays gardois. Fini les potes, l'appartement qu'il aimait tant, le bitume, la pollution et le cinéma, bonjour la bicoque flippante et "vintage", comme dit Sophie, au milieu des bois. Et voilà que Jeanne (la petite sœur) se met à hurler de terreur en pleine nuit et à parler d'une certaine Pauline qui lui parlerait, mais que personne d'autre ne voit. Malo s'inquiète, mais les parents, en plein trip déco, minimisent... Pourtant il se passe bien des choses étranges dans la demeure, et Malo ne va pas tarder à être impliqué bien malgré lui dans une histoire vieille de 30 ans.
L'intrigue est bien menée : on s'interroge comme Malo sur les raisons qui amènent sa petite sœur de cinq ans à hurler la nuit en fixant le mur, sur le malaise qu'il ressent dans cette maison comme si les murs voulaient lui dire quelque chose. Ses pérégrinations dans la forêt d'à côté et sa découverte d'une demeure en ruines ajoutent une touche oppressante à ce récit raconté à la première personne. Un bon moment de lecture.
- Une fille de…, Roman ado de Jo Witek,coup de cœur de Lydie
( Déjà présenté en 2019, mis en parallèle de la chanson de Stromae « Fils de joie » à écouter absolument !)
Très beau texte lu d'une traite qui conte l'histoire d'Hannah, fille unique d’Olga Sobolev, prostituée ukrainienne droguée, enlevée, arrivée en France par un réseau de prostitution.
Elle court à perdre haleine, avale des kilomètres de chemin quatre fois par semaine, se concentre sur son corps, s'évade, se forge un moral de championne pour résister aux insultes, au rythme de ses foulées, elle court pour exister, pour gagner sa dignité, pour se protéger. Pour ne plus penser, pour renaître ...elle ne triche pas ...Son esprit se libère ......elle prépare le marathon de sa vie ! Pour avoir un corps que l'on ne piétine pas, que l'on n'avilit pas sans se soucier du regard des autres et surtout pas celui des hommes, pour se fondre dans le décor ! Elle a compris très tôt, a eu la prescience de sa marginalité dès son plus jeune âge. Par amour pour sa mère, elle relève la tête et décide de raconter son histoire au rythme de ses foulées. Elle se sentira libre et n'aura plus jamais honte ! Sa mère dont elle est fière a réussi malgré ce qu'elle vit et ce qu'elle a vécu à lui offrir beaucoup d'amour, ce qu'elle -même n'a jamais reçu ! Entre ses pensées et sa volonté, le silence se fait ! Son esprit se libère dans l'effort extrême, la souffrance, comme un dialogue grisant entre sa respiration maîtrisée, son souffle et ses muscles. Elle se pose des questions, sera- t-elle capable d'aimer ? De ce bonheur à deux, de ce temps suspendu, immortel que partagent les amoureux et que décrivent si bien les poétes ?
Comment peut-elle se construire alors que les regards braqués sur elle sont : arrogance, surprise et dégoût ? C'est un ouvrage court, fort et saisissant, touchant, une confession violente et sensible, un portait sobre, intelligent, sans misérabilisme.
L'auteur utilise un ton juste, touche du doigt la misère morale, la crasse et la violence, l'odeur des hommes, la puanteur de l'argent, du trafic, la course pour éviter les flics, l'esclavage physique et moral en plein 21° SIÉCLE !
À LIRE ET À FAIRE LIRE pour le message de tolérance et d'espoir qu'il fait passer !
- Pour l’honneur des Rochambelles, Roman de Karine Lebert, coup de cœur d’Evelyne
Le Roman va se dérouler sur deux époques :
La première partie va concerner les années de guerre lorsqu’Alma s'est engagée dans les Rochambelles, après avoir été recrutée avec son amie d'enfance Lucie, dans la ville de Rabat où leurs familles respectives sont venues vivre après avoir quitté la Normandie. Nous allons suivre ces deux jeunes filles de 20 ans pendant leur terrible périple en ambulances qui les mènera de Rabat jusqu'en Angleterre où avec leurs compagnes elles suivent un difficile entraînement. En août 1944, elles traversent la Normandie puis participent à la libération de Paris, se dirigent ensuite vers l'Allemagne en passant par l'Alsace et se retrouvent à la fin de l'année 1944 près du nid d'Aigle d'Hitler. Ces épisodes de guerre, très documentés, sont particulièrement bouleversants et certaines Rochambelles y laisseront la vie.
La seconde partie va s'intéresser davantage à Marion et à son enquête compliquée qui l'emmènera sur les pas d'Alma et de son amie Lucie. Lors de ses investigations et grâce aux rencontres de différentes personnes ayant connu les protagonistes, elle va peu à peu découvrir des secrets jusque-là bien gardés et en particulier tous les mystères autour de Lucie, jeune fille aux troubles psychiatriques avérés. Marion ira jusqu'au bout pour connaître le destin tragique de cette dernière et surtout l'implication de sa grand-mère dans cette aventure. L'exhumation de secrets de famille ne sera pas facile mais elle ouvrira enfin un horizon radieux à bon nombre de personnes.
Ce récit magnifique, addictif et passionnant, souvent douloureux, de plus de 400 pages, se lit d'une traite tant l'écriture de Karine Lebert est claire et fluide. Ses personnages principaux sont décrits physiquement dans les moindres détails et leur psychologie parfois complexe est finement analysée par l'Auteure. On s'attache énormément à Marion et surtout à sa détermination dans sa quête de vérité.
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La plus secrète mémoire des hommes, Roman
de Mohamed Mbougar Sarr (Goncourt 2021), coup de cœur de Lydie
Une narration labyrinthique, tout y est dense et fait sens pour construire un chant d'amour dédié au pouvoir intemporel de la littérature.
- Les os des filles de Line Papin, Roman coup de cœur de Nicole (déjà présenté en 2019)
Les livres ont été le seul point d'accroche de Line pendant son désespoir. Et l'on comprend toute l'importance de la rédaction de son histoire pour la reconstruction de l'auteur. L'écriture possède un style très personnel : elle alterne constamment entre le "je", le "tu" et le "elle", dans une courageuse tentative d'exploration de soi, de cette fille fragile et forte qui avait perdu le contrôle et qui cherche à tâtons à se réconcilier avec elle-même.
- CAFE LECTURE DU SAMEDI 5 FEVRIER 2022
Cette histoire, servie par une plume sensible et intelligente relate le parcours d'une famille en proie aux difficultés liées à l'arrivée d'un enfant différent, inadapté. Pour l'un c'est un privilège sans précédent d'aimer ce frère aveugle et figé, il apprend en l'observant la beauté du monde, il écoute les bruits du dehors, hume les parfums que l'enfant mutique peut saisir. Il se sent en osmose avec ce frère différent. Pour la cadette, c'est différent, elle éprouve rejet et dégoût pour ce frère. Elle doit apprendre à s'armer, à trouver un refuge loin de cette famille qui s'émiette, qui se retient de pleurer, de crier à l'injustice. Sans apitoiement, on se laisse surprendre par la justesse du propos, on s'émeut de voir combien la différence peut tantôt nourrir tantôt décharner ou encore rendre de marbre par protection.
La beauté du texte est un vibrant hommage aux êtres de l'ombre, aux familles qui tentent de rester debout malgré les épreuves. J'ai été émue, touchée en plein cœur, soulagée de lire que la différence n'est pas que rejet mais source d'inspiration et de grandiloquence.
- L’ange et le violoncelle - Roman de Claire Renaud - coup de cœur de Catherine et Lydie
C'est un conte plein de tendresse. C'est l'histoire de Joseph, un homme sans histoire : "Sa vie n'est pas malheureuse. Sa vie n'est pas triste. Sa vie est vide." Une rencontre va le faire renaître. Joseph est responsable des objets trouvés à la gare de l'Est, et ce qu'il trouve ce soir-là n'est pas un objet, mais un bébé. Incapable de le laisser aux services sociaux, il va le garder et l'élever avec l'aide d'Adèle, qui tient le snack et de Jules. C'est une histoire merveilleuse, un conte comme ceux de l'enfance. Une parenthèse de tendresse qui nous rappelle la force des sentiments, l'amitié ou l'amour. Ne surtout pas chercher à comprendre, se laisser emporter et savourer.
- Un garçon c’est presque rien - de Lisa Balavoine - Roman ado - coup de cœur de Lydie
Roméo est un jeune garçon de 16 ans. Sensible, solitaire, un brin différent. Un garçon qui marche, le casque vissé sur les oreilles, un garçon qui ne fréquente ni les salles de sport ni les centres commerciaux, un garçon à contre-courant libre comme le vent.
À la maison, l'ambiance est morne, ses parents l'ignorent la plupart du temps, il aime passer, après les cours, dans la boutique de son oncle qui vend des disques dans le centre.
À l'école, les autres élèves s'amusent à le taquiner, le traiter de « chaton », le bousculer. Mais, un jour, au réfectoire, il remarque, assise à la table d'à côté, une jeune fille gracile, gracieuse, qui vibre et scintille parmi les autres filles...
En vers libres et en de courts chapitres, Lisa Balavoine dresse le portrait touchant d'un adolescent à fleur de peau, sensiblement différent. Une rencontre va le bouleverser et l'aider à prendre conscience de qui il est réellement.
Un roman émouvant, à la fois musical et poétique, original, surprenant et terriblement d'actualité. Divers thèmes intelligemment abordés tels que le genre, la masculinité, les secrets familiaux, le harcèlement, les réseaux sociaux, la virilité, la sexualité, le "revenge porn", les relations parents/enfants ...
Une plume profonde, intense, à fleur de mots.
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Et le désert disparaîtra - Marie
Pavlenko - Roman ado coup de cœur de Lydie
Saama, 12 ans vit dans un monde devenu un désert, un monde post-apocalyptique où la vie a presque entièrement disparu de la surface de la Terre, un monde qui pourrait être le nôtre, très vite, si nous ne changeons pas notre rapport à la nature. Son peuple, nomade, survit en traquant les derniers arbres, pour pouvoir ensuite négocier le précieux bois, l'arbre coupé, contre de l'eau gélifiée, de l'oxygène en bouteille, de la nourriture, des médicaments… Seuls les hommes, les chasseurs peuvent assumer cette tâche et pour cela, ils doivent aller de plus en plus loin pour débusquer ces arbres isolés. Samaa n'a qu'un rêve, elle ne veut plus jouer le rôle qu'on lui a assigné, elle veut faire partie des chasseurs et rit des conseils de l'Ancienne lui demandant de les empêcher de tuer les arbres. Aussi, quand les chasseurs vont repartir, va-t-elle tenter sa chance en les suivant de loin d'abord, espérant ensuite se rapprocher lorsqu'ils seront suffisamment éloignés pour qu'ils soient obligés de la garder avec eux. Mais c'est oublier que le désert a mille visages et elle se perd… Elle fera alors une rencontre qui changera sa vie à jamais comme celui de sa tribu.
Ce livre empli de poésie est une véritable ode à la préservation de la nature.
- Code 612 Qui a tué le petit prince ? - Michel Bussi - Roman policier coup de cœur de Maryse
Derrière ce titre qui « spoile » la fin du célèbre roman d'Antoine de Saint-Exupéry, Michel Bussi s'attaque à un monument de la littérature. Avec une publication en 318 langues, « le Petit Prince » est en effet le livre le plus traduit dans le monde après la Bible. « Code 612 Qui a tué le Petit Prince » de Michel Bussi se lit comme une enquête policière à la fois sur les mystères du livre en lui-même et ses messages subliminaux que sur la disparition énigmatique de son auteur, le 31 juillet 1944 à bord de son avion. Il disparaît lors d'une mission de reconnaissance dans la Méditerranée, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Même si des débris de son bimoteur ont été retrouvés fin des années 90, son corps n'a pas été retrouvé et la lumière n'a jamais été faite sur ce mystère.Michel Bussi, lui-même passionné par cet univers, nous offre une enquête hors du commun qui fait voyager ses lecteurs aux travers de différents pays, tout en évoluant au fil du récit du Petit Prince.
- Sous le parapluie d’Adélaïde - Romain Puértolas - Roman policier -
coup de cœur de Lydie, Catherine et Denise
A l'insu de tous, Rose Rivière est étranglée au milieu de la foule, rassemblée sur la place de la ville de M. pour assister, sous la pluie, au spectacle de Noël. Seul indice : les deux mains noires qui enserrent le cou de la jeune femme, sur l'un des clichés d'ensemble pris par le journaliste qui couvrait la manifestation. Il n'en faut pas plus pour faire inculper l'unique homme à la peau noire résidant à M. Persuadée de son innocence, son avocate commise d'office mène l'enquête. Une atmosphère à l'ancienne, bien loin des codes actuels du polar. Une investigation qui très vite va devenir à la fois personnelle et donnera l'occasion de s'approcher au plus près des personnages. Notamment lorsqu’il nous invite à découvrir le passé de la victime, les violences psychologiques et physiques qu'elle a endurées. Des passages forts, émouvants, qui sonnent terriblement juste. Mais il n'est pas seulement question de ce passé mort qui ressuscite grâce à la ténacité de la jeune avocate. L'ambiance peut être également bien plus légère ou langoureuse. C'est une femme qui mord la vie à pleine dent. L’écrivain joue avec nous et se joue aussi de nous. Le nt.
La chaîne - de Adrian McKinty - Roman Policier coup de cœur de Lydie
Le téléphone sonne. Un inconnu a kidnappé votre enfant. Pour qu’il soit libéré, vous devez enlever l’enfant de quelqu’un d’autre. Votre enfant sera relâché quand les parents de votre victime auront à leur tour enlevé un enfant. Si un chaînon manque : votre enfant sera tué. VOUS FAITES DÉSORMAIS PARTIE DE LA CHAINE. VOUS N’ÊTES PAS LES PREMIERS. VOUS NE SEREZ CERTAINEMENT PAS LES DERNIERS.Pas de temps de mort pour ce thriller. On se plonge dans les pensées tortueuses de Rachel partagée entre l'urgence de revoir sa fille en vie et sa honte de devenir à son tour un monstre qui enlève un enfant. La situation fermée de cette chaîne est crédible laissant planer un état anxiogène lié à l'impuissance de la rébellion. L'auteur ne s'est pas contenté d'un gentil suspens mais il dresse un portrait réaliste de la condition humaine devant la disparition de son enfant. Tout en maintenant une emprise sur les personnages pris au piège de cette chaîne que rien n'arrête. Vous échouez à la mission, votre enfant est mort. Votre successeur échoue, la chaîne remonte à vous. Un échiquier où le maillon faible est éliminé. L'humain est capable de tout, du pire. L'humain n'a aucune morale.
Lorsqu'il est dos au mur, il peut s'abaisser au plus vil des méfaits, se confondre dans la déchéance la plus abjecte.
- Premier sang - Amélie Nothomb - Roman - coup de cœur de Annie F
Un plongeon épicé, drôle, fantasque et débridé au cœur de la famille Nothomb. Du père d'Amélie en particulier, Patrick Nothomb. L'enfant n'aura pas eu la chance de connaître son père, mort à la guerre quand il n'était même pas né. À six ans, ses grands-parents maternels le jugent un peu mollasson, il a « le corps aussi tendre que l'âme » le gamin. Faut l'endurcir coûte que coûte. Rien de plus simple, il faut envoyer Patrick l'été chez les Nothomb ! Pauvre môme. Il n'imagine pas encore dans quoi il va atterrir. Mélange d'exaltation et de désespoir, Patrick devra s'y faire.
Amélie Nothomb nous offre un bien sympathique moment de lecture au côté de ses aïeux qu'elle croque dans de judicieux et jubilatoires détails. Les aventures de Patrick Nothomb on pourrait penser que c'est l'horreur mais écrit avec cette fantaisie étourdissante d'Amelie, on se surprend à sourire ou à rire aux éclats. L'humour de l'auteure belge est bien présent et l'univers "Nothombélien" est un délice de lecture.
Anne-Lise Avril découpe son roman en quatre ambiances, le désert, la forêt, la nuit et l'ile, pour à chaque fois y décliner deux époques : la décennie 2010, puis un futur proche, en 2040. Lucie et Talal étaient fait pour se rencontrer, le hasard les a réunis en Jordanie, le talent de photographe de l'un est très complémentaire des préoccupations d'écriture de l'autre. Une alchimie immédiate les relie immédiatement, sur le mode d'une amitié profonde, puisque, Lucie l'apprendra, Talal n'est pas libre. Ils se retrouveront tout de même, sur de hauts lieux de questionnement sur la planète : scènes de guerre, ou régions sacrifiées sur l'autel du profit. Alors qu'en 2040, Jayal lutte autant qu'elle le peut pour défendre ce qui peut l'être encore, Aslam, seul sur une île en sursis attend son retour.
Il faudra atteindre les dernières pages pour comprendre ce qui relie ces personnages.
Belle plume, qui porte des personnages attachants, et décrit une intrigue amoureuse qui est un éloge de la lenteur, avec en filigrane un militantisme écologique.
- Soleil amer - Lilia Assaine - Roman coup de cœur de Annie R et Nicole
Le Le livre aborde avec une extraordinaire justesse et beaucoup de sensibilité, différents thèmes: la condition des immigrés venus de l'Algérie et le racisme auquel ils ont été confrontés; la difficulté d'être soi-même pour celle ou celui qui devient l'étrangère ou l'étranger hors de son pays, mais aussi qui le devient dans son pays d'origine; le désarroi et le déchirement des enfants issus de l'immigration; la condition très difficile des femmes et le poids de la tradition qui pèse sur elles, mais aussi leur extraordinaire solidarité; la désillusion qui s'installe dans les années 1970, à la fin des Trente Glorieuses avec, en toile de fond, le chômage et la déshérence des HLM; l'espoir qui semble poindre avec la troisième génération (dont nous savons, hélas, qu'il n'est pas le fait de tous); et enfin, le poison sournois du secret de famille.
Soleil amer raconte tout cela au travers de l'histoire magnifique, de Naja, cette femme algérienne qui vient, dans les années 1960, rejoindre son mari Saïd, ouvrier dans l'automobile, celle de ses trois filles Maryam, Sonia et Nour, puis celle de son fils Amir et son « cousin » Daniel. L'histoire, par touches successives, traversera les années 1960, 1970 et 1980, avec son lot de joies et de drames cruels.
C'est peint avec beaucoup de justesse, en peu de mots, mais si bien choisis.
- Femmes en colère - Mathieu Menegaux - Roman policier coup de cœur de Véronique
- La toute petite reine - de Agnès Ledig - Roman coup de cœur de Véronique
Une valise oubliée, un chien et deux personnages que le destin va lier à jamais. C'est le début d'une vraie belle rencontre en pleine gare de Strasbourg, autour d'un bagage prêt à exploser. Mais, c'est plutôt la propriétaire de la valise, Capucine qui explose en plein vol. Adrien appelé pour cette valise suspecte avec son chien va ressentir les tourments et la détresse de cette jeune femme. Capucine et Adrien se retrouvent par hasard ou pas dans un cabinet d'un couple de psychologues. A force de rencontres, l'un et l'autre vont s'ouvrir, apprendre à dialoguer et s'ouvrir. La toute petite reine part d'un accident de voiture, que l'auteure à elle-même vécu ; c'est l'histoire de Capucine dont la vie est brisée à la mort de ses parents et celle d'Adrien qui vit avec les démons de son expérience au Mali.
Les personnages sont extrêmement travaillés, le profil psychologique et les questions qui en découlent sont maitrisé à merveille. Agnès Ledig met en lumière les drames d'une vie avec une positivité incroyable et une certaine bienveillance. Avec délicatesse, l'auteure raconte la solitude face au drame, les rencontres inattendues pour guérir de notre mal-être et nos choix de vie.
Ce livre parle de la vie quotidienne et de ses routines, de nos rêves et de nos espoirs, de la confiance en soi, de la solitude, de l'amour et de l'amitié, de l'entraide et de la solidarité. C'est un livre qui donne le sourire (et des éclats de rire !) et redonne espoir en l'espèce humaine. Un livre bienveillant. Pétillant. Un livre qui fait du bien. Une bouffée d'oxygène. Et un bel hommage à nos infirmières. Elynn est une jeune femme qui a encore tout son destin devant elle, même si elle en doute. Elle s'occupe des autres (infirmière à l'hôpital) et décide de se prendre en main aussi. Elle ne s'y attend pas, mais d'autres vont lui en tendre, des mains. Comme à son habitude, la beauté de son personnage principal est magnifiée par des protagonistes secondaires formidables, qui rajoutent de la lumière. Grâce à eux, le lecteur vit des émotions fortes, simples mais puissantes, parfois magiques. Legardinier a une capacité envoûtante, magnétique, à vous faire changer de couleur. A vous faire passer du rire aux larmes et inversement, d'une phrase à l'autre. Cet homme est un artificier, expert dans l'art du feu d'artifice émotionnel. Une fois encore, certains passages sont d'une drôlerie touchante. La recette est connue, mais on ne s'en lasse pas. Les mots d'esprit et les blagues potaches s'enchaînent, certains tellement décalés qu'ils en deviennent irrésistibles. Les belles âmes se croisent et se rejoignent, autour de moments émouvants. Et puis, rebelote pour certains grincheux qui vont payer leur mauvaise humeur.
Café lecture 04/12/2021
- Le train des enfants de Viola Ardone, Roman coup de cœur de Paulette F
- Malamute de Jean-Paul Didier Laurent, Roman coup de cœur de Evelyne
Deux histoires en parallèle à trente ans de distance, l'une en 1976 : le journal de Paulina Radovic, mariée à Dragan, ancien légionnaire installé à Valjoux dans l'idée de vivre de balades à traîneaux tirés par des chiens, projet hélas mort-né, l'autre en2015, année où Basile, petit neveu de Germain qui l'héberge pour un temps, lui aussi dameur de pistes qui tente de sortir doucement d'un cauchemar après un dramatique accident survenu deux ans plus tôt ....
L'auteur se révèle un merveilleux conteur, l'écriture est agréable, fluide, la narration équilibrée, bien conçue et construite, plaisante, tout y est : drame rural, zeste de fantastique, bête qui rôde, personnages truculents, insolites et forts, décrits au petit point, une intrigue qui nous emporte, des émotions à la pelle, de la neige, beaucoup de neige, suspense entretenu jusqu'à la fin. ....
- Célestine du Bac de Tatiana de Rosnay, Roman coup de cœur de Catherine
Tatiana de Rosnay nous invite à un conte moderne porté par le personnage de Célestine. Ce roman écrit il y a plus de vingt-six ans avait été refusé à l'époque par les éditeurs.
- C’est arrivé la nuit de Marc Lévy, Roman coup de cœur de Paulette P
Aussi, lorsque ces neuf-là reçoivent tous le même message, à savoir qu'ils doivent se voir le plus rapidement possible, c'est que la situation devient critique !
Un roman dans lequel le lecteur se retrouve à la fois à Madrid, en Israël, à Rome, à Londres et tout cela, en quelques pages seulement et dans lequel, les personnes s'activent au même moment et ce, en toute coordination !
Une enquête complexe mais extrêmement bien écrite et au cours de laquelle le lecteur n'a pas le temps d'atterrir que c'est déjà reparti ! Un récit extrêmement dynamique dans lequel l'on ne s'ennuie jamais (pas le temps).
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Le temps des Hirondelles, livre
autobiographique de notre invité Joël Bonneton d’ Albon
Récit d’une jeunesse dans les années 1960.
De cette France indépendante, sortie de la guerre, seule, autonome et en pleine
expansion qui a retrouvé sa grandeur ! Les événements dans la région, en
France et dans le monde sont relatés année par année.
Des souvenirs d’école, du travail à la ferme. Alors si vous aimez la vie des gens simples issus de la terre, dans les années 1960, vous serez intéressés.
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Café lecture 02/10/2021
Chambre 128, Roman de Cathy Bonidan
… jusqu'à cet hôtel en Bretagne, quel chemin a-t-il bien pu parcourir ? Entre quelles mains s'est-il retrouvé ? Et quelle personne y a mis un point final ? Ce sont à toutes ces questions qu'Anne-Lise va tenter de répondre et qui vont la conduire bien loin de la capitale française. En chemin, elle va, évidemment, faire la connaissance de personnes qu'en toute autre circonstance elle n'aurait jamais croisé. De Sylvestre Fahmer, l'auteur étourdi, à Maggy, l'amie solitaire d'Anne-Lise, en passant par William, le joueur de poker anglais, ou encore David, ancien braqueur aujourd'hui derrière les barreaux. Toute une galerie de personnages incroyablement attachante, avec leurs défauts, leurs blessures, leurs fêlures mais aussi leurs secrets les plus enfouis. De par cette forme épistolaire tout à fait charmante qui donne du rythme à la lecture, ce roman est empreint de tendresse, de délicatesse et de bons sentiments (sans jamais être mièvre). La plume vive de Cathy Bonidan apporte fraîcheur et légèreté.
Malgré tout, BD Adulte de Jordi Lafebre
Quelle délicatesse ! Humaniste et romantique dans ce que ces mots ont de plus noble. Zeno et Ana remettront les pendules à l'heure en vous mettant la tête à l'envers. Malgré tout, presque rien, il suffit de peu, pour qu'une vie s'écoule et que le temps offre ces petits caprices. Venez, vous ne le regretterez pas. Venez, là où la vie bat son plus joli tempo. Juste au début de la fin !
Seules les bêtes, Roman Policier de Colin Niel
Une femme disparaît et c'est la vie de plusieurs personnes qui va s'en trouver bouleversée, depuis le cœur de ce village jusqu'en Afrique. Colin Niel tisse sa toile autour de cette disparition et, tel le vent, glacial, s'engouffre dans les tréfonds de l'âme humaine et saisit le cœur des hommes pour les dévoiler. Ce sont ces cinq personnes qui se savent directement ou indirectement lié à cette étrange disparition qui, tour à tour vont prendre la parole et se mettere à nu. Des amours cachés, des rancœurs, des jalousies, des désillusions, des rêves ou encore des chagrins. Toutes ont un secret, pour certains inavouables. L'auteur se glisse parfaitement dans tous ces personnages, écorchés et fouillés, changeant l'intonation et le phrasé, créant ainsi l'illusion. Il dépeint méticuleusement les décors, que ce soit ces terres du causse, arides et ingrates, ces montagnes écrasantes ou ce village africain aux mille croyances.
Un roman choral saisissant, habilement construit et mené, une intrigue vertigineuse et cinq voix inoubliables.
La Chute t1, BD Adulte de Jared Muralt
Alors, comment survivre dans un monde devenu fou ? Le scénario de cette série d'anticipation ultra-anxiogène est très réaliste ce qui procure un fort sentiment de mal être et pourtant l'histoire nous attrape. Il est intéressant de noter que nous suivons une famille qui semble démunie face à la situation et non un groupe de chercheurs ou d'aventuriers en capacité de sauver le monde. Ce parti pris rend le récit encore plus immersif sans tomber dans les travers des films à succès où l'on devine à l'avance le dénouement de l'histoire.
La servante écarlate, Roman anticipation de Margaret Atwood
- C'était après la catastrophe, quand ils ont abattu le président, mitraillé le congrès et que les militaires ont déclaré l'état d'urgence".
Defred se souvient de l'ancien temps, de sa vie de femme libre de sa fille et de Luke son mari tous deux disparus lors de la tentative d'évasion vers le Canada. Defred est son nouveau nom. Dans cette république de Gilead les femmes sont reléguées à diverses taches, les plus chanceuses sont mariées à des dignitaires, elles sont vêtues de robes bleues, les marthas s'occupent de l'intendance, elles sont vêtues de vert, enfin les servantes écarlates dont fait partie Defred sont habillées de rouge avec une coiffe couvrant les cheveux et une sorte d'œillères ressemblant à des ailes d'anges. Son rôle est la procréation. Dans un pays où la fécondité a fortement baissé chaque maison, chaque commandant a sa servante écarlate.
Je n'en dirais pas plus sur l'histoire de Defred. " La servante écarlate" est parue en 1984, mais a connu son plus grand succès après la sortie de son adaptation en série en 2017. Cette dystopie a de quoi faire réfléchir, ce qui rend ce récit glaçant c'est la façon presque anodine de supprimer le droit des femmes, interdiction de travailler, d'avoir un compte en banque... " La servante écarlate " est un monologue car à qui parler de ses angoisses, de ses peurs de ses espoirs dans un régime totalitaire où tout le monde suspecte tout le monde.
" La servante écarlate" est un roman coup de poing qui a pour but de nous faire réfléchir sur la fragilité de la liberté et surtout de la liberté de la femme, des femmes.
Nous avons en stock la suite : LES TESTAMENTS :
35 ans après "La Servante Ecarlate", Margaret ATWOOD a décidé de redonner vie au monde dystopique de Galaad. Nous sommes 15 ans après le premier volet.
Dans "Les Testaments", les contours sont plus flous, tout est expliqué, ce qui fait peut-être au récit son élacticité et son mystère, tout en suscitant moins d'émotions pour le lecteur qui sait dès le départ que ce cauchemar a pris fin.
Un voisin trop discret, Roman de Iain Levison
Cet effet papillon croise les destins des personnages avec autant d'ironie que de suspense. Car, sans avoir l'air d'y toucher, et sans jamais se départir de sa bluffante justesse de ton et de psychologie, l'auteur multiplie avec humour les coups de griffe contre les travers du monde et en particulier de l'Amérique, comme la futilité de ses interventions et de ses frappes anti-terroristes, son acharnement à masquer ses bavures militaires, le mépris de son armée pour ses traumatisés - ces « coquilles vides » qu'elle rend sans considération aucune à leurs familles -, la surenchère à la couverture santé avec laquelle elle motive ses engagés, ou encore l'éternelle et absolue incompatibilité entre carrière militaire et homosexualité.
Entre comédie de mœurs et polar, cette tragi-comédie, aiguisée par un regard joyeusement cynique, s'avère une lecture délicieuse, aussi juste qu'amusante et captivante.
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Coups de cœur du café lecture 03/07/2021
Petit traité de Vélosophie, BD Adulte de Didier Tronchet, coup de cœur de Lydie : Une petit BD pour les amoureux du vélo, qui vante tous les avantages à choisir ce mode de locomotion non seulement pour la planète mais aussi pour les bienfaits que cela procure à l’âme. Une Bd pleine de poésie et d’humour. Chaque planche est un gag.
Les Déracinés, Roman de Catherine Bardon, coup de cœur de Marie-Thé :
ll y a plusieurs vies dans une vie, Pour Wilheim et Almah, en tous cas. Lorsqu'ils se sont connus à Vienne en 1932, leur route semblait toute tracée. Lui, jeune journaliste était promis à un brillant avenir au sein d'un prestigieux journal autrichien, elle avait choisi une profession médicale pour rester dans la lignée de son père célèbre chirurgien, elle entreprit des études de dentiste. Une vie de confort, de plaisir et d'amour jusqu'à ce que des bruits de bottes se fassent entendre aux portes de l'Autriche. Peu à peu l'insouciance laisse place à la peur et aux brimades. L'antisémitisme devient chaque jour plus violent, les artistes, les intellectuels commencent à s'exiler. En 1939, après mille persécutions, ils partent avec des visas américains qui se révèlent être des faux. Après une année passée dans un camp en Suisse, ils traversent la France, l'Espagne et embarquent au Portugal pour la République Dominicaine où 100 000 visas ont été accordés à des juifs venant de toute l'Europe pour construire une communauté, sorte de Kibboutz.
A peine arrivés sur une terre hostile, au milieu de nulle part, brulée par un soleil implacable, la vie s'organise et peu à peu, des bâtiments et un village sortent de terre. Au fil des mois, ils apprennent à relever la tête, à oublier la peur et le besoin vital de passer inaperçu. La vie reprend son sens avec en souvenir de fond un paradis perdu. Ils deviennent agriculteurs, éleveurs, bâtisseurs et les jours se succèdent dans harmonie tranquille.
Catherine Bardon nous propose un profond et superbe roman sur l'amitié, la richesse des relations humaines, l'évolution des individus au fil de la vie ainsi que celle des rapports entre les êtres humains, la nostalgie, l'exil. Et un bout d’histoire totalement méconnu.
Wanda, Roman de Madeleine Mansiet-Berthaud, coup de cœur de Marie-Jo R :
Une histoire envoûtante et intéressante, dans les somptueux décors Australien.
On y apprend l'histoire du programme d'Assimilation, des aborigènes métis, reniés par leurs clans, et rejetés par les Blancs. Ces jeunes enfants, enlevés à leurs mères, sont placés dans des institutions, pour apprendre à devenir domestique dans une ferme australienne. Wanda et Ningara, sont de ces enfants, qui ont soufferts durant leur enfance, de la séparation, des mauvais traitements, du manque d'affection. Placés ensemble dans la même ferme, ils ont la chance d'avoir un patron gentil et humain. Mais celui-ci perd son ranch, et Wanda et Ningara doivent continuer leurs chemins. Wanda, emplie de vengeance envers son père, qui les abandonnées, elle et sa mère, le retrouve, et fomente l'enlèvement de son enfant par Ningara. Cependant, Ningara n'enlève pas la bonne personne, et c'est Jean-Philippe dit Zan-Phi, qui se retrouve à vivre dix ans dans le clan aborigène de Ningara. S'ensuit alors, comment Zan-Phi, séparé de sa famille, va s'adapter à cette nouvelle culture, quels enseignements et richesse va-t-il en tirer, lui, qui adore peindre. Comment Wanda et Ningara, s'apercevant de leur erreur, vont réagir et quelles actions vont-ils mettre en place ?
C'est toute la culture aborigène qui nous est dévoilée, sa richesse, ses coutumes, ses rituels, que Zan-Phi mettra en peinture, afin de la faire connaître à un large public. Wanda, va elle aussi, la faire connaître, à travers la mise en place de spectacles culturels. Mais la richesse du roman, tient dans la façon dont tout cela se déroule, se met en place, sur deux décennies, avec toutes les implications familiales, financières, sentimentales, qui en découlent.
Une agréable lecture australienne.
Une bonne intention, Policier de Solène Bakowski, coup de cœur de Lydie et Amparo :
Un roman d’une noirceur folle, traversé de moments de grâce, voilà comment on pourrait définir ce magnifique roman.
Tout commence avec l'enterrement de Karine, une femme qui a mis un terme à sa pénible existence. Atteinte d'une sévère dépression, elle abandonne derrière elle un époux (Nicolas) et leur petite fille ( Mathilde). Après son décès, Nicolas, inconsolable, perdra pied avec la réalité.
"Je ne savais pas que les papas ça pleurait. Mais c'est bête, j'aurais dû m'en douter, ils sont pareils que nous en fait, ils ont le droit d'avoir de la peine."
Littéralement fou de douleur, il parle à la défunte, il se comporte bizarrement avec sa fille qui, à neuf ans, ressemble de plus en plus à sa mère, à la femme qui lui manque chaque jour davantage. Un an environ après le suicide de Karine, un nouveau drame vient frapper les Martin. La petite Mati n'est pas rentrée de l'école. Le même jour, son père aura un grave accident de voiture, qui le laissera dans le coma. S'il se réveille un jour, les dommages seront irréversibles. La police mène l'enquête.
"Dans la majorité des cas, les disparitions d'enfant sont le fait de l'entourage."
Tout accuse le père : le vélo de la fillette retrouvé dans le coffre de la voiture, le sang retrouvé dans la maison, le mot énigmatique que Mati a rédigé à l'attention de sa mère la veille : "Maman, tu sais, Papa ne va pas bien ce soir."
Même Eliane, la mère de Nicolas, se persuade de la culpabilité de son fils, incapable d'avouer quoi que ce soit dans son état.
La première des trois parties a donc l'allure d'un thriller : Disparition d'enfant mystérieuse, mensonges et secrets familiaux qui se dévoileront progressivement.
"Le mensonge était un matelas bien confortable."
Et pourtant, après cette atmosphère pesante de morts, d'accidents, de disparitions, de terribles mensonges peu à peu révélés, le roman va se poursuivre sur un ton différent. On quitte le polar étouffant et on arrive aux instants de grâce. Dans la seconde partie, il sera davantage question de gentillesse et d'innocence, d'humanité, de tolérance. On quitte l'enquête et on retourne provisoirement dans le passé afin de nous livrer un nouveau pan nécessaire à la compréhension de toute l'histoire.
On découvre alors que l'enchaînement de drames partait pourtant d'une bonne intention.
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Je suis né deux fois, une fois à Lyon en 1960, une fois dans le Sahara en 1989.


Une fillette à vélo est renversée, 7 jours plus tard un meurtre, déguisé en suicide, puis d'autres crimes surviennent.


Eté 1965. C'est en bordure de la vallée de l'Asse dans les hauts plateaux de Haute-Provence, dans une station-service obsolète, que vit le jeune garçon, âgé de 12 ans. Ca fait déjà quelque temps qu'il ne va plus à l'école. Depuis que le médecin a estimé qu'il était trop différent des autres. Alors pour s'occuper et après un temps d'apprentissage conséquent, il a le droit maintenant de remplir les réservoirs des rares voitures qui passent par là ....
Sur ce haut plateau perdu de Haute-Provence, celui qui se fera appelé Shell par sa reine va vivre des jours incroyables.
Jean-Baptiste Andréa nous plonge dans une ambiance onirique, presque surnaturelle. Il décrit les pensées de Shell le regard qu'il porte sur lui et le rapport qu'il entretient avec les autres.
Un premier roman à la fois court et poétique, beau mais cruel.

Il y a beaucoup d'émotion et de scènes magnifiques dans "Voici venir les rêveurs". Pour son premier roman, Imbolo Bue repeint New York de toutes les nuances de l'espoir.
Evelyne a lu : L'Ile aux enfants - Ariane BOIS

Evelyne a lu : Ghost in love - Marc Levy


- LA CLEF DU SOUVENIR de Stéphanie LOPES-NEBTI (Théâtre)
- L'APPARTEMENT DU DESSOUS de Florence HERRLEMANN (présenté par Evelyne)
- OUBLIER KLARA d'Isabelle AUTISSIER ( présenté par Evelyne)
- LE DERNIER HIVER du CID de Jérôme GARCIN (présenté par Paulette)
- A CRIER DANS LES RUINES d'Alexandra KOSZELYK (présenté par Nicole)
Tchernobyl, 1986, Lena et Yvan deux adolescents amoureux l'un de l'autre, voient leur vie bouleversée par l'explosion de la centrale. Si, Lena, croyant Ivan mort, part avec sa famille en France, Ivan, qui n'a pas pu quitter la zone, attend son retour. Déracinée la jeune fille tente d'oublier son passé. Vingt ans plus tard elle fait le chemin inverse et repart en Ukraine.
- LES GRATITUDES de Delphine DE VIGAN ( présenté par Marie-Jo)
coup de cœur de Nicole

coup de cœur de Nicole, Evelyne et Paulette

Depuis qu'elle a découvert L'éducation sentimentale de Flaubert, elle ne peut vivre sans la littérature et éprouve chaque fois un grand plaisir à faire étudier ce livre à ses élèves.
Mais voilà que, du jour au lendemain, sa vie bascule : Étienne la quitte sans explication ! Mathilde va alors entrer dans une dépression profonde. Sa sœur Agathe lui propose alors de l'accueillir au sein de son foyer, le temps de la convalescence.
Au fil des jours, la cohabitation va devenir de plus en plus éprouvante. Mathilde souffre d'une tristesse sans nom et chaque parole, chaque détail, chaque lieu la ramène à l'homme aimé. De cette peine, de cette tristesse vont découler la colère et la jalousie.
David Foenkinos a réussi un huis clos familial glaçant et terrifiant où la tension et le suspense sont omniprésents. Avec Deux soeurs, véritable thriller psychologique, l'auteur montre comment un chagrin d'amour peut révéler une nouvelle personnalité inattendue.

Un roman fort et puissant avec des chapitres consacrés à Blanche et au cours desquels le lecteur se replonge dans le Paris des différents milieux de 1925, et d'autres consacrés à Solène qui se déroulent aujourd'hui et où il est non seulement question d'elle mais surtout de toutes ces femmes qui continuent chaque jour à lutter pour se faire une place dans la société.
coup de cœur de Paulette F

C'est Themis, la petite dernière de la fratrie qui se décide un jour à raconter sa vie à ses petits enfants. C'est ainsi que Nikos et Popi vont découvrir une autre grand-mère, celle qu'ils croyaient apolitique fut une combattante communiste, emprisonnée qui a lutté pour ses droits comme bien nombre d'amis et ainsi, le voile va être levé sur bien des secrets sagement gardés.
Nous découvrons les batailles sanglantes qui se succèdent dans cette Grèce des années 40 jusqu'aux dernières émeutes meurtrières lors des manifestations en 1973. Entre guerre civile, dictature des colonels, les conséquences au cœur de la famille Koralis vont être terribles, car cette famille va grandir, vivre et survivre dans la peur, les angoisses obsessionnelles, entre luttes et résignation.
Les quatre frères et sœur vont avoir des opinions politiques différentes, jeunes et assoiffés chacun d'idéaux pour un monde meilleur, ce qui va provoquer des colères, des déchirements. Fort heureusement que la grand-mère pilier inébranlable de ce petit monde parvient toujours à préserver une certaine paix et équilibre.
Un roman coup de cœur !
Un hymne à la liberté, un hommage magnifique à tous ceux qui ont osé la lutte pour leur droit, les droits du peuple, que ce soit en Grèce ces années-là. Hier comme aujourd'hui cette histoire résonne aux quatre coins du monde.
coup de cœur de Paulette F

Un accident de voiture. Elle était au volant et sa mère y a succombé. Elle a été grièvement blessée. Suite au coma et des semaines de rééducation, Véra sous le poids du traumatisme de la culpabilité, décide de disparaître dans un trou perdu, en haute montagne. Ses premiers pas vers la liberté ?
Le trou perdu est vraiment perdu, aucun interlocuteur, hormis le cafetier du village voisin, un faux indien, et un voisin fantôme, médecin légiste, temporairement sur les lieux aussi......et puis il y a la neige qu'on attend, qui tarde à arriver, "et puis la neige est tombée. C'était beau ".
Avec sa patte folle et son malheur, celle que son père et sa sœur appellent " demi portion”, va-t-elle pouvoir reconstituer le puzzle de son accident, en faire son deuil, et tourner la page ? Aaah les histoires de famille......beaucoup de surprises attendent Vera, nous aussi….
Quand un livre est bien écrit, on ne se pose même pas la question, cela va de soi, la prose coule, ce qui est le cas ici. Les deux personnages principaux et même les auxiliaires sont bien cernés. Un récit littéraire riche en suspens et surprises dans un décor de neige et de silence total, avec une fin tout en douceur, que j'ai bien aimé.
coup de cœur de Lydie

Le roman débute dans une basilique genevoise où un dernier hommage va être rendu au chef d'orchestre de l'OSR (Orchestre de la Suisse romande), à la renommée internationale. Sa fille Ariane Claessens, pianiste émérite, contrairement à ce qu'on attend d'elle, ne va pas entamer la marche funèbre traditionnelle en mémoire de son père, mais le concerto pour violon N°1 Opus 77 de Chostakovitch, Opus qui va rythmer la vie de cette famille et également le roman, avec ses cinq mouvements : Nocturne, Scherzo, Passacaille, Cadence et Burlesque.
C'est elle la narratrice et elle va nous conter l'histoire de ces Claessens, cette (sa) famille qui a la musique dans le sang. À travers ses souvenirs, elle nous fait vivre la rencontre de ses parents. Comment Claessens, nommé ainsi tout au long du roman, alors pianiste, de passage à Tel-Aviv pour y donner le concerto pour piano de Tchaïkovski, rencontre la classe d'art lyrique de l'Académie de musique et va remarquer cette jeune soprano, au vibrato exceptionnel : Yaël. Ils vont tomber follement amoureux.
Claessens deviendra rapidement un chef d'orchestre réputé. Si sa fille, la belle Ariane est reconnue également dans le monde entier pour ses talents de pianiste, c'est David son frère aîné, jeune violoniste très prometteur qui lors du prestigieux concours "Reine Elisabeth" pouvant lancer sa carrière, va commettre l'inimaginable. C'est cet évènement et cette rupture qui vont être la trame de ce roman.
Avoir entrelacé la vie de Chostakovitch, ce compositeur, jouet de Staline "écartelé entre la terreur et la répression" et l'interprétation de son Opus 77 par David m'a fait ressentir de façon éblouissante et véridique cette musique.
Ce livre où la tension est palpable du début à la fin tient à la fois du roman noir, du roman psychologique et du roman d'amour, amour tellement pur entre le frère et la sœur : "nous étions là, David et moi, comme toujours, comme depuis l'enfance, nous protégeant mutuellement de l'orage. Le frère et la sœur, yeux fermés, blottis l'un contre l'autre, jouant avec les notes comme avec la pluie martelant le toit de notre refuge secret, de notre grotte." C'est aussi un livre sur l'incommunicabilité entre les êtres et tous ces sentiments sont rendus très justement, très finement.
coup de cœur de Paulette P

La vie secrète des écrivains est comme un puzzle dont on ne connaîtrait pas le nombre de pièces, et qui s'avère bien plus grand qu'il n'y parait. Comme un jeu de piste dont on n'appréhende aucunement le but final.
Parce que l'écrivain ose. Ose emprunter des chemins surprenants, et faire vivre à ses personnages des émotions particulièrement fortes. Au plus près de leur intimité, et de leurs secrets. Et comme il est doué pour nous faire entrer en empathie avec eux, ces émotions sont partagées.
C'est donc un vrai thriller, avec meurtre à la clé, fausses pistes et chausse-trappes, sorte de huis clos en plein air. Une enquête avec des tenants vraiment originaux et des aboutissants stupéfiants.
Mais le roman n'est pas que ça. Il est aussi une réflexion intéressante sur l'écriture, le « métier » d'écrivain, le statut de l'auteur, ses obsessions… Tout une palette de considérations à travers les pensées d'un personnage d'écrivain retiré des affaires depuis vingt ans.
coup de cœur de Lydie
En se rendant chez son boucher, la retraitée Gisèle croise d'abord un vieil homme taguant des affiches publicitaires. Puis elle est témoin d'une agression : une vieille femme s'est faite dérobée son sac à l'arraché. C'est dans ces circonstances étranges qu'un groupe de retraités, en ayant assez d'être invisible aux yeux de tous, vont allier leur force et former le Gang des Vieux Schnocks. Au programme : vengeance contre des commerçants grossiers, contre des vigiles de supermarché racistes et surtout, retrouver le jeune à capuche qui a volé le sac de Rose-Aimée.
Voilà un roman drôle, irrévérencieux et tendre. On pense forcément aux Vieux Fourneaux et Florence Thinard n'a pas rougir de la comparaison. Il est question de la place des personnes âgées dans la société, de fossé intergénérationnel, mais aussi de racket, de scolarité, de famille monoparentale et d'amour. On rit, on s'émeut et on pleure.

Bâti au milieu du XIXe siècle par l’industriel Godin, le familistère de Guise, dans l’Aisne, ne portait pas pour rien le nom de Palais Social. Doté de tout le confort moderne et même plus, il était aussi un modèle de progrès humain pour les ouvriers qui y logeaient. Issu d’une famille de paysans miséreuse, Emile va s’y rendre afin de retrouver la jeune Louise. Le chemin sera long et chaotique, mais changera à jamais l’existence du jeune homme.
Conçu comme l’aventure de la vie débutante du héros, le roman est prétexte à faire l’éloge de ce fameux familistère encore visible de nos jours, témoignage du socialisme utopiste de la fin du XIXe siècle. L’auteure insiste sur l’ouverture d’esprit et le bon fonctionnement de ce projet, le situant dans une ligne politique réformiste mais pas révolutionnaire. Elle parle de solidarité de village, contrôle des naissances, mixité des orientations (Emile adore tricoter), prévoyance et retraite pour les ouvriers. Elle a raison, et évite cependant bon nombre d’interrogations sur les processus de gestion interne de ce qui reste une entreprise. Elle arrête aussi son histoire en 1914 : pour une fois, un petit dossier en postface aurait été utile. Par contre, la France de l’époque, encore majoritairement rurale et pauvre, est très bien mise en regard de l’essor de la classe ouvrière. Agréable à lire et solidement documenté avec naturel, le roman sera apprécié dès 12 ans.

Nous sommes en juin 2016, dans Paris en crue. Gaspard, notre héros, sort d'une rupture et a le coeur brisé. Les affaires ne vont pas fort sur la péniche le Flowerburger léguée par sa grand-mère, Sylvia, qui lui avait fait promettre de transmettre son art de vivre : « échapper, s'échapper, travailler à son rêve jusqu'à le transformer en réalité. » Parole difficile à tenir jusqu'à ce qu'il rencontre, sous un pont, une sirène blessée, Lula, sirène qu'il va recueillir dans son appartement pour la soigner.
C'est l'histoire d'un amour impossible entre un homme et une sirène.
Une sirène à Paris est un conte moderne poétique. Il questionne sur le pouvoir de l'imagination. Dès le début, grâce à la plume alerte et loufoque, aux personnages tous plus ou moins déjantés, soumis à de nombreuses péripéties, on est emporté dans un tourbillon et on succombe à l'émerveillement.
J'ai aimé cette écriture poétique très imagée et l'imagination débridée de l'auteur.
Café lecture 01/06/2019
- Les os des filles, Roman de Line Papin
- coup de cœur de Nicole

- La falaise des fous, Roman de Pierre Grainville,
- coup de cœur de Catherine et Nicole

De cette histoire des siècles passés, nous retenons la création littéraire et artistique, les chemins qui mènent à l’homme et les chemins qui ne mènent nulle part, les controverses, les bassesses, les violences, parfois obscènes, faites aux hommes, comme l’affaire Dreyfuss, qui hante ce roman avec la force et l’ampleur de sa tragédie La période est une manne romanesque pour composer une intrigue, dessiner un décor, comprendre les mentalités de modernité.
- Le Berceau, Roman de Fanny Chesnel
- coup de cœur de Laurence, Geneviève et Nicole

- Alto Braco, roman de Vanessa Bamberger
- coup de cœur de Paulette.F

Dans une écriture raffinée Vanessa Bamberger se risque à nous parler de racines et du retour aux sources. Le pari était osé, il est réussi. On ne s'ennuie jamais, on s'éprend des personnages et on apprend beaucoup (l'Aubrac, les bougnats de Paris, l'élevage, la viande, le bio...)
- Tout ce que tu vas vivre, roman de Lorraine Fouchet
- coup de cœur de Paulette

- Habiter le monde, 1er roman de Stéphanie Bodet
- coup de cœur de Marie-Jo R et S

- Le Manuscrit inachevé, Policer de Franck Thilliez
- coup de cœur de Lydie

Franck Thilliez joue avec le lecteur de bout en bout : des indices disséminés ici et là, des fausses pistes, des mots soulignés, un roman dans le roman. Nul doute que l'auteur maitrise parfaitement l'art du thriller. Les courts chapitres, aux fins accrocheuses, s'enchaînent rapidement, d'autant que l'on passe d'une histoire à l'autre. Ce roman profondément noir, où l'on côtoie meurtriers, dépeceurs et violeurs, nous plonge dans une ambiance glaçante et hostile, le climat pluvieux et froid aidant.
- Le journal d’Anne Franck,
- BD adulte susceptible d’intéresser les adolescents de Folman / Polonsky

- Le jour où le bus est reparti sans elle, BD adulte de Marko/Béka
- coup de cœur de Lydie
- Amour, djihad & RTT, BD adulte de Marc Dubuisson
- coup de cœur de Lydie

- Le paradoxe d’Anderson, roman de Pascal Manoukian - coup de cœur de Françoise

- Jamais, BD Adulte de Bruno Duhamel - coup de cœur de Lydie et Marie-Thé

- Simple, Roman de Julie Estève, coup de cœur de Evelyne
On ne l’'appelle jamais Antoine Orsini dans ce village perché au coeur des montagnes corses mais le baoul, l'’idiot du coin. À la marge, bizarre, farceur, sorcier, bouc émissaire, Antoine parle à sa chaise, lui raconte son histoire, celles des autres, et son lien ambigu avec Florence Biancarelli, une gamine de seize ans retrouvée morte au milieu des pins et des années 80.
Qui est coupable ?
On plonge à pic dans la poésie, le monde et la langue singulière d’un homme simple, jusqu’à la cruelle vérité.- Antoine Orsini est ce qu'on appelle dans les villages, un simplet, un idiot, un mongol. C'est le baoul en corse. Il traine toute la journée dans les rues, entend et voit tout. Il n'a d'autres amis que l'Extraterrestre, un petit doué des PTT, Magic le dictaphone et Florence, la plus jolie fille du village. Mais l'innocence de Tonio ne suffit pas toujours et on lui prête souvent des intentions qu'il n'a pas... Comme celle d'avoir assassiné Florence...
- Il était une fois Antoine... Parce qu'il s'agit bien de cela dans le deuxième roman de Julie Estève, un conte poétique sur la différence et les difficultés de vivre avec.
- Leurs enfants après eux, Roman de Nicolas Mathieu - coup de cœur de Nicole

- Le voyage de Marcel Grob, BD Adulte - coup de cœur de Lydie

- La goûteuse d’Hitler, Roman de Rosella Postorino - coup de cœur de Paulette

Ces femmes, enrôlées de force, avaient le devoir de manger, que cela leur plaise ou non. Le Führer s'attablait une heure plus tard... s'il n'était rien arrivé à ses goûteuses. Celles-ci servaient littéralement de cobayes, et devaient être prêtes à mourir empoisonnées à tout instant pour préserver celui qui ravageait le monde.
- La cerise sur le gâteau, Roman de Cécile Valognes - coup de cœur de Catherine

- Né d’aucune femme, Roman de Franck Bouysse, coup de cœur de Nicole
Maintes fois le père Gabriel, au confessionnal, a entendu les mêmes paroles. Aussi, lorsqu'une voix fluette, à peine voilée, lui demande de bénir le corps d'une femme à l'asile et de récupérer par là même des cahiers cachés sous la robe de la défunte, il est fort étonné. Mais le père Gabriel a promis. Et c'est en compagnie de Charles, le sacristain, que Gabriel se rendra à l'asile, bénira Rose et emportera les cahiers... Des cahiers emplis de confessions...
- Malaterre, BD Adulte de Pierre Henry Gomont - coup de cœur de Lydie

Gabriel, père alcoolique et globalement absent de la vie familiale décide de racheter un domaine forestier en Afrique équatoriale fondé par ses ancêtres et perdu il y a peu. Bien décidé à redorer le blason familial Gabriel se lance à corps perdu dans cette quête ambitieuse et dévorante et emmène ses deux enfants aînés, Simon et Mathilde, laissant derrière eux Martin, leur petit frère et Claudia la mère de ses enfants dont il est séparé depuis peu.
- Nymphéas noirs, BD Adulte de Fred Duval et Didier Cassegrain - coup de cœur de Lydie
- Pleurer des rivières, Romain de Alain Jaspard, coup de cœur de Lydie, Geneviève et Marie-Jo
- L’homme de cro-Macron, silex in the city t8, BD Adulte de Jul, coup de cœur de Lydie
- Une fille de …, Roman adolescent de Jo Witek, coup de cœur de Lydie
- L’envol des anges, Roman policier de Michael Connelly, coup de cœur de Lydie et Amparo
- L’homme aux cercles bleus, Roman policier de Fred Vargas, coup de cœur de Lydie et Amparo

C'est l'histoire de trois amis, trois vieux amis, des vieillards, ils sont réunis à l'enterrement de Lucette, la femme de l'un d'entre eux, est présente aussi la petite fille de la défunte Sophie, celle-ci est enceinte, future mère célibataire qui assume pleinement sa situation, elle est revenue habiter la grande maison délabrée et a repris le théâtre de marionnettes ambulant de sa grand-mère.

Pascale Hugues nous raconte au travers de l'amitié, qui lie ses deux grands-mères depuis plus 90 ans, l'histoire mouvementée de l'Alsace. Marthe, l'alsacienne et Mathilde l'allemande, sont nées toutes les deux en 1902. Elles se rencontrent à l'âge de 6 ans et ne se quittent plus jusqu'à leur mort, à l'aube de leurs 100 ans.

"Elle ne m'a pas reconnu» ; ainsi commence la première consultation de Rudolf Noureev qui est suivi en thérapie par le psychanalyste de grand renom Tristan Feller.

Par ces mots en incipit, le narrateur revient sur ses années d'enfance troublées par le poids d'un secret familial.

Jeanne habite dans une grande maison, rassurée par la présence de ses voisins Marcelle et Fernand.

De sa fenêtre, tout est blanc. La neige a recouvert, de son épais manteau tout le paysage, faisant se plier les arbres de la forêt. Alors qu'il voulait rendre visite à son père mourant, le fils du mécanicien a eu un terrible accident de voiture, le paralysant des jambes. Depuis, il vit cloîtré dans la véranda du vieux Matthias qui a bien voulu s'occuper de lui pendant sa convalescence. Avec l'aide du pharmacien, de la vétérinaire et du vigile, il lui prépare à manger, le lave et change ses pansements. Tout ceci en échange d'un probable retour vers la ville. Des semaines, des mois que cela dure. Que les deux hommes vivent ainsi, reculés du village, emprisonnés par cette neige qui ne cesse de tomber et de les isoler...

Dans un futur aseptisé et indéterminé, des agents ont pour mandat de faire table rase du passé : livres, œuvres d’Art, tout est systématiquement et impitoyablement détruit. L’alimentation est devenue entièrement réglementée par des multinationales. Ce sont elles qui produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens, si bien qu’il est devenu strictement interdit de cultiver ses propres semences. Anne, qui travaille pour le service d’épuration, trouve par hasard quelques semences qu’elle plante dans une poignée de terre. Pour avoir osé les faire pousser chez elle, elle est emmenée devant les tribunaux. Ceci est l’histoire de son procès.
Dans la lignée des grandes œuvres d’anticipation telles que SOS Bonheur ou 1984, ce nouvel album de Régis Penet questionne les dérives de notre société moderne et l’appropriation du vivant par des sociétés privées. Un récit qui part de rien (une simple tomate) et nous raconte la fin du monde... dans un futur qui ne nous semble pas si éloigné.
40 000 avant J.-C. : une vallée résiste encore et toujours à l'Évolution. À l'aube de l'humanité, Blog Dotcom est un "homo-erectus qui se lève tôt" : pour changer tout ça, il décide de se présenter aux élections. Avec une femme prof de Préhistoire-Géo en ZEP (Zone d'Évolution Prioritaire), un fils cadet militant alter-darwiniste opposé à l'usage du feu et de la fourrure, et une fille aînée qui flirte avec Rahan de la Pétaudière, fils à papa héritier du plus gros volcan - récemment privatisé - de la région, il n'est pas au bout de ses peines.



Coups de cœur Café Lecture du 02 décembre 2017

Les scènes se succèdent comme autant de chapîtres :
- Duel de dictateurs entre Hitler et Schuschnigg, et c'est celui qui en impose le plus qui écrase l'autre. Le chancelier autrichien obtempère.
- Grain de sable dans la mécanique des panzer(blindés) qui ridiculise l'invasion du voisin autrichien.
- Lâcheté des politiques européens, manipulés et aveugles, ....


Dans des chapitres alternés, le roman suit trois personnages. Ella Frey, une toute jeune fille, enfermée de force pour avoir brisé une fenêtre sur son lieu de travail. John Mulligan, un Irlandais, mélancolique après la mort de sa fille et la séparation de sa femme, il a été retrouvé errant dans les campagnes. Charles Fuller, le médecin de l'asile, diplômé de l'Ecole de médecine pour faire plaisir à son père, sa grande passion est la musique. Ambitieux il pense que la musique peut être une thérapie. Il est également très intéressé par l'eugénisme. Très bien documenté, le roman nous fait découvrir le monde effrayant des asiles du début du siècle dernier. Le traitement des personnes atteintes de maladie mentale était proche de la barbarie, la pauvreté et la folie étaient, aux yeux des médecins, synonymes.
La beauté de la campagne du Yorkshire à travers les saisons fait contraste avec les murs gris et les fenêtres à barreaux des bâtiments. Anna Hope nous offre là un roman mélancolique mais aussi d'espérance. John et Ella reprennent espoir quand ils se trouvent.
Un roman sur l'amour, le pouvoir, la folie, la pauvreté et la survie.





- Le livre des Baltimore Roman de Joël Dicke
- La sonate oubliée, Roman de Christiana Moreau
Lionella, d'origine italienne, vit avec ses parents
et son frère, à Seraing dans la Province de Liège. Ses aïeux immigrés italiens
comme beaucoup sont venus travailler en Belgique. Lionella à 17 ans est déjà
une violoncelliste de talent, elle se prépare pour un prestigieux concours
international qui se déroulera à Bruxelles. Dans sa famille, la musique est une
passion, son père joue du piano et son frère du violon mais c'est elle la
surdouée. Lionella ne sait pas quel morceau elle interprètera au concours
Arpèges jusqu'au jour où Kevin, son ami d'enfance, lui offre un coffret
métallique déniché dans une brocante. Surprise, dans le coffret elle découvre
le journal intime de Ada, jeune orpheline vénitienne, élève violoncelliste de
Vivaldi, une médaille ainsi qu'une vieille partition, pour violoncelle, dont
tout laisse à penser qu'elle serait du Maestro Antonio Vivaldi. Son choix est
fait, c'est cette sonate qu'elle interprètera, il ne reste plus qu'à convaincre
son professeur. Plongée dans la lecture du journal d'Ada, elle découvre la vie
de ces orphelines musiciennes de l'époque baroque du XVIIIe siècles enfermés
dans l'anonymat.

- Rêver, Policier de Franck Thilliez
Si vous voulez vous amuser en lisant un livre sur l'Iran. Si vous désirez être enchanté et ému par un récit entre Orient et Occident, plein de fantaisie et de vie, il faut absolument lire Désorientale.
L'histoire fabuleuse des trois dernières générations de Sadr, une famille de bourgeois intellectuels persans, dont certains se sont opposés au Shâh et à Khomeiny, contée par Kimiâ Sadr, une jeune femme exilée en France qui tente de surmonter le déracinement et s'occidentalise à sa manière, avec humour, liberté et intelligence.
Un premier roman aux accents autobiographiques, brillant et insolent, qui parle de l’identité et des réalités de l’exil, et n'est pas sans rappeler le remarquable Persépolis de Marjane Satrapi.
Mica, l'antique voiture de la famille de Ciprian (des Roms de la branche des Ursari dompteurs d'ours), refuse de démarrer. Cette triste nouvelle précipite ces gens du voyage dans les griffes de deux escrocs mafieux, qui leur font miroiter un avenir prometteur sur territoire français. Arrivés à Paris, père, mère et enfants emménagent dans un bidonville, entourés de familles semblables. Tous triment du matin au soir pour rembourser la dette des passeurs qui ne cesse d'augmenter. Pour s'évader de sa misère quotidienne, Ciprian observe Madame Baleine et Monsieur Enorme jouer aux « lèzéchek » dans le parc du « Lusquenbour ». Qui aurait pu se douter de la portée de cette passion sur cette famille ?
« Nous sommes les fils du vent et le monde est notre maison ». Cette phrase, pleine de sens et prononcée par Daddu, le père du héros, résume bien le décalage et l'incompréhension qui existent entre les gens du voyage et nous autres sédentaires. Avec beaucoup d'humanité, Xavier-Laurent Petit lève le voile sur le quotidien misérable de ces personnes déracinées aux regards vides, contraintes à faire la manche pour survivre. Le peu d'argent récolté sert à enrichir un système mafieux, en laissant les acteurs prisonniers d'une dette irremboursable. Un roman tout en nuances et sensibilité
- Le grand méchant Renard - BD tout public de Benjamin Renne
coup de cœur de Claire
Face à un lapin idiot, un cochon jardinier,
un chien paresseux et une poule caractérielle, un renard chétif tente de
trouver sa place en tant que grand prédateur. Devant l'absence d'efficacité de
ses méthodes, il développe une nouvelle stratégie. Sa solution : voler des
œufs, élever les poussins, les effrayer et les croquer. Mais le plan tourne au
vinaigre lorsque le renard se découvre un instinct maternel...
Tordante, pétillante, touchante, totalement décalée, cette BD est un concentré de bonne humeur qui parvient mine de rien à délivrer en filigrane un p'tit message d'acceptation et d'attachement à l'autre, pas forcément vain en ces temps de chaos.
- La vie de ma voisine - Roman biographique de Geneviève Brisac
coup de cœur de Nicole
Alors qu'elle vient de déménager, l'auteure croise Eugénie, sa voisine, une vieille dame. Elle souhaite lui parler de Charlotte Delbo, ancienne déportée de Ravensbrück. Parler des autres pour ne pas parler d'elle, c'est l'un des points communs entre Jenny et Geneviève Brisac.
L'auteur nous emporte dans la conversation de ces deux voisines. L'une raconte, l'autre écrit, mais les deux à leur manière témoignent. Et l'ensemble des événements racontés, chacun des éléments qui relève de l'expérience individuelle (c'est la vie d'une personne qui est racontée) devient un témoignage du vécut et d'une mémoire collective car chaque fait est replacé dans le contexte politique et social de l'époque : lois antijuives, mesures sur la déportation, condition de la femme avant, pendant et après la guerre.
- Par amour - Roman de Valérie Tong Cuong
coup de cœur de Pierre-Yves
Le Havre, ville martyre.
Sous la botte allemande, sous le feu des alliés, au milieu du chaos, on va vivre le quotidien d'une famille unie, soudée qui se débat pour survivre.
Le charisme des personnages, et le travail de recherche historique font de ce roman choral un formidable témoignage.
Outre l'histoire familiale, l'auteur ne manque pas d'exposer la situation générale en France et en Europe et s'étend un peu plus sur le sort de l’Algérie, qui vivait son époque coloniale.
Si ce roman semble apporter un souffle nouveau sur un thème mille fois traité, on le doit sans doute à l'infinie sensibilité de l'auteure qui démontre avec intelligence et doigté que chaque être est unique et le reste quand il est possible de faire un tout en unissant les différences.
Un superbe roman sur l'amour, moteur de nos actes et des choix que nous faisons face aux écueils de la vie. Une histoire émouvante sur la solidité des liens familiaux, le courage, la force du caractère, la générosité et le doute.
- Il y a un robot dans le jardin - Roman Science-Fiction (Anticipation)
de Déborah
Install,
coup de cœur de Lydie, Claire et Sylvia
Dans un monde où acquérir un androïde fonctionnel est devenu tout à fait possible, Ben est peut-être en train de laisser passer le train de sa vie. Vivant sur l'héritage de ses parents, il regarde, impuissant, sa femme avocate s'éloigner de lui. Mais, un matin, Ben trouve un robot dans son jardin. Un adorable petit machin de ferraille qui, assis dans l'herbe, contemplant des chevaux, éprouve toutes les peines du monde à expliquer ce qu'il fabrique ici. Contre toute attente, Ben s'embarque alors avec Tang dans une quête à travers tout le pays afin de ramener le robot à son propriétaire. Tendre et malicieux, drôle et manipulateur, Tang apprend vite. Et si, sous le vernis écaillé de l'intelligence artificielle, se cachait un vrai cœur ? Et si, au bout du chemin, Ben trouvait bien plus que ce qu'il pensait chercher ?
Avec une écriture naturelle et fluide sur un ton décalé, c’est un roman à mettre entre toutes les mains, un récit basé sur de la SF, sans une once de violence mais non dénué d'intelligence, souvent drôle et qui donne des envies de bienveillance.
- Au cœur de l’été Policier de Viveca Sten
coup de cœur de Maryse
Viveca Sten, c'est la promesse d'une intrigue à la scandinave, mêlant drame humain et vie du quotidien.Jamais de surenchère, toujours une tranche de vie courante qui dérape vers un drame. Une situation qui pourrait paraître assez banale, mais que l'auteure arrive à rendre accrocheuse.
Fête de la Saint-Jean, sur cette toute petite île. Le jour où le monde vient de loin pour s'amuser… et s'alcooliser. Surtout la jeune génération. Au cœur de l'été, cette jeunesse va connaître une tragédie. L'intrigue est crédible et immersive.
L'auteure suédoise a parfaitement réussi à retranscrire ce qu'un parent peut éprouver face aux incartades de son satané adolescent. Oui, quand on est parent soi-même, c'est le genre d'histoire qui prend aux tripes, sans qu'il ne soit besoin d'en exagérer les effets de style.
Au cœur de l'été est un roman policier plaisant, qui réserve bien plus de surprises qu'il n'y parait de prime abord. Viveca Sten aime ses personnages et les fait entrer dans notre quotidien.
- Un village de la Drôme en héritage - Roman d’Eric Deverrewaere
coup de cœur de Nicole
Nouveau retraité, Pierre Oscar Land
s’installe à Sort-en-Galaure, un petit village de la Grôme, et choisit d’y être
guide. Arrive enfin les journées du Patrimoine. Et les visiteurs… Enfin,
Noisette, une gamine attachante et adorable aux questions enfantines qui
viendront bousculer nos certitudes d’adultes. Le guide et sa très jeune cliente
ne seront pas au bout de leurs surprises.
Éric Deverrewaerre, cheminot retraité, a troqué son austère uniforme pour une plume tendre, pleine d’humour, et qui décrit notre humanité avec espièglerie…
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Entre Ciel
et Lou - Roman de Lorraine Fouchet
coup de cœur de Paulette
Le point de départ c'est Jo, veuf tout neuf qui ne se fait pas à l'idée d'avoir perdu sa Lou.
Le feu aux poudres, c'est Lou, partie trop
vite mais non sans veiller à faire le nécessaire pour ressouder cette famille
sur laquelle elle ne pourra plus veiller.
Le résultat, c'est une galerie de personnages hauts en couleur, des handicapés de la communication, des virtuoses de l'amitié, des faux méchants et des vrais gentils, des enfants qui voudraient qu'on les aime, même lorsqu'ils ont passé l'âge de sauter sur les genoux, des rendez-vous manqués et surtout, des secondes chances.
Ce bouquin est un véritable concentré d'émotions, avec en bonus, une découverte de l'île de Groix comme si on y était !
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- Marx et la poupée de Maryam Madjidi, Roman
- coup de cœur de Nicole
- Love story à l’iranienne de Jane Deuxard et Deloupy, BDA adultes
- coup de cœur de Lydie
- Les nouvelles de la jungle de Calais de Lisa Mandel et Yasmine Bouagga, BD Adulte
- coup de cœur de Lydie
- Sur le fil de Elise Fisher, roman
- coup de cœur d’Emilie
- Le dimanche des mères de Graham Swift, Roman
- coup de cœur de Nicole
- Les disparus du phare de Peter May, Policier
- coup de cœur de Lydie

- Roman science-fiction (anticipation) coup de cœur de Lydie
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Ce devait être un Noël comme les autres pour Holly et sa famille : la préparation du repas, l'arrivée des invités, l'impatience d'ouvrir les cadeaux. Mais ce matin-là, tout va mal. Holly se lève trop tard. Alors que son mari file en râlant récupérer ses vieux parents à l'aéroport, Holly reste seule avec sa fille adoptive Tatiana, ramenée de Sibérie 15 ans plus tôt. Elle essaie de rattraper son retard mais un malaise sourd l'empêche d'avancer dans ses taches. Et puis, Tatiana n'est pas comme d'habitude, elle ne fait rien pour l'aider, multiplie les reproches et les remarques acerbes. Dehors, le blizzard se renforce. Effrayés par la tempête de neige, les invités se décommandent, laissant Holly seule avec une inquiétude lancinante et une adolescente revêche.
- Le mystère Henri Pick de David Foenkinos, Roman,
- coup de cœur de Lydie, Geneviève, Monique et Elizabeth
coup de cœur de Nicole et Monique
Anna Gavalda nous raconte ici l'escapade d'une fratrie trentenaire. Deux frères et deux sœurs, cabossés par la vie, qui le temps d'un week-end vont fuguer comme des adolescents pour s'offrir une dernière bouffée d'adolescence. Garance, la narratrice, célibataire endurcie, n'a toujours pas de situation stable, à l'inverse de son frère aîné, Simon, marié à une pimbêche et apparemment satisfait par son existence. Il y a aussi Lola, la plus âgée, qui se remet tout juste d'un divorce difficile et Vincent, le petit dernier, qui a l'allure d'un éternel adolescent. Difficile de résumer plus avant l'intrigue tant l'histoire est brève, je vous laisserai donc découvrir par vous-même ce qu'il advient de ce drôle de quatuor. Ils sont tous différents ces frères et sœurs et pourtant si unis. Les autres personnages sont là pour mettre en évidence leur union envers et contre tout.
- Célibataire longue durée de Véronique Poulain
- Roman coup de cœur de Nicole
Un roman drôle et plein d'humour qui fait du bien !
- Le double de SK Tremayne
- roman coup de cœur de Claire
- Oh la vache de David Duchovny
- roman coup de cœur de Claire
- En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut
- roman coup de cœur de Lydie
- N° de GEO Extra « balades en France », revue
- coup de cœur de Catherine
- On regrettera plus tard d’Agnès Ledig
- Roman coup de gueule d’Evelyne
- Mon frère est un gardien (t1 Les Autodafeurs)
- Roman ado coup de cœur de Lydie
- Le seul et unique Ivan de Katherine Applegate
- Roman enfant coup de cœur de Lydie
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- Golem, de Pierre Assouline
Roman - coup de cœur de Paulette
Hippolyte, médecin à Lyon, découvre qu'il est atteint d'une maladie incurable. Adèle, adolescente en fugue, va bouleverser sa maladie, sa routine et... ses amours.
Le train d’Alger de Béatrice Fontanel
De ce conflit, nous ne savons pas grand-chose et le roman de Béatrice Fontanel est tout à fait passionnant car il nous en présente une vision en mosaïque, presque prosaïque, la narratrice se demandant par exemple comment les maisons des français ont été attribuées ou occupées par les Algériens, mais aussi poignante quand elle souligne par exemple que certains français ont conservé jusqu'à leur mort la clé de leur maison abandonnée.
roman - coup de cœur de Nicole
Voilà un récit vif et amusant, cruel, tout en délicatesse et sensibilité, qui avance en bonds et rebonds, au fil des souvenirs toujours plus précis, plus implacables sur le père, sublime figure tragi-comique. A la manière de "Je me souviens de Georges Pérec", Jean-Louis Fournier raconte un père qui ne manque pas d'amour, qui se cherche longtemps, avant de se retirer, désabusé et désœuvré, au cœur d'une famille pas comme les autres, où tout est drôle à force de noirceur, de drames sans cesse répétés, de gaucheries et de maladresses.
Ce beau roman pose des questions sur la mort, le deuil et l'existence.
Policier - coup de cœur de Geneviève
Ce thriller psychologique à trois voix est d'autant plus stressant qu'il met en scène des gens ordinaires, des femmes auxquelles on peut aisément s'identifier. On s'y attache, en tout cas, notamment à Rachel. Une rupture amoureuse lui a fait perdre les pédales, et le chagrin, la solitude et la jalousie lui font faire n'importe quoi. L'auteur montre bien la façon dont sont considérés les alcooliques/dépressifs par ceux qui sont "du bon côté" de la santé mentale et de l'autorité (les policiers, en particulier) - ils font pitié, sont infantilisés, pas pris au sérieux, méprisés et vite priés d'aller faire leur cinéma ailleurs. Ils sont aussi une proie idéale...
Quatuor de Anna Enquist
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- Nymphéas noirs de Michel Bussi, Policier, coup de cœur de Françoise
- Ils savent tout de vous de Iain Levison, Policier , coup de cœur de Paulette
Bienvenu dans le thriller parano de Iain Levison.
Du couloir de la mort d'un pénitencier, aux bureaux de l'ONU à Manhattan, une course poursuite entre New-York et Boston pour un final dans un motel glauque on ne voit pas le temps passer. En conteur né, Levison nous accroche avec un sens du tempo et un humour ravageur.
- D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan, Roman,
- coup de cœur d’Evelyne
- Qui je suis Charlotte Rampling avec Christophe Bataille, Biographie
- coup de cœur de Nicole
Dans Qui je suis, Christophe Bataille a fait le choix de laisser l’actrice se révéler plutôt que de se placer dans un rôle de biographe traditionnel. Se tenant en retrait, il est le témoin presque silencieux et attentif de ses confidences. De par les quelques impressions qu’il nous confie, on suit le livre qui se construit au fil des séances de travail et des souvenirs qui affleurent. Retenant presque notre souffle pour ne pas déranger, on se sent transporté au cœur de l’alchimie de l’écrit, entre la parole et les mots.
- Les guichets du Louvre de Roger Boussinot, Roman (fait vécu),
- coup de cœur de Nicole
Alors qu'il s'apprête à regagner Bordeaux pour les vacances, un jeune étudiant parisien accepte une mission confiée par Favard, une vague connaissance. D'après celui-ci, en ce 16 juillet 1942, la police française a décidé d'arrêter massivement les juifs dans quelques quartiers de la rive gauche. Il doit tenter d'en sauver quelques-uns, tout faire pour les emmener passer la journée sur l'autre rive de la Seine, les éloigner pour leur éviter l'arrestation.
- Les égouts de Los Angeles de Michael Connelly, Policier,
- coup de cœur de Lydie
- Les prés refleuriront de Antonin Malroux, Roman,
- coup de cœur de Josette
- Le passeur de Lois Lowry, Roman anticipation ado,
- coup de cœur de Lydie
- La chambre des morts de Franck Thilliez, Policier
- coup de cœur de Lydie